Modifier la taille du texte

Modifier la taille du texte

Imprimer cet article

Commenter cet article

BEIJING INFORMATION
CULTURE Vidéos ÉDUCATION ET SCIENCES Panorama du Tibet VOYAGE E-MAIL
Publié le 24/10/2012
Mao Yan : premier Chinois Nobel de Littérature

Tang Yuankai

En octobre, à quelques jours de l'attribution du Prix Nobel de Littérature, les livres de Mo Yan se sont vendus comme des petits pains à travers le pays.

« Les 5 000 exemplaires stockés ont également été raflés », a dit Tang Zhengyu à propos d'un roman de l'écrivain, directeur marketing du Groupe de publication de littérature et d'art de Shanghai, qui s'est dit prêt à lancer une nouvelle version des « Œuvres Complètes de Mo Yan ».

Même engouement du côté des librairies en ligne. Amazon.cn a déclaré : « La livraison des ouvrages de Mo Yan va être effectuée dans quelques jours ou quelques semaines ».

En ce moment, aucun autre écrivain chinois n'est aussi proche du Prix Nobel que Mo Yan, comme le confirme le site de pari en ligne, Unibet.

Comme d'habitude, la liste des candidats en lice est confidentielle, et les pronostics vont bon train. Les membres du jury demeurent muets comme des tombes. Aussi, tout le monde se tourne vers les sociétés de pari, véritables oracles modernes. Il faut dire qu'elles voient parfois juste : en 2006, 2009 et 2010, les lauréats du Prix Nobel avaient tous une cote très élevée.

Informé de ses chances, Mo Yan s'était retranché dans son pays natal, district de Gaomi de la province du Shandong. Quand on lui a téléphoné pour lui annoncer la nouvelle, sa première réaction fut « une joie extrême mêlée de peur ».

« Cette gloire va m'amener à passer un certain moment à recevoir des journalistes, a dit l'écrivain. Sans aucun doute, le Prix Nobel de Littérature est la meilleure récompense au niveau international pour les auteurs. Cependant, il y a pas mal d'écrivains qui ne figurent pas sur la liste des lauréats, comme Tolstoï et Kafka. Paradoxalement, certains vainqueurs de ce prix ne sont pas dignes de notre respect en raison de la qualité de leurs œuvres ». A vrai dire, Mo Yan ne voulait pas développer ce sujet controversé. « Les écrivains chinois font souvent l'objet de critiques pour leur complexe du Nobel ou leur angoisse du Nobel ».

En Chine, l'aspiration des romanciers à ce prix aboutissait souvent à la déception. Ces dernières années, les commentateurs et les médias n'ont cessé de jeter de l'huile sur le feu, en se tourmentant avec des questions paradoxales : « Pourquoi les Chinois ne peuvent-ils remporter ce prix ? » ou « Nous surestimons trop cet honneur ! ».

« Parmi tous les prix Nobel, celui de Littérature est le plus subjectif, avec un critère basé sur l'eurocentrisme », a indiqué Wu Di, professeur à l'Institut de Littérature mondiale et de Littérature comparée relevant de l'Université de Zhejiang. Selon lui, les Chinois souhaitent que les membres du jury adoptent une attitude impartiale et tournent leur regard vers le pays portant un quart de la population mondiale.

D'après Zhang Yiwu, professeur de la faculté de langue chinoise de l'Université de Beijing, le choix de Mo Yan est audacieux, plein d'imagination et de clairvoyance. « Nous pouvons désormais nous débarrasser de notre complexe du Nobel et nous donner corps et âme à la création ».

« Ce n'est pas la peine d'avoir honte de montrer son respect pour le Prix Nobel de la littérature. Celui-ci a son propre critère », a exprimé Hong Feng, confrère de Mo Yan. Selon l'écrivain Yan Lianke, la victoire de Mo Yan symbolise l'élévation de la littérature chinoise et asiatique. Sur son microblog, Zhu Wei, rédacteur en chef de Lifeweek a exprimé : « L'Académie suédoise apprécie l'analyse pénétrante de Mo Yan sur le mode de vie et la nature humaine des Chinois, ce qui équivaut à reconnaître la perspicacité de la littérature chinoise ». Quant à Wang Weng, romancier et ex-ministre chinois de la culture, sa remarque est aussi positive : « Mo Yan est un écrivain représentatif de sa génération en raison de l'influence énorme de ses ouvrages tant en Chine qu'à l'étranger. Il est très apprécié du célèbre écrivain japonais Kenzaburō Ōe. Le prix Nobel de littérature est une belle récompense pour les gens qui aiment écrire ».

Dans une lettre de félicitations adressée à Mo Yan, l'Association des écrivains de Chine a exprimé que ce choix « montrait l'attention profonde que portent les milieux littéraires internationaux aux écrivains chinois contemporains, et la portée mondiale que revêt la littérature chinoise ».

En somme, la victoire de Mao Yan met fin à la longue attente de ses collègues chinois et aux stéréotypes des commentateurs et de la presse. Dans un contexte où le développement des nouveaux médias en ligne marginalise de plus la création, Mo Yan contribue à sensibiliser de nouveau le public à la littérature pure.

« Le succès de Mo Yan permettra aux citoyens chinois de retourner à la grande époque de la lecture, qui se situe entre la fin des années 70 et le début des années 80 », a dit Sun Yuemu, directeur de la China Book Business Report. « La Chine a de bons livres, il faut donc reconstruire une société fondée sur la lecture ».

 

Beijing Information



Beijing Information
24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine
Edition française: Tél: 68996274 Fax: 68326628