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Publié le 24/06/2015
Regarder l'histoire en face pour préparer l'avenir

Zhang Zhiping

« Le soleil et la brume, ou comment l'Allemagne et le Japon examinent leur rôle dans la Seconde Guerre mondiale » est un documentaire en quatre épisodes récemment diffusé sur les chaînes de télévision chinoise CCTV-1 et CCTV-13. Entraînant de vives discussions de la part des médias chinois et étrangers, il analyse de façon objective les attitudes différentes de l'Allemagne et du Japon envers le passé et des différences qui en résultent. C'est un documentaire persuasif, qui s'appuie sur des faits.

Nombreuses sont les personnes qui n'ont qu'une idée toute relative de l'histoire d'après-guerre et des différences entre l'Allemagne et le Japon sur leur introspection respective. C'est la raison pour laquelle, il est nécessaire de rappeler le passé, de faire face à l'actualité et d'envisager l'avenir, d'autant plus que 2015 marque le 70e anniversaire de la victoire de la guerre de résistance contre le Japon et de la Seconde Guerre mondiale. Avec le temps, de nombreux témoins de cette époque sont décédés. Aussi, ce documentaire revêt-il une importance très actuelle. Ayant interviewé des chercheurs, des personnalités politiques et des citoyens ordinaires en Chine, au Japon et en Allemagne, les producteurs de ce film ont pu recueillir de nouvelles données et rendre compte d'archives récemment découvertes, dévoilant ainsi de nombreux aspects et documents historiques encore peu connus. Ce documentaire retrace des scènes importantes de cette époque, afin de sensibiliser le public à adopter une attitude correcte envers l'histoire.

Il s'agit du premier documentaire illustrant l'examen de conscience constant de l'Allemagne d'après-guerre, une Allemagne faisant face à son histoire et ne se déchargeant pas de la responsabilité de ses actes criminels. Au niveau politique, malgré les changements du cabinet après la guerre, les chanceliers et présidents du pays sont tous empreints de sagesse et de pragmatisme et témoignent d'un « courage moral ». Du point de vue socioculturel, l'Allemagne attache de l'importance à sensibiliser son peuple, et notamment sa jeunesse, à l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale. Dans les milieux non-gouvernementaux, grâce aux efforts de plusieurs millions d'élites et d'intellectuels anti-fascistes, les efforts pour reconnaître l'histoire et prévenir la répétition du drame font l'objet d'un consensus majoritaire.

Dans le film, on aperçoit Willy Brandt, qui s'agenouille au mémorial du ghetto à Varsovie lors de sa visite en Pologne en 1970. Quand cette scène qui avait ému le monde réapparaît sur le petit écran, on sent encore la ferme détermination de la Nation allemande à endosser sa responsabilité historique. Selon une remarque de l'époque, « Brandt qui s'agenouille, c'est l'Allemagne qui se relève ». Après la guerre, l'Allemagne a versé au total plus de 100 milliards de dollars de réparations aux Nations victimes de l'invasion, se réconciliant avec la Pologne et la France à travers la rédaction en commun de leurs manuels d'histoire de l'enseignement secondaire. En 2005, à l'occasion du 60e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, un mémorial aux Juifs assassinés d'Europe fut érigé dans le centre-ville de Berlin. Celui-ci, composé de 2 711 stèles de béton de tailles différentes, perpétue le souvenir des victimes juives exterminées par les nazis au cours de la Shoah.

Afin d'empêcher le retour de la guerre, l'Allemagne tira les leçons du passé et se réconcilia avec ses voisins, créant un environnement pacifique au service de l'édification allemande et européenne d'après-guerre et donnant son impulsion à la réunification de l'Allemagne. Aujourd'hui, l'Allemagne est devenue une puissance mondiale et joue un rôle important en Europe et dans le monde.

Si on le compare à l'Allemagne, le Japon s'est-il conformé dans ses actes à son statut de pays vaincu ? Le documentaire dévoile de façon détaillée la raison pour laquelle les Japonais du camps conservateur de droite s'obstinent à déformer l'histoire, allant du Gyokuon-hōsō (allocution radiophonique de l'empereur Hirohito visant à éluder la question de la responsabilité japonaise) aux « confessions de 100 millions de personnes », en passant par l' « absence de la définition exacte de l'invasion » prônée par Shinzo Abe, défiant directement le jugement impartial de la communauté international à l'égard des crimes commis par le Japon pendant la guerre.

« Le soleil et la brume » présente de nombreux détails historiques inattendus. Selon Bu Ping, conseiller historique du documentaire et ancien chercheur en histoire moderne de la Chine à l'Académie des Sciences sociales de Chine (CASS), nos manuels d'histoire évoquent souvent « la capitulation japonaise sans conditions le 15 août 1945 ». Cependant, dans le discours Gyokuon-hōsō, l'empereur du Japon ne fit pas directement référence à la capitulation et à la défaite, mais plutôt à l'acception des termes de la conférence de Potsdam. Selon le souverain, ce furent les bombes des pays alliés qui forçèrent le Japon à accepter les termes de la déclaration commune des quatre Puissances, et le pays avait « déclaré la guerre à l'Amérique et au Royaume-Uni [pour] protéger le Japon et préserver la stabilité du Sud-Est asiatique ».

D'après Jiang Feng, écrivain chinois résidant au Japon, les Japonais disent souvent que depuis la normalisation des relations diplomatiques avec la Chine en 1972, le Japon a présenté officiellement ses excuses à la Chine par 22 fois. Cependant, à chaque fois que le pays s'excusait, des politiciens de droite reniaient immédiatement ses excuses. Pire encore, le sanctuaire Yasukuni, commémorant les âmes des 2,46 millions de Japonais – dont 14 criminels de guerre de classe A - morts dans des guerres d'invasion, fut visité 68 fois par 15 premiers ministres japonais depuis 1945.

Dans ce documentaire, il apparaît que les mesures japonaises de repentir sont loin d'être suffisantes, que ce soit au niveau de la politique nationale ou de l'idéologie. Selon des experts, les Japonais d'extrême-droite ont tendance non seulement à effacer la réalité des faits, mais également à mépriser l'humanisme, les droits de l'homme fondamentaux et la vie humaine. Certaines élites assez connues au Japon continuent encore aujourd'hui à renier voire embellir l'histoire des invasions et à insister sur le destin amer du peuple japonais pendant la guerre, afin de dégager le Japon de ses responsabilités. Ils refusent de tenir compte des divers crimes commis par l'armée japonaise, de s'efforcer d'obtenir le pardon et la confiance des pays victimes, et de reconstruire leur réputation au sein de la communauté internationale. En dépit de la grande importance que ses voisins y attachent et de l'opposition du peuple nippon, Tokyo a récemment modifié l'interprétation de sa Constitution, créant de facto une course aux armements, des conflits régionaux et une forte inquiétude en Asie de l'Est.

« Les fantômes de la Seconde Guerre mondiale se sont dissipés, mais les 60 millions de personnes qui furent massacrées nous rappellent que la guerre n'épargne personne. Une Nation, qui refuse de faire son introspection sur cette période désastreuse de l'histoire, ne peut porter sa part de responsabilité dans la construction de l'avenir de l'humanité. Nous souhaitons que chaque pays ou nation puisse arriver à embrasser la paix et à tourner enfin cette page », conclut le documentaire. Le film montre aussi la ferme volonté de la Chine de poursuivre la voie du développement pacifique et de sauvegarder la paix dans le monde entier.

 

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