Salle commémorative de Sun Yat-sen |
Au pied du mont Yuexiu, dans un site pittoresque au nord de Guangzhou (Canton), se dresse un monument de style traditionnel — la Salle commémorative de Sun Yat-sen — construit il y a un demi-siècle avec les dons de la population de la ville et des Chinois d'outre-mer. Cette magnifique architecture dédiée au précurseur de la révolution démocratique chinoise conserve aujourd'hui toute sa splendeur et sa majesté derrière le fronton gravé de quatre caractères calligraphiés de la main du grand homme: «Le pays appartient au peuple», une devise illustrant sa conception de la démocratie. La Salle commémorative de Sun Yat-sen, à Guangzhou. Le dessin du monument fut l'œuvre de Lu Yanzhi, un architecte chinois de 32 ans. Selon Lin Keming, ancien architecte-conseiller des travaux de construction et responsable, à plusieurs reprises, des travaux de réfection, Lu Yanzhi commença à se faire connaître après son retour des études à l'étranger en 1921, quand il obtint le prix au concours pour la conception du mausolée de Sun Yat-sen à Nanjing. Le prix de la conception de la Salle commémorative de Guangzhou lui revint de nouveau grâce à son ingéniosité à combiner la technique architecturale moderne et les formes traditionnelles. Par malheur, la mort le surprit le 18 mai 1929 sans qu'il ait eu le temps de terminer le plan de la mise en chantier de l'ouvrage. Conformément à ses dernières volontés, ce fut son camarade Li Jinpei qui paracheva ses travaux de conception. Le monument, inauguré en 1931, figura parmi les meilleures réalisations architecturales de l'époque. L'orgueil de l'architecture chinoise La grande salle frappe par l'originalité de sa conception. Le rez-de-chaussée et l'étage abritent 4 700 sièges, non compris la tribune du côté nord qui compte une centaine de places. Le plafond suspendu à caissons, décoré de couleurs éclatantes, ainsi que le plateau circulaire central, suspendu au sommet octogonal du bâtiment et orné de verres polychromes, sont riches de couleur nationale. Des lampes à vapeur de mercure ou à réflecteur et d'autres lampes, appliquées ou suspendues, projettent sur chaque siège une lumière douce et agréable. La grande salle s'ouvre de chaque côté, à l'est, à l'ouest et au sud, par trois portes et s'entoure d'un couloir circulaire percé de onze entrées et sorties, assez larges pour laisser passer en quelques minutes des milliers de personnes. Aucune colonne ne vient cacher la vue dans l'immense salle dont le toit repose en avant et en arrière sur une paire d'avant-toits superposés, et à droite et à gauche sur des toits recourbés, qui supportent un pavillon octogonal central formant un tout avec le bâtiment. Les huit colonnes principales, dissimulées tout autour, dans les murs, portent des poutres d'acier de 30 m de portée sur lesquelles reposent huit autres poutres formant une charpente octogonale, de sorte que les sièges de l'étage supérieur font encorbellement sur une largeur de 8 m. Cette structure, inconnue dans l'histoire millénaire de l'architecture des palais en Chine, est le fruit d'une conception audacieuse de Lu Yanzhi. Le décor intérieur et extérieur emploie à profusion des matériaux précieux: perrons et soubassements en granit blanc, lambris en marbre vert, revêtement mural en briques de couleur crème, poutres en granito ornées de motifs traditionnels de couleurs, colonnes de granito pourpre, tuiles émaillées de couleur saphir, plafond central incrusté de mosaïques en or massif. De loin, le monument octogonal resplendit comme un magnifique bijou sous le soleil. Après la Libération, on a remplacé une partie des tuiles vernissées du toit, remonté le plafond suspendu, consolidé la charpente octogonale en acier, supprimé les échos et amélioré l'acoustique de la salle par des matériaux isolants. Tout en donnant de l'inclinaison au plancher, on a installé des sièges rembourrés, et abaissé d'un mètre la tribune pour la transformer en scène de théâtre avec, devant, la fosse d'orchestre et, derrière, les salles de maquillage, le tout équipé d'appareils de conditionnement. Un cadre de verdure et de fleurs La place qui précède la Salle commémorative est un tapis de gazon toujours vert d'un demi-hectare, entouré de pins, de cyprès, de kapokiers au port altier. Des magnolias, des osmanthes, des michelias embaument l'air en toute saison. Deux colonnes honorifiques en marbre blanc flanquent la façade devant laquelle, juste au centre, se dresse la statue du Dr Sun Yat-sen debout sur son piédestal en marbre blanc. Tout le décor confère au monument commémoratif un caractère de solennité et de gravité et donne une impression de calme et de beauté. Sur la colline derrière le monument, à 60 m de hauteur, une stèle commémorative dédiée au Dr Sun Yat-sen domine le site, s'intégrant harmonieusement dans le paysage. Sur le mur au fond de la grande salle, resplendit une phrase du testament du Dr Sun: «Construire une Chine puissante, prospère et indépendante». En évoquant le souvenir de ce grand révolutionnaire, chaque Chinois patriote ne peut s'empêcher de réaffirmer sa détermination de continuer l'œuvre inachevée du Dr Sun Yat-sen pour réaliser la réunification et la modernisation de la patrie.
La Chine au présent |