Une relation symbiotique |
Kabir Tahir Hamid Historiquement, la relation Chine-Afrique est ancienne, car elle remonte à plusieurs siècles. Cependant, il y a eu plusieurs siècles de désengagement de la Chine dans le monde, y compris en Afrique. C'est seulement avec l'établissement de la République populaire de Chine en 1949 que la Chine a connu un regain d'intérêt pour les autres pays en développement, y compris sur le continent africain. Depuis la création du Forum sur la Coopération Chine-Afrique (FCCA) en 2000, Beijing a effacé plus de 2 milliards de dollars de dette de plus de 30 pays africains et formé plus de 10 000 militaires africains dans les secteurs civils et de la sécurité. Elle a accordé des taux tarifaires à zéro pour cent à 190 produits exportés vers la Chine de l'Afrique subsaharienne, s'est engagée dans les opérations de maintien dans la République démocratique du Congo, au Libéria et a également appuyé la mission de paix de l'Union africaine au Soudan. Ainsi, l'impact de la Chine en Afrique ne dépendra pas seulement des produits indigènes de chaque pays, mais aussi de la valeur ajoutée dans le secteur manufacturier à l'heure où les producteurs de textile délocalisent déjà de la Chine vers l'Afrique. ll y a un potentiel considérable pour relocaliser l'ensemble des biens de consommation durable, l'automobile, le transport et l'électronique en Afrique. Par conséquent, le désir de l'Afrique de diversifier ses exportations pourraient cadrer avec les objectifs chinois de transformation structurelle. De même, le Fonds de développement Chine-Afrique (FDCA) appuie les partenariats d'affaires entre les entrepreneurs chinois et africains, et a participé à 20 projets et investi plus de 500 millions de dollars de ses propres réserves tout en favorisant des investissements de plus de 20 milliards par les entreprises chinoises. Sinosteel Corp, China National Building Material, Hainan Airlines, la Banque industrielle et commerciale de Chine, China Construction Bank (le plus grand établissement de crédit de Chine), China Development Bank et China Eximbank font partie des quelques entreprises chinoises qui participent activement au programme de développement de l'Afrique. Conditions matérielles L'Afrique est loin d'être le plus important partenaire commercial de la Chine: en 2008, l'Afrique s'est classée septième en tant que destination des exportations et huitième en tant que source d'importations. En 2008, le total des exportations chinoises vers l'Afrique équivalait à 50,9 milliards de dollars, contre 55,9 milliards de dollars dans les importations en provenance d'Afrique. De toutes les ressources naturelles qui captent l'intérêt de la Chine en Afrique, la plus importante est le pétrole. La Chine rivalise avec les États-Unis pour le pétrole de l'Angola, contrôle la majeure partie du pétrole soudanais, et exploite des gisements de pétrole à terre et offshore. Il est le principal acheteur de bois d'Afrique occidentale. Environ 40 pour cent du total des exportations africaines vers l'Asie se font vers la Chine, et environ 30 pour cent du total des exportations asiatiques vers l'Afrique viennent de Chine. La Chine importe du bois du Gabon, de la République démocratique du Congo, de la Guinée Equatoriale, du Cameroun et du Liberia, du coton du Bénin, du Burkina Faso, du Mali, de la Côte d'Ivoire et du Cameroun, du cuivre de la Zambie et de la République démocratique du Congo, du ferrochrome et de la platine du Zimbabwe, des diamants d'Afrique du Sud, et de l'étain et du tantale de la République démocratique du Congo. Pour les pays nommé ci-dessus, la Chine fournit des biens électroniques, des machines, des motos, des vêtements, des chaussures et une foule d'articles à faible valeur ajoutée. La part de la Chine dans le total des échanges de l'Afrique est en hausse et elle pourrait bientôt éclipser les totaux annuels de l'Amérique et de l'Europe. Défis principaux Bien que la relation sino-africaine offre de nombreuses opportunités pour les deux parties, une série de défis existent qui nécessitent une approche mature et équilibrée afin de faciliter la résolution de tous les avantages mutuels disponibles. Crise de la dette: Au cours de la décennie des années 1970 et 1980, les pays africains ont cherché à emprunter auprès de divers donateurs bilatéraux et multilatéraux afin de financer la création de richesse et / ou de relancer le processus d'industrialisation. Il se trouve que les économies africaines ont accumulé beaucoup de dettes, à hauteur de dizaines de milliards de dollars. C'est dans le milieu des années 1980 que la réalité a commencé à se faire jour sur les pays africains qui ont dépensé beaucoup plus en prêts étrangers que pour leur croissance intérieure. Un pays endetté ne peut pas s'industrialiser puisque la plus grande part de son PIB / PNB est versée à la dette extérieure. En raison de cet état de choses, beaucoup de pays africains n'avaient pas la capacité d'exploiter les ressources naturelles nécessaires à des fins de fabrication, ni la technologie adéquate, ni le capital liquide qui est nécessaire pour soutenir ce processus. Cela les a forcé à être dépendants des pays les plus développés en matière de biens d'équipement, d'intrants industriels, de technologie et de capital liquide. Cette base de capital faible des pays africains a agi comme un facteur entravant majeur au processus d'industrialisation dans la dernière décennie. Clivage idéologique et mauvaise gouvernance: Tout en examinant les débats qui ont imprégné la quête de l'Afrique pour le développement, des études postulent que, depuis l'indépendance, le processus d'industrialisation de l'Afrique a été centré sur l'État, avec l'État comme force motrice de ce processus d'industrialisation. En outre, la mauvaise culture politique, la faiblesse des institutions politiques et sociales, un manque de leadership et une mauvaise gouvernance semblent avoir contribué à l'échec du rêve d'industrialisation de l'Afrique. Il peut être observé dès lors que de tels défis de nature politique ont contribué grandement à la malédiction africaine dans les premières années de l'indépendance. Idées reçues: Des voix avancent que la Chine est opportuniste, spoliatrice et qu'elle exploite le continent. Certaines communautés mécontentes, dans lesquelles opèrent les entreprises chinoises, reprochent aux entreprises de ne pas contribuer suffisamment à l'économie locale et à l'emploi, les entrepreneurs chinois employant rarement des travailleurs locaux d'Afrique et amenant directement la main-d'œuvre de Chine, tandis que la plupart des postes de gestion sont occupés par des ressortissants chinois. L'importation de travailleurs chinois pour compléter les infrastructures chinoises et les projets miniers inhibe les transferts de compétences et réduit la croissance de l'emploi autochtone. Particulièrement dans le secteur des industries extractives, le comportement de la Chine a été considéré comme relevant du néo-colonialisme et du néo-impérialisme. La Chine est un partenaire commercial précieux, une source de financement pour les investissements, et un complément important aux partenaires traditionnels de l'Afrique. La Chine investit massivement dans les infrastructures, ce qui contribue à atténuer les goulets d'étranglement d'approvisionnement et améliore la compétitivité de l'Afrique. La croissance phénoménale de la Chine et sa capacité à passer en 30 ans du sous-développement et de l'extrême pauvreté à une puissance mondiale émergente et à l'un des plus grand exportateur de biens manufacturés, la pose comme modèle de développement pour l'Afrique où les États cherchent à échapper au piège de la pauvreté. (Kabir Tahir Hamid, doctorant, est chargé de cours en comptabilité et finances au département de comptabilité, Université de Bayero, Kano, Nigeria)
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