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Publié le 02/09/2011
Le miel africain coule en Chine

L' « or liquide » de l'Afrique peut encore trouver des opportunités auprès des consommateurs chinois soucieux de qualité

Gui Gui

APICULTURE : La Chine est le premier producteur mondial de miel

Vous ne devinerez jamais que Xie Chunming, une femme d'affaires de Beijing, n'a que 48 ans. Elle nous confie de bon coeur son secret anti-âge : tous les trois jours, elle s'applique sur le visage un masque facial spécial fait maison, à base de deux cuillères à soupe de miel mélangé avec un blanc d'œuf battu.

S'appuyant la médecine chinoise traditionnelle, Mme Xie, qui utilise ce traitement à base de miel depuis plus de 20 ans, estime que cet « or liquide » améliore la circulation sanguine et l'expulsion des toxines. Ainsi, outre l'utilisation du miel pour les soins de beauté, elle l'intègre également dans son alimentation quotidienne.

Un consommateur géant

En raison de la prise de conscience croissante en matière de santé, de plus en plus de Chinois sont devenus des consommateurs de miel. Les spécialistes de l'industrie estiment que dans les 30 dernières années, la consommation de miel de la Chine a augmenté de 400 % pour atteindre environ 200 000 tonnes en 2009.

« Notre miel est acheté par des hommes et des femmes de différentes tranches d'âge », déclare à CHINA-FRIQUE Shang Jiuyun, vendeuse dans un supermarché de Beijing. Selon elle, en dehors des gens qui l'achètent pour leur propre usage, le miel est également un choix populaire de cadeau pour la famille et les amis.

Sur le marché des ventes au détail en Chine, le miel d'acacia, le miel de jujube, le miel de mûre, le miel de trèfle et le miel de tilleul, principalement produits par des fabricants chinois, sont parmi les produits les plus populaires.

« Les marques importées sont souvent en vente dans de grands supermarchés, mais de façon générale, le miel local occupent une part de marché beaucoup plus grande en Chine », observe Mme Shang.

Énorme consommateur de miel, la Chine en est également le plus grand producteur au monde. Selon Bee999.com, un des plus importants fournisseurs d'information sur les produits apicoles, la production apicole du pays a atteint 300 000 tonnes en 2005, ce qui représente 25 % du total mondial. Pour des raisons liées aux aléas climatiques, ce chiffre est tombé à 190 000 tonnes en 2009, dont plus de 60 % ont été consommées par les consommateurs chinois.

À l'heure actuelle, le prix au détail d'un pot de 500 grammes de miel d'acacia, un des plus prisés, va de 20 à 50 yuans (3,02-7,55 dollars), en fonction des marques et de la qualité. Pour les autres catégories de miel, le prix d'un pot de taille identique varie de 15 à 30 yuans (2,27-4,53 dollars).

Le miel africain

Peu de Chinois ont entendu parler du secteur apicole africain. Les marques de miel plébiscitées par les consommateurs chinois sont principalement originaires de la République de Corée, du Canada et de la Nouvelle-Zélande.

« Franchement, ni moi ni aucun de mes amis n'ont jamais entendu parler de miel africain », nous confie Mme Xie.

Cependant, le miel africain jouit d'une certaine réputation. Selon l'ApiTrade Afrique, une association à but non lucratif, citant une étude de marché réalisé par le Center for Bioinformatics (une des principales organisations pour le lobbying d'affaires au Royaume-Uni), l'UE représente environ 20 à 25 % de la consommation mondiale de miel. Près de 41 % du miel consommé en Europe est importé de pays en développement, notamment l'Éthiopie, la Tanzanie, l'Ouganda, la Zambie et le Cameroun.

« Les exportateurs de miel des cinq pays africains agréés sur le marché de l'UE n'ont pas de difficultés à faire des affaires avec leurs partenaires européens », explique Robert Grace Kisenyi, directeur de la promotion chez ApiTrade Afrique, sur le site Web de cette organisation. « Au contraire, les exportateurs déclarent que leurs miels sont préférés, car en grande partie biologiques puisque la plupart des terres cultivées en Afrique n'utilisent pas de produits chimiques. Comme on peut s'y attendre, les résidus d'antibiotiques, de sulfamides, de pesticides et de métaux lourds sont inexistants dans ces miels », souligne-t-il.

Priorité à la qualité

Est-il possible de voir le miel africain sur le marché chinois dans un proche avenir ?

Lu Jiajun, dont la famille est impliquée dans l'apiculture depuis trois générations, et qui possède une entreprise de miel à Conghua, dans la province du Guangdong (sud-est de la Chine), a déclaré à CHINAFRIQUE qu'il est tout à fait possible que les consommateurs chinois soient intéressés par le miel biologique de haute qualité en provenance d'Afrique.

« Mais le premier défi pour les exportateurs africains sera tout d'abord de les convaincre », ajoute M. Lu. Cela s'explique par certains problèmes de qualité existants sur le marché intérieur chinois, tels que l'adultération des miels par l'addition de fructose et de glucose, qui a laissé les consommateurs préoccupés par la qualité des marques locales et importées, mais néanmoins toujours prêts à expérimenter.

« Je suis prête à essayer n'importe quel miel, quelle que soit son origine, à condition d'en savoir assez pour avoir confiance [envers le produit] », nous confie Mme Xie. Elle ajoute que par rapport à la réputation de la marque et la qualité du produit, le facteur prix reste moins important.

Mme Shang est du même avis. Elle prend pour exemple un miel fabriqué à l'étranger qui est vendu dans son supermarché. Le pot de 500 grammes se vend 199 yuans (30,06 dollars), soit près de quatre fois le prix du miel de haute qualité fabriqué en Chine, mais c'est un des articles les plus vendus dans le magasin.

« En vérité, le miel haut de gamme peut facilement trouver des consommateurs cibles », explique-t-elle.

En dehors de l'aspect commercial, des experts de l'industrie ont également appelé à la coopération en matière d'investissement et de technologie.

Chen Lihong, chercheur à l'Association de la science apicole de Chine s'est rendu en Tanzanie en 2004 pour étudier le secteur du miel de ce pays. Elle estime que le manque de technologie et de savoir-faire, une information commerciale insuffisante ainsi qu'une chaîne de production inadaptée constituent autant de défis à l'industrie apicole africaine.

« Dans ce contexte, je pense que l'aide et l'investissement dans le secteur seront projets intéressants sur lesquels nous pourrons travailler à l'avenir », conclut-elle.

 

Source: CHINAFRIQUE



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