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Coup de projecteur sur le harcèlement scolaire

Jacques Fourrier  ·  2019-11-25  ·   Source: Beijing Information
Mots-clés: harcèlement scolaire; société; Chine

Zhou Dongyu et Jackson Yee dans Better Days. (Photo : archives)

La sortie de Better Days le 25 octobre en Chine a de nouveau donné un coup de projecteur sur le harcèlement et la violence en milieu scolaire sur les grands écrans. Bien qu’il s’agisse d’un thème récurrent dans les films japonais et sud-coréens, cette question de société a été largement ignorée par les réalisateurs chinois. En 2018, Cry Me a Sad River, le film de Luo Luo adapté d’un roman de l’écrivain à succès Guo Jingming, fait partie de ces rares films qui ont directement abordé la question.

Un sujet chaud

Mettant en vedette l’actrice plusieurs fois primée et nominée Zhou Dongyu et la nouvelle coqueluche Jackson Yee, le film suit le parcours de Chen Nian (Zhou Dongyu), une candidate brillante au concours d’entrée à l’université, qui voit sa vie monotone bouleversée par le suicide d’une camarade de classe. Elle devient alors elle aussi la cible d’intimidation et de violence, et sa rencontre avec Xiaobei (Jackson Yee), un jeune délinquant, lui permet de trouver un soutien inespéré. Tous deux vont alors remonter la pente et changer leur destinée au cours de nombreux rebondissements.

Le film, adapté d’un roman de Jiu Yuexi, s’attaque à des questions déjà anciennes comme le harcèlement scolaire et la délinquance juvénile, mais aussi indirectement à des phénomènes plus récents, comme l’influence néfaste des réseaux sociaux et de certains jeux vidéo. Des sujets pour lesquels aucune réponse satisfaisante et adaptée ne semblait avoir été trouvée, mais qui concernent pourtant l’ensemble de la population.

Depuis quelques années, des vidéos en ligne défraient en effet périodiquement la chronique par leur caractère choquant. Elles montrent des élèves frappés, humiliés et agressés verbalement en classe ou à l’extérieur, parfois même dans les toilettes, les assaillants voulant échapper aux caméras. Elles sont généralement supprimées de Sina Weibo et d’autres plateformes de médias sociaux, de peur qu’elles n’inspirent des imitateurs.

Dans une vidéo récemment diffusée, on voyait ainsi une lycéenne de 16 ans de la province du Jiangsu se faire gifler et contrainte à se prosterner après une dispute en classe. La scène avait été enregistrée et partagée en ligne dans le but apparent d’humilier la victime.

En 2015, un reportage de la Télévision centrale de Chine avait déjà mis l’accent sur la détresse et le traumatisme vécus par les étudiants victimes de ces actes de violence et d’intimidation. Il racontait le calvaire d’un collégien de 14 ans de la province du Shandong qui avait sauté du quatrième étage, plusieurs « camarades de classe » l’ayant empêché à plusieurs reprises de se rendre aux toilettes. Il avait été gravement blessé au dos et aux jambes. De nombreux téléspectateurs avaient exprimé leur frustration, car les auteurs de ces faits restent souvent impunis, ayant moins de 14 ans et donc exonérés de toute responsabilité pénale. Un usager de Sina Weibo avait estimé que c’était l’indifférence des parents, des enseignants et des témoins qui avait contribué au problème de la violence à l’école et que le phénomène s’était même généralisé ces dernières années, les enfants plus « problématiques » ayant en effet accès à Internet.

Bien que les médias et les autorités aient commencé à prendre le problème à bras-le-corps, il reste bien antérieur à l’arrivée des plateformes de médias sociaux. Li Guoqing, 28 ans, un photographe pékinois qui a regardé Better Days, estime en effet que même si le film met l’accent sur un cas d’intimidation extrême, cela lui rappelait son adolescence, lorsqu’il affublait de surnoms ses camarades de classe ou tentait de ridiculiser ses rivaux pour attirer l’attention des filles. « Je ne savais pas à l’époque que de tels actes me plaçaient dans les rangs des intimidateurs, même si c’est dans une moindre mesure. » Il remarque que la violence à l’école a longtemps été minimisée par les parents et les enseignants, jusqu’à ce que des vidéos « brutales » diffusées en ligne n’en révèlent la gravité.

Un phénomène accentué par Internet

L’accès généralisé à Internet chez les mineurs, ainsi que la montée en puissance de réseaux sociaux et de services de diffusion de vidéos en ligne peu contrôlés, ont exposé les jeunes à des contenus violents et sexuels. Yuan Ningning, chercheur en droit des mineurs, souligne qu’il existe une corrélation forte entre ces contenus et la délinquance juvénile, en particulier chez les enfants sans surveillance effective de leurs parents ou de leurs tuteurs. « Certaines statistiques ont montré que plus de 70 % des mineurs délinquants avaient accès à des contenus inappropriées via Internet. »

Selon un rapport récent du Comité central de la Ligue de la jeunesse communiste de Chine et du Centre d’information du réseau Internet de Chine (CNNIC), environ un tiers des internautes de moins de 18 ans ont déclaré avoir consulté de la pornographie, des actes de violence et de consommation de drogues illicites sur Internet. Un pourcentage encore plus élevé avant que la censure ne soit appliquée de manière rigoureuse sur Internet, note Sun Hongyan, chercheur au Centre de recherche sur la jeunesse et les enfants en Chine. Citant des chiffres tirés d’un rapport du centre en 2009, 48,3 % des adolescents avaient consulté des sites pornographiques et 43,4 % avaient reçu des courriels d’intimidation.

Les chiffres du CNNIC montrent aussi l’étendue du problème. Fin 2015, plus de 79 millions d’adolescents vivant dans des zones rurales avaient accès à Internet. Les parents d’un grand nombre d’entre eux travaillant dans les grandes villes, les adolescents étaient sous la « tutelle limitée » d’autres membres de leur famille, ce qui les rendait de plus en plus vulnérables à une utilisation abusive d’Internet.

Si les délinquants en herbe ont trouvé un nouvel exutoire en ligne, Internet a également permis d’attirer l’attention sur la violence scolaire et suscité une réaction et un changement d’attitude progressif à leur égard. Et les décideurs politiques ont entendu le message.

La loi et la justice s’en mêlent

Better Days se conclut sur une note évidemment optimiste et fait la liste des dispositions légales actuelles. Il est ainsi précisé que la Loi sur la protection des mineurs est entrée en vigueur le 1er janvier 2013, qu’en juin 2016, des « Directives relatives à la prévention du harcèlement et de la violence dans les établissements du primaire et du secondaire » ont été promulguées, et renforcées en novembre 2017. Et en 2018, le Bureau de la commission de surveillance et de guidance de l’éducation du Conseil des affaires d’Etat a lancé une année d’initiatives de sensibilisation au niveau local.

La loi du silence est désormais brisée. Les chiffres publiés par le Parquet populaire suprême en mai montrent que depuis l’année dernière, il a approuvé la détention de 3 407 étudiants impliqués dans des actes de harcèlement et de violence, et poursuivi 5 750 personnes. Quelque 17 300 procureurs ont été nommés directeurs adjoints dans des établissements scolaires pour prévenir les infractions, selon le parquet.

Les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) se sont concentrés sur la question lors d’une réunion bimestrielle récente à Beijing. Dans un projet de révision de la Loi sur la protection des mineurs qui avait été soumis à l’Assemblée populaire nationale pour une première révision, ils ont défini le harcèlement scolaire comme un incident unique ou répété, ainsi qu’une humiliation sur et hors campus entraînant des préjudices physiques, psychologiques ou financiers. La définition s’applique également à de tels incidents en ligne.

Les députés ont également cherché à imposer aux établissements scolaires l’obligation d’organiser des conférences et des consultations dans le but de prévenir l’intimidation et de permettre aux victimes d’être entourées. Les établissements doivent informer les parents ou les tuteurs dans de tels cas et punir ou éduquer les contrevenants en coopération avec les autorités. Le projet interdit également les menaces, insultes et attaques sur les mineurs sous forme écrite, visuelle ou audio, et habilite les parents ou les tuteurs à exiger des fournisseurs de services Internet qu’ils suppriment les contenus indécents.

Liu Xiya, députée de l’APN, a suggéré que les détenteurs de l’autorité parentale soient tenus pour responsables si leur enfant est impliqué dans des actes d’intimidation. « Nous avons vu de nombreux cas dans lesquels des parents avaient tenté de se soustraire à leurs responsabilités », a-t-elle en effet remarqué.

Le film, qui est resté plusieurs jours en tête du box-office chinois, semble donc avoir marqué les esprits et annonce des « jours meilleurs » en Chine.

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