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L'innovation doit être prioritaire dans la modernisation de la Chine

Sui Jigang  ·  2020-11-19  ·   Source: Beijing Information
Mots-clés: 14e plan quinquennal; innovation; modernisation; Chine

Les propositions de la direction du Parti pour la formulation du 14e plan quinquennal (2021-25) ainsi que les objectifs à long terme à l’horizon 2035 adoptés lors de la cinquième session plénière du XIXe Comité central du Parti communiste chinois (PCC) en octobre soulignent la nécessité d’accorder la priorité à l’innovation dans la modernisation de la Chine, et de rendre la Chine autonome et plus compétitive dans les sciences et technologies. Une première dans l’élaboration des plans quinquennaux.

Les propositions indiquent que le monde d’aujourd’hui subit des changements inédits depuis un siècle et que l’équilibre des forces internationales connaît de profonds ajustements. Alors qu’un nouveau cycle de révolution dans les sciences et technologies gagne en importance, il faut prendre en compte les nouveaux défis dans un environnement mondial complexe et trouver des opportunités tout en détectant les risques. L’autosuffisance jouera un rôle décisif pour réaliser des percées dans les technologies clés et fondamentales, et propulser la Chine au rang des pays les plus innovants d’ici 2035.

Progresser dans la chaîne de valeur

Des chercheurs travaillent sur le supercalculateur Tianhe-2, le 25 février 2019. (Photo : Xinhua)

Depuis le début de la réforme et de l’ouverture en 1978, en particulier après son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce en 2001, la Chine a fait jouer ses avantages comparatifs en matière de main-d’œuvre et de ressources, s’intégrant rapidement à la mondialisation. Ces avantages diminuant, le mode de développement traditionnel devient néanmoins difficile à maintenir.

Lors du XVIIIe Congrès national du PCC en 2012, une stratégie de développement axée sur l’innovation avait été proposée, et lors du XIXe Congrès national en 2017, il a été décidé que l’innovation serait le principal moteur du développement. La Chine a ainsi amélioré sa capacité à sortir des sentiers battus et progressé dans la chaîne de valeur internationale.

Les technologies de l’information sont la pierre angulaire d’une société intelligente et un secteur clé pour la compétitivité des pays dans les sciences et technologies. Lorsque les Etats-Unis ont lancé une guerre commerciale contre la Chine en 2018, ils ont affirmé que les mesures restrictives visaient à réduire leur énorme déficit commercial. La raison sous-jacente est néanmoins qu’ils ont commencé à faire d’une Chine émergente un concurrent stratégique. Les sanctions américaines ont été étendues du commerce aux sciences et technologies, plaçant des entreprises de high-tech chinoises et des universités sur leur « liste des entités » au même titre que les organisations et les individus considérés comme un risque important pour la politique étrangère et la sécurité des Etats-Unis. Cela montre à quel point l’autosuffisance est primordiale.

En 2019, les investissements chinois dans la R&D ont dépassé 2 000 milliards de yuans (303,2 milliards de dollars), juste derrière les Etats-Unis, soit 2,19 % du PIB, le niveau moyen des pays membres de l’UE, selon le ministère des Sciences et Technologies.

Les entreprises sont devenues les principaux acteurs, leurs investissements en R&D représentant 77 % du total, et un certain nombre d’entreprises innovantes de renommée internationale ont vu le jour. La production de documents de recherche de la Chine et le nombre de brevets d’invention délivrés sont en première place mondiale. Des améliorations sont néanmoins nécessaires. La part de la recherche fondamentale reste notamment faible, avec 6 % des dépenses totales de R&D. De plus, le secteur manufacturier n’est pas assez fort en termes de capacités à effectuer des percées. Il existe une forte dépendance vis-à-vis de sources étrangères pour les technologies de base et les équipements haut de gamme, et la Chine reste toujours au milieu et en bas de la chaîne de valeur.

A la recherche de solutions

Un robot de fabrication de hamburgers exposé au China Hi-Tech Fair de Shenzhen, (Guangdong), le 11 novembre. (Photo : Xinhua)

Dans le cadre de la spécialisation et de la concurrence internationales à l’avenir, il est essentiel que la Chine parvienne rapidement à une autosuffisance technologique pour guider le nouveau cycle de révolution technologique.

Les capacités stratégiques des sciences et technologies doivent être renforcées. Dans les domaines d’importance stratégique associés au développement à long terme du pays, il est essentiel de créer des laboratoires nationaux pour renforcer l’innovation. Des universités de classe mondiale doivent aussi être édifiées. Des plans prospectifs en matière de recherche fondamentale et de développement des technologies de pointe doivent aussi être formulés.

Il est également important de créer des grappes d’infrastructures dans les sciences et technologies en donnant la priorité au développement de plateformes multidisciplinaires capables de résoudre les goulets d’étranglement qui entravent le progrès technologique et le développement socioéconomique. Il faut aussi intégrer les centres de recherche nationaux, les grands laboratoires et les centres de R&D dans les technologies.

Un système d’innovation industrielle guidé par les entreprises est de plus nécessaire. Le gouvernement doit créer des centres d’innovation en collaboration avec des entreprises innovantes pour les encourager à accroître leurs investissements dans la recherche fondamentale appliquée et le développement de technologies de pointe. L’objectif est de créer une chaîne d’innovation industrielle menée par des entreprises avec la participation d’universités et d’instituts de recherche afin de s’assurer que les technologies dans des domaines stratégiques sont fiables.

Il est essentiel par ailleurs de former des scientifiques de classe mondiale, des leaders des sciences et technologies et de jeunes talents. La Chine doit se doter d’universités de classe mondiale et de disciplines de premier ordre. En outre, des universités axées sur les compétences sont nécessaires pour améliorer l’enseignement professionnel et former un personnel hautement qualifié pour le développement industriel. Le système d’évaluation de la recherche scientifique doit être réformé et la recherche interdisciplinaire doit être encouragée pour promouvoir une recherche originale.

Il est très important de construire un système de gouvernance de l’innovation efficace et collaboratif. Le gouvernement doit jouer le rôle directeur, avec la participation de plusieurs acteurs, notamment les scientifiques, les entrepreneurs et le public. L’Etat, les entreprises et la société doivent chacun remplir leurs fonctions et coopérer étroitement.

Il faut également créer un mécanisme national de prise de décision scientifique et technologique, en faisant jouer pleinement le rôle des comités consultatifs d’innovation, des groupes de réflexion et des représentants de tous horizons. La réforme du système administratif doit être approfondie pour rationaliser la supervision gouvernementale de la recherche. Le gouvernement doit également assurer la synergie de ses politiques d’innovation avec les politiques dans l’industrie, le commerce, la concurrence et l’éducation.

L’innovation dans les sciences et technologies doit enfin être ouverte et coopérative. Les connaissances, les talents, l’information, le capital et les ressources technologiques transcendent les frontières nationales pour avoir une dimension mondiale. La Chine ne fermera donc pas ses portes pour parvenir à l’autosuffisance technologique, mais renforcera les échanges avec les pays du monde entier, utilisera efficacement les ressources et les marchés mondiaux et établira un environnement politique compatible avec les règles internationales.

Face aux problèmes mondiaux urgents, la Chine s’associera aux efforts internationaux pour explorer de nouvelles frontières et relever les défis de la sécurité alimentaire, de la sécurité énergétique, de la pollution de l’environnement, des changements climatiques et de la santé publique.

L'auteur est chercheur auprès des Instituts des sciences et du développement de l’Académie des sciences de Chine.

 

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