La fête des Lanternes |
La fête des Lanternes aussi appelée fête Yuanxiao a lieu le 15 du premier mois lunaire, c'est-à-dire à la première pleine lune de la nouvelle année. Elle met fin à la période festive du nouvel an. Dans les campagnes, on célèbre vraiment pendant deux semaines, mais la vie moderne et urbaine rappelle les travailleurs après une seule semaine de congé habituellement. À l'origine, la fête rendait hommage aux astres. La cérémonie d'offrande à l'unité suprême (tai yi), élément essentiel de la cosmologie chinoise se déroulait du crépuscule au lever du jour. Les offrandes étaient destinées à un « univers éternel » qui précédait depuis longtemps l'existence de l'homme. On retrouve l'usage des lanternes dans les temples où elles étaient suspendues en hommage au seigneur du ciel, Tian Gong. Au premier siècle de notre ère, l'empereur Ming des Han, instigateur de la propagation du bouddhisme en Chine, ordonna d'allumer des lanternes pour honorer Bouddha. On dit qu'il en fit déployer un si grand nombre que Bouddha lui même descendit du ciel pour les admirer. À l'époque des Royaumes combattants (475-221), ce jour-là on ne mangeait pas encore de yuanxiao mais on dédiait des sacrifices au dieu Soleil, alors appelé Premier Empereur ou Seigneur de l'Orient. L'exposition de lanternes est liée au couvre-feu historique. Depuis la dynastie des Zhou, il y a 3 000 ans, il était interdit au peuple de sortir la nuit. Ce règlement rigide ne s'accordait pas avec l'atmosphère de fête du premier mois de l'année. Pour permettre au peuple de se divertir et éviter son mécontentement, autant que pour se divertir eux-mêmes, les gouvernants des Han décidèrent de lever le couvre-feu. Déjà au Ve siècle de notre ère on disposait de lampes à l'huile, à la laque, à l'encens et à la cire. Leur lumière se confondait avec les rayons de la lune et se reflétait sur l'eau. Les gens restaient dehors à admirer les lanternes jusqu'au matin. Durant la période des Trois Royaumes (220-265), on inscrivait des devinettes sur les lanternes. Celui qui pouvait résoudre l'énigme gagnait un prix. Sous les Song (960-1279), on prolongea jusqu'à trois ou cinq jours l'exposition des lanternes. Les temples et les familles nobles étaient invités à décorer des tentes de tissus multicolores et de lanternes originales et couteuses. On en trouvait en verre coloré et même en jade blanc, peintes de paysages, personnages, fleurs et animaux. Puis sous les Ming (1368-1644), la fête des Lanternes vint s'enrichir de spectacles théâtraux. À une époque plus récente se sont ajoutés les feux d'artifice, la danse des barques (en bambou recouvert de tissu, fixées à la taille d'une personne) et diverses activités comme des défilés de mode ou des concours de chant. Les anciennes coutumes autorisaient les jeunes à deux sorties par an, soit le jour du Qing ming, où l'on sortait nettoyer les tombes, et le soir de la fête des Lanternes, où la jeune fille partait à la rencontre de son futur fiancé. Dans plusieurs romans anciens les rencontres se produisent ce soir-là. La croyance populaire veut aussi que la fête des Lanternes et celle de la pleine lune d'automne soient les seuls où une femme enceinte, grâce à un rituel précis, peut connaitre le sexe de son enfant. Avant minuit, et après avoir fait bruler de l'encens et des bougies sur l'autel des ancêtres, la future mère fait sauter des gâteaux à la poêle en murmurant des prières. Puis, tenant un gâteau dans son dos, elle sort subrepticement de la maison. Les premiers bruits ou paroles qui lui parviendront alors seront des indices révélateurs.
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