Interview de Jean-Louis Ekra, président d'Afreximbank |
Institution chargée de promouvoir le commerce africain sur le continent et dans le monde, Afreximbank basée au Caire en Egypte se félicite et encourage l'ouverture des pays d'Afrique vers la Chine, a déclaré à Xinhua son président Jean-Louis Ekra en marge du 22e Forum économique mondial sur l'Afrique tenu jeudi et vendredi à Addis-Abeba en Ethiopie. Avec un montant d'environ 6 à 7 milliards de dollars consacrés chaque année pour répondre aux besoins de financement dans les pays, Afreximbank confirme son ambition de contribuer au développement économique du continent en favorisant la diversification non seulement des exportations mais aussi des partenariats, de même qu'en aidant à impulser la transformation locale des matières premières. Question : L'organisme que vous dirigez, quel rôle entend-il jouer dans le processus de transformation de l'Afrique qui a été le thème du 22e Forum économique mondial sur l'Afrique à Addis Abeba? Réponse : D'abord, ce qui a poussé les dirigeants africains à penser à avoir une institution pour promouvoir le commerce africain, qui s'entend entre Africains eux-mêmes puis entre l' Afrique et le reste du monde, c'est le fait que dans les années 80 de nombreuses institutions internationales n'étaient plus intéressées à financer le commerce en Afrique. Donc, c'est ça qui a permis la création de cette institution. Et notre institution, l' Afreximbank entend apporter sa contribution d'abord dans la diversification des exportations africaines, parce qu'il n'est pas normal que 50 ans après les indépendances nous continuions à produire seulement des matières premières. Il nous faut transformer nos matières premières. Il faut avoir des produits finis. Ensuite, il nous faut diversifier nos partenaires. Nous saluons aujourd'hui l'ouverture vers des pays comme la Chine et l' Inde, mais ça doit continuer. C'est le rôle que nous jouons. Q : Comment se traduit concrètement ce rôle? R : C'est en permettant à des institutions et des compagnies africaines d'acquérir les équipements nécessaires pour pouvoir transformer les produits en Afrique. Q : Ça veut dire que c'est un rôle axé sur l'acquisition des technologies? R : Entre autres, l'acquisition de technologies, parfois simplement l'acquisition d'équipements, puisque l'équipement à lui seul peut parfois simplement transformer la situation d'une entreprise africaine. Q : Il est établi que mobiliser des financements auprès des institutions internationales, ça prend du temps. Où est-ce que l' Afrique va trouver de l'argent pour financer le développement de ses infrastructures ? Est-ce qu'un pays comme la Chine peut jouer un rôle là-dedans ? R : La Chine et d'autres. Je pense qu'il faut qu'il y ait une nouvelle approche de financement des projets. Tout le monde sait effectivement que ça prend du temps. Mais pourquoi ? C'est ça qu' il faut analyser et essayer de réduire, parce qu'il n'est pas normal que pour un projet on passe cinq ans en étude. Parce qu'une fois qu'on aura passé les cinq années en étude, les données sur le terrain auront changé. Donc, il faut avoir une approche qui permettrait de simplifier les procédures au niveau des institutions qui financent les projets. Q : Quel est le montant de vos ressources ? R : Bon an mal an la banque finance sur le terrain en Afrique un montant d'environ 6 à 7 milliards de dollars par an. Ces ressources proviennent en partie de notre capital qui est détenu en majorité par des Etats africains, environ 62%, le reste par des investisseurs privés africains et par des investisseurs privés non africains. Nous allons aussi sur le marché international pour lever des fonds. C'est ainsi qu'on a pu lever à deux reprises un montant de 500 millions de dollars sur cinq ans et un montant de 300 millions de dollars sur cinq ans, et cela à des taux relativement intéressants. Ensuite, nous allons sur le marché des eurocrédits ou le marché de Londres où une vingtaine ou une trentaine de banques prêtent de l'argent à notre institution et que nous prêtons à notre tour à nos clients. Q : Y a-t-il un marché financier plus dynamique en Afrique? R : A part l'Afrique du Sud, les tailles des marchés financiers sont relativement petites. Mais les fonds qui existent en Afrique son énormes. L'Afrique n'a pas encore suffisamment mobilisé son épargne. Nous avons toute l'épargne des investisseurs institutionnels, les caisses de compensation, etc. qu'il faut mobiliser. Pour l'instant, ces fonds ne sont pas mobilisés. Les assurances, c'est u marché énorme. Donc, il y a des sources d' investissement africaines qui, à mon humble avis, ne sont pas encore suffisamment mobilisées. Ces fonds parfois retournent vers les investissements dans les pays développés pour pouvoir être sûrs et rentables. Mais avec un peu d'imagination et d'innovation on devrait pouvoir en Afrique bénéficier d'une partie de cet argent.
Source: Xinhua |