Dans le Rapport d’activité du gouvernement de cette année, le premier ministre chinois Li Keqiang a indiqué qu’il fallait mettre en œuvre la stratégie de développement des régions rurales et renforcer le système et les mécanismes de développement combiné villes-campagnes. Les députés de l’APN qui viennent de la base et des régions rurales y accordent une attention particulière, chacun exprimant ses préoccupations.

Donner le goût de la campagne aux jeunes talents

Née en 1985, Lu Man est députée de l’APN, mais elle est aussi PDG de Junman Agricultural Technology dans la province orientale du Jiangsu. Elle estime que la combinaison « Internet + agriculture » est un maillon incontournable dans le redressement des régions rurales. Pour cette femme qui vit depuis de nombreuses années à la campagne et reste proche de la base, les régions rurales ne possèdent pas d’avantages géographiques au niveau des canaux de vente et par conséquent, 90 % de ses ventes de viande maigre à forte teneur en protéine s’effectuent sur Internet. A la campagne, les frais de livraison du « dernier kilomètre » sont relativement élevés et Internet représente aussi un coût, alors que la marge sur les produits agricoles reste faible. Des frais variables très élevés ne bénéficient donc pas au développement de l’industrie rurale. C’est pourquoi le rapport du premier ministre lui a laissé une profonde impression, en particulier en termes de la détermination du gouvernement à diminuer d’au moins 30 % pendant cette année les frais de débit sur l’Internet mobile.

« Mon premier souci est comment inciter les talents à revenir à la campagne, car la prospérité de l’industrie est conditionnée par les facteurs humains ; par conséquent, j’ai mis en avant des suggestions visant à soutenir le retour à la campagne des étudiants. » Le Rapport d’activité du gouvernement de cette année a formulé qu’il faudra faire passer à un niveau supérieur la démocratisation de la création d’entreprise et de l’innovation, approfondir la réforme du système de promotion des talents et favoriser la mobilité des ressources humaines. Lu Man suit de près la question de la rémunération des talents à la campagne. Les jeunes souhaitent y revenir, mais s’inquiètent du manque d’opportunités. Elle souhaite que des mesures spécifiques soient lancées dans l’intérêt d’une bonne adaptation aux conditions locales, de sorte que les jeunes soient convaincus de l’universalité des aubaines au détriment du décalage entre ville et campagne. « Ces mesures ne doivent pas seulement viser les talents de haut niveau, il ne faut pas faire du niveau d’études le seul critère d’évaluation. Les jeunes qui n’ont reçu qu’une formation professionnelle doivent aussi bénéficier d’un salaire adéquat, même s’ils n’ont pas un niveau d’éducation élevé. »

Hormis l’augmentation du revenu, Lu Man insiste sur le soutien moral accordé aux jeunes qui reviennent créer leur entreprise. Elle estime qu’il existe toujours une conception commune qui déshonore les talents de retour à la campagne, en les qualifiant de « culs-terreux ». Ce préjugé mérite d’être éradiqué. « Là où nous retrouvons la sérénité est notre pays natal. »

Encourager le dynamisme et l’initiative dans les campagnes

Ouyang Hua, député de l’APN et secrétaire de la cellule générale du PCC du village de Baitacun, province du Jiangsu, estime que le Rapport d’activité du gouvernement est à la fois perspicace, profond et réconfortant, surtout pour la mise en œuvre de la stratégie de redressement des régions rurales qui se concrétise par le perfectionnement du système et des mécanismes de développement intégré villes-campagnes. « C’est aussi crucial et opportun », a-t-il dit. A Baitacun où il réside, il s’efforce d’en faire un lieu idyllique en développant le tourisme rural axé sur des logements de qualité et des activités ludiques et culturelles. Selon lui, le village a accueilli 800 mille touristes l’an passé et leur nombre devrait dépasser la barre du million cette année.

M. Ouyang apprécie beaucoup l’idée d’« accroître, grâce à la réforme et à l’innovation, les nouveaux moteurs de développement des régions rurales », comme l’indique le rapport. Des entreprises ont été créées à Baitacun pour attirer les jeunes et les inciter à rester. « S’il n’y a pas de secteurs qui intéressent les jeunes, ils fileront tôt ou tard », note-t-il.

Selon M. Ouyang, il faut créer des industries étroitement liées avec la vie des jeunes, pour qu’ils ressentent que la campagne peut être aussi pratique et romantique que la ville. A Baitacun, on peut aller au café, passer commande sur Internet, ou organiser des activités culturelles dans un grand parc. Avec l’ouverture d’entreprises attrayantes, l’exode rural est révolu, et 60 % de travailleurs migrants issus du village y sont revenus.

Pour M. Ouyang, l’Etat doit mettre en place des mécanismes bénéfiques en faveur du retour de jeunes diplômés à la campagne, par exemple en leur permettant d’utiliser légalement des terrains réservé au logement au profit de l’entrepreneuriat. Et le gouvernement doit aussi soutenir les projets de tourisme romantique et bucolique qui correspondent au goût de la jeune génération.