Hommage rendu aux vestiges de l'Insurrection de Wuchang |
de notre correspondant Hua Nianlun Wuchang est la ville où eut lieu la Révolution de 1911, A la veille de son 70e anniversaire, j'ai fait un tour à des lieux et constructions qui portent les traces de ce soulèvement armé. Pour commémorer cet événement historique, on a restauré ces vestiges, et en plus de cela, un nouveau monument commémoratif a été érigé tout récemment. Aux flancs de son piédestal, deux couronnes de fleurs, finement sculptées, marquent le désir du peuple de perpétuer le souvenir des insurgés. Au pied du Mont du Serpent se dresse un bâtiment rouge à l'architecture étrangère, aux tuiles et briques rouges et entouré d'une enceinte rouge. Devant ce bâtiment entièrement remis à neuf, une statue du Dr Sun Yat-sen, vêtu de robe longue et de jaquette courte et qui tient à la main un chapeau de cérémonie, est tout entourée de fleurs fraîches et de végétaux luxuriants. Un carré de marbre blanc, incrusté dans un mur rouge, porte les inscriptions en or: «Emplacement du Siège du «Gouvernement militaire de Wuchang» et «Erigé par le Conseil des affaires d'Etat de la République populaire de Chine». Ce bâtiment était sous la dynastie des Qing le siège du Bureau consultatif du Hubei. Le 10 octobre 1911, après avoir pris la résidence du gouverneur général du Hubei et du Guangdong, les révolutionnaires encore tout couverts de fumée et de poussière, firent irruption dans l'immeuble. Là, selon la «Stratégie révolutionnaire» arrêtée par la Ligue révolutionnaire de Chine, ils déclarèrent télégraphiquement à tout le peuple l'établissement du gouvernement militaire du Hubei lequel serait attaché à la République chinoise. Bientôt, treize provinces rompirent ouvertement avec le trône. En moins de trois mois la révolution a gagné tout le pays et la République chinoise fut proclamée. Le Dr Sun Yat-sen fut élu président provisoire. Les reliques de l'Insurrection exposées aujourd'hui dans le bâtiment rouge — entre autres des sabres, des fusils, des canons, des drapeaux, des avis publics, des photos prises lors des combats ainsi que de nombreuses peintures à l'huile réalisées d'après les documents historiques —, retracent fidèlement les scènes grandioses pendant lesquelles les fils éminents de la nation chinoise se battaient avec vaillance pour la république. Le quartier de Yuemachang où se trouve le bâtiment rouge est lié à une avenue qui, menant vers le nord au fleuve Yangtsé, s'appelle avenue Pong Liu Yang, noms de trois martyrs révolutionnaires Pong Chufan, Liu Fuji et Yang Hongsheng. Avant leur arrestation, ils étaient chargés respectivement du travail de conseiller, de transports, et de liaison au commandement de l'insurrection. Le 8 octobre, certains révolutionnaires de Hankou, en préparant de l'explosif, avaient fait, par inattention, exploser une charge de dynamite. Aussitôt, les patrouilles des Qing circulèrent dans toutes les rues. Les arrestations furent alors très nombreuses, parmi lesquelles Liu Fuji et Pong Chufan qui s'affairaient à organiser les premières attaques et Yang Hongsheng qui transportait des explosifs. Devant le tribunal, Liu et Pong énumérèrent tous les forfaits commis par le gouvernement des Qing qui avait conduit le pays dans un état lamentable. Leur défense, formée en termes sévères mais justes, réfuta toutes les accusations. Les juges, à court de mots, ne faisaient que se regarder l'un l'autre. . . Lors de son arrestation, Yang Hongsheng avait résisté en faisant exploser une bombe. Son visage était donc couvert de sang. Mais il ne s'en répandait pas moins en injures contre les juges. Les trois révolutionnaires furent décapités le matin du 10 octobre. L'air serein, ils crièrent: «Levez-vous, compatriotes!» «Vive la République!». . . Un avis du gouvernement militaire local du Hubei, fondé en novembre à l'issue de l'Insurrection de Wuchang le 10 octobre 1911. Aujourd'hui, quand je visite les vestiges de l'Insurrection, je ne trouve plus nulle trace de la résidence de ce gouverneur despotique. Par contre, le monument qui sert à immortaliser la mémoire des trois martyrs est toujours là, au milieu des fleurs et des sapins. En tournant au sud, me voilà bientôt devant l'emplacement de la caserne du Huitième bataillon de génie, la terrasse Chuwang et la porte de l'Insurrection. Les révolutionnaires jouissaient à l'époque d'un grand soutien dans l'armée de terre des Qing, équipée d'armes modernes. Les soldats du Huitième bataillon de génie ont été les premiers à ouvrir le feu. C'était par l'avenue des Trois martyrs qu'ils allaient attaquer la résidence du gouverneur.
Monument aux martyrs Pong, Liu et Yang Les insurgés ont pris d'assaut d'abord la terrasse Chuwang, une construction qui servait alors aux Qing d'un entrepôt d'armes et munitions. Après l'avoir occupée le soir du 10 octobre, les insurgés en firent leur poste de commandement. Puis, Xiong Bingkun déclara que les insurgés porteraient désormais le nom d'«Armée révolutionnaire du Hubei». Le soir même, on se préparait à lancer l'assaut à la résidence du gouverneur. La porte de l'Insurrection, appelée auparavant porte moyenne de la Paix, était une gorge qui faisait communiquer la ville avec la caserne du bataillon d'artillerie, située près du lac du Sud. C'est en passant par cette porte que les artilleurs se sont portés au renfort des insurgés. Pour commémorer l'Insurrection on a baptisé en 1912 cette porte «porte d'Insurrection». Plus tard, les seigneurs de guerre qui n'aimaient pas entendre le mot «révolution», ont fait enlever la tour qui se trouvait au-dessus de la porte. Mais la Chine nouvelle est toujours soucieuse d'entretenir en bon état ces vestiges révolutionnaires. En 1956, le gouvernement populaire du Hubei a fait réparer la porte. Récemment, l'Etat a dépensé 200 000 yuans pour la remettre à neuf. On voit aujourd'hui sur la tour qui surmonte la porte une inscription horizontale gravée sur le marbre: «Porte d'Insurrection», calligraphiée par Ye Jianying, président du Comité parmanent de l'A.P.N. En terminant ma visite, je vais, avec un profond sentiment de respect, au cimetière des martyrs révolutionnaires, qui se trouve à Hankou. Là, je tiens à rendre hommage à ceux qui ont donné leur vie à la défense de Yangxia. Il y a une stèle devant chaque tombe. Depuis la Libération, les dirigeants du Parti et du gouvernement viennent tous les ans balayer les alentours des tombes. L'Armée populaire de libération et les établissements d'enseignement font souvent visiter le cimetière aux soldats et aux élèves afin que notre jeune génération continue toujours la tradition révolutionnaire.
La «porte de l'Insurrection» remise à neuf, à Wuchang La défense do Yangxia, un épisode écrit avec le sang des martyrs, est le chapitre le plus pathétique de l'histoire de l'Insurrection de Wuchang, Peu après l'établissement du gouvernement révolutionnaire du Hubei, le gouvernement des Qing, dans l'intention d'étouffer la révolution en berceau, a envoyé dans cette province les forces principales de son armée de terre. Puis, il a lancé des attaques de grande envergure contre l'armée révolutionnaire. A ce temps-là, l'armée révolutionnaire possédait déjà un effectif de trois cents mille hommes. Cependant, plus de la moitié de ses soldats n'avalent jamais subi d'entraînement militaire. Affrontant les ennemis bien équipés, excellement entraînés, dont le nombre était plusieurs fois supérieur au leur, ces soldats avançaient par vagues successives, en comptant presque uniquement sur leur enthousiasme révolutionnaire et leur courage invincible. Le 28 octobre, au moment le plus décisif des combats, Huang Xin, l'un des dirigeants de la Ligue révolutionnaire de Chine, arriva à Wuchang. Il demanda immédiatement à aller au front pour mieux organiser les contre-attaques. Sa présence avait beaucoup encouragé les insurgés qui se montrèrent par la suite d'une bravoure extraordinaire, en poursuivant les ennemis de maison en maison, de rue en rue. L'endroit où Huang Xin avait commandé les combats a été nommé plus tard Boulevard Huang Xin.
Statue de bronze de Huang Xing Pendant la défense de Yangxia, bataille qui a duré plus d'un mois, environ dix mille révolutionnaires ont offert leur vie. Mais ils étaient vainqueurs, puisqu'ils ont sérieusement endommagé l'armée des Qing. Ils ont donné un brillant exemple au peuple de tout le pays. -------------------------------------------------------------------------------- [注释] L'auteur est directeur adjoint et chercheur de l'institut de l'histoire chinoise moderne, relevant de l'Académie des sciences sociales de Chine. [注释1] Le protocole de 1901 signé après la prise de Beijing en 1900 par les troupes alliées des huit puissances: l'Angleterre, les Etats-Unis, l'Allemagne, la France, la Russie, le Japon, l'Italie et l'Autriche, était un traité humiliant qui a vendu la souveraineté de notre pays. [注释2] Yuan Shikai (1859-1916), nommé en 1901 ministre des Forces navales du Nord, devint le chef de file des seigneurs de guerre du Nord après avoir augmenté l'effectif des Forces navales du Nord. En 1907, il fut nommé ministre des Affaires militaires et celui des Affaires étrangères. Peu de temps après, il fut destitué. Au cours de la Révolution de 1911, en tant que premier ministre du gouvernement des Qing, soutenu par l'impérialisme, il menaça d'un côté Sun Yat-sen pour qu'il démissionne, de l'autre, il força l'empereur des Qing à abdiquer. Après avoir usurpé les fonctions de président provisoire de la République chinoise, il déclara en 1915 la restauration de la monarchie. Il fut alors l'objet des protestations du peuple entier, et en proie à l'angoisse mêlée de peur, il mourut en 1916. [注释3] La restauration monarchique soutenue par Zhang Xun: En mai 1917, eut lieu un conflit entre le président de la République Li Yuanhong et le premier ministre Duan Qirui, dont les impérialistes anglais, américains et japonais tiraient les ficelles. En juin, Li Yuanhong ordonna au chef militaire de l'Anhui Zhang Xun de venir à Beijing pour leur servir de médiateur. Entré dans la capitale, celui-ci chassa Li Yuanhong et le 1er juillet de la même année, rétablit l'empereur de Qing sur le trône, soulevant ainsi l'opposition générale du peuple. Le 12 juillet, la défaite militaire de Zhang Xun condamna la restauration monarchique qui ne dura que 12 jours. [注释4] Les seigneurs de guerre du Nord étaient une clique militaire féodale formée par Yuan Shikai. Après la Révolution de 1911, cette clique s'empara du pouvoir. Après la mort de Yuan en 1916, elle se divisa en trois factions. Soutenues par les impérialistes de divers pays, elles se battirent sans discontinuer jusqu'à leur débâcle en 1928.
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