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Les relations sino-françaises restent pleines de vitalité |
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Wang Shuo · 2019-03-29 · Source: La Chine au présent | |
Mots-clés: Chine; France; relations bilatérales |
Le 11 février 2019, Paris organise des activités pour célébrer le Nouvel An chinois.
En 1964, la France a été le premier grand pays occidental à établir des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine. À partir de là, malgré les épreuves, les relations sino-françaises se sont développées rapidement et favorablement, créant plusieurs premières : par exemple, Georges Pompidou est le premier chef d’État occidental à avoir effectué une visite officielle en Chine ; la France est aussi le premier pays occidental à avoir signé des accords de coopération scientifique gouvernementaux avec la Chine et à établir des coopérations avec elle pour le développement pacifique de l’énergie nucléaire. D’où les originalités actuelles des relations sino-françaises.
Au cours de ces 55 ans, les relations sino-françaises ont été très importantes tant pour la France que pour la Chine. Cela va sans dire. Elles se sont toujours trouvées au premier plan dans les relations que la Chine a entretenues avec les autres pays occidentaux. Face à un monde souvent changeant, la Chine et la France doivent maintenant renforcer davantage la confiance mutuelle sur le plan politique à travers des coopérations pragmatiques et relever conjointement les défis qui apparaissent. Nous avons tout lieu de croire que les relations sino-françaises rééditeront cet exploit dans les nouvelles conditions historiques qui se présentent à nous.
Les bases solides de la coopération sino-française
Si les relations sino-françaises peuvent réaliser les réussites que nous connaissons aujourd’hui, c’est parce que les deux parties attachent depuis toujours une grande importance aux bases de la coopération bilatérale et qu’elles ne cessent de les consolider. Premièrement, la coopération sino-française est soutenue par les bonnes relations économiques et commerciales. Le fait que « la politique prépare le terrain pour l’économie et le commerce » est une particularité des relations sino-françaises. Mais nous pourrions tout aussi bien ajouter que les bonnes relations économiques et commerciales constituent une base solide pour rendre plus étroites nos relations politiques bilatérales. Selon les statistiques d’Eurostat, de 2010 à 2017, le volume du commerce entre la Chine et la France s’est élevé à 53,05 milliards de dollars en moyenne. Il était au début de cette période à 45,21 milliards de dollars. Durant ces années, en 2014, le volume avait atteint le pic de 55,02 milliards de dollars pour fléchir ensuite. Mais l’année 2017 a vu à nouveau une augmentation et cette tendance reste stable. Actuellement, la Chine est devenue le 7e marché d’exportation et la 6e source d’importation de la France. De plus, les investissements chinois en France ne cessent d’augmenter. Selon Le rapport sur l’internationalisation de l’économie française, publié par la France en avril 2018, en 2017, la Chine a entrepris 65 projets d’investissement en France, soit une augmentation de 27 % par rapport à l’année précédente, devenant le pays asiatique faisant le plus d’investissements en France. Tout cela signifie qu’en général, l’ampleur des coopérations économiques et commerciales entre la Chine et la France tend à s’accroître.
Deuxièmement, la coopération sino-française reste soutenue grâce aux bonnes relations politiques. La confiance mutuelle sur le plan politique, surtout la communication étroite entre les hauts dirigeants des deux pays, est une garantie importante du développement des relations sino-françaises. Depuis son entrée en fonction en mai 2017, le président Emmanuel Macron prête toujours la plus haute attention aux relations avec la Chine. Lors de sa rencontre avec le président chinois Xi Jinping, en marge du 12e Sommet du G20 organisé en Allemagne en juillet 2017, il a déclaré que les relations franco-chinoises revêtent une grande importance et que la Chine est considérée comme un partenaire important de la France et une force majeure dans les affaires internationales. En 2018, le président Macron, le premier ministre Edouard Philippe et l’ancien président François Hollande ont successivement effectué une visite en Chine. En janvier de la même année, lors de sa rencontre avec le président Emmanuel Macron en Chine, Xi Jinping a indiqué que les relations sino-françaises étaient le résultat d’une histoire spéciale, avec un contenu riche, et qu’elles se sont développées ces dernières années à un haut niveau, faisant preuve de plus de maturité, de stabilité et de dynamisme. Le 1er décembre 2018, Xi Jinping a de nouveau rencontré Macron en marge du Sommet du G20 en Argentine, et il a mis l’accent sur la défense commune de l’ordre international multilatéral centré sur les objectifs et les principes de la Charte des Nations Unies à travers des actions concrètes. Quant à Macron, il a fait part de sa haute considération pour les mesures chinoises qui visent à améliorer l’environnement des investissements étrangers en Chine et il a assuré que la France soutenait fermement le multilatéralisme et qu’elle souhaitait continuer à travailler avec la Chine dans la résolution des affaires internationales majeures afin de promouvoir davantage le développement des relations entre l’Europe et la Chine.
Troisièmement, les relations sino-françaises sont toujours soutenues par de bons mécanismes. En 1997, lors de la visite de l’ancien président Jacques Chirac en Chine, les deux pays ont décidé d’établir le partenariat global pour le XXIe siècle ; en 2010, lors de la visite de l’ancien président chinois Hu Jintao en France, les deux parties ont élevé les relations bilatérales au niveau du partenariat stratégique global ; en 2015, lors de la visite de l’ancien premier ministre Manuel Valls en Chine, les deux parties ont convenu de promouvoir le partenariat stratégique global dans la nouvelle ère pour le rendre plus fort et plus durable ; en 2018, lors de la visite de Macron en Chine, les deux parties ont décidé d’élever encore plus haut le niveau du partenariat stratégique global sur la base de la confiance mutuelle et de la réciprocité. En plus de ce renforcement, la Chine et la France ont également établi des mécanismes de dialogue bilatéraux dans plusieurs domaines : la finance, les sciences et technologies, l’énergie, l’environnement, la santé, l’espace, l’éducation et la culture. Ces mécanismes, qu’ils soient officiels ou non, constituent non seulement une garantie institutionnelle importante pour un développement durable et stable des relations sino-françaises, mais rapprochent aussi les peuples chinois et français, établissant une base solide pour les bonnes relations politiques et économiques.
Si nous faisons un tour d’horizon historique, nous voyons que les relations sino-françaises, avec des bases solides et des réussites remarquables, sont un bon exemple pour la coopération entre la Chine et l’Europe, même entre la Chine et les pays occidentaux. Pourtant, le monde d’aujourd’hui traverse des changements majeurs inédits depuis un siècle : l’ordre international est en train de se réorganiser ; la croissance économique mondiale est faible surtout après la crise financière et la crise des dettes ; de nombreux problèmes accumulés au cours du développement de la mondialisation économique, de l’intégration régionale et de l’économie nationale éclatent en même temps ; le fossé entre les riches et les pauvres est plus grand ; les contradictions sociales s’accroissent ; le populisme, le conservatisme et l’exclusivisme sévissent ; les relations internationales sont plus complexes et plus changeantes. La Chine et la France font donc face à leurs propres défis et ils font des efforts afin de réaliser le grand renouveau du pays et de la nation.
Le président Macron est un homme public très rare sur la scène politique française et européenne. Il a pris le pouvoir en cristallisant les attentes des Français qui veulent des réformes. Sa réflexion sur la situation actuelle et sa particularité personnelle sur l’échiquier politique lui ont permis d’offrir des remèdes aux problèmes de la France qui tient dans cette idée : mettre en œuvre une réforme de l’économie nationale et reconstruire l’Europe en même temps. Il a fait le vœu de réaliser le grand renouveau de la France, de la redresser pour lui rendre sa position de grand pays. Dans son autobiographie Révolution, il a précisé que sa mission était de redessiner la France. Bien que les réformes obligent à des sacrifices et provoquent des conflits, il ne lui reste qu’à s’en tenir à sa politique pour réaliser, selon tout vraisemblance, ce rêve.
Quant à la Chine, elle vient de fêter le 40e anniversaire de sa politique de réforme et d’ouverture qui lui a apporté les résulats connus de tous. En faisant le bilan de ses expériences, elle doit continuer à déployer des efforts pour réaliser les objectifs des « deux centenaires » (parachever la construction sur tous les plans d’une société de moyenne aisance au moment de la célébration du centenaire de la fondation du PCC et faire de la Chine un pays socialiste moderne, prospère, puissant, démocratique, harmonieux et hautement civilisé au moment où la République populaire de Chine fêtera son centenaire) et le rêve chinois du grand renouveau de la nation. La Chine rencontre encore des problèmes délicats : la pression de la reconversion et de la mise à niveau des industries ; un environnement économique international plus complexe qui freine la croissance de l’économie nationale, en particulier les barrières tarifaires et non tarifaires ; les difficultés à réduire l’écart entre les régions et entre les villes et les campagnes ; les complications dans l’amélioration du système de protection sociale ; la complexité de la protection de l’environnement pour réaliser un développement vert, harmonieux et durable. Comme l’a dit le président Xi Jinping, « la réforme est toujours en route ».
Le 4 décembre 2017, le bébé panda Yuan Meng fait sa première apparition publique au ZooParc de Beauval, à Saint-Aignan, en France.
La coopération sino-française ne se limite pas à la bilatéralité
Face à de tels environnements à l’intérieur comme à l’extérieur, la Chine et la France doivent tout d’abord résoudre leurs propres difficultés afin de stimuler leurs croissances économiques et leurs développements sociaux respectifs à travers des coopérations gagnant-gagnant. Mais, leur responsabilité ne se résume pas uniquement à cela, et leur coopération ne se limite pas à la bilatéralité.
En premier lieu, la lutte contre le changement climatique. Depuis 1985, la température moyenne mondiale a dépassé le niveau normal pendant 400 mois consécutifs. Le changement climatique est déjà devenu une menace réelle pour le développement durable de l’humanité. D’après Macron, l’homme est en train de détruire la Terre à cause de la pollution de la mer, des émissions de gaz à effet de serre, de la dégradation de la biodiversité et d’autres actions destructrices. Selon lui, il nous faut faire face à la réalité, car « il n’y a pas de plan B ». Grâce à l’initiative française, le Sommet sur le climat des Nations Unies en 2015 a historiquement abouti à l’Accord de Paris qui précise les objectifs concrets de la diminution des rejets polluants de tous les pays. En tant que promotrice principale de la lutte contre le changement climatique, la France a aussi des expériences mûries et avancées dans les domaines des nouvelles énergies, de la finance verte et dans le système d’échange de crédits-carbone. En tant que plus grand pays en développement, la Chine cherche à remplir activement ses obligations et à accélérer le passage à l’économie verte. La Chine et la France peuvent toutes deux devenir les forces structurantes de la gouvernance climatique mondiale. Par le biais de la coordination des politiques macroéconomiques et de l’assistance aux industries vertes, elles peuvent se montrer exemplaires dans la diminution mondiale des émissions polluantes et créer de nouveaux moteurs de la croissance économique.
En second lieu, la promotion de la libéralisation du commerce et de l’investissement. Selon le président Xi Jinping, le monde est aujourd’hui un village planétaire où tous les pays partagent le même sort et où leurs intérêts se croisent ; bien que l’unilatéralisme et le protectionnisme ne cessent d’avoir de nouvelles manifestations, la mondialisation économique est irréversible et la coopération gagnant-gagnant correspond à la tendance générale de la situation. Le développement chinois profite de la mondialisation économique et de la libéralisation commerciale, en même temps, il contribue beaucoup à la croissance économique mondiale. Quant à la France, en tant que pays développé, elle attache toujours de l’importance à la libéralisation du commerce. De plus, l’existence de l’Union européenne repose sur le multilatéralisme. L’ouverture et l’inclusion sont donc la volonté de la France et de l’UE. Le président Macron a déclaré que nous pouvions choisir l’isolationnisme, le recul et le nationalisme, mais la fermeture de la porte du pays ne pouvait pas empêcher les changements du monde. « La guerre commerciale n’est pas la solution correcte. » Il pense que nous pouvons trouver la solution correcte à travers les négociations au sein de l’OMC et les projets de coopération pour résoudre les problèmes tels que l’inégalité commerciale et la surcapacité de production. Son opinion va dans le même sens que la position de la Chine sans qu’il y ait eu une entente préalable. En tant que plus grand pays commercial du monde et grand pays responsable, la Chine soutient résolument l’amélioration du système commercial multilatéral et défend le système international actuel. Elle est prête à travailler ensemble avec toutes les parties, y compris la France et l’UE, pour promouvoir la libéralisation et la facilitation du commerce et de l’investissement.
En troisième lieu, le renforcement des coopérations dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route ». Aujourd’hui, tous les pays du monde rencontrent des problèmes de développement, mais l’initiative « la Ceinture et la Route » est un remède chinois au développement mondial. Au lieu d’une stratégie nationale agressive, elle est une plate-forme réciproque et gagnant-gagnant. Comme la France a toujours une influence remarquable dans les régions traversées par l’initiative « la Ceinture et la Route » et qu’elle a des avantages industriels et techniques en matière de programmes connexes, elle peut devenir une participante active à cette initiative. En travaillant ensemble avec la Chine et d’autres pays, elle peut non seulement profiter de bénéfices économiques considérables, mais apporter aussi des bénéfices aux pays riverains et promouvoir également la paix et la sécurité dans les régions. Comme le dit le président Xi Jinping : si nous avons proposé l’initiative « la Ceinture et la Route », c’est pour élargir les coopérations à travers la concertation, la construction et le partage et réaliser la réciprocité et le gagnant-gagnant sur la base des règles internationales. De fait, cette initiative de coopération est saluée par la France. Lors de sa visite en Chine, le président Macron a indiqué que l’initiative « la Ceinture et la Route » aidait à défendre le multilatéralisme et à promouvoir la multipolarisation mondiale et que les programmes des nouvelles infrastructures et des réseaux culturels promus par la Chine correspondaient aussi aux intérêts de la France et de l’Europe. Il a souligné que la Chine devait coopérer avec l’Europe pour promouvoir ensemble la construction de « la Ceinture et la Route » et que la France pouvait fournir à la Chine une véritable assistance en la matière. Actuellement, l’UE a déjà proposé son propre plan de connectivité Europe-Asie et elle est ouverte sur l’idée de l’articuler avec l’initiative « la Ceinture et la Route ». Comme le soulignent le président Macron et le premier ministre édouard Philipe, la route doit aller dans deux sens et être partagée.
Certes, la coopération sino-française peut s’étendre encore dans beaucoup de domaines. Après la crise financière de 2008, le monde reste instable. La croissance économique est faible, les incertitudes sur le plan sécuritaire augmentent, les conflits régionaux apparaissent sans cesse et la gouvernance mondiale fait face à de nouveaux défis. En tant que grands pays et États membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, la Chine et la France défendent toutes deux le multilatéralisme et assument des responsabilités mondiales. Grâce à la coopération bilatérale, les deux parties peuvent apporter des bénéfices l’une à l’autre et contribuer parallèlement à la paix et au développement du monde. Les 55 années sont un jalon historique et ne marquent qu’un début, la coopération sino-française est toujours prometteuse et ne cesse d’écrire de nouveaux chapitres.
L'auteur est directeur adjoint et chercheur du Département européen de l’Institut des relations internationales contemporaines de Chine.
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