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Publié le 24/05/2011
La réforme démocratique: un cours inéluctable du développement socialiste du Tibet

Zhou Wu

AU moment où la République populaire de Chine célébrait son 50e anniversaire, le Tibet, l'une des régions autonomes d'ethnies minoritaires de Chine, vivait aussi une période de réjouissances marquant le 40e anniversaire de la réforme démocratique du Tibet.

La réforme démocratique du Tibet, qui a eu lieu en 1959, est considérée comme un événement important dans l'histoire moderne du Tibet. Elle touche non seulement le développement et le progrès du Tibet, mais aussi l'émancipation de millions de serfs du servage féodal sous lequel ils vivaient, ce qui leur a permis de devenir les maîtres de la société tibétaine.

Pourquoi une réforme démocratique?

Le Tibet est passé au système féodal au Xe siècle, suite à l'effondrement du royaume Tubo, et le servage a été établi à son tour au XIIIe siècle. Au milieu de ce siècle, le Tibet a été inclus dans l'administration unifiée de la dynastie des Yuan (1271-1368). Le gouvernement central a alors offert aux dirigeants locaux du Tibet des postes officiels héréditaires, et le système de seigneuriage féodal a ainsi été renforcé et approfondi davantage.

L'ancien Tibet était fortement hiérarchisé. Sa société se divisait en deux classes antagonistes: les propriétaires de serfs et les serfs. Les propriétaires de serfs (composés par les trois propriétaires importants de domaines: les monastères, les aristocrates et les autorités locales), qui représentaient 5% de la population du Tibet, possédaient à peu près la totalité des terres, des pâturages, des forêts ainsi que le gros cheptel et les outils agricoles, alors que les 95% restants — les serfs — n'avaient plus un seul arpent de terre ou de pâturage. De plus, comme les serfs appartenaient personnellement aux propriétaires, ils étaient obligés de fournir la corvée et le fermage à leur maître. Les Tibétains âgés de plus de 40 ans se rappellent aujourd'hui encore du nom de leur propriétaire.

Une distinction bien claire existait entre ces deux classes: les propriétaires de serfs jouissaient du pouvoir absolu d'opprimer et d'exploiter les serfs. Le «Code en 13 articles» et le «Code en 16 articles», lois de l'ancien Tibet formulées au XVIIe siècle et en vigueur pendant plus de 300 ans, ont divisé de façon stricte le peuple en trois classes et neuf échelons: le peuple de la classe supérieure comprenait les nobles, les grands trulkou (bouddhas vivants) et les hauts fonctionnaires; le peuple de la classe moyenne était composé des fonctionnaires ordinaires, clercs et laïques, des officiers subalternes et des intendants de la classe supérieure; enfin le peuple de la classe inférieure était constitué des serfs et des esclaves. Conformément à ces codes, la valeur de la vie de la personne du premier échelon de la classe supérieure était mesurée au poids de son corps en or, tandis que celle de la personne de l'échelon le plus bas de la classe inférieure ne valait qu'une cordée de paille. Depuis l'époque du royaume Tubo jusque dans les années 1950, le Tibet a vécu la domination d'un système hiérarchique et les punitions cruelles et sauvages. L'espérance de vie n'était que de 36 ans et le taux d'analphabétisme atteignait 90% de la population.

Dans la deuxième moitié de 1951, en vertu de l'accord signé entre le gouvernement populaire central et le gouvernement local du Tibet sur les mesures de libération pacifique du Tibet (connu sous le nom d'Accord de libération pacifique du Tibet en 17 points), l'Armée populaire de Libération (APL) a été stationnée au Tibet et a libéré la région de manière pacifique.

Des serfs du manoir Palha préparent du fourrage pour les chevaux.
PHOTO ZHAO MINJUN

En vertu de cet accord, toutes les forces impérialistes d'agression et leurs influences devaient être éliminées. De plus, il était dit: «concernant la réforme du Tibet, il n'y aura pas de contrainte de la part du gouvernement central. Le gouvernement local devra prendre l'initiative des réformes sociales, et il devra consulter tous les dirigeants du Tibet pour trouver la solution quand le peuple demandera une réforme». Dans ce sens, l'accord confirmait le cours inéluctable de la réforme du système social du Tibet.

Au cours de son implantation, les conditions historiques et réelles du Tibet, les coutumes locales et les intérêts des dominants locaux ont été prises en considération, dans le but de réaliser en douceur l'objectif de la révolution. Ces mesures correspondaient également aux intérêts du peuple tibétain. En 1956, le gouvernement central a pris la décision de «ne pas effectuer de réforme au Tibet durant les six années à venir». Cette politique était en effet une autre concession du gouvernement central faite dans l'espoir que certains des hauts fonctionnaires tibétains prennent conscience de la nécessité de la réforme et que soit finalement réalisée la réforme pacifique.

Ainsi, au début, sur le plan économique, les intérêts des propriétaires de serfs ne furent point touchés. Les serfs tibétains continuaient à offrir la corvée non rémunérée, à payer le fermage et des intérêts à taux usuraire; sur le plan politique, aucun changement n'a été apporté au système politique local. A tous les échelons, les anciens fonctionnaires conservaient leurs postes, dominaient les affaires gouvernementales, jouissaient du dernier mot dans les affaires juridiques, collectaient les impôts et sévissaient contre les serfs ou les exécutaient à leur guise. Le servage féodal du Tibet coexistait donc avec la réforme agraire du système socialiste, la démocratie et le socialisme en vigueur dans le reste de la Chine.

Or, la clique réactionnaire de la couche supérieure du Tibet s'opposa à la réforme et refusa d'accorder la reconnaissance des droits humains au peuple. Cette clique était mécontente de la politique de «non-réforme durant six ans» et déclara que «la réforme n'aura jamais lieu» au Tibet. En 1958, des membres en exil de la Conférence populaire du Tibet publièrent le journal Miroir Tibétain, qui propageait que l'ancien système du Tibet était merveilleux. Ces membres juraient de maintenir ce système par tous les moyens possibles, pacifiques ou violents. Certains fonctionnaires du gouvernement local du Tibet, de connivence avec les rebelles, les supportèrent. Par conséquent, de plus en plus de rebellions se produisirent. Les institutions du gouvernement central et les unités de l'APL stationnées au Tibet furent attaquées, les biens de l'Etat, pillés, des innocents, massacrés et des femmes, violées. En dépit des avertissements répétés du gouvernement central, les rebelles déchirèrent publiquement l'Accord en 17 points, en mars 1959, et ils proclamèrent l'«indépendance du Tibet». Dans la nuit du 19 mars, l'offensive contre les institutions du gouvernement central et les unités de l'APL en garnison à Lhasa s'était généralisée. Le règlement pacifique de la question du Tibet était donc devenu impossible et la politique de «non-réforme au Tibet durant six ans», interrompue. Pour maintenir l'unité nationale, le gouvernement central a alors lancé l'ordre de réprimer les rebellions. Le Tibet est donc entré dans une nouvelle ère

Dans l'ancien Tibet, les serfs qui ne pouvaient plus supporter l'exploitation et l'oppression s'étaient levés plusieurs fois pour s'opposer aux autorités du Tibet et à leurs propriétaires. Cependant, chaque fois, ils avaient dû s'incliner sous la répression de leurs propriétaires.

Après la libération pacifique du Tibet, de plus en plus de serfs ont reconnu qu'eux seuls avaient nourri les dominants, créé les trésors du Tibet et que, par conséquent, ils devaient être les vrais maîtres de la société tibétaine. Les serfs ont donc demandé impérieusement une réforme et l'abolition du servage pour reprendre leurs terres et faire reconnaître leurs droits humains.

Dainzin, qui a été serf pendant 28 ans au manoir Palha, possède sa propre vache depuis la réforme démocratique.
PHOTO ZHANG GUANGRONG

Le Comité préparatoire de la région autonome du Tibet a convoqué la deuxième session plénière en juin 1959, à laquelle participèrent des représentants des travailleurs. Après avoir procédé à d'amples consultations avec tous les représentants, la Résolution sur la réforme démocratique au Tibet a été adoptée. Dans cette résolution, étaient réitérées les instructions sur la voie pacifique à suivre pour la réforme démocratique et déclarées l'émancipation des serfs et l'abolition du système de servage.

La lutte contre la rébellion, l'abolition de la woula (corvée non rémunérée au bénéfice des propriétaires de serfs), la fin de la servitude et le déclenchement d'une campagne pour la réduction du fermage et des taux usuraires ont constitué la première période. En vertu de la politique «qui cultive, récolte», sur les terres qui étaient jusqu'alors la propriété des seigneurs et des intendants engagés dans la rébellion, la récolte est à ceux qui ont semé; les fermages doivent être réduits suivant la formule des «2:8»: 80% de la récolte aux fermiers et le reste, versé comme fermage, aux propriétaires et aux intendants non rebelles; on doit annuler toutes les dettes contractées avant 1958 par les travailleurs envers les propriétaires et réduire les taux d'intérêt: ils ne pourront désormais excéder 1% par mois.

Vers la fin de la réforme démocratique en 1960, selon les statistiques, les dettes annulées entre 1959 et 1960 équivalaient à 400 millions de kg de céréales, ce qui a libéré radicalement les serfs de leurs lourds fardeaux.

En septembre 1959, le Comité préparatoire de la région autonome du Tibet a organisé la troisième session plénière et a adopté la Résolution sur l'abolition du système féodal de propriété des terres et sur l'établissement du système de propriété des terres par les paysans Cette résolution a satisfait la demande équitable des serfs pour une émancipation globale.

La résolution comprenait des mesures comme la confiscation des moyens de production des seigneurs et de leurs intendants engagés dans la rébellion, suivie de la répartition de ces biens entre les paysans et les pasteurs pauvres, lesquels avaient en outre à se partager les biens rachetés par l'Etat aux propriétaires de serfs et à leurs intendants non rebelles.

Le jour de la distribution des terres, du bétail et des outils agricoles fut le jour le plus heureux pour les serfs. Ces derniers n'avaient jamais pensé, même en rêve, qu'ils pourraient posséder un jour leurs propres terres, leurs propres bœufs de labour, ainsi que leurs propres outils agricoles. Pour leur part, les serfs de la classe moyenne ont reçu eux aussi la propriété des terres sur lesquelles ils labouraient, et les esclaves ont obtenu la maison, la terre et les nécessités de vie. Les serfs et les esclaves ont brûlé tous les documents et les livres de comptes dans lesquels étaient enregistrées leurs dettes, chanté et dansé autour du feu. A la fin de 1960, les serfs et les esclaves possédaient 186 000 ha de terres, soit 0,23 ha par personne.

Selon la politique, les terres, le bétail, les outils agricoles et les maisons en surplus des propriétaires de serfs et leurs intendants non rebelles furent rachetés par l'Etat. Plus de 60 000 ha de terres, 820 000 têtes de bétail, 20 000 outils agricoles et 64 200 maisons ont donc été rachetés au prix moyen du marché. L'argent du rachat devait être payé par le gouvernement durant 8 à 13 ans. En septembre 1961, plus de 2 000 occupants ont obtenu le certificat de rachat et ont reçu leur premier payement. Les patriotes progressifs qui n'avaient pas participé à la rébellion ont obtenu leur poste, voire ont été nommés à un poste de direction du Comité préparatoire de la région autonome du Tibet.

Fin 1961, les principales tâches de la réforme démocratique étaient achevées.

La réforme ouvre la voie de la prospérité

La réforme démocratique a renversé le système archaïque du servage, émancipé un million de serfs et leur a assuré la dignité humaine. Elle a fondamentalement transformé la situation des droits de l'homme au Tibet et ouvert la voie au développement social du Tibet.

Serfs et esclaves de Namgang du district de Doilumgdeqen célèbrent leur émancipation (1959).
PHOTO CHEN ZONGLIE

Après avoir réprimé la rébellion en 1959, le gouvernement central a immédiatement dissous le Gaxag, l'ancien gouvernement tibétain, et mis fin à son système militaire, judiciaire et pénitentiaire. En avril 1960, conformément à la résolution du comité préparatoire de la Région autonome du Tibet, le Tibet a procédé à la refonte de sa division administrative, établissant des gouvernements populaires dans sept préfectures, 72 districts, 20 régions, une ville et 300 bourgs. Les dirigeants de ces gouvernements ont été élus à des assemblées populaires.

Au cours de l'été 1961, la région a engagé les préparatifs pour l'établissement des assemblées et des comités populaires à différents niveaux à travers des élections générales. En juillet de cette même année, la ville de Gurum, dans le comité de Doilungdeqen, a tenu la première assemblée populaire et établi le premier district populaire de bourg à travers des élections démocratiques. Par la suite, des élections générales ont eu lieu à travers tout le Tibet afin d'élir des comités populaires à la base.

Dans ce contexte, le district de Nedong dans la préfecture de Shannan a tenu sa première assemblée populaire en mars 1963 et élu le premier comité populaire à l'échelon du district au Tibet. En août 1965, les élections au niveau des districts et des bourgs étaient pratiquement terminées et la plupart des districts et des bourgs avaient élu leurs dirigeants à travers des assemblées populaires. Une structure politique, dont la plupart des membres étaient d'anciens serfs et esclaves, a pris forme et des députés à l'assemblée populaire de la région autonome du Tibet ont été élus.

Les élections générales et les systèmes politiques à l'échelon des districts et des bourgs, fondés grâce à des élections démocratiques, ont marqué la réalisation du droit authentique des serfs à devenir maîtres de leur propre destin. La population a exercé son droit de voter et de se porter candidats aux élections, et ses opinions ont été reflétées par les députés qu'elle a élus. Une situation aux antipodes de celle qui prévalait sous le système du servage féodal, où elle était privée de tous les droits politiques. La création des gouvernements populaires a représenté un changement radical au Tibet. Elle a aussi inculqué aux Tibétains leurs premières leçons de politique. La répression de la rébellion, le lancement de la réforme démocratique et l'organisation d'élections générales ont permis à un grand nombre d'anciens serfs et esclaves d'occuper des postes de direction. En 1965, le nombre de cadres autochtones s'élevait à 16 000, dont 4 000 occupaient des postes dirigeants. Signe encore plus encourageant, des femmes comme Balsang, qui jusqu'alors étaient reléguées au dernier rang de la société féodale, étaient élues et nommées à des fonctions clefs.

Le but ultime de la réforme démocratique était de libérer les forces productives et d'améliorer les conditions de vie de la population en abolissant les droits de propriété des grands seigneurs féodaux et en rendant la terre aux paysans. Lorsque la réforme agraire eut été achevée durant le printemps 1960, les serfs émancipés sont pour la première fois devenus propriétaires de leurs terres et ont commencé à travailler à leur compte, ce qui a provoqué un grand enthousiasme pour l'agriculture. Ils ont également reçu l'aide du comité de travail du PCC pour le Tibet, du comité préparatoire et de leurs organismes subordonnés. Les comités ont envoyé des cadres et des groupes de travail dans les

zones rurales pour aider les paysans à s'entraider, à surmonter les difficultés dues à la privation de bêtes de somme et d'instruments agricoles et verser des prêts aux familles paysannes en difficulté. Grâce à des efforts surhumains et à une gestion méticuleuse, une récolte exceptionnelle fut enregistrée en 1960. Cette année-là, la production céréalière dépassa 205,9 millions de kg, une augmentation de 12,6% par rapport à 1959 et de 17,5% par rapport à 1958. Le cheptel s'est accru de 10% par rapport à 1959 pour atteindre 10,55 millions de têtes.

De 1961 à 1965, le Tibet a accompli des progrès constants à la lumière du principe du «développement stable» formulé par le gouvernement central. Formant des équipes d'entraide, les paysans et les éleveurs travaillaient main dans la main afin d'améliorer les conditions de production. Ils transformèrent les terres agricoles à bas rendement en construisant des canaux d'irrigation, en achetant de nouveaux instruments agricoles et en améliorant les anciens. En rejetant les superstitions séculaires et en appliquant de meilleures méthodes de culture, leur créativité et leur génie purent se déployer. Au cours de cette période, l'Etat octroya également des prêts aux paysans pauvres, fournit des semences, du grain et des outils agricoles et forma des agronomes, augmentant ainsi l'échelle de production et diffusant des techniques avancées. Après plusieurs années d'efforts, l'agriculture tibétaine a commencé à se développer rapidement. En 1965, la production de grain a atteint 290 millions de kg, un accroissement de 66,1% par rapport à 1958 et le cheptel s'est également accru d'année en année.

Grâce à diverses campagnes, la population a commencé à jouir de meilleures conditions d'existence et la pauvreté absolue a été pratiquement éradiquée.

Le Tibet a également réalisé des progrès remarquables dans le domaine de l'industrie, des transports, des communications, du commerce, de la culture et de l'éducation. Après la réforme démocratique, le Tibet a intensifié la construction de routes, de sorte qu'en 1965 il comptait 14 721 km de routes, soit 1,6 fois plus qu'en 1958, desservant pratiquement 90% des districts de la région. Un réseau routier partant de Lhasa reliait le Tibet au reste de la Chine. Grâce à ces nouvelles infrastructures, le Tibet a pu développer encore davantage son industrie et son agriculture.

Après cinq ans de développement régulier dû à la réforme démocratique, le Tibet était désormais capable de progresser rapidement sur les plans social et culturel en consolidant les structures politiques à la base et en améliorant la formation des cadres, jetant ainsi des bases solides pour l'autonomie régionale du Tibet au sein de la Chine.

Avec l'aval du Comité permanent de l'APN, la première assemblée populaire de la région autonome du Tibet a eu lieu le 1er septembre 1965, marquant la fondation officielle de la région autonome. L'assemblée populaire régionale, composée principalement de serfs et d'esclaves émancipés et de patriotes de tous les couches sociales, exercera désormais l'autonomie régionale en conformité avec la Constitution. L'assemblée populaire élut les principales organisations de la région et élabora des plans pour créer un Tibet prospère et socialiste.

La naissance de la région autonome du Tibet fut le résultat direct de la réforme démocratique.

 

 
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