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Tibet : mission accomplie

par Li Nan  ·  2020-09-22  ·   Source: Chinafrique
Mots-clés: Tibet; pauvreté

La région autonome du Tibet a réussi à éradiquer la pauvreté sur ses terres

En 1965, lors de la création de la région autonome du Tibet dans le sud-ouest de la Chine, seuls quelques vols spéciaux se rendaient vers le Toit du monde. C’était une zone interdite aux hélicoptères en raison du mauvais temps et du terrain peu favorable.

Mais 55 ans plus tard, le Tibet dispose de 120 routes aériennes nationales et internationales régulières et de dizaines de pilotes d’hélicoptères civils d’origine tibétaine. En 2018, Gyatso, 23 ans, est le premier pilote d’hélicoptère civil tibétain en Chine grâce à un programme de formation gratuite offert aux jeunes issus de familles défavorisées.

Réalisation d’un rêve

Gyatso, issu d’une famille d’agriculteurs de quatre enfants vivant à Lhassa, n’aurait jamais pensé pouvoir devenir pilote un jour. L’opportunité s’est présentée en 2016, lorsque la construction d’une base d’hélicoptères civils dédiée au tourisme et au sauvetage d’urgence à Lhassa a été décidée dans le cadre d’un programme d’aide au développement du Tibet. La base avait besoin d’embaucher des pilotes et du personnel de maintenance au niveau local. Le gouvernement de la ville de Lhassa s’est ainsi associé au Ruoer General Aviation Development Group (RGAD), l’une des premières sociétés privées engagées dans l’aviation et la construction d’aéroports en Chine, afin d’offrir une formation gratuite à 28 candidats.

Gyatso, alors étudiant en informatique à l’Université du Tibet, a passé le test de sélection et a été inscrit pour apprendre à voler dans la base d’entraînement du RGAD, dans la province du Jiangsu (est). « Je n’arrivais pas à y croire. J’ai lu sur Internet que les frais de formation d’un pilote s’élèvent à plus d’un million de yuans (146 252 dollars). Comment cela a-t-il pu m’arriver ? »

Après un an de formation, Gyatso est devenu pilote d’hélicoptère qualifié et il a obtenu un emploi dans la toute nouvelle société Lhasa Snow Eagle General Aviation Co. en 2018. Son salaire de départ était de 12 000 yuans (1 755 dollars) par mois. « Je suis le principal soutien financier de ma famille. Je prends en charge les dépenses familiales, y compris les frais de scolarité de mon jeune frère, afin que mes parents n’aient pas à travailler trop dur », explique-t-il. « Je me suis acheté une voiture : j’ai vraiment gagné en confort de vie. »

En juillet, la société Snow Eagle comptait plus de 150 employés, dont 80 % de Tibétains. Parmi eux, 28 sont issus de familles défavorisées.

Objectif : paysage verdoyant

La plantation d’arbres dans des zones de haute altitude était considérée comme impossible par le passé, mais grâce à un ambitieux mouvement de verdissement au Tibet, les arbres ont pu enfin y être multipliés.

Fin des années 1990 à Nagqu (4 500 mètres d’altitude), les autorités locales de cette ville du nord du Tibet offraient une récompense pécuniaire à toute personne arrivant à faire pousser un arbre, somme portée à 100 000 yuans (14 625 dollars) mais sans succès. Il y a douze ans, Nagqu était encore la seule ville de Chine ne comportant aucun arbre.

L’année 2008 a marqué un grand tournant dans son histoire. Le département forestier local a réussi à maintenir en vie 14 arbres importés, et ce grâce à une technologie de plantation améliorée. Depuis lors, plus de 32 000 plants de différentes variétés ont été plantés à Nagqu, dont le salix alpina (saule alpin), selon un rapport de Tibet Daily.

En 2017, le gouvernement régional a mis en place un plan de promotion du reboisement et a appelé à une participation de toute la population. Depuis lors, plus de 66 600 hectares sont reboisés chaque année. Le projet d’écologisation a fait augmenter la demande en jeunes arbres. Aujourd’hui, il existe plus de 50 pépinières au Tibet, ce qui crée des opportunités commerciales et des emplois pour les habitants.

Tashi Palden est l’un de ces entrepreneurs verts. En 2017, il a créé sa pépinière à Shannan, district de Gonggar, à 151 km au sud-est de Lhassa. En plus de verdir la ville, la pépinière a créé des emplois pour les autochtones. De 2017 à 2019, elle a embauché 45 habitants, dont 27 issus de familles défavorisées.

La protection de l’environnement a prouvé son efficacité et fait donc d’une pierre deux coups : selon le Bureau tibétain du développement et de la lutte contre la pauvreté, de 2016 à 2019, plus de 655 000 emplois liés à la protection de l’environnement ont été créés et 39,7 % d’entre eux ont été confiés à des Tibétains vivant sous le seuil de pauvreté.

Depuis 2001, les autorités centrales ont versé 31,6 milliards de yuans (4,5 milliards de dollars) en éco-compensation à la région autonome pour la protection de ses forêts, de ses prairies, de ses zones humides et de ses principales réserves écologiques, y limitant ainsi toute exploitation agricole ou construction, selon un livre blanc publié par le Bureau d’information du Conseil des affaires d’État en mars 2019.

Consolidation des résultats

Fin 2019, après des années d’efforts ciblés dans la lutte contre la pauvreté, les 74 districts et arrondissements du Tibet sont officiellement sortis de la pauvreté pour la première fois de leur histoire.

Le gouvernement régional a dû adopter une approche pluridimensionnelle et ciblée. En se basant sur les ressources locales et la demande du marché, il a encouragé le développement de secteurs très localisés, tels que la plantation d’orge des hauts plateaux, l’élevage de yacks, le tourisme et l’e-commerce.

Un autre projet a permis la construction de nouvelles communautés résidentielles, comportant des installations médicales, des écoles et des parcs industriels, afin de déplacer ces populations originaires d’endroits sujets aux catastrophes naturelles ou situés en très haute altitude. Les habitants déplacés bénéficient d’un logement gratuit et se voient offrir soit de nouvelles terres agricoles, soit une formation professionnelle.

La mise en avant de l’éducation est l’une des clés essentielles pour faire face à la pauvreté. Depuis 2012, le Tibet a mis en place un système d’éducation obligatoire de 15 ans (de la maternelle au lycée). Dans la plupart des autres régions chinoises, un enseignement obligatoire de neuf ans (de l’école primaire au collège) est dispensé.

Par ailleurs, les autorités centrales accordent une importance particulière aux services médicaux au Tibet. Les équipes médicales sont sélectionnées dans des hôpitaux renommés des régions centrales et orientales du pays et sont affectées dans la région autonome. Le Tibet compte aujourd’hui plus de 1500 établissements médicaux dotés d’un personnel médical de plus de 19 000 personnes.

Mais franchir le seuil de pauvreté n’est pas une fin en soi. Cette année, une aide de suivi de 13,09 milliards de yuans (1,87 milliard de dollars) a été allouée au Tibet. Il s’agit de veiller à ce que les personnes sorties de la pauvreté n’y replongent pas de sitôt.

Pour vos commentaires : liuwei@chinafrica.cn

 

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