(Publié dans le nº 45, 1984)

Dernièrement, au cours de réunions et lors de rencontres avec des hôtes étrangers, Deng Xiaoping, Hu Yaobang et Zhao Ziyang ont parlé de certains problèmes importants en Chine. Voici les points essentiels de leurs déclarations.

L'édification économique. Le 22 octobre, au cours de la 3^e session plénière de la Commission centrale des conseillers du P.C.C., Deng Xiaoping, président de cette commission, a affirmé: «L'actuelle situation politique et économique en Chine est très bonne. Une telle situation caractérisée par sa stabilité et son unité a été en fait rarement vue dans l'histoire. La décision du Comité central du Parti communiste chinois sur la réforme du système économique est d'une portée historique. L'édification économique de la Chine est très prometteuse pourvu que le Comité central du Parti travaille bien et de manière ordonnée et qu'il conduise les affaires comme il se doit.»

«L'actuel Comité central du Parti est parvenu à la maturité d'esprit. Les problèmes de tout genre ont été tranchés convenablement», a affirmé Deng Xiaoping.

A en juger par le taux d'accroissement annuel accusé ces dernières années par l'économie chinoise, et par l'accomplissement du sixième plan quinquennal seulement trois ans, il est tout à fait possible d'atteindre cet objectif: quadrupler, à la fin du siècle, la valeur globale de la production industrielle et agricole [de l'année 1980]. Et le peuple mènera alors une vie de moyenne aisance, la Chine rejoindra les pays économiquement développés dans le monde, tandis que la situation politique caractérisée par sa stabilité et son unité se trouvera renforcée, et le rôle que jouera alors la Chine dans le monde sera également différent. Par conséquent, durant les seize ans à venir, nous devons travailler avec acharnement, et un avenir brillant nous attend.

A propos d'hommes de talent. Selon Deng Xiaoping, le succès de la réforme du système économique dépendra de la découverte et de la promotion d'hommes compétents.

«Les dix points de la décision du Comité central sur la réforme du système économique sont tous très importants, mais le plus important, c'est le neuvième point, à savoir qu'il faut respecter le savoir et les hommes de talent», a-t-il affirmé.

«Il faut donc oser employer, dès maintenant, des cadres jeunes et d'âge moyen. Après quelques années de pratique, ces gens acquerront de l'expérience et de la maturité. Particulièrement des gens de 30 à 40 ans, une fois en poste, ils peuvent travailler plus longtemps, alors que les camarades plus âgés doivent, quant à eux, s'en tenir à un rôle de conseillers.»

Au cours d'une discussion avec des sans-parti et des responsables des partis démocratiques, le secrétaire général du C.C. du P.C.C., Hu Yaobang, a qualifié notre siècle du «siècle des bonds de la nation chinoise». «Les deux «bonds» qui ont eu lieu sont l'abolition du système féodal au début du siècle, et la fondation de la République populaire ainsi que la transformation et l'édification socialistes au milieu du siècle, a-t-il précisé. Dans les années 80, nous réaliserons le troisième «bond»: la réunification de la patrie et le quadruplement de la valeur globale de la production industrielle et agricole [de l'année 1980] à la fin du siècle.»

Hu Yaobang prenant la parole lors d'un entretien avec des personnalités sans-parti et des responsables des partis démocratiques.

«Pour réaliser le troisième «bond», il importe d'avoir une politique juste, une vie politique saine, de prêter une attention particulière au développement de la science, de la technique et de l'enseignement, et à la formation et à la promotion de nouveaux hommes, des hommes de talent», a-t-il déclaré.

Sur la politique d'ouverture. Le 22 octobre, au cours d'une réunion, Deng Xiaoping a dit qu'après avoir quadruplé la valeur globale de la production industrielle et agricole à la fin du siècle, «nous devrons à partir du nouveau palier atteint, lutter encore 30 à 50 ans, pour nous hisser au niveau des pays économiquement développés. Pour cela, la Chine se doit, à présent comme dans l'avenir, de maintenir une politique d'ouverture sur l'extérieur. Car la modernisation socialiste ne saurait être réalisée en pratiquant l'autarcie.»

«Il se peut qu'à la suite de l'ouverture sur l'extérieur, des côtés négatifs fassent leur apparition. Ce n'est pas grave. Car en Chine, c'est le système de propriété publique qui prédomine. L'Etat et le peuple profiteront le plus de cette politique», a-t-il ajouté.

Le problème du prix. Au cours d'une rencontre avec M. Zenko Suzuki, ancien premier ministre japonais, en visite en Chine, le premier ministre Zhao Ziyang a déclaré: «La réforme du système économique entreprise actuellement par la Chine est concentrée sur les villes, mais elle n'y est pas uniquement limitée. La clé de cette réforme est la réforme des prix. Elle n'entraînera pas de hausse des prix à l'échelle nationale. Il s'agit d'un réajustement structural qui se fait par étapes et sous contrôle, de façon à rationaliser les prix. Si les prix d'un certain nombre de marchandises augmentent, nous prendrons des mesures appropriées pour maintenir le niveau de vie actuel de la population par exemple en augmentant les salaires.»

Le problème de Taiwan. Au cours de sa rencontre avec M. Zenko Suzuki, Deng Xiaoping a dit que «pour régler le problème de Taiwan selon le principe d'«un Etat, deux systèmes», les conditions peuvent être plus favorables encore. Ainsi Taiwan pourrait disposer de ses propres forces armées. En adoptant ce projet, aucune de nos deux parties ne pourra dévorer l'autre. Ni l'une ni l'autre n'aurait rien à perdre, les autorités de Taiwan n'auraient donc rien à craindre.»

Deng Xiaoping a souligné encore: «Pour régler le problème de Taiwan, il faut nous en tenir à des moyens pacifiques, et nous nous montrons patients. Mais nous n'avons jamais promis de ne pas recourir à des méthodes non pacifiques pour régler ce problème. La raison en est très simple: si nous faisions une telle promesse, la solution pacifique deviendrait alors impossible.»

Beijing Information