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Publié le 24/05/2011
Le Tibet: aujourd'hui et demain

— interview accordée par Yang Chuantang, vice-président de la région autonome du Tibet

Jiang Wandi

EN mai, alors que le soleil brillait sur le plateau neigeux, la ville de Lhasa, où avaient lieu la première session de la VIP Assemblée populaire de la région autonome du Tibet et la première session de la VIIe Conférence consultative politique du peuple tibétain, était en effervescence. Lors de ces sessions, on a proposé qu'en 2002, le PIB du Tibet atteigne 13 milliards de yuan, soit une croissance annuelle de 10%, et que le revenu moyen des paysans et des bergers s'élève à 1 360 yuan par personne. On prévoit doubler le PIB de 2002 en 2015, année du 50e anniversaire de la région autonome du Tibet, afin que ce PIB par habitant atteigne le niveau moyen national.

Comment réaliser ce plan ambitieux? Quelle est la stratégie de développement économique du Tibet dans les 10 années à venir? A ce propos, Beijing Information a interviewé Yang Chuantang, vice-président de la région autonome du Tibet.

Beijing Information: A cause de conditions historiques et géographiques, le Tibet accuse un retard économique par rapport à d'autres régions du pays. Pourriez-vous nous présenter brièvement la situation actuelle du Tibet aux plans économique et social?

Yang: Il faut avouer que le Tibet est encore à un faible niveau du stade primaire du socialisme, lequel se manifeste par un faible niveau des forces productives, de la puissance économique d'ensemble et de l'éducation des habitants.

Selon Yang Chuantang, vice-président de la région autonome du Tibet, le Tibet vit aujourd'hui l'âge d'or de son développement.
PHOTO JIANG WAND

Beijing Information: Selon vous, quels sont les éléments qui freinent le développement économique du Tibet?

Yang: Je pense qu'il y en a trois: d'abord, l'agriculture et l'élevage ont une assise trop faible pour permettre le développement du secteur secondaire et du secteur tertiaire. Il faudrait un certain temps pour que les Tibétains résolvent le problème de la subsistance en comptant sur leurs propres forces. Actuellement, le Tibet n'est pas autosuffisant en céréales, en huile et en viande. Nous comptons réaliser l'autosuffisance d'ici la fin de ce siècle. Malgré sa grande superficie, le Tibet n'arrive pas à assurer la subsistance d'une population de 2,4 millions d'habitants. Cela montre combien sa base agricole est faible.

Ensuite les installations d'infrastructure y accusent un grand retard. Bien que le développement des télécommunications du Tibet ait connu un bon départ, les réseaux de télécommunication couvrent peu d'endroits si bien qu'il n'est pas facile de téléphoner. La longueur totale des routes est très considérable au Tibet, mais la route goudronnée ne totalise que 2 000 km. La capacité installée des générateurs de toute la région n'est que de 310 000 kW, et cette année, quoique le volume de la production de l'électricité soit le double de celui de 1992, il n'a atteint que 600 millions de kWh. Ainsi, peut-on en déduire la part de chaque habitant.

Enfin il faut considérer la pénurie des talents. D'une part, le niveau d'éducation du peuple tibétain est faible; d'autre part, les scientifiques et les techniciens n'y sont pas nombreux. Par rapport aux autres régions du pays, la proportion des diplômés de l'université, de l'école secondaire spécialisée par 1 000 personnes est très faible; les intellectuels qui y travaillent se concentrent pour la plupart dans l'éducation et la santé publique, tandis que d'autres secteurs importants, tels que la gestion de l'économie, le droit et les sciences sociales accusent une pénurie.

Beijing Information: Les éléments désavantageux que vous avez cités risquent-ils de vous faire induire à de sombres perspectives de développement pour le Tibet?

Yang: Non. Nous n'avons pas l'intention de mettre l'accent sur les difficultés insurmontables lorsque nous faisons le bilan de la conjoncture tibétaine. Par exemple, à quoi servirait-il de faire remarquer que le Tibet manque d'oxygène et est coupé de contact avec l'extérieur? Qui pourrait changer cette situation? Nous travaillons seulement sur les difficultés que nous pouvons surmonter grâce à nos efforts.

Beijing Information: Concernant la conjoncture tibétaine, comment le Tibet entend-il développer son économie?

Yang: Nous nous sommes déjà fixé quatre stratégies de développement économique. La première consiste en une «stratégie de transformation des ressources». Les ressources naturelles du Tibet sont abondantes et de nombreux minerais sont introuvables dans d'autres provinces. Par exemple, le Tibet recèle de riches gisements de chrome, de lithium, et sa mine de cuivre peut devenir la plus grande mine du genre en Asie. Jusqu'à maintenant, nous n'avons procédé qu'à une exploitation générale, c'est-à-dire extraire des minerais et les vendre. Selon la «stratégie de transformation des ressources», désormais, nous procéderons non seulement au traitement primaire mais aussi au traitement plus poussé, de façon à élever la valeur ajoutée des nos ressources naturelles et à créer davantage d'emplois.

Beaucoup de gens pensent que la terre du Tibet est infertile; en réalité, une grande superficie forestière couvre le sud-est du Tibet. Sa couverture forestière se classe au deuxième rang national; la réserve de bois vivant tient la première place au pays (presque 4 milliards de m3, et sa croissance annuelle est de 16 millions de m3). Grâce à l'application de la stratégie de transformation des ressources, nous pouvons développer vigoureusement l'industrie du bois d'œuvre et son traitement; cela permettra de transformer la supériorité des ressources en supériorité économique.

Centre de télécommunication récemment construit à Lhasa
PHOTO LIU QIJUN

La deuxième stratégie est une «stratégie de mise en valeur et d'ouverture». La mise en valeur se rapporte aux ressources locales et au développement intégral de l'agriculture, et notamment à la mise en valeur des bassins d'un fleuve et de deux rivières. Ceci permettra de promouvoir le développement économique de toute la région. L'ouverture signifie que le Tibet devra se sortir de l'isolement et s'ouvrir sur d'autres régiotis du pays et le monde entier. Nous ajoutons que les diverses régions du Tibet devront également s'ouvrir entre elles. Nous devons ouvrir non seulement notre marché, mais aussi notre esprit.

Les installations touristiques connaissent un développement remarquable au Tibet. Sur la photo, le Bâtiment du Tibet.
PHOTO Liu QIJUN

La troisième stratégie est une «stratégie de renouveau du Tibet par la science et la technologie», c'est-à-dire développer en priorité l'enseignement élémentaire pour élever le niveau d'éducation des Tibétains. Si tous les 2,4 millions d'habitants locaux devenaient des ingénieurs, vous inquiéteriez-vous de l'avenir du Tibet?

La quatrième stratégie est une «stratégie d'entraînement par les industries piliers». Vous savez que toutes les provinces ont leurs propres industries piliers, telles que l'industrie automobile, l'industrie chimique, l'industrie alimentaire, etc. La situation tibétaine se distingue de celle de l'intérieur du pays par sa population peu nombreuse et ses petits marchés de consommation. Par exemple, le film Titanic est projeté partout à l'intérieur du pays, mais le Tibet ne l'a pas introduit à cause de son petit marché de consommation. Nous déterminons et développons nos industries piliers sur la base de la réalité du Tibet.

Beijing Information: Nous savons que le Tibet est connu pour ses «cinq piliers», pourriez-vous nous les présenter brièvement?

Yang: Les «cinq piliers» sont les cinq industries clés locales. La première est l'industrie minière. Actuellement, sa valeur de production occupe déjà 18% de celle de la production industrielle du Tibet. Rien qu'en 1997, on a extrait à Bengna Zangbu, au nord du Tibet, une tonne d'or dont la recette de vente a atteint 64 millions de yuan, et le bénéfice brut a été de 32 millions de yuan. La plus grosse pépite d'or pesait 230 grammes.

La deuxième est l'industrie forestière. Le Tibet possède une grande superficie de forêt vierge où se trouvent les meilleurs sapins du monde et du bois d'œuvre de haute qualité. Le bois d'œuvre du Tibet se caractérise par sa résistance aux insectes nuisibles. C'est ainsi que notre industrie de traitement du bois d'œuvre, en particulier l'industrie des meubles, commence à se former. Actuellement, le Tibet compte six usines modernes de traitement du bois d'œuvre.

La troisième est l'industrie du bâtiment et celle des matériaux de construction. Ces dernières années, la somme engagée annuellement par le Tibet a atteint 3,5 milliards de yuan, dont 20% s'est transformée en valeur ajoutée. On peut dire que les matériaux de construction du Tibet sont inépuisables. Par exemple, le Tibet est riche en granit. La place du Potala est entièrement pavée de granits polis. C'est une œuvre rare dans le monde entier.

La quatrième est l'industrie du traitement des produits agricoles et d'élevage et l'artisanat tibétain. Actuellement, l'industrie locale du traitement des produits agricoles et d'élevage connaît un bon développement. Les objets d'artisanat tibétain, tels que les objets bouddhiques, les ustensiles d'or et d'argent sont très demandés dans le marché. L'industrie pharmaceutique tibétaine est en plein essor, certains médicaments traditionnels tibétains, tel celui destiné au traitement de la cardiopathie, jouissent d'une réputation mondiale.

La cinquième est le tourisme. Le Tibet est riche en ressources touristiques, comme par exemple bon nombre de paysages typiques et le mont Qomolangma. Par ailleurs, ces dernières années, ses installations d'infrastructure se sont beaucoup améliorées, tel que le prouvent sa capacité d'accueil, sa gestion et le niveau de son service. Auparavant, le Tibet ne recevait que des touristes étrangers; maintenant, avec l'amélioration des conditions de vie du peuple chinois, le tourisme connaît une bonne perspective au Tibet.

L'artisanat du Tibet a de bonnes perspectives tant sur le marché chinois que sur le marché étranger. Sur la photo, un vieil artisan travaille à un article en argent.
PHOTO Ll YUE

Beijing Information: En 1994, le gouvernement central a exigé que le Tibet maintienne son rythme de croissance à 10% dans les quelques années à venir. Pour le Tibet, cet objectif est-il difficile à atteindre?

Yang: C'est un objectif qui attire l'attention de tous. De 1994 jusqu'à aujourd'hui, notre économie a toujours maintenu un rythme de croissance de 13,2%. En 1995, cette croissance a atteint 17,9%. On est persuadé que l'économie tibétaine se développera à ce rythme d'ici la fin du siècle. Néanmoins, au point de vue du développement ultérieur, les éléments et les contradictions qui contrecarrent le développement de l'économie tibétaine, tels l'irrationalité de la structure des secteurs de production, la structure des produits, l'exploitation extensive ainsi que la faible croissance des marchés, se développeront de plus en plus. Ils nous faudra longtemps pour résoudre ces problèmes.

En somme, nous sommes conscients de l'urgence du développement du Tibet. Bien que le Tibet ait connu un grand changement depuis une quarantaine d'années, il existe encore un énorme écart par rapport aux autres provinces du pays. Aujourd'hui, le Tibet vit l'âge d'or de son développement puisqu'il bénéficie de l'assistance du gouvernement central et du reste du pays. Tous les 2,4 millions de Tibétains ont l'ambition de faire entrer le Tibet dans une ère de prospérité et de solidarité. Etant donné que nous avons un groupe de direction solidaire et une stratégie de développement complète, nous sommes convaincus que le Tibet réalisera, de concert avec d'autres régions du pays, la modernisation au milieu du XXIe siècle.

 

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