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Publié le 14/08/2013
Eco : doucement mais surement

Lan Xinzhen

L'économie chinoise ralentit depuis deux ans. Selon les chiffres du Bureau national des statistiques (BNS) publiés le 15 juillet, le PIB chinois a augmenté de 7,6 % au premier semestre, dont +7,5 % au deuxième trimestre, soit la hausse la plus faible depuis le quatrième trimestre 2010.

Le pays tente de réduire sa dépendance aux investissements et de s'appuyer désormais sur un mode de croissance plus soutenable sur le long terme. Les chiffres du BNS apparaissent en ce sens cohérents avec les objectifs fixés par le Gouvernement central.

Liu Yuanchun, vice-doyen de la faculté d'économie de l'Université du peuple à Beijing, estime que ce n'est pas un ralentissement, mais bien plutôt une hausse trop rapide de la croissance qui serait susceptible de nuire aux efforts de restructuration économique actuels.

Un ralentissement temporaire

Les chiffres du BNS montrent une hausse solide de la production agricole de l'année, alors que la sécurité alimentaire semble assurée grâce aux bonnes récoltes, en hausse de 1,5 % en glissement annuel. La production industrielle a poursuivi sa hausse, tout comme les bénéfices des entreprises. Autant de preuves de la solidité des fondations de l'économie nationale.

Les statistiques révèlent aussi que, durant la même période, le revenu disponible par habitant a grimpé de 9,1 % dans les villes, et de 11,9 % dans les campagnes, des chiffres qui démontrent que le ralentissement de la croissance n'a pas affecté les revenus.

Lian Pingyan, économiste en chef à la Banque des Communications, affirme qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter, ceci car les chiffres de l'emploi et du prix des produits sont normaux.

Les affres de la transformation

Pollution et gaspillage des ressources ont funestement accompagné le développement de ces trente dernières années. Mais la nouvelle équipe gouvernementale en place depuis mars entend bien s'attaquer à ces problèmes environnementaux. Pour ce faire, le gouvernement central a décentralisé une partie de ses pouvoirs aux échelons provinciaux et municipaux.

Trois économistes de Barclays Capital ont d'ailleurs surnommé la « Likonomie » l'ensemble des mesures prises par Li Keqiang, le nouveau premier ministre, destinées à maintenir une croissance stable tout en se focalisant moins sur la hausse du PIB.

Cette Likonomie sera certes difficile à mettre en place, et elle ne se fera pas sans heurts ni sans sacrifices, mais au bout du tunnel, c'est un développement durable et sain qui s'annonce.

Des limites

Malgré la diminution de la croissance, le gouvernement garde le cap. Le 9 juillet, le Premier ministre déclarait : « Le contrôle macroéconomique doit tenir compte de la situation actuelle, être axé sur les bénéfices à long-terme et s'assurer que l'économie fonctionne dans une fourchette raisonnable. C'est-à-dire que des indices comme le taux de croissance économique et le taux d'emploi ne doivent pas descendre en-dessous de la ligne de fond, et que la hausse des prix ne devrait pas dépasser la limite supérieure ».

Si le Premier ministre n'a pas donné d'objectifs chiffrés, les experts estiment que la limite basse serait les 7,5 % de croissance annuelle, et qu'il faudrait 9 millions d'emplois nouveaux par an en campagne comme en ville. S'agissant de la limite haute, l'Indice des prix à la consommation (IPC) ne devrait pas dépasser les 3,5 % de hausse.

Difficultés à venir

Le premier semestre 2013 a apporté de nombreux changements. Par exemple, de nombreuses industries énergivores et polluantes sont en cours de rénovation en vue de leur entrée dans la nouvelle économie. D'un autre côté, la consommation intérieure n'a pas été aussi robuste que le gouvernement l'escomptait malgré les efforts pour pousser les ménages à dépenser.

Selon les statistiques officielles, les ventes au détail de biens de consommation durant les six premiers mois ont chuté de 1,7 point de pourcentage par rapport à la même période l'an dernier.

En outre, les chiffres des importations et des exportations ne sont pas réjouissants : au premier trimestre, l'import-export a totalisé 975,25 milliards de dollars, en hausse de 13,5 % en glissement annuel ; au deuxième trimestre, il était de mille milliards, soit +4,3 % seulement. Si l'on entre en détail, en mai, les importations et les exportations n'ont progressé que de 0,3 % et en juin, les chiffres sont même tombés à -2 %.

Zheng Yuesheng, porte-parole de l'Administration générale des douanes, a déclaré que la mauvaise santé des marchés étrangers impactait la croissance des exportations chinoises, et que la forte appréciation du yuan combinée à la hausse des coûts de main-d'œuvre avaient rendu les exportations plus chères.

Les statistiques de la Banque des règlements internationaux ont montré que le taux de change réel effectif du yuan était de 116,3 à la fin mai, en hausse de 5,6 % par rapport à fin 2012. Dans le même temps, les coûts salariaux nationaux n'ont cessé d'augmenter. Plusieurs provinces et villes ont augmenté leur niveau de salaire minimum. Parmi les 2 000 entreprises interrogées par les douanes, au moins 70 % ont déclaré faire face à une pression croissante des coûts ainsi qu'une perte de compétitivité.

Mais il y a pire. L'environnement commercial de la Chine se détériore en raison des fréquentes frictions commerciales. Selon le ministère du Commerce, 18 pays ont lancé 22 enquêtes antisubventions contre la Chine au premier trimestre. En mai, la Commission européenne a lancé une enquête anti-dumping sur plusieurs fabricants d'équipements de télécommunications chinois. Le 6 juin, la Commission a annoncé une taxe antidumping de 11,8 % sur nos panneaux photovoltaïques. Autant de mauvaises nouvelles qui ont considérablement miné la compétitivité internationale du pays.

Perspectives économiques

Selon les estimations de Li Daokui, directeur du Centre d'études sur l'économie chinoise et mondiale de l'Université Tsinghua, la situation économique devrait s'améliorer au second semestre. Il prévoit un taux annuel de 7,8 %, soit une légère hausse par rapport au premier semestre.

Selon un rapport publié par China Investment Consulting le premier juillet, le PIB de la Chine devrait croître de 7,5 et 7,3 % aux troisième et quatrième trimestres, et le taux de croissance pour l'ensemble de l'année serait de 7,5 %.

En outre, de nouveaux projets d'investissements d'actifs fixes ont connu un léger rebond. Par ailleurs, le gouvernement central a prévu d'organiser une série de colloques pour recueillir des informations économiques en juillet et dévoiler un certain nombre de mesures en septembre.

Mais Anbound Consulting, un célèbre think tank sur les politiques publiques en Chine, affirme dans un rapport que les trois piliers de la macro-économie, l'investissement, la consommation et les exportations, n'ont montré aucun signe de rebond.

En termes d'investissement, les politiques serrées, les dettes locales élevées et la baisse des profits des entreprises ne vont pas remettre l'économie sur une trajectoire de croissance rapide. En outre, de fortes pressions de l'emploi, les mauvaises perspectives de revenus et des restrictions sur les dépenses du gouvernement ont enroué le puissant moteur de croissance économique qu'est la consommation. Enfin, la demande extérieure pour le made in China demeure encore faible.

« Au regard de toutes ces raisons, les perspectives économiques pour le second semestre ne sont pas optimistes », conclut Anbound.

 

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