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Wuhan et la France : une rencontre prédestinée |
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Liu Ting · 2019-09-03 · Source: Beijing Information | |
Mots-clés: Wuhan; France; Chine |
Le 27 janvier, il y a 55 ans, les gouvernements chinois et français annonçaient l’établissement des relations diplomatiques au niveau des ambassades. Une annonce qui à l’époque avait été comparée à une « bombe atomique diplomatique » dans les médias occidentaux et eu l’effet d’une bombe au sein de la communauté internationale. Mais ce que peu de gens savent, c’est qu’un livre a joué un rôle majeur pour le président de l’époque, Charles de Gaulle afin d’aboutir à ce résultat.
Ce livre s’appelle « Le Serpent et la Tortue », de l’ancien premier ministre français Edgar Faure. Il tire son titre du Mont du Serpent et du Mont de la Tortue à Wuhan. Il a été publié en français en 1957, et sur la couverture apparaissent d’ailleurs les caractères chinois she (蛇 serpent) et gui (龟 tortue).
(Photo : Jacques Fourrier)
En 1957, Edgar Faure s’était rendu à Wuhan et avait visité le Pont sur le Yangtsé à Wuhan, qui allait bientôt être ouvert. Il avait aussi rencontré le président Mao, qui lui avait parlé du poème « la Nage » qu’il avait lui-même écrit, et dans lequel figuraient ces vers : « L’envol d’un pont unit le nord au sud ; la faille infranchissable en deviendra passage ». Il faisait référence au Mont du Serpent et au Mont de la Tortue, à chaque extrémité du pont.
Après son retour en France, Edgar Faure a écrit son ouvrage. Il explique que la reconnaissance de la Chine est dans l’intérêt de la France et qu’il serait absurde que la plupart des grandes puissances ignorassent complètement ce continent. Il laisse entendre que la France et la Chine sont comme le Mont du Serpent et le Mont de la Tortue : il faut un « Pont sur le Yangtsé » pour que « la faille infranchissable » devienne « passage ».
Edgar Faure envoya le livre au général de Gaulle, qui lui répondit de façon manuscrite et personnellement, disant que le contenu de ce livre l’avait intéressé au plus haut point et que le rétablissement des relations diplomatiques avec la Chine revêtirait une signification majeure. Plus tard, le président Charles de Gaulle dépêcha Edgar Faure pour entamer des négociations à cet effet.
Outre Edgar Faure, l’ancien président français Jacques Chirac, l’ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault et l’ancien premier ministre Bernard Cazeneuve se sont rendus à Wuhan. Cette ville, où la France a le plus investi en Chine, et où vit l’une des plus importantes communautés françaises du pays, a toujours entretenu des relations très étroites avec la France. Comme M. Cazeneuve l’avait déclaré lors de sa visite en Chine en 2017, «Wuhan est la ville la plus française de Chine. »
Les sources d’une amitié
Les échanges entre la France et Wuhan remontent à la fin de la dynastie Qing, il y a plus de 150 ans. A cette époque, le vice-roi du Huguang, Zhang Zhidong, un réformateur favorable à l’occidentalisation, introduisit de nouvelles mesures dans le Hubei, créa une université, construisit une voie ferrée, ouvrit une usine et développa une industrie, faisant prendre à Wuhan son envol vers la modernité. A cette époque, Wuhan et la France entretenaient déjà de nombreux échanges économiques.
Les Wuhanais ont donc été en contact avec la culture française, à commencer par la langue française. Zhang Zhidong estimait que Wuhan étant située sur la section centrale du Yangtsé, une artère vitale pour les transports en Chine, avec une activité économique et commerciale florissante, il était nécessaire de cultiver des talents qui comprennent les langues étrangères et le monde des affaires. En 1893, il fonda l’Université Ziqiang (« autorenforcement », devenue l’Université de Wuhan en 1949), qui prodiguait quatre enseignements, dont les langues étrangères – l’anglais, le russe, l’allemand et le français.
Après la fondation de la République populaire de Chine, les échanges entre Wuhan et la France se sont davantage approfondis. En 1964, le premier ministre Zhou Enlai et le président Charles de Gaulle ont convenu de classer Wuhan en tant que base pour la coopération et les échanges entre la Chine et la France.
Le consulat général de France à Wuhan a été établi en 1998. Il s’agit du premier consulat étranger à Wuhan après la fondation de la République populaire de Chine, ainsi que du troisième consulat français établi en Chine après Shanghai et Guangzhou.
Olivier Guyonvarch a été le témoin de cette histoire. En 1998, ce diplomate y a travaillé pendant trois ans et a participé à son établissement. En septembre 2017, il a été nommé consul général de France à Wuhan. Il a expliqué à Beijing Information les raisons derrière l’ouverture d’un consulat à Wuhan. Il a tout d’abord évoqué les investissements substantiels de la France à Wuhan : la société de construction automobile Shenlong, la plus grande coentreprise entre la Chine et la France, avait été créée dans la ville en 1992. Ensuite, les échanges interuniversitaires entre Wuhan et la France étaient très fréquents. Le premier programme d’échanges entre la Chine et la France – l’accord d’échanges éducatifs et culturels – avait été appliqué avec l’Université de Wuhan. Par ailleurs, Wuhan disposait d’une base industrielle solide et de bons atouts en termes de localisation, et le développement économique y était rapide. Enfin, le gouvernement municipal de Wuhan et de la province du Hubei accueillaient favorablement l’ouverture d’un consulat à Wuhan.
Les investissements français, des secteurs traditionnels aux secteurs de pointe
Le centre des bureaux à partager de la ville nouvelle durable franco-chinoise de Wuhan (Photo : Zhang Wei)
Wuhan est depuis longtemps un haut lieu pour les investissements des entreprises françaises. En 2017, on en comptait plus d’une centaine.
L’entreprise Shenlong et les usines Dongfeng Renault Wuhan sont des investissements majeurs de la France à Wuhan. Avec l’approfondissement continu des échanges, les entreprises françaises qui ont investi à Wuhan ont également affiché une tendance à la diversification.
Le 27 septembre 2017, le 4ème Forum franco-chinois sur le développement urbain durable s’est tenu dans le district de Caidian. Lors de la cérémonie d’ouverture, 21 entreprises et institutions franco-chinoises, y compris EDF et GLevents, ont signé un accord de coopération stratégique ou d’investissement avec la ville nouvelle durable franco-chinoise de Wuhan (ci-après « éco-ville »), notamment dans les services énergétiques, les expositions et d’autres projets, pour un montant total de 126,2 milliards de yuans.
L’éco-ville a été décidée lors de la signature de la lettre d’intention par les représentants des gouvernements chinois et français en mars 2014. Depuis lors, les experts des deux pays ont achevé conjointement la planification globale de cette éco-ville sur une période de deux ans. Sa zone centrale couvre environ 36 kilomètres carrés pour développer principalement six secteurs importants comme la consommation culturelle, l’écologie et les économies d’énergie, et les transports verts intelligents.
« Notre ville nouvelle durable franco-chinoise de Wuhan soutient l’implantation d’entreprises à capitaux français sous trois aspects », explique Zhang Zheng, attaché commercial au Comité de gestion de la ville nouvelle durable franco-chinoise de Wuhan. « Nous avons d’abord promulgué nos mesures en 16 points pour les sociétés à capitaux français, principalement pour les entreprises de haute technologie et les sociétés de services modernes françaises, en les aidant dans les financements, le foncier, les bureaux et le recrutement. Le deuxième aspect, c’est la création d’un centre de bureaux partagés pour les entreprises françaises. Elles auront des bureaux gratuits chez nous pendant une certaine période. Troisième aspect, dans le site permanent du Forum franco-chinois sur le développement urbain durable, il y aura un centre d’exposition où les entreprises françaises de haute technologie ont chacune un espace pour promouvoir leur image. »
A l’heure actuelle, plus d’une vingtaine de sociétés françaises telles qu’EDF, le Bureau Veritas et MGI Coutier se sont enregistrées pour s’installer dans l’éco-ville.
« Le Comité de gestion de la ville nouvelle durable franco-chinoise de Wuhan attache une grande importance à l’aspect démonstration et durabilité du projet dans le développement de la planification et la promotion des investissements. C’est une raison importante pour l’installation du groupe énergétique français EDF dans l’éco-ville», précise Lu Yisong, directeur de la planification stratégique de la division chinoise de l’énergie d’EDF et directeur général de la société de gestion de l’énergie (Wuhan) d’EDF, au journaliste de Beijing Information.
Et d’ajouter qu’EDF est le plus grand groupe énergétique français et opère en Chine depuis 35 ans. Le concept de développement de l’éco-ville entre également en synergie avec le concept d’énergie sobre en carbone et EDF souhaite mettre pleinement à profit ses avantages en termes de technologie et de gestion. En participant au développement de cette éco-ville, EDF apporte des solutions énergétiques intégrées écologiques, efficaces, intelligentes, et sobres en carbone.
Un nouveau modèle de coopération sino-française pour l’avenir
Corridors souterrains intégrés de l’éco-cité franco-chinoise (Photo : Zhang Wei)
La Chine et la France ont toujours été des acteurs importants dans la lutte contre le changement climatique. Afin de relever conjointement ces défis mondiaux et de l’ère postindustrielle, en mars 2014, en présence du président chinois Xi Jinping et de son homologue français François Hollande, des représentants des gouvernements chinois et français ont signé la « Lettre d’intention relative à la construction de la ville écologique durable franco-chinoise de Wuhan », précisant que cette éco-ville de démonstration serait située dans la zone du lac Houguan, dans le district de Caidian, à Wuhan : ce sera la première ville écologique bâtie par la Chine et la France.
En novembre 2014, le siège permanent du Forum franco-chinois sur le développement urbain durable a été installé dans l’éco-ville. Il a été conçu par l’architecte français Denis Laming et sa conception prend en compte de manière optimale les technologies environnementales, comme la pompe à chaleur géothermique, pour que le bâtiment soit respectueux de l’environnement et à faible émission de carbone. Après l’achèvement du projet, il sera ouvert gratuitement au public, et deviendra ainsi une vitrine globale des initiatives en faveur de la coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature, du développement de la civilisation écologique et de la concrétisation de l’éco-ville en termes de concept, de technologie et d’architecture.
A l’heure actuelle, les travaux de la structure principale du siège permanent dans la première zone (zone de démonstration) sont terminés et la deuxième zone (zone de conférence) a été mise en chantier. Elle sera achevée et sera exploitée au cours de cette année.
En novembre 2017, les travaux pour la première phase de corridors de conduits souterrains sino-français sur 1,4 km ont été terminés. Leur conception s’inspire de l’expérience française : l’intérieur est équipé de modules de gaz naturel, de canalisations intégrées de télécommunication et de courant à haute tension, avec des systèmes complets d’éclairage, de ventilation, de protection contre les incendies et de contrôle et de surveillance.
« Nous surveillons nos différents conduits par des systèmes intelligents thermométriques, photométriques et de capteurs de gaz », précise Yang Pan, chef de projet des corridors de conduits intégrés de la ville nouvelle durable franco-chinoise de Wuhan, à Beijing Information. « Par ailleurs, nous allons introduire des robots intelligents pour patrouiller, et améliorer l’efficacité des patrouilles. En cas d’urgence dans une section, nous établissons une zone de pare-feu tous les 200 mètres qui fermera ces 200 mètres et permettra d’y effectuer des réparations pour éviter d’accroître l’impact des incidents. »
Le projet de corridors souterrains intégrés devrait avoir une longueur totale de 13,7 km et, une fois achevé, permettra la gestion intelligente efficace de la ville.
La planification des projets de gestion écologique de Shihu, du parc forestier urbain de Ma’anshan et de la ville de Haimian est terminée. L’éco-ville a également publié un plan d’action de développement décennal (2018-2027), qui a formulé un programme d’action pour l’éco-ville, mais également pour les bâtiments écologiques, les villes écologiques et les communautés résidentielles écologiques. Une coopération plus étendue est en cours.
Wuhan est un berceau important de la culture Chu et son histoire millénaire a donné à la ville son esprit inclusif et ouvert. La ville écrira ainsi un nouveau chapitre dans la coopération franco-chinoise avec une attitude plus ouverte.
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