La vérité sur l'affaire de Liu Shaoqi |
(Publié le 24 mars 1980) Selon les enquêtes de la Commission centrale de contrôle de la discipline (C.C.C.D.) et d'innombrables témoignages fournis par des révolutionnaires de la vieille génération, il a été décidé d'annuler les chefs d'accusation imputés à Liu Shaoqi: «renégat, agent de l'ennemi et traître à la classe ouvrière». L'innocence de celui-ci vient d'être établie à la 5e session plénière du C.C. issu du 11e congrès du Parti. Originaire du district de Ningxiang, province du Hunan, l'ex-vice-président du Comité central du Parti communiste chinois et ex-président de la République, Liu Shaoqi, est né en 1898. Il adhère en 1920 à la Ligue de la jeunesse socialiste chinoise et en 1921 au Parti communiste chinois. Il est promu à d'importants postes de direction du Parti. Il a été destitué au cours de la Révolution culturelle et il est mort le 12 novembre 1969 non innocenté. Les enquêtes destinées à vérifier le cas de Liu Shaoqi, faites pendant environ un an par la C.C.C.D., prouvent que les accusations lancées par Lin Biao, Jiang Qing, Chen Boda, Zhang Chunqiao et consorts contre Liu Shaoqi sont toutes sans fondement. Le «rapport de vérification» sur les activités de Liu Shaoqi en 1925, 1927 et 1929 fabriqué par cette bande en 1968 l'accuse d'avoir «trahi et capitulé devant l'ennemi», et d'être «un agent de l'ennemi, un traître à la classe ouvrière». Ils ont rassemblé des dossiers falsifiés, des faux témoignages, des dépositions fallacieuses obtenues par la contrainte tout en rejetant les témoignages véridiques. La 12e session plénière du C.C. issu du 8e congrès du Parti a adopté en octobre 1968, d'après les données du rapport, une résolution qui imposait au camarade Liu Shaoqi l'étiquette infâmante de «renégat, agent de l'ennemi et traître à la classe ouvrière», l'excluant définitivement du Parti et le destituant de toutes ses fonctions au sein et en dehors du Parti, conclut la Commission. Cette résolution a été adoptée à un moment où le travail du Comité central et la vie du Parti étaient dans un état extrêmement anormal. Il s'agit là de l'injustice la plus criante de l'histoire du Parti communiste chinois. L'agence Xinhua vient de publier trois articles sur les activités révolutionnaires de Liu Shaoqui en 1925, 1927 et 1929. 1925. Le 30 mai, massacre de nombreux Chinois à Shanghai par les impérialistes. Liu Shaoqi, alors âgé de 27 ans, est vice-président du comité exécutif de la Fédération des syndicats de Chine. Suivant les directives du C.C. du Parti, il prend part à la direction des luttes à Shanghai: grève générale des ouvriers, des commerçants et des étudiants. Cette lutte est connue sous le nom de «mouvement du 30 Mai». Fatigué par de longues années de travail, il est gravement malade. Il retourne à Changsha, dans le Hunan, en novembre de la même année pour s'y soigner. Mais il est arrêté en décembre par la garnison de la ville aux ordres du seigneur de guerre Zhao Hengti. Lors de sa détention, les syndicats et d'autres groupements populaires des diverses régions du pays condamnent Zhao Hengti, envoyant télégramme sur télégramme. Sous la pression de l'opinion publique, Zhao est obligé de le relâcher en février 1926 en l'expulsant du Hunan. Libéré, il arrive à Guangzhou où il prend part à la direction de l'importante grève anti-impérialiste qu'avaient déclenchée les ouvriers du Guangdong et de Hongkong. D'innombrables faits historiques montrent que les accusations du «rapport de vérification» sur Liu Shaoqi, le taxant de «lâcheté devant là lutte» et l'accusant d'avoir «capitulé» et «trahi», ne sont que des calomnies. 1927. Le 3 avril, massacre de Chinois à Hankou par des marins japonais. Liu Shaoqi dirige alors au nom du syndicat la lutte contre les impérialistes japonais. Les accusations du «rapport de vérification» présentent Liu Shaoqi comme «le chef du groupe de travail du mouvement ouvrier du Comité central du Kuomintang», «espion et agent de l'ennemi» et prétendent que le Kuomintang a recouru au stratagème d'arrêter Liu pour tromper les gens. Les enquêtes montrent que toutes ces accusations ne sont que de pures fabrications et que les aveux du témoin Ding Juequn ont été arrachés par la contrainte. En ce qui concerne le crime d'avoir exigé des piquets ouvriers qu'ils rendent les armes au Kuomintang, il est dû à la ligne opportuniste de droite appliquée par le Comité central du Parti ayant à sa tête Chen Duxiu qui s'est soumis aux exigences du gouvernement de Wuhan de Wang Jingwei. C'est le Comité central qui devait assumer la responsabilité principale et non Liu Shaoqi. 1929. Liu Shaoqi, à Shenyang, est secrétaire du comité provincial clandestin du Parti communiste chinois pour la Manchourie. Il est arrêté le 22 août de cette année à l'usine textile de Fengtian. Le «rapport de vérification» l'accuse d'avoir «avoué sa véritable identité» et «trahi son organisation», ajoutant que «beaucoup de communistes furent tués» par la suite. La réalité, c'est que Liu Shaoqi et Meng Yongqian, ce dernier étant chef du département organisationnel du comité provincial du Parti, sont libérés par les autorités de Manchourie quinze jours après faute de preuves. Tous les faux témoignages de l'époque, obtenus par la contrainte et la suggestion, sont en contradiction avec les informations données par ceux qui ont réellement vécu la situation. Avant la rédaction du «rapport de vérification», le principal témoin Meng Yongqian a renié la fausse déclaration qu'il avait écrite sous la contrainte. Il a écrit plus tard une vingtaine de déclarations pour rétablir la vérité, mais elles ont toutes été interceptées par le groupe d'enquête contrôlé par Lin Biao, Jiang Qing et consorts et ne sont jamais parvenues au Comité central du Parti. Beaucoup de camarades, qui ont travaillé pour le Parti dans la clandestinité en Mandchourie et qui sont encore en vie, ont affirmé et prouvé qu'aucun autre camarade ne fut impliqué après l'arrestation de Liu Shaoqi. En conséquence l'accusation selon laquelle «beaucoup de communistes furent tués» ne tient pas debout.
Beijing Information |