Washington et Beijing s'accordent à dire que « le temps est venu » de mettre de côté les tensions en mer de Chine méridionale et de « tourner la page », a déclaré le secrétaire d'Etat des Etats-Unis John Kerry, précisant qu'il encouragerait les Philippines à poursuivre le dialogue et les négociations avec la Chine pour résoudre leur différend.

Kerry s'est exprimé en ce sens à Vientiane, la capitale du Laos, évoquant sa réunion avec le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, lundi.

De dimanche à mardi, Wang et Kerry ont tous deux assisté à une série de réunions multilatérales entre les dix pays membres de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN).

« Comme je l'ai déjà dit par le passé, nous ne prenons pas position sur les revendications » en mer de Chine méridionale, a déclaré Kerry lors d'une conférence de presse mardi. Et ce dernier d'ajouter que « les Etats-Unis aimeraient assister à un processus de dialogue entre Beijing et Manille.

« Je me rendrai aux Philippines cette après-midi et je rencontrerai le président Duterte demain. Je l'encouragerai à engager un dialogue et des négociations » avec la Chine, a-t-il précisé.

Le consensus établi entre Kerry et Wang a surpris de nombreux observateurs, car les Etats-Unis faisaient jusqu'alors pression sur la Chine pour qu'elle accepte la décision de la Cour permanente d'arbitrage de La Haye, saisie unilatéralement par Manille en 2013.

Wang a pour sa part indiqué au China Daily mardi soir que les trois jours de réunion ont été un succès et que « le plus grand consensus dégagé entre la Chine et l'ASEAN cette année consiste à retrouver le chemin de la résolution des conflits par le dialogue et la consultation » après l'arbitrage.

Wang a expliqué que, comme l'ASEAN avait fait savoir pendant les réunions qu'elle ne prenait pas position sur l'arbitrage en tant qu'organisation, le battage médiatique autour de la mer de Chine méridionale n'avait pas aidé à résoudre les problèmes, mais qu'il avait au contraire « offert à des forces extérieures à la région un prétexte pour imposer une intervention ».

Chen Qinhong, chercheur spécialisé dans les affaires de l'Asie du Sud-Est et des Philippines à l'Institut des recherches internationales contemporaines, salue le ton plus modéré de Washington. « La possibilité que Washington demande à Manille de faire de l'arbitrage une condition pour les négociations à venir avec la Chine ne peut être écartée, mais Beijing refuse une telle condition », précise-t-il.

En marge des réunions de l'ASEAN, le ministre des Affaires étrangères slovaque Miroslav Lajcak, qui assume cette année la présidence de l'Union européenne, a annoncé au China Daily que l'UE pense que la problématique de la mer de Chine méridionale doit être résolue « par le biais d'un dialogue direct entre les parties concernées ».

« Nous nous réjouissons du communiqué conjoint » issu de la réunion de lundi entre les Etats membres de l'ASEAN et la Chine, qui renouvelle leur engagement pour la résolution des conflits, a-t-il dit.

Il ajoute : « Nous pensons que c'est un pas dans la bonne direction et que, dans cet esprit, il y aura à l'avenir davantage de progrès ».

Zhou Fangyin, professeur de politique étrangère chinoise à l'Institut de stratégies internationales du Guangdong, estime que les réunions ont « donné le ton » des futures politiques de l'ASEAN en mer de Chine méridionale, et que l'absence de prise de position de l'ASEAN sur l'arbitrage de La Haye sera une contrainte pour Manille.

Source : French.china.org.cn