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L’artiste française Prune Nourry et son armée de Terracotta Daughters | ||
Mots-clés: Prune Nourry;Terracotta Daughters;culture |
En 2013, l’armée des Terracotta Daughters naissait en Chine, à Xi’an, fruit d’une collaboration entre l’artiste Prune Nourry et des artisans locaux. En 2014, les 104 sculptures à taille humaine faisaient le tour du monde, de Shanghai à Paris, Zurich, New York et Mexico City.
Ces jours-ci, l’armée des Terracotta Daughters est enterrée quelque part en Chine, dans un lieu tenu secret, à la suite d’une performance intitulée Earth ceremony lors de laquelle les participants sont devenus des témoins de la naissance d’un « site archéologique contemporain » - dont l’excavation est prévue en 2030.
Inspirée par la célèbre armée de Soldats de Terracotta de Xi’an, composée exclusivement d’hommes, et par le programme Care for Girls dirigé par le professeur Li Shuzhuo de l’université Jiaotong, Prune Nourry a sculpté 8 sculptures originales en prenant pour modèles 8 jeunes filles de la campagne chinoise. Puis 108 combinaisons uniques à partir de ces originaux ont été créées avec la complicité de l’artisan Weng Xianfeng.
Dans la continuation de son projet Holy Daughters en Inde, Prune s’intéresse à travers ce projet à la sélection du sexe en Chine. Ironie de l’histoire, la Earth ceremony, prévue de longue date, intervient à quelques jours de l’annonce de la fin de la politique de l’enfant unique en Chine.
Un film sur l’histoire du voyage des Terracotta Daughters sera diffusé en 2016.
Quatre questions à Prune Nourry
Pourquoi et comment avez-vous eu l’idée de construire cette armée de Terracotta Daughters ?
J’étais fascinée par l’armée de Xi’an et je rêvais de la voir. J’avais déjà réalisé un projet en Inde sur le déséquilibre hommes-femmes et travaillé avec des sociologues là-bas. Ils m’ont mise en contact avec des sociologues chinois spécialisés dans cette question, et la coïncidence a fait qu’ils étaient aussi basés à Xi’an. Tout comme les artisans avec lesquels je souhaitais travailler pour comprendre leurs techniques basées sur celles qui ont présidé à la fabrication des soldats millénaires. Je suis donc partie en 2012 pour un premier voyage de recherche à la rencontre de toutes ces inspirations.
Comment la collaboration s’est-elle déroulée avec les artisans locaux ? Comment ont-ils réagi la première fois que vous leur avez présenté votre projet ?
Ils ne me l’ont dit que plus tard, mais je sais maintenant que la première fois qu’ils ont vu mon projet, ils ne l’ont pas aimé. Ils se sont dit : « C’est qui cette jeunette et pour qui elle se prend ? Une armée, ça ne peut qu’être composé d’hommes, ça va de soi ! ». Mais à force de travail ensemble, au fur et à mesure des mois que j’ai passés à Lintong (environ sept mois répartis sur une année), ils se sont approprié le projet et ont commencé à l’aimer. Maintenant, comme le dit à propos de l’armée partie faire le tour du monde, Xian Feng, l’artisan principal avec qui j’ai collaboré : « C’est comme si mes enfants étaient partis jouer. Elles ont acquis de l’expérience, je le vois à travers leurs yeux. »
Cette armée a beaucoup voyagé dans le monde, ce qui n’était pas prévu à l’origine. Un succès inattendu ? Pourquoi l’enterrer et ne pas continuer à la faire tourner ?
Fin 2013, lorsque j’ai exposé l’armée pour la première fois en Chine, je pensais l’enfouir aussitôt l’exposition terminée. Mais j’ai finalement décidé que les filles devaient voir le monde avant d’être enfouies, que leur épopée à travers le monde faisait sens puisque la Chine était un pays avec un rayonnement international et une diaspora très importante. Par ailleurs, mon projet va à l’encontre des clichés sur la Chine, notamment le fait de toujours parler des grandes usines alors que l’on est ici dans un tout petit atelier, le fait de toujours parler des copies alors que l’on est ici dans de la pièce unique. J’aimais cette idée de faire voyager un savoir-faire artisanal en même temps qu’un message sociologique, tout en gardant en tête que le retour sur la terre mère était essentiel. L’enfouissement en Chine est pour moi la clé de voûte du projet. J’aime l’idée que cette armée puisse être oubliée puis redécouverte. La difficulté était de réussir à trouver un terrain sur une base d’échange artistique et non-commercial avec un mécène pendant 15 ans, et j’ai eu la chance de le trouver grâce à l’aide d’un ami artiste chinois.
L’exposition est passée par de grandes villes, comme Shanghai, Paris, New York. Avez-vous imaginé l’amener dans la campagne chinoise, zone la plus touchée par l’avortement sélectif ?
La Chine est pour moi le point de départ et le point final. Le projet est né dans les campagnes chinoises, puisque j’ai choisi de travailler avec 8 filles modèles issues des campagnes chinoises pour mettre en avant le fait que la préférence pour le garçon y est la plus forte. Après une première exposition en Chine, j’ai décidé de la faire voyager à travers le monde car la Chine est là où je voulais la faire revenir pour toujours une fois le mot passé en dehors de ses frontières. Je souhaitais notamment toucher la diaspora chinoise également concernée par cette sélection. A chaque étape, comme New York ou Mexico, la presse chinoise de la diaspora a parlé du projet, comme par écho. L'armée retourne maintenant à la terre mère avec l’enfouissement, dans un lieu qui pourrait être situé n’importe où en Chine, un terrain cerné d’immeubles en construction pour illustrer le contraste entre tradition et modernité de la Chine contemporaine.
Source : Ambassade de France en Chine
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