Zhao Yi était ravie lorsque son entreprise, KLT, a remporté le premier prix de la finale nationale du concours « Maker in China », qui s'est tenu à Guangzhou, dans la province du Guangdong (sud de la Chine), le 10 octobre 2018. L'entreprise a remporté le prix pour son projet biopharmaceutique anti-tumeur appelé KLT-1101, reconnue pour restaurer l'hématopoïèse de la moelle osseuse, réguler le système immunitaire et inhiber la croissance des cellules tumorales. Elle est à ce jour la seule cytokine connue à en être capable. La KLT-1101 peut éviter ou réduire la suppression de la moelle osseuse causée par la chimiothérapie ou d'autres traitements du cancer.

Mme Zhao, qui a effectué ses études aux États-Unis, a fondé KLT en 2011. Lors d'une interview, elle a expliqué que des projets similaires étaient en cours de développement dans certains pays développés. Elle ne souhaite pas que la Chine soit à la traîne dans le développement de ce nouveau médicament.

« Actuellement, la plupart des médicaments anticancéreux en Chine sont importés à des prix élevés. Une fois sur le marché, ils pourront alléger financièrement les patients atteints de cancer », a-t-elle affirmé.

Politiques incitatives

Lancé par le ministère de l'Industrie et de l'Informatisation (MII), le concours est une mesure importante pour stimuler l'innovation et l'esprit d'entrepreneurial, ainsi que pour promouvoir la transformation et la modernisation des petites et moyennes entreprises (PME). En effet, le concours offre aux PME et aux entreprises individuelles une vitrine, où des projets prometteurs peuvent être dénichés et soutenus. Lors de la phase finale du concours de 2018, des institutions d'investissement telles que l'Investment Association of China et CCB Trust ont signé des lettres d'intention avec des équipes parmi les 24 projets les plus importants, avec un objectif d'investissement total de 490 millions de yuans (71 millions de dollars).

La Chine s'attache à libérer le potentiel d'innovation des entreprises, en particulier celles de haute technologie. Selon le MII, l'investissement total en recherche et développement (R&D) à travers la Chine en 2017 s'est élevé à 1 760 milliards de yuans (255 milliards de dollars), dont 80 % proviennent des entreprises. Les 136 000 entreprises de haute technologie chinoises ont consacré 900 milliards de yuans (130,5 milliards de dollars) à la recherche et développement, soit 68 % du total des investissements en recherche et développement des entreprises.

La Chine a mis en place un certain nombre de politiques visant à créer de meilleures conditions pour l'innovation dans les entreprises. Par exemple, le pays a renforcé le rôle des marchés publics dans la promotion de l'innovation et a mis en place un mécanisme d'assurance pour promouvoir le développement d'équipements stratégiques liés à la sécurité nationale. Des incitations fiscales ont également été accordées pour promouvoir la R&D. Dans un effort récent visant à soutenir les secteurs des circuits intégrés et des logiciels du pays, les entreprises de ces secteurs qui remplissent certaines conditions sont exonérées de l'impôt sur le revenu pendant deux années consécutives.

Dans le domaine médical, la Chine a mis en place un programme de financement spécial en 2008 afin de mettre au point de nouveaux médicaments importants destinés aux tumeurs malignes et à d'autres maladies mettant gravement en danger la santé de la population. Le projet KLT-1101 a reçu un financement dans le cadre de ce programme en mai 2017.

Plus de 19 milliards de yuans (2,8 milliards de dollars) de financement du gouvernement central ont été investis dans ce programme à la fin 2018, selon la Commission nationale de la santé de Chine. Avec son soutien, un total de 117 nouveaux médicaments ont été approuvés, dont 35 nouveaux médicaments de classe 1 qui n'étaient pas commercialisés sur leur territoire ni à l'étranger avant leur invention.

Soutien local

KLT est situé dans la zone de développement industriel de haute technologie de Qingdao, créée en novembre 1992. Au cours des 27 dernières années, elle est devenue un complexe composé de six secteurs dont notamment l'informatique, la médecine et la fabrication intelligente. La zone abrite 935 projets majeurs pour un investissement total de 217,6 milliards de yuans (31,6 milliards de dollars).

La Chine a commencé à construire des zones de haute technologie il y a 30 ans en tirant les leçons des pays développés. Aujourd'hui, elle compte 156 zones de ce type, qui sont devenues le cœur du développement des industries de haute technologie dans le pays. Selon le MII, en 2017, plus de 38 % des entreprises chinoises de haute technologie étaient situées dans des zones de haute technologie, qui ont généré des revenus de 33 200 milliards de yuans (4 800 milliards de dollars).

Pour attirer des projets de haute technologie et de grande qualité dans ces zones, les gouvernements locaux ont fourni un soutien généreux en matière de terrains à usage industriel, de taxes et d'hébergement pour le personnel. En créant des plateformes reliant les industries, les universités et les instituts de recherche et en promouvant le financement et l'échange de ressources humaines, ils ont créé un environnement optimal pour l'incubation et l'innovation des entreprises.

C'est une des raisons pour laquelle Mme Zhao a créé son entreprise dans la zone de haute technologie de Qingdao. Sa décision s'est faite immédiatement après avoir pris connaissance de l'environnement du développement industriel de la zone et, en particulier, des politiques en matière de R&D.

Principaux défis

L'investissement accru de la Chine dans la R&D a conduit à des résultats remarquables. Dans le domaine de l'intelligence artificielle (IA), par exemple, la Chine se classe au premier rang mondial pour le nombre de documents de recherche et de brevets, selon un rapport publié en 2018 par l'Institut chinois pour la politique de la science et de la technologie de l'Université Tsinghua.

Cependant, par rapport aux pays développés, la Chine a encore beaucoup à faire pour combler le gap sur la capacité d'innovation de ses entreprises. Les problèmes incluent l'insuffisance des investissements en R&D dans certains domaines spécifiques et l'offre insuffisante de technologies génériques clés, selon Wang Zhijun, vice-ministre du MII.

Le besoin urgent de la Chine d'améliorer sa capacité d'innovation a encore une fois été mis en évidence lorsque les restrictions imposées par les États-Unis ont mis ZTE et Huawei, deux des principales entreprises chinoises de haute technologie, face au risque d'approvisionnement insuffisant en composants haut de gamme.

M. Wang pense que le fait de posséder une technologie de base est la clé pour que l'industrie manufacturière chinoise passe au niveau supérieur. À cette fin, les entreprises chinoises ont un rôle majeur à jouer et devraient être encouragées à innover. Dans le domaine de la R&D sur les nouveaux médicaments, les entreprises chinoises ont également un grand fossé à combler. Avec des années d'expérience dans l'industrie, Mme Zhao est pleinement consciente de l'écart et croit que l'innovation est la solution. « Pour que nous puissions rattraper les meilleurs producteurs pharmaceutiques, la tâche la plus importante est de créer nos propres innovations », a-t-elle souligné.

En octobre 2017, le projet KLT-1101 a été approuvé pour des essais cliniques. Le produit devrait être disponible en 2021. Le coût de l'innovation est énorme compte tenu de la durée de son développement, mais Mme Zhao est confiante. Elle anticipe une demande d'un milliard de dollars pour le médicament.

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