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Publié le 09/10/2011
Une grande révolution retentissante

Li Xin

EN 1911, eut lieu en Chine la grandiose révolution démocratique dirigée par la bourgeoisie.

Cette révolution commença par les émeutes au sujet des chemins de fer, soulevées en été 1911 par les populations du Hunan, du Hubei, du Guangdong et du Sichuan. Il s'agissait d'une lutte contre le gouvernement des Qing qui bradait les droits de la construction des chemins de fer aux impérialistes, sous prétexte de la nationalisation des chemins de fer. Cette lutte, appelée dans le Sichuan le mouvement de la défense des chemins de fer, devenait très acharnée, à tel point qu'elle se transforma au début de septembre en un soulèvement armé populaire.

L'insurrection de Wuchang du 10 octobre 1911 fut en effet déclenchée à la suite des émeutes dans les quatre provinces, en particulier du mouvement de la défense des chemins de fer au Sichuan. Les insurgés — militaires et civils — prirent en trois jours Wuhan (Wuchang, Hankou et Hanyang du Hubei, au centre de la Chine). En une réponse enthousiaste, les autres provinces passèrent aussi à l'action. Vers la fin de novembre, parmi les 24 provinces et régions que comptait la Chine, 14 se déclarèrent indépendantes. Pour repousser les contre-attaques de l'Armée des Qing et défendre Wuhan, les militaires et civils révolutionnaires du Hubei et les renforts venus du Hunan s'engagèrent dans des combats héroïques, tandis que l'armée coalisée révolutionnaire formée par les provinces du Jiangsu et du Zhejiang après leur indépendance prit Nanjing le 2 décembre au bout de rudes combats. Les provinces indépendantes parvinrent alors à fonder à Nanjing le gouvernement provisoire de la République chinoise, Sun Yat-sen en assuma les fonctions de président provisoire. C'était une déclaration de la fin de la dynastie des Qing et de la monarchie féodale chinoise.

Les exploits grandioses

La lutte contre les Qing remonte très loin dans l'histoire. A partir du moment où les aristocrates mandachou avaient conquis par force et dominé toute la Chine en 1644, toutes les nationalités du pays, en particulier les Han qui occupaient la première place en nombre, ne cessèrent jamais de s'opposer à l'oppression et à l'illégalité raciales. Plus tard, les propriétaires fonciers han se réconcilièrent pour la plupart avec le gouvernement des Qing, et les nobles de deux nationalités se coalisèrent dans la domination réactionnaire. Or, les larges masses populaires han et une partie des intellectuels qui ne voulaient pas se résigner à la tyrannie des Qing persévèrent inlassablement dans la lutte anti-Qing.

La société chinoise qui commença à se désagréger après la guerre de l'Opium en 1840, devint finalement un pays semi-féodal et semi-colonial. Renommé pour sa politique d'isolement dans les affaires étrangères, le gouvernement des Qing, par suite d'une série de défaites dans la guerre, fit une volte-face fulgurante pour pratiquer la trahison à la patrie et la répression du peuple. Avec la signature du «Protocole de 1901»[注释1], le gouvernement devint pratiquement «la cour au service des étrangers». Alors la lutte du peuple chinois contre les Qing s'unit naturellement à celle contre l'agression des puissances étrangères, pour le salut de la nation.

Le Royaume céleste des Taiping (1851-1864) était le fruit d'une insurrection paysanne de grande portée, qui fut réprimée par le gouvernement des Qing en connivence avec les agresseurs étrangers. Yihetuan (Société de justice et d'harmonie), un autre grand mouvement patriotique, fut écrasé en 1900 par les troupes alliées des huit puissances à cause de la trahison des Qing. Ces deux échecs aboutirent à une conclusion: dans les pays semi-féodaux et semi-coloniaux comme la Chine, faute de direction d'une classe avancée, les soulèvements paysans ne peuvent en aucune façon triompher. L'échec de la Réforme de 1898 démontre que le pouvoir de la dynastie des Qing demeurait toujours dans les mains de l'impératrice douairière Cixi et d'autres conservateurs irréductibles, soutenus par les gros propriétaires fonciers han et leurs représentants, les hauts fonctionnaires partisans du mouvement de «l'occidentalisme». Il était donc impossible aux réformistes qui représentaient l'orientation du développement du capitalisme, de réaliser une réforme du haut en bas, par la main d'un empereur sans pouvoir ni armée, tel que Guangxu.

Une caricature publiée dans un journal dénonce le gouvernement de la dynastie des Qing qui brade les droits des chemins de fer aux puissances impérialistes.

Où se trouvait donc le salut de la Chine? «Chasser les Tartares, rétablir la nation chinoise, fonder une république et réaliser l'égalisation du droit à la propriété de la terre», voilà le programme des révolutionnaires bourgeois, adopté en 1905 par la Ligue révolutionnaire de Chine avec à sa tête Sun Yat-sen. Ce programme était entièrement conforme au besoin du développement historique de l'époque. «Chasser les Tartares, rétablir la nation chinoise», c'était l'aspiration commune du peuple chinois (à l'exclusion des réformistes); «réaliser l'égalisation du droit à la propriété de la terre» répondait à l'espoir nourri depuis longtemps par les paysans. Bien sûr, ce n'était pas vraiment pour le mettre en pratique, mais pour gagner le soutien des paysans que la Ligue révolutionnaire le mettait dans son programme. «Fonder une république» voulait dire l'établissement d'un Etat bourgeois et d'un régime républicain, ce qui était tout à fait inimaginable pour les propriétaires fonciers et les paysans. Seule la bourgeoisie pouvait l'avancer. Il n'est donc pas sans fondement de dire que la Ligue révolutionnaire était un parti politique bourgeois, représentant l'aspiration du capital national qui connut un premier développement au début du 20e siècle. Elle acceptait en même temps des ouvriers et des paysans ainsi que des propriétaires terriens qui s'opposaient au gouvernement des Qing. Basée sur la bourgeoisie très faible en elle-même, elle était quand même une force politique relativement puissante, puisqu'elle représentait une alliance de toutes les classés anti-Qing et qu'elle mobilisait les larges masses populaires en lançant des mots d'ordre contre les Qing.

Avec l'aide du PCC, Sun Yat-sen a créé à Guangzhou l'Ecole d'officiers de l'armée de terre de Huangpu.

Sur la photo, Sun Yat-sen et son épouse Soong Ching Ling lors de la cérémonie d'inauguration.

Au lieu de suivre le courant irrésistible en mettant en pratique le régime constitutionnel pour gagner l'appui de la couche supérieure de la bourgeoisie qui désirait la réforme, le gouvernement des Qing, au comble de sa déchéance, n'en faisait qu'à sa tête, en réprimant le mouvement constitutionnel, ce qui eut pour effet de faire de ses partisans les opposants du régime. Qui plus est, la cour des Qing alla jusqu'à former un cabinet composé uniquement de membres de la famille impériale, sous prétexte de faire des préparatifs pour réaliser le régime constitutionnel, en en excluant même les représentants des gros propriétaires fonciers han, par ailleurs très fidèles à elle. Dans cette situation d'isolement complet du gouvernement eut lieu l'affaire des chemins de fer. Celle-ci étant d'abord soulevée par les partisans du régime constitutionnel dans les Conseils généraux, elle n'aurait pas connu une si grande impétuosité dans l'ensemble du pays si le gouvernement des Qing n'avait pas exercé sur elle une pression aussi violente. Les répressions cruelles ne faisaient donc que renforcer le mouvement. Stimulé et dirigé par les révolutionnaires, ce dernier gagnait chaque jour davantage en ampleur et en profondeur, si bien que les partisans du régime constitutionnel ne pouvaient plus le contrôler, encore moins le gouvernement l'étouffer. Pour finir, il se transforma en un soulèvement armé d'envergure, qui acheva de renverser la domination réactionnaire de la dynastie des Qing. Ainsi, la révolution anti-Qing, dirigée par la Ligue révolutionnaire de Chine, représentante de la bourgeoisie chinoise, remporta la victoire finale.

Les troupes insurgées en patrouille à Hankou.

La Révolution de 1911 a mis fin à la domination réactionnaire des Qing qui avait duré plus de 260 ans et aussi à la monarchie féodale chinoise qui avait eu une histoire d'environ 3 000 ans. Ses grands mérites ont fait époque. Le niveau de conscience démoeratique du peuple chniois s'en est élevé énormément. Désormais, toutes les tentatives réactionnaires, de Yuan Shikai[注释2] prétendant au trône impérial, ou de Zhang Xun[注释3] brûlant de restaurer la monarchie, ne feront que donner matière à des soulèvements postérieurs.

Les leçons tirées de l'échec

La Révolution de 1911 ne fit que transformer l'empire en république, l'empereur, en président; la société semi-coloniale et semi-féodale restait intacte. Le maître de la Chine de l'époque fut le gouvernement des seigneurs de guerre du Nord[注释4] qui, avec les impérialistes en coulisses, représentait les intérêts des gros propriétaires fonciers et de là grande bourgeoisie. Un pays capitaliste et une société bourgeoise du type de l'Occident, tant rêvés par Sun Yat-sen, n'ont pas fait leur apparition en Chine. Au point de vue de la lutte anti-Qing, la Révolution de 1911 a remporté une victoire définitive, mais en tant que révolution démocratique, elle ne fut qu'un échec.

Vue extérieure du bureau du Dr Sun Yat-sen, alors président provisoire de la République chinoise.

Pourquoi? L'objet de la révolution démocratique dans une Chine semi-éodale et semi-coloniale devait être l'impérialisme et le féodalisme. Quoique réactionnaires et pourries, ces deux forces restaient assez puissantes, surtout lorsqu'elles étaient unies. Par ailleurs, le capitalisme national n'étant pas en plein développement, la bourgeoisie encore très faible n'a pu que déclencher une révolution et renverser la domination des Qing depuis longtemps vacillante. Or, devant l'ennemi allié qu'étaient l'impérialisme et le féodalisme, elle s'est trouvée déplorablement impuissante. Le désistement du gouvernement provisoire de Nanjing vis-à-vis de la menace de Yuan Shikai était précisément une des manifestations de sa faiblesse.

N'y avait-il vraiment pas une force qui pût vaincre cet ennemi puissant? Si! La classe paysanne chinoise, grande force de la révolution démocratique. La révolution démocratique aurait pu le vaincre si elle avait mobilisé les paysans. Malheureusement, la faiblesse de la bourgeoisie chinoise s'était montrée particulièrement évidente sur le plan de son attitude envers les paysans. Au cours de la Révolution de 1911, au lieu de les mobiliser, de satisfaire leurs revendications agraires, les révolutionnaires au pouvoir allèrent jusqu'à réprimer par les forces armées les luttes des paysans pour combattre les mauvais hobereaux locaux et s'opposer aux fermages exorbitants. Foncièrement impuissante, sans aide des paysans, la bourgeoisie n'eut qu'une issue devant les attaques violentes de l'impérialisme et du féodalisme coalisés: le compromis. Voilà la raison pour laquelle la Révolution de 1911 a subi l'échec.

Il en résulta que la révolution de démocratie ancienne, dirigée par la bourgeoisie, fut révolue et n'aboutit jamais à la victoire en Chine. Il fallait donc chercher un tout nouveau chemin de la révolution.

L'esprit révolutionnaire de Sun Yat-sen

Sun Yat-sen, le grand révolutionnaire de ferme volonté, connu pour son inflexibilité et son esprit révolutionnaire radical, commença sa carrière de révolutionnaire par la fondation de l'Association pour la rennaissance de la Chine en 1894. Lorsque la Ligue révolutionnaire de Chine fut établie en 1905, il avait déjà complètement abandonné ses illusions pour les dominateurs des Qing et rompit tous ses liens avec les réformistes. En tant que dirigeant révolutionnaire radical, aimé de tous ses camarades, il rédigea le programme politique de la Ligue sur la base duquel il formula ses Trois principes du peuple: nationalisme, démocratie et bien-être du peuple. Par le nationalisme, il voulait dire: «chasser les Tartares, rétablir la nation chinoise»; par la démocratie, il demandait de «fonder une république», c'est-à-dire une république démocratique bourgeoise; et le «bien-être du peuple» signifiait l'égalisation du droit à la propriété de la terre. Sous un air du socialisme utopique, ces principes indiquaient dans sa nature le développement du capitalisme.

Quoiqu'appartenant à la vieille démocratie, les Trois principes du peuple représentaient l'idéologie révolutionnaire la plus radicale de l'époque. Armé de ces principes, Sun Yat-sen dirigea les activités de la Ligue, vaincut la théorie absurde des réformistes et renversa la monarchie des Qing. Toujours victorieux dans la lutte anti-Qing, les Trois principes se révélèrent pourtant impuissants devant l'alliance des impérialistes et des forces féodales. L'échec de la lutte contre Yuan Shikai, en particulier les défaites subies par les deux mouvements pour protéger la loi (contre les seigneurs de guerre de l'Anhui et du Hebei) ont démontré l'inefficacité de ces vieux Trois principes du peuple pour guider la révolution chinoise. Une nouvelle voie était à chercher.

Les Pékinois se joignent au cortège funèbre du Dr Sun Yat-sen en 1925.

Sun Yat-sen trouva enfin une voie correcte: apprendre auprès de la Russie, s'unir au Parti communiste chinois et soutenir les ouvriers et les paysans, bref, suivre la voie de la révolution de démocratie nouvelle. Avec une volonté inébranlable, il décida, malgré les oppositions de toutes parts, de réorganiser le Kuomintang, de pratiquer les nouveaux Trois principes du peuple, marqués par les trois mesures désormais très célèbres: s'unir à la Russie, au Parti communiste et soutenir les ouvriers et les paysans. Comme il était à prévoir, il fut acclamé par le peuple révolutionnaire de toutes les couches. Dans son travail à la Ligue, surtout au cours de la révolution de 1911, Sun Yat-sen fut considéré unanimement par ses camarades comme leur leader bien-aimé. Cependant, après la Révolution, son prestige baissa, parce que le parti qu'il dirigeait était composé de membres des différentes classes sociales, s'écartait des masses et n'accomplissait plus rien. Or, à partir du moment où le Kuomintang commença à collaborer avec le Parti communiste, prit les Trois mesures et pratiqua les nouveaux Trois principes du peuple, Sun Yat-sen imposa de nouveau le respect, et atteignit le sommet de sa gloire. Il mourut à Beijing le 12 mars 1925. Des centaines de milliers d'habitants de la ville assistèrent au cortège funèbre; tout le pays fut en deuil. Le nom brillant de Sun Yat-sen restera éternellement dans la mémoire des descendants de la nation chinoise.

Nombreux sont ceux qui ont pris part à la Révolution de 1911, mais beaucoup d'entre eux prirent du retard sur leur époque. Seuls ceux qui, comme Sun Yat-sen, suivirent toujours le courant du temps, pouvaient apporter au peuple de nouvelles contributions.

Aujourd'hui, sous la direction du Parti communiste, après avoir achevé la révolution de démocratie nouvelle, notre pays s'engage dans la voie socialiste. L'indépendance nationale tant rêvée par Sun Yat-sen s'est réalisée, et avec elle, la démocratie qu'«une minorité d'individus ne doit pas monopoliser». D'ailleurs, celle-ci est maintenant devenue une démocratie populaire. Le principe qui consiste à égaliser le droit à la propriété de la terre, préconisé par Sun Yat-sen dans sa jeunesse, ainsi que celui de l'octroi de la terre à ceux qui la cultivent, principe qu'il a avancé au soir de sa vie, ont été réalisés par voie de réforme agraire. Toutes les tâches énoncées dans les Trois principes du peuple ont été accomplies ou dépassées dans notre pays. Le socialisme auquel la Chine nouvelle est en train d'œuvrer est justement l'idéal qu'avait exprimé Sun Yat-sen dans sa préconisation du «bien-être du peuple».

A l'heure actuelle, le Parti communiste dirige le peuple du pays entier dans sa dure lutte pour la réalisation des quatre modernisations, en vue de faire de notre pays une puissance socialiste hautement prospère, démocratique et civilisée. Tous ceux qui respectent Sun Yat-sen, qui soutiennent la cause socialiste et aiment la Chine, doivent s'inspirer de l'esprit révolutionnaire de Sun Yat-sen, faire des progrès constants et suivre le pas de l'époque pour contribuer à l'édification socialiste de notre grande patrie.

 

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