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Publié le 08/12/2014
Conférence de Lima sur le changement climatique

Deng Yaqing

Ce mois-ci, la capitale du Pérou accueille des chefs de gouvernement, des spécialistes, ainsi que des représentants de milieux d'affaires et d'ONG, pour la 20ème Conférence des Parties (COP20) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Venant de plus de 200 pays et unités territoriales, ils séjourneront à Lima du 1er au 12 décembre, afin de préparer la signature d'un éventuel accord à la Conférence de Paris en 2015 (COP21), destiné à enrayer le changement climatique après 2020.

Dans son rapport du 2 novembre, le panel intergouvernemental sur le changement climatique (IPCC) indique : « Les êtres humains ont clairement une influence sur le système climatique et les récentes émissions anthropiques de gaz à effet de serre (GES) sont les plus importantes de l'histoire. […] Chacune des trois dernières décennies a été successivement la plus chaude sur la surface de la Terre depuis 1850, et la période de 1983 à 2012 constitue vraisemblablement la plus chaude de ces 1 400 dernières années dans l'hémisphère nord. »

Lors de sa rencontre avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry en février, le président chinois Xi Jinping a une fois de plus insisté sur le fait que la Chine attachait une grande importance à la lutte contre le changement climatique et à la réduction des émissions de GES, « non parce qu'on nous a demandé de le faire, mais parce que nous avons pris l'initiative de le faire. »

Pour Xie Zhenhua, vice-président de la Commission nationale pour le développement et la réforme (CNDR), « la Chine a joué un rôle actif dans la résolution des problèmes liés au changement climatique. Elle a intensifié ses efforts en mettant en place des objectifs, en prenant des mesures et en améliorant les rendements ».

Selon les statistiques de la CNDR pour l'année 2013, les émissions chinoises de GES par personne et par unité de PIB ont été réduites de 28,56 % par rapport à 2005. Par ailleurs, l'intensité de consommation énergétique et l'intensité carbone de la Chine sur les 3 premiers trimestres de cette année ont enregistré une baisse respective de 4,6 et 5 % en glissement annuel. Enfin, près de 6 millions d'hectares ont été reboisés en 2013 et 2,52 milliards d'arbres plantés, surpassant les objectifs fixés pour cette année.

Selon Xie Zhenhua, qui dirige à Lima la délégation chinoise, des mesures de rationnement de l'énergie ont même été prises dans certaines régions de Chine en 2009 et en 2010, afin d'atteindre les objectifs de réduction de 40 à 45 % de l'intensité carbone d'ici 2020.

Avancer main dans la main

D'après les estimations de la Banque mondiale, les économies d'énergie de la Chine entre 1990 et 2010 ont représentées 58 % de l'efficacité énergétique mondiale. Selon la CNDR, la capacité de production de la Chine en énergie renouvelable en 2013 comptait pour 24 % de la capacité de production mondiale, et la capacité de ses nouvelles installations, 37 % de la capacité des nouvelles installations à travers le monde.

« Malgré ses accomplissements évidents en termes d'économie d'énergie et de réduction des émissions, les émissions en carbone par personne en Chine restent supérieures de 40 % à la moyenne mondiale », explique Xie Zhenhua, qui précise que la Chine est toujours un pays en développement (PED), avec un mode de développement extensif et une structure économique déséquilibrée, et dans lequel près de 200 millions de personnes vivent toujours avec moins de 1,5 dollar par jour.

C'est la raison pour laquelle il est essentiel que les négociations se déroulant à la Conférence de Lima et les accords qui seront conclus à la Conférence de Paris se basent sur les principes de la CCNUCC, notamment les principes d'équité, de « responsabilités communes mais différenciées », et de capacités respectives.

Cependant, depuis que la Chine est devenue le plus grand émetteur en carbone et la deuxième puissance économique au monde, certains experts et médias étrangers tendent à placer la Chine dans la catégorie des pays développés, et à faire pression sur elle pour qu'elle assume une responsabilité équivalente aux pays développés dans la lutte contre le changement climatique.

Pour Gao Feng, représentant spécial pour les négociations sur le changement climatique, les pays développés présentent toujours une agriculture forte, et la Chine est, de façon indéniable, un pays en développement : « Tous les aspects de la vie des Chinois en témoignent. La consommation de viande, par exemple, reflète bien la faiblesse de l'industrie agricole et des rendements de la production. En Chine, elle avoisine les 60 kg par personne et par an. On est loin des 120 kg pour les pays développés. »

Su Wei, dirigeant du Département du changement climatique à la CNDR, explique ainsi la nécessité du principe de responsabilités communes mais différenciées : « Le fossé qui sépare les pays développés et les pays en développement est encore très important, et la croissance économique, le développement social et l'élimination de la pauvreté restent pour ces derniers les tâches principales. Après 2020, les PED seront toujours loin derrière les pays développés en termes de conditions nationales, de niveau de développement et de leurs capacités réelles. »

« Au moment où de nombreux pays développés atteignaient leurs pics d'émission en dioxyde de carbone, la Chine était en réalité loin d'être le plus gros émetteur », explique Gao Feng, pour qui les problèmes actuels liés au changement climatique sont principalement le résultat des émissions de GES des pays développés par le passé.

Selon la CCNUCC, les pays développés sont censés s'acquitter de leurs obligations en fournissant aux PED un fonds suffisant, afin de leur permettre de faire face au changement climatique. Cependant, les négociations pour ce financement et un éventuel transfert de technologie ont peu progressé sur les 20 dernières années. A la Conférence de Copenhague en 2009, les pays développés avaient promis de fournir 100 milliards de dollars par an d'ici 2020. Jusqu'à présent, le Fonds vert pour le climat rattaché à la CCNUCC n'a levé qu'un peu plus de 9 milliards de dollars.

Des contributions substantielles

Suite aux rencontres de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) à Beijing en novembre, la Chine et les Etats-Unis ont publié une déclaration conjointe sur la limitation des émissions de GES.

D'après cette déclaration, les Etats-Unis ambitionnent d'ici 2025 de ramener leurs émissions de 26 à 28 % en dessous de leurs niveau de 2005. La Chine s'est quant à elle engagée à atteindre son pic d'émissions de CO2 aux alentours de 2030, et à accroître, d'ici là, la part des énergies non-fossiles dans sa consommation d'énergie primaire de 20 %. Il s'agit là d'une « contribution importante » pour la conclusion d'un possible accord à la conférence de Paris, selon le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.

En novembre 2013, la Conférence de Varsovie avait donné lieu à un accord selon lequel, les pays devraient rendre publics leurs objectifs de réduction des GES au 1er trimestre 2015. La Chine et les Etats-Unis, qui sont les principaux émetteurs de CO2, ont cependant d'ores et déjà publié leurs objectifs, ce qui, pour Xie Zhenhua, « illustre clairement l'attitude de la Chine sur sa volonté de promouvoir un processus multilatéral ».

Du fait de leurs différences de développement, les objectifs de ces deux pays ne peuvent cependant être identiques. L'objectif de la Chine concerne une réduction relative des émissions, tandis que les Etats-Unis doivent diminuer le volume absolu. Xie Zhenhua estime que la Chine maintiendra vraisemblablement le niveau de ses émissions de nombreuses années après qu'elle aura atteint son pic d'émissions de CO2, à l'instar de nombreux pays développés.

Le 23 septembre, lors d'un Sommet sur le climat à New York, Zhang Gaoli, vice-premier ministre et envoyé spécial du président chinois, a énoncé les objectifs du plan de lutte de la Chine contre le changement climatique après 2020 : réduction de l'intensité en carbone, augmentation de la part des énergies non-fossiles, augmentation des stocks de carbone forestier et atteinte du pic global d'émissions de CO2 le plus rapidement possible. Il a par ailleurs annoncé que la Chine doublerait ses investissements dans le Fonds de coopération Sud-Sud.

Selon les statistiques de la CNDR, le pays aurait investi depuis 2011 près de 270 millions de RMB (43,99 millions de dollars), afin d'aider les PED à faire face au changement climatique et de former près de 2 000 officiels et techniciens sur les problématiques liées au changement climatique.

Au-delà de la réduction des émissions de GES, le développement des énergies vertes revêt lui aussi une grande importance. A la fin de l'année 2013, la capacité de production d'énergie non-fossile comptait pour 30,9 % de la capacité totale de production d'énergie, un chiffre en hausse de 4 % par rapport à l'année précédente.

Lors de la 4ème session plénière du XVIIIème Comité central du Parti communiste chinois (PCC) de novembre 2013, le rôle décisif du marché fut mis en valeur dans l'affectation des ressources et la mise en place d'un système d'échange de quotas d'émissions (SEQE) de carbone fut inscrite à l'ordre du jour. Actuellement, des programmes pilotes de SEQE sont à l'essai dans sept provinces et villes de Chine, et un total de 13,75 millions de tonnes de CO2 ont été échangés depuis la fin du mois d'octobre 2014, pour une valeur dépassant les 500 millions de RMB (81,47 millions de dollars).

Gao Yun, directrice adjointe de la division Changement climatique du département de Science et Technologies de l'Administration météorologique nationale, estime que la Chine est engagée dans le développement durable de l'humanité et que les autres pays devraient montrer eux aussi la sincérité : « Les pays développés devraient suivre la feuille de route de Bali (COP13) et s'engager réellement dans la lutte contre le changement climatique. »

 

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