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1978 : Changement de la mentalité populaire |
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Lan Xinzhen · 2018-06-19 · Source: Beijing Information | |
Mots-clés: réforme et ouverture; mentalité; Chine |
Toute référence à la politique de réforme et d'ouverture de la Chine renvoie directement à une histoire désormais bien connue du décollage économique et à la sortie d’un pays hors de la pauvreté pour devenir la deuxième plus grande économie du monde en l'espace de quatre décennies. Mais derrière cette transformation économique, des changements profonds ont également eu lieu dans l'esprit du peuple chinois, un aspect du processus souvent négligé qui mérite d’être pris en considération.
Un balayage rétrospectif de l’ère de réforme met en évidence deux événements qui ont été cruciaux dans le changement de la mentalité chinoise. Le premier épisode a été une énorme discussion sur la vérité, déclenchée par un article intitulé La pratique est le seul critère de la vérité publié dans le quotidien Guangming Daily le 11 mai 1978. Ce débat qui fut à l’origine du changement de la mentalité populaire annonça l’émergence de l’idée de la réforme et de l’ouverture.
Il y a quarante ans, la Chine se trouvait à un moment charnière de son histoire. Le pays tout entier avait été ébranlé par 10 années de la Révolution culturelle (1966-76), et la nation envisageait d’énormes changements et une refonte de tous les aspects de la vie. Le choix d’une direction pour le développement futur du pays était devenu une question historique adressée à toute la nation. Une bonne voie ne pouvait être tracée que dans la mesure où l’on dissipait la confusion concernant les idées directrices. Cela a mené à une discussion sur la vérité tout en aidant le peuple à libérer son esprit du dogmatisme et de l’empirisme borné. Lorsque la troisième session plénière du XIème Comité central du Parti communiste chinois s’est réunie en décembre 1978, elle a annoncé le début d’un nouveau voyage sur la voie de la réforme et de l’ouverture.
L’autre événement qui a influencé la pensée chinoise moderne a été le débat de Shekou. Dans la soirée du 13 janvier 1988, une dispute a éclaté lors d’un colloque qui s’est tenue à Shekou, une ville de l’époque située dans le sud de la province de Guangdong, entre trois experts et des jeunes au sujet des valeurs morales. Les experts ont désapprouvé les individus qui menaient leurs propres entreprises privées, mais les jeunes participants ont exprimé leur désaccord, rétorquant que la démarche de ces personnes devraient être encouragée. Pour eux, gagner de l’argent grâce à un travail acharné, et en restant dans la légalité, n’était en rien un motif de disgrâce.
Le lendemain, un des trois experts, Li Yanjie, demanda à son institution, un centre de recherche sur l’éducation des jeunes relevant de l’Ecole normale supérieure de Beijing, de produire un rapport qui suggérait que la discussion avait été « envahie par les propos absurdes de la jeunesse » et que « la jeune génération de Shekou était éngagée sur un chemin sournois ». En février, un quotidien local publia cette information, à laquelle fit suite la parution de plusieurs articles critiquant les trois experts pour leur position anti-progressiste. Très vite, l’événement commença à être largement discuté à travers le pays. Le 6 août, le Quoditien du Peuple publia un article de 7 000 caractères sur le différend et ouvrit une colonne spéciale pour toutes discussions sur l’éducation morale de la jeunesse chinoise. Ce débat a frayé un nouveau chemin pour que la nouvelle génération du pays, avec le soutien du journal le plus influent du pays, s’émancipe de la pensée obsolète.
Le choc des esprits était une caractéristique inévitable au cours de la transition de l’économie planifiée aux réformes du marché. Une fois dépourvue de contraintes, comme l’économie du pays, la pensée du peuple a également avancé à un pas soutenu. Les produits et la richesse créés par la croissance économique ont refaçonné l’opinion publique tandis que l’esprit ouvert du peuple a poussé le progrès économique et social.
Les gens ont pris davantage conscience de leur individualité dans la société. La réforme et l’ouverture ont augmenté la possibilité d’ascension sociale du fait de l’effort individuel, ce qui par conséquent, a incité davantage de personnes à se concentrer plus sur eux-mêmes au détriment des concepts de clans et de collectivités.
Le concept de consommation a également changé. Avant la fin de 1978, la frugalité qui était une valeur prédominante avait réduit la consommation au niveau le plus bas, seulement satifaisant pour la survie. Depuis 1978, les articles d’usage quoditien et les produits spirituels ont été consommés presque à un même rythme accéléré, de sorte que la principale contradiction de la société chinoise est passée à celle entre le développement déséquilibré et insuffisant et l’aspiration croissante du peuple à une vie meilleure.
Grâce à la réforme et l’ouverture, les femmes ont un accès plus égal aux possibilités d’éducation et d’emploi. La vision patriarcale qui voulait que les hommes travaillent tandis que les femmes restent à la maison et s’occupent de la famille a été complétement mise au rebut.
Les coutumes et attitudes de la vie traditionnelle ont également subi de profonds changements. Davantage de fêtes occidentales, telles que Saint-Valentin et Noël, sont devenues populaires en Chine, tandis que certaines fêtes traditionnelles chinoises ont perdu de leur attrait. Avant la fin de 1978, les vêtements portés par le peuple se limitaient à des styles et des couleurs monotones et les filles étaient même grondées lorsqu’elles portaient des jupes courtes. De nos jours, les rues abondent de filles portant des mini-jupes et robes à dos-nu.
Les changements qu’a connu la mentalité des Chinois pendant ces quatre dernières décennies mettent en évidence l’ouverture et l’inclusivité de la société chinoise, deux valeurs essentielles pour la progression de la mondialisation, dont les Chinois font manifestement l’apologie sur le plan intellectuel.
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