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Huawei, entre confiance et sérénité

Yuan Yuan  ·  2019-06-17  ·   Source: Beijing Information
Mots-clés: Huawei; Ren Zhengfei

Huawei Technologies présente ses technologies de communication sans fil 5G au Congrès mondial de la téléphonie mobile de Barcelone, en Espagne, en février dernier. (XINHUA)

En pleine guerre commerciale sino-américaine, la société chinoise Huawei Technologies, premier fournisseur mondial d’équipements de réseaux de télécommunications, fait la une mondiale suite à l’interdiction de ses produits par les Etats-Unis et à l’arrêt des livraisons de la part de ses partenaires commerciaux.

Lors d'une interview exclusive accordée à CCTV, la Télévision centrale de Chine, le 21 mai, Ren Zhengfei, fondateur et PDG de Huawei, s'est montré peu préoccupé : « Il y a plus d'une décennie, lorsque nous avons défini notre objectif de devenir un acteur de premier plan, nous savions qu'une telle situation serait inévitable », a-t-il déclaré. « De tels affrontements devaient arriver tôt ou tard. » Et de se montrer optimiste. « Huawei est devenu un géant. Avant toutes ces interdictions et ces arrêts de livraisons, nous étions coincés dans réunions et présentations PowerPoint interminables et insignifiantes. […] Maintenant, nous sommes fermement unis pour faire face ensemble à ces difficultés. Je dirais que n’avons jamais été aussi forts. »

La gamme P20 de smartphone développée par Huawei est entrée sur le marché canadien en mai 2018. (XINHUA)

Des attaques continues

Avant 2019, M. Ren apparaissait rarement dans les médias. CCTV a calculé qu'il n'avait accepté moins de 10 interviews depuis la fondation de Huawei en 1987. Mais depuis janvier, il est partout dans les médias. Le 15 janvier, il a accepté une interview de groupe avec des journalistes étrangers et deux jours plus tard, une interview exclusive de l'émission « Face to Face » sur CCTV.

« Le service des relations publiques de Huawei m'a forcé à le faire », a-t-il déclaré. « Ils m'ont dit qu'il était de ma responsabilité, en tant que PDG, d’être présent et de dire au public ce qui se passe réellement car tant de rumeurs avaient été propagées. »

En décembre 2018, Meng Wanzhou, sa fille, qui est également la directrice financière de Huawei, avait été arrêtée par les autorités canadiennes à la demande des Etats-Unis pour vol d’informations, et début 2019, le département américain de la Justice avait accusé Huawei de vol de technologie et de violation de sanctions commerciales notamment.

Le 15 mai, le président américain Donald Trump a signé un décret interdisant la vente du matériel de Huawei aux Etats-Unis en déclarant une « urgence nationale ». Le même jour, le département américain du Commerce inscrivait Huawei sur la liste des entités qui avaient besoin d’une licence spéciale pour acheter des composants et des technologies américains, empêchant la société de les acheter auprès d’entreprises américaines sans l’approbation du gouvernement américain.

Cette décision avait conduit Huawei à placer HiSilicon au premier plan. HiSilicon, filiale de Huawei fondée en 2004, était restée discrète dans la mesure où elle se consacrait au développement de ses propres microprocesseurs. « Il est temps que nous nous montrions de quoi nous sommes capables », avait écrit He Tingbo, directeur de HiSilicon, dans une lettre ouverte publiée le 17 mai.

« Nous savions que nous serions confrontés un jour à nos concurrents américains et que ne serions plus en mesure de compter éternellement sur les microprocesseurs importés », a déclaré Ren lors de l'interview accordée à CCTV le 21 mai. « Nous avons donc créé cette société pour faire face et investi énormément pour créer nos propres microprocesseurs. Nous ne subirons pas une pénurie extrême de pièces car nous avons effectué des préparatifs judicieux. ». Les employés de l'entreprise font des heures supplémentaires pour faire face à la situation. « Les difficultés actuelles peuvent amener la Chine à développer son industrie électronique d’une manière pragmatique », a déclaré M. Ren.

Huawei a fait savoir le 16 mai que la décision du département américain du Commerce n'était dans l'intérêt de personne et causerait un préjudice économique important aux entreprises américaines avec lesquelles Huawei entretient des relations commerciales. Joe Kelly, porte-parole de Huawei, a déclaré que sur les 70 milliards de dollars que Huawei avait dépensés en composants et autres fournitures l'an passé, 11 milliards avaient été versés à des entreprises américaines. « Cela affectera des dizaines de milliers d'emplois américains », a déclaré M. Kelly.

« Nous appelons les Etats-Unis à mettre fin à ces pratiques illicites et à créer les conditions favorables à une coopération normale entre les entreprises des deux pays », a déclaré le 16 mai Gao Feng, porte-parole du ministère chinois du Commerce.

Les actions de Qualcomm, Infineon, Intel et Alphabet, société-mère de Google, ont toutes chuté le 20 mai à la suite de l'interdiction. Le même jour, le département américain du Commerce a annoncé qu’il accorderait une licence de 90 jours pour les transactions nécessaires au maintien et à la prise en charge des réseaux et combinés cellulaires existants. Selon M. Ren, cette période d'autorisation de 90 jours n'a plus aucune importance pour Huawei.

Sur ordre du gouvernement américain, les sociétés américaines ont cependant dû agir. Google a annoncé qu'il arrêterait de fournir de nombreux services de logiciels et du matériel pour Android à Huawei, notamment Gmail, Google Maps ainsi que l'accès aux versions à venir des systèmes d'exploitation Android.

Les partenaires européens ont fait de même. L'Europe est maintenant le deuxième plus grand marché de Huawei après la Chine. Huawei a connu une expansion extraordinaire à ses débuts en vendant des équipements à des opérateurs de téléphonie mobile, prenant plus du quart du marché des smartphones. Dans des pays comme la Grèce, le Portugal et l’Espagne, Huawei est le marque le plus vendu.

Au Royaume-Uni, suite à la décision de Google, deux de ses plus grands réseaux de téléphonie mobile, EE et Vodafone, ont annoncé qu’ils cesseraient d’offrir des téléphones Huawei aux usagers de la 5G, bien que Huawei soit l’une des marques de téléphones mobiles les plus populaires du pays. ARM, un fabricant de microprocesseurs basé au Royaume-Uni, aurait également suspendu ses activités avec Huawei.

Au Japon, les trois plus grands opérateurs de télécommunications ont annoncé qu'ils retarderaient la vente d'une nouvelle gamme de smartphones Huawei.

M. Ren a néanmoins estimé que Google et les autres entreprises américaines ne sont pas responsables, car elles doivent respecter les lois nationales. « Nous avons beaucoup appris d'eux et ils nous ont aidés à fabriquer de merveilleux produits », a-t-il noté. « Actuellement, ils discutent activement avec nous pour trouver une solution. Nous apprécions vraiment leur soutien. Ceux qui sont responsables, ce sont les politiciens qui ont rendu tout cela possible. »

Ren Zhengfei, président et fondateur de Huawei Technologies, lors d'une conférence de presse à Shenzhen, dans la province méridionale du Guangdong, le 18 janvier (VCG)

Une tension qui s’accentue

Ce n’est pas la première fois que les Etats-Unis ou d’autres pays occidentaux dressent des obstacles sur le chemin de Huawei sous le prétexte de « sécurité nationale ». En 2007, le gouvernement de George W. Bush avait mis en garde contre la participation de Huawei à l’achat de 3Com, un fabricant d’électronique numérique, au motif que celui-ci entretenait « des liens ténébreux avec l’armée et les services de renseignement chinois » sans fournir la moindre preuve.

En 2012, une étude de 18 mois de Huawei ordonnée par la Maison Blanche avait conclu qu'il n'y avait « aucune preuve d'espionnage de la part de Huawei ». La même année, l’Australie avait écarté Huawei de son réseau national à large bande, invoquant des « préoccupations sécuritaires », puis affirmé que Huawei était impliqué dans une guerre cybernétique. Alexander Downer, président du conseil d'administration de Huawei en Australie, avait dit à l'époque que l'idée même de la participation de Huawei dans une cyber-guerre reposait uniquement sur le fait que la société était chinoise.

En 2016, le Comité parlementaire du renseignement et de la sécurité du Royaume-Uni avait terminé l'examen de l'ensemble du code source de Huawei, concluant qu’il n’y avait « aucune preuve que Huawei présente un risque pour la sécurité nationale du Royaume-Uni ». Toujours la même année, Duo Labs, une équipe de recherche de sécurité avancée, avait estimé que la société était « remarquablement bien » classée dans le domaine des correctifs de sécurité, 77 % de ses téléphones utilisant les derniers correctifs contre 15 % pour Samsung, ajoutant que son code n’était aucunement malicieux et ses téléphones étaient remarquablement sécurisés.

En 2018, le gouvernement américain avait bloqué un accord entre Huawei et ATT, invoquant à nouveau « des problèmes de sécurité ».

« Je ne sais pas quelles sont les motivations des Etats-Unis, mais je ne pense pas que ce soit si grave que nous n'intervenions pas sur le marché américain pour le moment, car nous ne pouvions pas pénétrer vraiment son marché auparavant », avait souligné M. Ren lors d'une interview au magazine Time le 23 mai.

ZTE, un autre fournisseur chinois d'équipements de télécommunications, avait été confronté à une situation similaire en 2016. Le département américain du Commerce l'avait ajouté à sa Liste des entités sous le prétexte de « violer les sanctions imposées par les Etats-Unis en vendant des produits fabriqués aux Etats-Unis à l'Iran ».

Trump avait ensuite annulé la décision, mais ZTE avait dû payer une amende d’un milliard de dollars et accepter la surveillance par le département américain du Commerce.

« Nous ne changerons pas notre gestion à la demande des Etats-Unis ni n'accepterons la surveillance comme ZTE l’a fait », a déclaré M. Ren, ajoutant que Huawei ne jouait pas un rôle si important dans les négociations sino-américaines. Les politiciens américains jouent ainsi la mauvaise carte.

En mars, Huawei avait poursuivi le gouvernement américain en justice pour un article de la Loi relative à l'autorisation de la défense nationale de 2019, interdisant aux agences fédérales et à leurs entrepreneurs d'utiliser le matériel ou les services de Huawei. Huawei avait soutenu que cette loi qui condamnait une personne ou un groupe à une sanction sans un procès équitable était contraire à la Constitution américaine

« Cette interdiction est non seulement illégale, mais elle empêche également Huawei à se livrer à une concurrence loyale », a déclaré Guo Ping, président suppléant de Huawei, lors d'une conférence de presse après le dépôt de la plainte. Le 29 mai, Huawei a déposé une requête en jugement sommaire dans le but d'accélérer sa procédure judiciaire.

Et nouvelle provocation : Huawei avait fait savoir à Reuters le 24 mai que deux colis envoyés du Japon vers la Chine via FedEx avaient été détournés vers les Etats-Unis et que deux autres colis envoyés par le même transporteur du Viet Nam aux bureaux de Huawei ailleurs en Asie avaient subi le même sort.

Huawei a fourni des images des bordereaux de suivi de FedEx et déclaré ne pas avoir donné l’autorisation de procéder à modifications dans l’acheminement. La porte-parole de FedEx, Maury Donahue, a déclaré à Reuters que rien ne leur avait été demandé par une autre partie et que les colis avaient été « mal acheminés par erreur ».

Le 29 mai, le média technologique chinois QbitAI a annoncé que l'Institut des ingénieurs électriciens et électroniciens (IIEE), la plus grande organisation technique professionnelle au monde, avait décidé d'interdire aux employés de Huawei d’effectuer des examens d’articles par les pairs, ce qui avait suscité de vives critiques de la part des internautes chinois.

Zhang Haixia, professeure à l'Université de Beijing et membre de l'IIEE depuis 20 ans, a décidé de se retirer de son comité de rédaction après avoir appris la nouvelle. Elle a déclaré à China Daily qu'elle pensait que l'IIEE avait subi des pressions externes ou pris cette décision pour des raisons politiques. « Je ne l'accepterai pas et j'ai décidé de quitter le comité de rédaction de l'IIEE jusqu'à ce qu'il retrouve son intégrité professionnelle », a écrit Mme Zhang dans une lettre ouverte le 29 mai.

Un magasin EE à Londres le 23 mai. L’opérateur de téléphonie mobile britannique a annoncé qu’il continuera à utiliser les équipements Huawei dans une partie de son réseau 5G. (XINHUA)

Une perspective plus large

Dans son entretien au Time, M. Ren avait remarqué que la 5G n'était qu'un outil et qu'elle n'était pas politique. « Les politiciens ne peuvent pas tracer une ligne nette pour créer deux versions», a-t-il noté. « Je pense que la 5G a adopté un ensemble de normes unifiées. S'il n'y a pas d'interconnectivité dans les technologies 5G, le coût sera beaucoup plus élevé. »

Le développement de la 5G de Huawei ne sera absolument pas affecté, comme l’affirme M. Ren. Dans ce domaine, les autres ne rattraperont certainement pas leur retard dans les deux ou trois ans à venir.

Parlant de la vague de patriotisme suscitée par les tensions entre Huawei et le gouvernement américain, M. Ren estime que pour les Chinois, patriote ne veut pas dire aimer Huawei, et que soutenir Huawei ne signifie pas acheter des smartphones Huawei. « Les affaires sont les affaires. Il n’est pas nécessaire de prêter autant d’attention à Huawei. Travailler dur dans son propre domaine est la meilleure façon d’être patriote », a déclaré M. Ren.

Dans son entretien avec CCTV, M. Ren a également évoqué l’importance de l’éducation de base. « La montée en puissance de Huawei est basée sur le développement de la technologie et sur un pool de talents dans les hautes technologies venus du monde entier », a-t-il souligné. « Une excellente éducation de base est le socle du développement d'un pays. »

Selon M. Ren, âgé de 75 ans, un pays qui offre une excellente éducation de base créera de grandes entreprises. Le monde changera fondamentalement dans les 20 à 30 années à venir, a-t-il noté. Ce qui s’est passé avec Huawei aujourd’hui n’est qu’un épisode dans tout le processus de transformation.

 

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