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Zhang Xiaoyan : la médecine légale, entre prudence et intégrité |
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Jin Zhixiao · 2020-01-06 · Source: Beijing Information | |
Mots-clés: médecine légale; société; Chine |
Fin 2019, Zhang Xiaoyan, en blouse blanche, regarde des radiographies au quatrième étage du bâtiment des consultations de l’Hôpital du Peuple de la province du Jiangsu. A première vue, rien d’anormal dans un lieu pareil. « A la différence des consultations médicales, les médecins légistes ont tendance à faire leur travail en adoptant un doute méthodologique. Nous examinons l’authenticité des documents et l’intégrité des éléments de preuve. Nous sommes aussi très attentifs aux antécédents médicaux. L’objectif est la recherche des véridicité des faits par mes méthodes scientifiques », explique-t-elle.
Mme Zhang est experte clinique en médecine légale au laboratoire médico-légal de cet établissement hospitalier. Contrairement au médecin légiste que l’on voit au cinéma, son travail ne consiste pas à aller sur les lieux du crime, mais à effectuer un examen clinique sur des personnes victimes de traumatisme. Elle est soit désignée soit invitée à fournir des preuves scientifiques au tribunaux pour des affaires relevant du droit pénal, civil et administratif ainsi que pour des indemnisations au titre de l’assurance-vie.
Zhang Xiaoyan (Photo : Zhang Wei)
L’expertise médico-légale apporte des éléments de preuve importants dans les affaires judiciaires, et une erreur même infime peut avoir des conséquences substantielles. Aussi Mme Zhang a-t-elle fait de la prudence une vertu cardinale. A titre d’illustration, elle se remémore l’expertise d’un traumatisme suite à un différend. Une radiographie montrait une fracture nasale. Si l’on ne voit pas qu’il s’agit d’une fracture bilatérale, on l’identifie comme unilatérale. Le hic, c’est qu’en vertu des « Norme d’identification du degré de blessure », la fracture nasale unilatérale est une blessure mineure alors que si elle est bilatérale, elle sera qualifiée de blessure légère, avec des résultats complètement différents. Pour en avoir le cœur net, Mme Zhang avait suggéré que la personne effectue une tomodensitométrie du nez, qui avait montré qu’il s’agissait bien d’une fracture bilatérale. Le patient avait alors reçu une compensation appropriée et en avait été gré à Mme Zhang.
Ce professionnalisme du laboratoire médico-légal est reconnu dans le milieu et on lui confie souvent des cas venus d’autres villes pour une nouvelle expertise.
Ainsi, le cas d’un patient dont l’examen par la sécurité publique de la ville de Zhenjiang (province du Jiangsu) faisait état de 7 côtes fracturées, une blessure mineure du premier degré. Le résultat avait été contesté et une nouvelle expertise requise auprès du laboratoire. La radiographie effectuée, Mme Zhang avait constaté qu’il n’y avait que deux côtes fracturées. « La cage thoracique est mobile et le processus de guérison est dynamique, il faut donc effectuer plusieurs scans des côtes fracturées pour obtenir des résultats précis », remarque-t-elle. Afin d’établir les faits, Mme Zhang a remonté elle-même le fil des preuves pour parvenir à la toute première radiographie effectuée juste après l’accident. Comparant le cliché aux examens ultérieurs, elle a pu confirmer la véracité des conclusions du bureau local de la sécurité publique.
« D’autres villes de la province et même d’autres provinces nous confient souvent des cas épineux. Nous devons par conséquent nous montrer extrêmement prudents et être à la hauteur de la confiance que les gens placent en nous », explique Mme Zhang. Et de rappeler le principe de prudence. Parfois, les dossiers sont souvent très épais, mais il ne faut rien laisser au hasard et effectuer son travail avec diligence. En cas de doute, elle consulte des experts. « J’explique les raisons. Lorsqu’il y a des écarts dans les résultats de l’expertise avant et après les examens, je dois également utiliser les résultats concrets pour étayer mes conclusions. Je ne donne pas mon rapport si je n’ai pas complètement établi les faits », précise-t-elle.
Au risque s’associe donc la responsabilité. Outre leurs compétences, ces professionnels doivent en effet également être intègres. Depuis qu’elle exerce sa profession, Mme Zhang a subi divers types de pressions implicites et explicites, voire des menaces. Elle a même été suivie jusque chez elle pour qu’elle altère les conclusions de son expertise. « Je ne céderai jamais. Que l’on recoure à l’intimidation ou à la séduction, jamais je ne changerai le résultat de mon expertise. » Elle rappelle souvent à ses collègues les principes élémentaires d’intégrité pour éviter qu’ils ne sacrifient leur carrière pour arranger une connaissance.