Ouvrir les yeux 

Les personnes en formation étaient sceptiques au premier abord et s’attendaient à ce qu’on leur présente des formules marketing standard et obsolètes pour attirer de nouveaux clients, mais ils ont été surpris par la qualité des cours, ainsi que l’éthique de travail des Chinois. 

Pour sa part, Joseph Jaffu continuera de chérir l’esprit d’opiniâtreté des Chinois dans le travail, et notamment leur engagement dans les projets lorsqu’ils veulent accomplir quelque chose. 

« J’ai été le témoin de la façon dont la Chine a œuvré pour apporter de la nourriture à ses citoyens », explique-t-il. Selon lui, alors que l’agriculture n’est pas toujours une priorité dans de nombreux pays, celle-ci se place au sommet de l’agenda gouvernemental en Chine.  

« Si un pays a suffisamment de nourriture, il est plus facile pour son économie de croître en produisant des biens ayant une valeur ajouté », souligne-t-il. 

En tant qu’agriculteur et entrepreneur expérimenté, M. Jaffu note que la formation lui a donné une opportunité d’augmenter les profits de son entreprise agroalimentaire par le biais de l’ajout de valeur dans les cultures comme le manioc, qui est fortement demandé dans l’industrie pharmaceutique ou encore pour la production d’adhésifs.  

Joseph Jaffu appelle le gouvernement de son pays à prêter son assistance, afin que les PME puissent accomplir leurs ambitions : « Un soutien gouvernemental considérable et des mesures politiques concrètes sont nécessaires. Celles-ci doivent être mises en œuvre dans les domaines de l’irrigation et de la mécanisation pour les agriculteurs malawites, qui utilisent la houe depuis longtemps. » 

« Tous comme les agriculteurs chinois, les Malawites sont des travailleurs opiniâtres. Tout ce dont ils ont besoin, c’est d’être aidés pour être innovants et engagés grâce aux avancées technologiques. Cela ne peut se produire que si on leur donnes des opportunités d’aller voir ce que les autres font, comme cela a été le cas avec nous », explique-t-il. 

Pour Mwiriha Kapondamgaga, l’objectif est de mettre en œuvre les leçons qu’elle a apprises sur la stratégie des opérations, la planification fiscale, le marketing et la gestion financière. 

« Grâce à la formation et la connaissance obtenue [en Chine], j’ai également eu d’autres idées, qui m’aideront à poursuivre la croissance de mon entreprise. Par ailleurs, certaines personnes m’ont déjà approchée pour apprendre de nouvelles compétences commerciales et je suis prête à les aider. Cette formation m’a ouvert les yeux et je voudrais remercier le gouvernement malawite de m’avoir accordé l’opportunité d’étudier et d’apprendre de nouvelles compétences commerciales en Chine », explique-t-elle. 

En matière gouvernementale, M^me Kapondamgaga affirme qu’il s’agit d’une nécessité, car cela a bien fonctionné en Chine : « Il existe certaines mesures que le gouvernement chinois met délibérément en œuvre pour soutenir ses PME et si le gouvernement du Malawi pouvait également faire de même, les activités à petite échelle pourraient connaître un essor considérable, ce qui [en retour] pourrait aider à faire croître l’économie. »  

Selon elle, ces mesures incluent le fait d’avoir de bonnes infrastructures, une structure fiscale raisonnable, un approvisionnement énergétique fiable et un marché réceptif. 

Elle cite l’exemple du gouvernement chinois, qui a établi un système de garantie de crédit pour les PME et fournit également des mesures d’incitations fiscales, comme les réductions fiscales, pour encourager l’établissement et la croissance des PME.   

Intervention gouvernementale 

Le ministre de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme, Henry Mussa, explique que le Malawi est sur une voie de création d’entreprises commerciales, notamment ciblées sur la jeunesse, qui résultera dans la croissance de l’économie : « L’un de ces chemins est l’établissement d’universités techniques. Gardant à l’esprit le fait que le marché du travail est limité, nous encourageons chacun à fonder [sa propre] entreprise. Le voyage en Chine a pour objectif de présenter à certaines PME comment les pays avancés gèrent [leurs entreprises]. » 

Le ministre souligne que le gouvernement a établi des universités, où les jeunes générations et les dirigeants de PME sont formés dans différents établissements d’enseignement professionnel. Cela finira par rapporter de l’argent à l’Etat et améliorer l’économie nationale. 

« Encore une fois, si [les PME] ont besoin d’argent supplémentaire pour développer leurs activités, le gouvernement leur proposera des prêts à taux réduits. Dans l’ensemble, nous sommes là pour elles, car elles ont montré qu’elles étaient importantes, la plupart d’entre elles employant d’autres personnes », explique M. Mussa. 

Selon lui, le gouvernement est conscient que certaines personnes sont prêtes à s’engager dans des activités commerciales, mais manquent de compétences techniques, d’où l’intervention pour les soutenir avec des connaissances de base. 

« Vous pouvez avoir la volonté et le capital pour lancer une activité, mais vous devez également comprendre la façon dont cela fonctionne, avec des connaissances en gestion financière et en fiscalité. Il est de notre devoir en tant que gouvernement d’être impliqué. C’est la raison pour laquelle nous avons envoyé certaines PME en Chine, afin qu’elles soient formées dans ces domaines. »