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Publié le 19/05/2011
Décision du Comité central du Parti communiste chinois sur la réforme du système économique

(Publié le 29 octobre 1984)

(Adoptée le 20 octobre 1984 par la troisième session plénière du Comité central issu du 12e congrès du Parti

La troisième session plénière du Comité central issu du 12e congrès du Parti communiste chinois a analysé la situation économique et politique actuelle du pays et a dressé le bilan des expériences, tant positives que négatives, acquises dans l'édification socialiste, en particulier de celles accumulées durant ces dernières années dans la réforme des systèmes économiques aussi bien des villes que des régions rurales; cette session estime unanimement que, dans la perspective globale d'édifier un socialisme à la chinoise en combinant les principes fondamentaux du marxisme avec les réalités chinoises, il convient de poursuivre la politique de réactivation de l'économie à l'intérieur et d'ouverture sur l'extérieur, et d'accélérer la réforme structurelle globale de notre économie - et ce, surtout dans les villes - de façon à réunir de meilleures conditions permettant de créer une situation nouvelle dans la modernisation socialiste.

I. La réforme constitue un impératif du développement de notre pays à l'heure actuelle.

La réforme structurelle de l'économie est à l'étude et a été mise en pratique depuis déjà quelques années dans notre pays. En décidant de concentrer désormais l'activité de tout le Parti sur l'édification économique, la troisième session plénière du Comité central issu du 11e congrès avait déjà souligné que, pour réaliser la modernisation socialiste, il était indispensable de procéder à une telle réforme. Depuis lors, tout le Parti a réalisé un travail considérable en vue de rétablir le cours normal des choses et de réorganiser l'économie nationale, la réforme étant alors essentiellement menée dans les régions rurales. En dissipant la confusion qui régnait sur le plan des idées directrices et en accomplissant ainsi un grand tournant historique, le 12e congrès du Parti a défini explicitement la tâche de mener une réforme systématique des structures économiques, et précisé que celle-ci représente la garantie essentielle dans la poursuite de notre voie socialiste et la réalisation de la modernisation socialiste. Ces deux dernières années, et surtout cette année, le Comité central du Parti et le Conseil des affaires d'Etat ont pris de nombreuses décisions capitales et émis des directives importantes qui ont amplifié la réforme en largeur comme en profondeur.

Ainsi, la réforme a commencé par enregistrer d'immenses succès dans les régions rurales. Si la production agricole - qui, pendant des années, a été pour nous une cause de soucis - a pu, en un court laps de temps, connaître un vif essor qui a démontré la puissante vitalité de notre agriculture socialiste, c'est essentiellement parce que nous avons eu l'audace de briser le carcan des idées «de gauche», de rejeter un système qui n'était pas adapté au développement des forces productives de notre agriculture et de généraliser le système forfaitaire de production, donnant ainsi libre cours à l'esprit d'initiative socialiste de nos 800 millions de paysans. A l'heure actuelle, cette réforme se poursuit dans les campagnes, et l'économie rurale commence à s'orienter vers la spécialisation, la commercialisation et la modernisation. Cette situation nous fait un devoir de favoriser la circulation des marchandises entre les villes et les régions rurales, afin d'ouvrir le marché urbain aux produits agricoles fournis en quantité croissante et de satisfaire en même temps les besoins sans cesse accrus des paysans en matière de produits industriels, de connaissances scientifiques et techniques, de culture et d'éducation. Le succès de la réforme expérimentée dans les campagnes ainsi que les exigences nouvelles nées dans les villes avec l'essor de l'économie rurale, tout cela constitue autant de conditions très favorables pour la réforme structurelle de toute notre économie, qui est centrée sur celle de l'économie urbaine.

En vue de cette réforme, nous avons multiplié, ces dernières années, les essais, accompli un vaste travail d'exploration et pris des mesures importantes; nous avons ainsi enregistré des résultats notables et acquis des expériences importantes, si bien que la vie économique a connu une activité qui n'avait plus existé depuis des années. Toutefois, les mesures de réforme déjà prises ne constituent qu'un début, les multiples défauts du système économique urbain - lesquels entravent sérieusement le développement des forces productives - n'ayant pu encore être radicalement supprimés. Ainsi, à l'heure actuelle, la rentabilité des entreprises urbaines reste toujours très faible et les immenses potentialités de l'économie des villes sont encore bien loin d'avoir été exploitées, tandis que les pertes et les gaspillages de toutes sortes sur les plans de la production, de la construction et de la circulation représentent toujours un problème très grave; aussi, l'accélération de la réforme constitue-t-elle un impératif inhérent au développement de l'économie urbaine. En tant que centres économiques, politiques, scientifiques, techniques et culturels de notre pays, où se trouvent concentrées les industries modernes et la classe ouvrière, les villes jouent un rôle prédominant dans la modernisation socialiste. Donc, seule une réforme ferme et systématique peut permettre à l'économie urbaine de prospérer, de s'adapter aux besoins de la réactivation économique à l'intérieur et de l'ouverture sur l'extérieur, de jouer véritablement le rôle dirigeant qui lui revient et de donner une impulsion à toute l'économie nationale en vue d'un développement plus harmonieux et plus rapide.

Par ailleurs, on ne saurait négliger le fait que la nouvelle révolution technologique qui se fait jour à travers le monde constitue pour le développement économique de notre pays aussi bien une nouvelle chance qu'un défi. Dans ces conditions, la réforme devient d'autant plus urgente que notre système économique doit se montrer plus capable d'assimiler les acquis les plus récents de la science et de la technique, de stimuler le progrès scientifique et technique et de créer de nouvelles forces de production.

A l'heure actuelle, notre pays voit se consolider sans cesse la situation politique faite de stabilité et d'unité; le réajustement économique ayant enregistré des succès importants, l'économie nationale connaît un essor soutenu; les principaux indices du sixième plan quinquennal ont été atteints avant terme; la situation financière de l'Etat s'est améliorée progressivement; tous les camarades du Parti et notre peuple multinational tout entier sont animés d'une confiance beaucoup plus grande envers l'œuvre de modernisation socialiste et leur désir d'accélérer la réforme des structures économiques est devenu encore plus vif. La consolidation générale des organisations du Parti - qui s'effectue dans de saines conditions au niveau des instances centrales, des provinces, des régions autonomes et des municipalités relevant directement des autorités centrales - a permis ou permet à tous les secteurs de mieux concrétiser dans leur travail l'idée directrice de la modernisation et de mieux comprendre l'orientation à suivre dans la réforme. Maintenant que les conditions en sont réunies, nous devons et pouvons définir et expliquer plus en détail les problèmes touchant à la réforme générale des structures économiques, afin de permettre à tous les camarades du Parti, et en particulier aux cadres dirigeants, d'en avoir une conception identique et une meilleure connaissance, de façon que la réforme soit menée avec plus d'efficacité et que la supériorité du socialisme puisse s'affirmer avec plus d'éclat. Le Comité central a l'espoir - et d'ailleurs la conviction - que, de même que la troisième session plénière du Comité central issu du 11e congrès du Parti avait joué un rôle historique en rétablissant le cours normal des choses, en avançant l'idée de la réforme et en encourageant celle-ci dans les régions rurales, la troisième session plénière du Comité central issu du 12e congrès contribuera dans une mesure aussi importante à l'élaboration d'un plan global de réforme et à l'accélération de son processus, de façon à promouvoir la réforme structurelle de toute notre économie, qui est centrée sur les villes.

II. La réforme vise à établir une structure économique socialiste pleine de vitalité.

La naissance de la République populaire de Chine et l'instauration du système socialiste ont mis fin à l'histoire de l'ancienne Chine semi-féodale et semi-coloniale, qui fut celle de plus d'un siècle de profondes calamités pour notre peuple; le système d'exploitation a alors été aboli et notre peuple multinational est devenu réellement le maître du pays. Sous la direction du Parti communiste chinois, notre peuple a déployé depuis d'âpres efforts qui ont permis d'instaurer un système industriel et une économie nationale qui sont indépendants et relativement complets; grâce à ces immenses succès irréalisables sous l'ancien régime, nous avons créé la base matérielle indispensable pour l'édification d'une Chine socialiste moderne à la fois forte et prospère, démocratique et hautement civilisée. Cette expérience historique a rendu notre peuple multinational profondément conscient que seul le socialisme peut sauver la Chine.

Les fondateurs du marxisme avaient prédit qu'après l'abolition du système d'exploitation, le socialisme permettrait d'atteindre une productivité plus élevée et de développer les forces productives à un rythme plus rapide. Les profonds changements réalisés dans notre pays durant les 35 années qui ont suivi la fondation de la République populaire constituent une première manifestation de la supériorité du système socialiste. Mais il importe de souligner que celle-ci n'a pas encore été utilisée aussi pleinement qu'il convient. En dehors de raisons historiques, politiques et idéologiques, cet état de choses s'explique essentiellement, du point de vue économique, par le fait que la structure économique s'est sclérosée, au point de ne plus s'adapter aux exigences du développement des forces productives de la société. Les principales tares de cette structure consistent en ceci: absence de séparation entre les attributions des organes administratifs et celles des entreprises; cloisonnement sur le plan vertical comme sur le plan horizontal; contrôle excessif et trop rigide de l'Etat sur les entreprises; négligence du rôle de la production marchande, de celui de la loi de la valeur et de celui du marché; égalitarisme poussé en matière de répartition. Le résultat, c'est que les entreprises se trouvent privées des pouvoirs de décision dont elles devraient jouir; que ces mêmes entreprises mangent à la «marmite» de l'Etat, et les travailleurs mangent à celle des entreprises; et que l'ardeur, l'initiative et l'esprit créateur de la masse des travailleurs et des entreprises ont été étouffés et l'économie socialiste qui aurait dû déborder de vitalité a perdu dans une grande mesure sa vigueur.

Dans les premières années qui ont suivi la fondation de la République populaire et au cours de la réalisation du premier plan quinquennal, face à la lourde tâche d'unifier les activités financières et économiques du pays, d'accomplir la transformation socialiste de l'industrie et du commerce capitalistes et d'entreprendre sur une vaste échelle et selon un plan notre édification économique, nous avons établi progressivement un système unifié et centralisé dans le pays. A cette époque, l'Etat n'avait pas encore exercé un contrôle trop rigide dans beaucoup de domaines; qui plus est, nous avions tenu compte des réalités chinoises et fait preuve de beaucoup d'esprit créateur en ce qui concerne les méthodes à appliquer et les étapes à franchir dans la transformation socialiste. Cependant, lorsque celle-ci a été pratiquement achevée et que le développement économique de notre pays a pris une envergure croissante, les mesures que nous avions prises à l'origine pour limiter et transformer l'industrie et le commerce capitalistes n'étaient plus adaptées à la situation nouvelle et les défauts résultant d'un système économique trop centralisé commencèrent à se manifester progressivement. En 1956, lors du 8e congrès du Parti et avant comme après ce congrès, le Comité central et en particulier des camarades de l'échelon central qui assuraient la direction du travail économique se sont rendu compte de ce problème et ont proposé certaines mesures en vue d'améliorer la situation sur ce plan. Mais notre parti manquait encore d'expérience en ce qui concerne l'édification socialiste; en outre, pendant des années, s'étaient forgées dans notre conception du socialisme, un certain nombre de notions sclérosées ne correspondant plus à la réalité; en particulier, sous l'influence des erreurs «de gauche» apparues en matière de pensée directrice du Parti à partir de 1957, nombre de justes mesures qui auraient pu réactiver les entreprises et développer l'économie marchande socialiste ont été considérées comme procédant du «capitalisme»; en conséquence, le problème de la centralisation excessive dans le système économique n'a pu être résolu, et celle-ci n'a cessé de s'accentuer. Des mesures de décentralisation ont certes été maintes fois prises, mais elles consistaient uniquement à rajuster les pouvoirs de gestion entre les autorités centrales et locales, les structures verticales et horizontales; ainsi, on n'a pas touché à ce problème vital que constitue l'attribution de pouvoirs de décision aux entreprises. Dans ces conditions, il n'était pas possible de se dégager des cadres figés existants.

Pour transformer radicalement ce système économique qui entrave le développement des forces productives, nous devons faire un bilan sérieux de notre expérience historique, étudier avec soin la situation réelle de notre économie et les exigences de son développement; parallèlement à cela, nous devons assimiler ou examiner toutes les méthodes de gestion avancées des pays étrangers, qui reflètent les lois de la production sociale des temps modernes, y compris celles des pays capitalistes développés. Le Comité central estime que, conformément au principe préconisé depuis toujours par notre parti et recommandant de combiner les principes fondamentaux du marxisme avec les réalités de la Chine, ainsi qu'au principe de traiter correctement les expériences de l'étranger, nous devons libérer davantage notre esprit et suivre notre propre voie, afin d'établir un système économique socialiste à la chinoise, plein de dynamisme et de vitalité, et de favoriser le développement des forces productives de la société; voilà le but essentiel de la réforme que nous entreprenons actuellement.

La contradiction qui existe entre les rapports de production et les forces productives, entre la superstructure et la base économique demeure la contradiction principale au sein de la société socialiste. Par réforme du système économique, nous entendons qu'il faut, à condition de maintenir le système socialiste, corriger - dans les rapports de production et dans la superstructure - une série de chaînons et de mécanismes qui, liés les uns aux autres, ne sont pas adaptés au développement des forces productives. Une telle réforme, qui doit s'effectuer sous la direction du Parti et du gouvernement, selon un plan préétabli, de façon méthodique et en bon ordre, permettra au socialisme de se perfectionner et de se développer par lui-même. Par conséquent, elle doit seulement favoriser - sans jamais les compromettre - la stabilité sociale, le développement de la production, l'amélioration des conditions de vie du peuple et l'accroissement des ressources financières de l'Etat. Le socialisme a pour tâche fondamentale de développer les forces productives de la société, de créer toujours plus de richesses sociales et de satisfaire constamment les besoins matériels et culturels sans cesse croissants du peuple. On ne peut en aucun cas assimiler la pauvreté au socialisme, lequel a tout au contraire pour objectif de mettre fin à la misère. Nous devons donc nous armer de détermination et faire preuve de la plus ferme volonté afin de concentrer nos forces sur l'édification économique et de réaliser la modernisation de l'industrie, de l'agriculture, de la défense nationale et des sciences et techniques; c'est là le mouvement irréversible de l'histoire et le vœu commun de notre peuple. Au cours de la réforme, tous les camarades du Parti doivent maintenir résolument ce concept fondamental du marxisme et considérer le développement des forces productives sociales comme critère principal du succès de la réforme.

III. Donner plus de vitalité aux entreprises, telle est la clé de la réforme du système économique.

Ce sont surtout les entreprises urbaines qui se chargent directement de la production industrielle, de la construction ou de la circulation des marchandises; elles jouent un rôle prédominant dans le développement des forces productives sociales et dans le progrès économique et technique. A l'heure actuelle, elles sont dans les différents secteurs - dont l'industrie, le bâtiment, les transports, le commerce et les services - au nombre de plus d'un million et regroupent plus de 80 millions de travailleurs. Les impôts qu'elles paient et les bénéfices qu'elles versent à l'Etat représentent, à eux seuls, plus de 80 pour cent des rentrées financières. C'est pourquoi la question de savoir si on peut ou non faire pleinement valoir l'initiative, le dynamisme et l'esprit créateur de ces entreprises, de même que ceux de leurs 80 millions et plus d'employés et d'ouvriers - c'est-à-dire de savoir si on peut ou non leur donner une puissante vitalité - revêt une importance capitale pour toute notre économie nationale, pour l'amélioration radicale de la situation économique et financière du pays tout autant que pour la réalisation de l'objectif de quadrupler d'ici la fin du siècle la valeur de la production annuelle de l'industrie et de l'agriculture, objectif fixé par le 12e congrès du Parti. Le socialisme à la chinoise implique avant tout que toutes les entreprises doivent être pleines de vitalité. Or, les défauts multiples du système économique actuel trouvent justement leur expression dans l'absence de cette vitalité. Par conséquent, donner plus de dynamisme à nos entreprises - et surtout à nos grandes et moyennes entreprises relevant de la propriété du peuple entier - telle est la clé de la réforme structurelle de toute notre économie, centrée sur les villes.

Dans ce but, nous devons bien régler deux sortes de relations, c'est-à-dire, d'une part rajuster le rapport entre l'Etat et les entreprises relevant de la propriété du peuple entier en accordant à celles-ci un plus grand pouvoir de décision; et d'autre part, rajuster le rapport entre les travailleurs et l'entreprise afin de garantir à ceux-ci le droit de participation à la gestion.

L'une des principales raisons du contrôle excessif et trop rigide exercé dans le passé par l'Etat sur les entreprises réside dans le fait que l'on avait confondu la propriété du peuple entier et la gestion directe par les organes d'Etat. Selon la théorie marxiste et la pratique du socialisme, le droit de propriété et le droit de gestion peuvent être séparés dans une mesure appropriée. Pour que les activités économiques de chaque entreprise puissent répondre aux exigences globales du développement de l'économie nationale, l'Etat socialiste doit recourir à la planification et à des moyens économiques, administratifs et juridiques afin de soumettre les entreprises à une gestion, un contrôle, une direction et une régulation qui sont indispensables; ainsi, par la perception des impôts et par d'autres moyens, il s'attribue la partie des bénéfices nets des entreprises qui doit être utilisée de façon unifiée par lui; il mandate, nomme, destitue les principaux dirigeants d'une entreprise ou approuve leur engagement sur contrat; il peut, en outre, décider de la création, de la fermeture, de la suspension d'activités, de la fusion, de la réorientation et du transfert des entreprises. Mais étant donné que les besoins de la société sont infiniment complexes et en constante mutation, que les conditions présentent de multiples différences d'une entreprise à l'autre et que les relations économiques entre elles sont extrêmement compliquées, aucun organe d'Etat n'est à même de connaître à fond une telle situation ni de s'y adapter rapidement. Si les organes d'Etat prennent directement en main les diverses entreprises de propriété du peuple entier, il en résultera inévitablement un grave subjectivisme et une lourde bureaucratie, lesquels étoufferont la vitalité et le dynamisme des entreprises. Par conséquent, sous réserve de se soumettre au plan d'Etat et au contrôle de celui-ci, les entreprises sont libres de choisir des formes de gestion souples et variées; d'organiser leurs propres activités de production, d'approvisionnement et de vente; elles ont le droit de posséder des fonds et d'en disposer; de nommer, destituer, engager sur contrat ou élire leurs cadres conformément aux règlements; elles peuvent décider du mode de recrutement de leurs ouvriers et des systèmes de salaires et de primes; fixer, dans les limites autorisées par l'Etat, les prix de leurs produits, etc. Bref, il faut que les entreprises deviennent réellement des entités économiques relativement indépendantes, des producteurs qui, dans les conditions du socialisme, se chargent de la production et de l'échange des marchandises, pratiquent une gestion autonome et assument eux-mêmes leurs profits et pertes, qui soient capables de se transformer et de se développer par leurs propres moyens, et qui aient une personnalité morale avec des droits et devoirs déterminés. Ce faisant, nous parviendrons à garantir sur un plan d'ensemble le caractère unifié de l'économie nationale tout autant que dans chaque secteur particulier la variété, la souplesse et le dynamisme des entreprises en matière de production et de gestion: ainsi, loin d'affaiblir la propriété socialiste du peuple entier, toutes ces mesures ne feront que la consolider et la parfaire.

Le dynamisme des entreprises prend sa source dans l'initiative, l'intelligence et la capacité créatrice des travailleurs intellectuels et manuels, lesquelles peuvent être pleinement mises en valeur quand le statut des travailleurs devenus maîtres de leur entreprise est effectivement garanti par les divers règlements de celle-ci et quand le travail qu'ils fournissent est étroitement lié à leurs intérêts matériels. Cela a été prouvé de façon vivante et avec force par l'expérience des réformes entreprises dans nos régions rurales. Pour la réforme du système économique dans les villes, il faut régler correctement les rapports entre l'entreprise et les travailleurs afin que ceux-ci en soient effectivement les maîtres, que chacun d'eux travaille à son poste avec un sens élevé des responsabilités, que tous aient souci de la gestion et de la rentabilité, et que le résultat du travail de chacun soit étroitement lié à son honneur sur le plan social et à ses intérêts matériels. Les entreprises modernes doivent être soumises à une direction unifiée, à un commandement unifié dans la production, et la discipline du travail doit y être très stricte. Nos entreprises étant de nature socialiste, elles doivent, en appliquant une telle direction et une telle discipline, garantir fermement le droit des travailleurs et des délégués élus par eux à participer à la gestion démocratique des entreprises. Dans les conditions du socialisme, l'autorité des dirigeants d'entreprises s'accorde parfaitement avec le statut des travailleurs en tant que maîtres de celles-ci aussi bien qu'avec leur esprit d'initiative et créateur. Et cet accord harmonieux est une prémisse nécessaire permettant aux travailleurs de faire valoir, d'une façon correcte et efficace, leur esprit d'initiative.

L'établissement de rapports justes entre l'Etat et les entreprises de même qu'entre celles-ci et leur personnel constitue la substance et l'impératif fondamental de la réforme dans l'ensemble du système économique, notamment dans les villes. La réalisation de cet impératif touchera inévitablement tous les aspects du système économique; ainsi, il faudra effectuer un ensemble de réformes concernant, notamment, le système de planification, le système des prix, les attributions des organes d'Etat en matière de gestion économique et le système des salaires. Le Comité central estime que ces réformes doivent, compte tenu des liens internes entre les différents secteurs de l'économie nationale, être menées progressivement, en fonction du degré de maturité des conditions subjectives et objectives et par ordre de priorité, en sorte qu'elles puissent être accomplies pour l'essentiel dans un délai d'environ cinq ans. Quant aux dispositions à prendre pour atteindre cet objectif, elles seront transmises plus tard.

IV. Mettre sur pied un système de planification permettant d'appliquer sciemment la loi de la valeur afin de développer l'économie marchande socialiste.

Dans la société socialiste, la planification économique sur la base de la propriété publique des moyens de production permet d'éviter l'anarchie et la crise cyclique que connaît la production sociale en régime capitaliste et de satisfaire les besoins matériels et culturels toujours croissants de la population. C'est là une des preuves fondamentales de la supériorité de l'économie socialiste sur l'économie capitaliste. Depuis la fondation de la République populaire, nous avons pratiqué l'économie planifiée en mobilisant d'énormes ressources financières, matérielles et humaines dans l'édification économique du socialisme sur une vaste échelle, et nous avons obtenu d'immenses succès. Par ailleurs, l'expérience historique nous enseigne que notre système de planification socialiste doit être à la fois unifié et souple; l'instauration d'un tel système s'avère d'autant plus urgente que notre pays a un vaste territoire et une très forte population; qu'il nous est impossible de remédier, du jour au lendemain, à l'insuffisance des moyens de communications, aux difficultés d'échange des informations ainsi qu'à l'inégalité de développement économique et culturel; et que, notre économie marchande étant encore fort peu développée, il nous faut déployer de grands efforts pour accroître la production et l'échange des marchandises. Si l'on ne tient pas compte de ces réalités nationales, et que l'on cherche à planifier toutes les activités économiques et si l'on recourt exclusivement aux ordres administratifs en négligeant le rôle important des leviers économiques et la fonction régulatrice du marché, il en résultera inévitablement, dans l'élaboration du plan, une déviation des idées directrices par rapport aux conditions objectives, et ce plan s'écartera dangereusement de la situation réelle. Après la Révolution d'Octobre, Lénine avait, lors de l'élaboration du plan d'électrification, avancé le point de vue suivant: «Un plan entier, complet, véritable, est pour nous actuellement «une utopie bureaucratique».» «Ne la poursuivez pas», avait-il conclu. Certes, la situation actuelle de notre pays diffère de beaucoup de la Russie de l'époque qui connaissait de grandes difficultés économiques; mais notre propre expérience pratique a tout autant démontré que ce point de vue de Lénine non seulement s'appliquait à la Russie d'alors, mais encore qu'il revêt une signification durable. Nous devons donc tenir compte des réalités et admettre que, pendant une très longue période historique, le plan de l'économie nationale, considéré dans son ensemble, ne peut être qu'un schéma global, un plan élastique, qui - grâce à sa recherche d'un équilibre d'ensemble et à la régulation par les moyens économiques - permet cependant de bien diriger et contrôler les domaines importants et fera preuve de suffisamment de souplesse en ce qui concerne les aspects secondaires; ce plan contribue à assurer un rapport de proportions assez équilibré entre les secteurs d'importance majeure et un développement relativement cohérent et proportionné de l'économie nationale.

Pour réformer le système de planification, il faut avant tout rompre avec cette notion traditionnelle qui oppose l'économie planifiée et l'économie marchande, et nous rendre clairement compte que, l'économie socialiste planifiée étant une économie marchande régie par un plan et basée sur la propriété publique des moyens de production, il convient de respecter et d'appliquer sciemment la loi de la valeur. Le plein développement de l'économie marchande constitue une étape de l'évolution socio-économique qu'il est impossible de brûler et une condition indispensable pour moderniser l'économie chinoise. Ce n'est qu'en développant pleinement l'économie marchande qu'on pourra réactiver réellement l'économie et amener les entreprises à améliorer leur rendement et à assouplir leur gestion afin de s'adapter rapidement aux besoins complexes et changeants de la société. Ces objectifs ne peuvent être atteints si l'on recourt uniquement à des mesures administratives et à un plan impératif. Toutefois, on doit encore se rendre à l'évidence que l'économie marchande, même socialiste, engendre encore une sorte de cécité si on lui laisse le champ libre: il faut donc qu'elle soit dirigée et rajustée par la planification et placée sous le contrôle des organismes administratifs intéressés, ce qui est justement réalisable dans les conditions du socialisme. Par conséquent, la planification économique, d'une part, et le développement de l'économie marchande et l'application de la loi de la valeur d'autre part s'accordent comme un tout au lieu de s'exclure mutuellement, et l'on aurait tort de les mettre en opposition. La différence entre l'économie socialiste et l'économie capitaliste ne réside pas dans la question de savoir s'il existe ou non une économie marchande et si la loi de la valeur joue ou non, mais dans celle de savoir s'il existe ou non des classes exploiteuses, si le peuple travailleur est devenu ou non le maître du pays et si on applique sciemment ou non la loi de la valeur à l'échelle de toute la société; cette différence se situe encore dans la nature de la propriété des moyens de production, dans le but de la production et dans la notion même de la marchandise. Dans les conditions socialistes propres à notre pays, la force de travail n'est plus une marchandise, ni non plus la terre, les mines, les banques, les chemins de fer, ainsi que toutes les autres entreprises et ressources qui appartiennent à l'Etat.

En nous fondant sur l'expérience historique et sur la pratique depuis la troisième session plénière du Comité central issu du 11e congrès du Parti, il convient de définir ici, en termes plus précis, les points essentiels du système de planification de notre pays. Premièrement, notre pays pratique dans l'ensemble une économie planifiée, c'est-à-dire une économie marchande régie par un plan et non pas une économie soumise entièrement au rôle régulateur du marché; deuxièmement, la production et l'échange d'une partie des produits de l'agriculture et des activités auxiliaires ainsi que des petits articles d'usage courant, de même que les prestations de services et de réparation, sont les principaux domaines soumis exclusivement à la régulation par le marché; ces secteurs d'activité jouent un rôle d'appoint, qui est toutefois indispensable dans notre économie nationale; troisièmement, la pratique d'une économie planifiée ne signifie pas que les plans impératifs constituent l'élément principal, car au même titre que les plans indicatifs ils ne sont qu'une forme concrète de cette économie; quatrièmement, les plans indicatifs se réalisent surtout par le recours aux leviers économiques, tandis que les plans impératifs doivent être exécutés obligatoirement, sans négliger pour autant l'application de la loi de la valeur. Conformément aux points susmentionnés, la réforme du système de planification actuellement en vigueur implique la nécessité de réduire de façon méthodique et appropriée le champ d'application des plans impératifs et d'élargir comme il convient celui des plans indicatifs. En effet, les plans impératifs n'embrasseront que les produits qui ont une importance vitale pour l'économie nationale et pour la vie de la population et qui sont répartis d'une façon unifiée par l'Etat, ainsi que les activités économiques d'intérêt national. Pour les nombreux autres produits et activités économiques, on peut, selon les cas, les inclure dans des plans indicatifs ou les soumettre entièrement à la régulation par le marché. Dans le travail de planification, nous devons désormais mettre l'accent sur les plans à moyen et long terme, simplifier comme il convient les plans annuels et améliorer, en conséquence, les méthodes utilisées à cette fin; il faut en outre attacher une grande importance aux informations et prévisions économiques, et impartir un caractère plus scientifique à la planification.

V. Etablir un système rationnel des prix et attacher l'importance voulue aux leviers économiques.

Du fait que nous avons négligé pendant longtemps le rôle de la loi de la valeur et pour d'autres raisons historiques, une assez grande confusion règne dans le système des prix actuellement en vigueur dans notre pays, si bien que les prix de bon nombre de marchandises ne reflètent ni leur valeur réelle, ni le rapport entre l'offre et la demande. Si l'on ne réforme pas ce système irrationnel, on ne pourra ni évaluer correctement les résultats acquis par les entreprises en matière de production et de gestion, ni assurer que l'échange des produits entre villes et régions rurales se fasse sans encombre, ni favoriser le progrès technique, ni non plus parvenir à rationaliser les structures de production et de consommation, ce qui constituera inévitablement un énorme gaspillage du travail social et gênera sérieusement l'application du principe de rémunération selon le travail fourni. Avec l'élargissement accru des pouvoirs de décision des entreprises, le rôle régulateur des prix sur les activités de production et de gestion s'affirmera avec toujours plus d'évidence, et la nécessité d'établir un système rationnel des prix deviendra encore plus impérieuse. La restructuration économique sous tous les rapports, y compris la planification et le système des salaires, dépend dans une grande mesure de la réforme du système des prix. Les prix étant le moyen de régulation le plus efficace, la rationalité des prix représente une garantie majeure pour une réactivation sans désordre de l'économie nationale; ainsi, la réforme du système des prix constitue la clé de la réussite de la restructura tion globale de l'économie.

Le caractère irrationnel du système des prix en vigueur dans notre pays se traduit essentiellement par les phénomènes suivants: absence d'écart important entre les prix des marchandises d'une même espèce mais de qualité différente; rapport irrationnel des prix des marchandises de différentes espèces, caractérisé surtout par le prix relativement bas de certains produits miniers et de certains matériaux et matières premières; prix de vente des principaux produits agricoles et auxiliaires inférieurs à leurs prix d'achat par l'Etat. Il faut dès maintenant adopter des mesures en vue d'en finir progressivement avec cet état des choses.

Le caractère irrationnel du système des prix est étroitement lié à celui du système de contrôle des prix. Ainsi, tout en rajustant les prix, il faut réformer ledit système de contrôle qui est trop centralisé, réduire progressivement le nombre des catégories de marchandises dont les prix sont fixés par l'Etat, et accroître celui des marchandises dont les prix sont susceptibles de flotter dans certaines limites ou d'être fixés librement, en sorte que les prix puissent refléter d'une façon plus sensible la productivité sociale et les fluctuations de l'offre et de la demande, et qu'ils répondent mieux aux besoins du développement de l'économie nationale.

La réforme du système des prix touche à tous les secteurs de l'économie nationale de même qu'aux intérêts de toute la population, il convient donc de procéder avec beaucoup de prudence, d'élaborer, en fonction du développement de la production et des possibilités financières de l'Etat et sous la condition d'accroître progressivement les revenus réels de la population, un projet minutieux et effectivement réalisable, pour mener cette réforme méthodiquement et par étapes. Voici les principes à suivre pour réaliser cet objectif: 1. Conformément au principe de l'échange à valeur égale et compte tenu des fluctuations de l'offre et de la demande, réajuster les rapports irrationnels des prix entre un certain nombre de produits en les baissant ou en les augmentant selon les cas. 2. Lorsque les prix d'une partie des produits miniers et des matériaux et matières premières auront augmenté, les entreprises devront faire de grands efforts pour réduire la consommation d'énergie et de matières premières afin de résorber, pour l'essentiel, l'accroissement du coût de production dû à la hausse de ces prix - l'Etat pouvant d'ailleurs y contribuer en les exonérant en partie ou en totalité de certains impôts -, et d'éviter ainsi la hausse des prix de vente des articles industriels de consommation sur le marché. 3. Lorsqu'on réglera le problème posé par les prix de vente des produits de l'agriculture et des activités auxiliaires inférieurs à leurs prix d'achat par l'Etat et qu'on réajustera les prix des articles de consommation, il faudra prendre des mesures efficaces pour garantir que les revenus réels de la population urbaine et rurale ne s'en trouveront pas abaissés. Dans le même temps, avec le développement de la production et l'accroissement de la rentabilité économique, les salaires des travailleurs seront augmentés graduellement. Il faut lancer une campagne d'information pour faire comprendre à la population que la réforme du système des prix - que nous avons pris l'initiative de mener dans les conditions où la production s'est développée et où les richesses de la société s'accroissent sans cesse - a pour but de régler les rapports irrationnels entre un certain nombre de prix, et qu'elle n'entraînera en aucun cas une hausse générale des prix par réaction en chaîne. Elle répond aux besoins impérieux de développer davantage la production et est conforme aux intérêts fondamentaux de la grande masse des consommateurs. Toutes les entreprises doivent s'attacher à accroître leur rentabilité en améliorant leur gestion; elles ne doivent en aucun cas compter sur une hausse des prix pour augmenter leurs bénéfices. Il est absolument interdit à tout individu et à toute unité de profiter de la réforme pour gonfler les prix à sa guise et de susciter artificiellement une hausse des prix qui aurait pour effet de perturber le marché socialiste et de léser les intérêts de l'Etat et des consommateurs.

Tout en procédant à la réforme du système des prix, nous devons poursuivre nos efforts en vue de parfaire le système fiscal et de réformer le système financier et budgétaire. Plus on cherche à réactiver l'économie, plus on doit accorder de l'importance à la macro-régulation et faire jouer, sur la base des informations recueillies en temps utile sur l'évolution de la situation économique, le rôle de ces leviers économiques que sont les prix, les impôts et les crédits. Ceci contribuera à rajuster notamment les importants rapports de proportion entre le volume global de l'offre et celui de la demande sociale, ainsi qu'entre l'accumulation et la consommation; à mieux orienter l'affectation des ressources financières, matérielles et humaines, à rajuster la structure des divers secteurs industriels et la disposition des forces productives, ainsi que les rapports entre l'offre et la demande sur le marché et les échanges économiques avec l'étranger. Dans le passé, nous étions habitués à faire fonctionner l'économie par des moyens administratifs, et nous avons négligé, pendant longtemps, de faire intervenir les leviers économiques en tant que facteurs régulateurs. Apprendre à les utiliser et centrer désormais la direction du travail économique sur cette pratique, telle est la tâche importante qui incombe aux départements économiques aux divers échelons, et notamment à ceux chargés d'assurer un équilibre d'ensemble de l'économie.

VI. Séparer les attributions des organes du pouvoir de celles des entreprises en vue de faire valoir correctement les fonctions des organes gouvernementaux en matière de gestion économique.

Après la prise du pouvoir d'Etat par le prolétariat et tout le peuple, la conduite et l'organisation de l'édification économique sont devenues une fonction essentielle de l'appareil d'Etat. Durant les 30 et quelques années qui ont suivi la fondation de la République populaire, nos organismes d'Etat ont, généralement parlant, joué un rôle important en remplissant cette fonction. Mais comment les organes d'Etat, et notamment ceux du gouvernement, peuvent-ils mieux diriger et organiser l'édification économique afin de répondre aux besoins du développement de l'économie nationale et du développement social, c'est là un problème que nous avons encore à résoudre scrupuleusement. Etant donné que les attributions des organes du pouvoir et des entreprises ont été pendant longtemps amalgamées, celles-ci sont devenues en fait des dépendances de l'appareil d'Etat. Le gouvernement central et les gouvernements locaux ont pris en charge beaucoup d'affaires qui ne les regardaient pas et n'ont pas su conduire correctement bon nombre d'activités qui étaient pourtant de leur ressort. Le travail des entreprises était par ailleurs rendu plus difficile par le cloisonnement et les tiraillements entre les structures verticales et les structures horizontales. Si cet état de choses ne change pas, il sera impossible de faire jouer l'initiative des entreprises et des autres unités de base, de promouvoir la coopération, l'association et la concurrence entre elles et de développer le marché socialiste unifié; qui plus est, le rôle que doivent jouer les organes gouvernementaux en matière de gestion économique s'en trouvera gravement affaibli. Par conséquent, il est absolument indispensable d'entreprendre des réformes selon les principes de séparation des attributions des organes du pouvoir de celles des entreprises, de simplification des structures administratives et de décentralisation des pouvoirs pour donner de la vitalité aux entreprises et réactiver toute l'économie nationale.

Il ressort de l'expérience acquise dans la pratique depuis des années que les fonctions essentielles des organes gouvernementaux en matière de gestion économique doivent être les suivantes: définir la stratégie, le programme général, les principes et les politiques pour le développement économique et social; élaborer les projets concernant la mise en valeur des ressources naturelles, la refonte technique et l'exploitation des ressources intellectuelles; harmoniser les plans de développement et les rapports économiques entre régions, départements et entreprises; organiser la construction des ouvrages clés, en particulier dans les secteurs de l'énergie, des communications et de l'industrie des matériaux et matières premières; rassembler et diffuser les informations économiques ainsi que savoir utiliser les moyens de régulation économique; mettre au point des lois et réglementations économiques et en superviser l'application; nommer et révoquer les cadres conformément aux règlements intéressés; enfin contrôler les échanges et la coopération économiques et techniques avec l'étranger, etc. Les gouvernements à tous les échelons doivent faire de grands efforts pour remplir ces fonctions. Dans le passé, certaines de ces fonctions n'ont pas été bien remplies, tandis que d'autres ne l'ont pas été du tout. Pour ce qui concerne leurs rapports avec les entreprises, les autorités gouvernementales à tous les échelons s'abstiendront, en principe, d'intervenir directement dans l'exploitation et la gestion des entreprises. Quant au nombre restreint de départements économiques gouvernementaux auxquels l'Etat confie la responsabilité de gérer et d'administrer directement des entreprises, ils devront - dans l'esprit d'une simplification des structures administratives et d'une décentralisation des pouvoirs - régler correctement leurs rapports avec les entreprises qui leur sont subordonnées en accordant à ces dernières et aux autres unités de base une plus grande autonomie en matière d'exploitation, de façon à éviter les défauts d'une centralisation poussée. Les sociétés nationales ou régionales sont des associations économiques, visant à répondre aux exigences du développement de l'économie nationale et aux besoins mutuels des entreprises associées; elles doivent être des entreprises à part entière et non des organismes administratifs; elles doivent en outre assimiler les méthodes de gestion scientifiques modernes et non pas se contenter de suivre les sentiers battus.

Une fois que les attributions des organes du pouvoir auront été séparées de celles des entreprises, nous devrons faire pleinement valoir le rôle moteur des villes en tant que centres, afin de créer graduellement des zones économiques ouvertes d'importance différente, qui sont interconnectées et prennent appui sur les villes et surtout sur les villes grandes et moyennes. Il est pourtant nécessaire de rappeler aux camarades dirigeants des diverses villes que les autorités municipales sont tenues, elles aussi, de séparer les attributions des organes du pouvoir et celles des entreprises, de simplifier leur appareil administratif et de procéder à la décentralisation, au lieu de reprendre les méthodes du passé consistant à gérer les entreprises principaiement par le recours aux moyens administratifs, ceci afin d'éviter de créer un nouveau cloisonnement entre les structures verticales et les structures horizontales. Les autorités municipales doivent concentrer les forces en vue de mener à bien l'urbanisme, l'édification et l'administration des villes, d'intensifier les travaux publics, d'entreprendre l'aménagement général de l'environnement, de guider et favoriser la coopération des entreprises spécialisées, ainsi que leur regroupement et leur association, leur refonte technique et la modernisation de leur exploitation et de leur gestion, afin d'assurer un écoulement rationnel du matériel et des marchandises; il leur faut aussi veiller au développement des institutions de culture, d'éducation, de santé publique et de bien-être social, ainsi que des divers services d'utilité publique, promouvoir l'édification de la civilisation spirituelle, travailler à instaurer de bonnes mœurs sociales, et assurer la sécurité publique. Dans le même temps, elles doivent élaborer avec soin des plans à moyen et à long terme pour le développement économique et social, en fonction des exigences globales du développement de l'économie nationale et des conditions locales.

Les rapports entre les entreprises socialistes sont caractérisés surtout par une coopération et un soutien réciproques. Toutefois, ces rapports n'excluent pas la concurrence. Autrefois, on considérait souvent la concurrence comme un phénomène propre au capitalisme; en fait, du moment qu'existe la production marchande, il y a inévitablement concurrence. La seule différence est que sous des systèmes sociaux différents, l'objectif, la nature, les moyens et la sphère de la concurrence ne sont pas les mêmes. La concurrence entre les entreprises socialistes diffère fondamentalement de celle qui existe en régime capitaliste où règne la loi de la jungle. Son rôle consiste en ce que, sur la base de la propriété publique, dans le cadre du plan et des lois et décrets de l'Etat et avec pour prémisse de servir la modernisation socialiste, les entreprises soient directement jugées et sélectionnées par la masse des consommateurs. Cette concurrence contribue à briser le blocus et le monopole qui entravent le développement de la production, à déceler à temps les insuffisances des entreprises, à pousser celles-ci à améliorer leur technologie, leur exploitation et leur gestion, et à faire progresser toute l'économie nationale et l'œuvre du socialisme. Il se peut que des phénomènes négatifs apparaissent et que des actes illicites soient commis dans le cadre de cette concurrence; aussi, les organes dirigeants intéressés à tous les échelons doivent-ils être vigilants et lucides, renforcer l'éducation et le contrôle et s'appliquer à résoudre ce genre de problèmes.

Avec la réforme de la structure économique et le développement de l'économie nationale, il est nécessaire d'établir sous forme de loi un nombre croissant de critères régissant les relations et les activités économiques. Les organes législatifs de l'Etat doivent accélérer leur travail de législation économique; les cours de justice doivent renforcer leur activité en matière de condamnations des infractions économiques; et les parquets doivent accentuer leur contrôle sur les délits économiques. Ainsi, tous les départements judiciaires doivent s'appliquer à fournir des services juridiques à l'édification économique.

Séparer les attributions des organes du pouvoir de celles des entreprises, simplifier l'appareil administratif et décentraliser les pouvoirs, tout cela constitue une profonde réforme au niveau de la superstructure socialiste. La restructuration implique aussi le changement du système d'organisation et du mode de pensée. Ainsi, les organismes administratifs doivent améliorer leur style de travail ainsi que la qualité de leur personnel, en se mettant corps et âme au service du peuple et en appliquant fermement les principes de simplification structurelle, d'unité d'action et d'efficacité. Depuis de longues années, les organes dirigeants ont obligé à graviter autour d'eux les unités de base et les entreprises, au lieu de se mettre à leur service; il est temps de mettre fin à cette situation déplorable et d'en finir avec toutes les manifestations de la bureaucratie, telles que le chevauchement des structures, la pléthore du personnel, la délimitation confuse des attributions et les tiraillements entre différents départements, afin d'amener les organes dirigeants aux différents échelons à travailler efficacement au développement de la production, au service des unités de base et des entreprises, à la prospérité et à la puissance du pays et au bonheur du peuple.

VII. Instaurer différentes formes de système de responsabilité économique, appliquer sérieusemeni le principe de rémunération selon le travail fourni.

Les premières tentatives de réforme entreprises ces dernières années dans les villes ont pleinement démontré que l'expérience fondamentale acquise dans l'application du système de responsabilité à rémunération forfaitaire dans les régions rurales est également valable pour les villes. Pour insuffler une plus grande vigueur aux entreprises urbaines, élever le sens des responsabilités chez les travailleurs et donner libre cours à leur initiative, à leur dynamisme et à leur esprit créateur, il faut délimiter clairement le travail de chaque poste et de chaque travailleur, et établir sous de nombreuses formes le système de responsabilité économique axé sur la rémunération forfaitaire. Les principes fondamentaux de ce système se définissent comme suit: combinaison des responsabilités, des pouvoirs et des intérêts matériels; harmonisation des intérêts de l'Etat avec ceux de la collectivité et de l'individu; rémunération des travailleurs liés au résultat de leur labeur. Tout en transposant dans les villes l'expérience acquise dans les campagnes, il est indispensable de tenir compte des particularités propres aux entreprises urbaines, on ne peut ni ne doit transposer mécaniquement les méthodes concrètes utilisées dans les régions rurales. Par ailleurs, comme les entreprises urbaines diffèrent les unes des autres par leur spécialité, par leur envergure et par leurs conditions de production, il ne saurait y avoir un modèle uniformisé en matière de système de responsabilité. Ceci oblige donc nos camarades, et surtout les responsables des entreprises, à créer progressivement dans la pratique - en partant à tout moment et en toute chose de la réalité - des formes concrètes adaptées aux conditions spécifiques de l'entreprise, de telle façon que le système de responsabilité à rémunération forfaitaire puisse prendre racine dans les villes, s'y épanouir et porter des fruits.

Etant donné que, dans les entreprises modernes, la production nécessite une division du travail minutieuse et une parfaite continuité des opérations ainsi que de strictes exigences techniques et des rapports de coordination complexes, il faut l'assujettir à un système dé direction et de gestion unifié, puissant et efficace. Seul le système de responsabilité incombant au directeur (ou au gérant) peut répondre à ces impératifs. Ainsi, dans les entreprises, l'organisation du Parti doit-elle soutenir activement le directeur dans l'exercice de ses pouvoirs, de façon à lui permettre de bien coordonner l'ensemble des activités de production; elle doit, en outre, garantir et superviser l'application des principes et de la politique du Parti et de l'Etat, renforcer l'édification du Parti sur les plans idéologique et organisationnel, consolider la direction exercée par celui-ci sur le syndicat et la Ligue de la Jeunesse communiste, et mener à bien le travail idéologique et politique parmi les travailleurs. Parallèlement il faut perfectionner le système de l'assemblée des représentants du personnel et faire jouer tout le mécanisme de gestion démocratique; donner leur plein rôle à l'organisation syndicale et aux représentants du personnel en leur accordant le droit d'examiner les décisions de grande importance, d'exercer un contrôle sur la direction administrative et de défendre les droits et intérêts légitimes des travailleurs, de façon à traduire dans les faits le statut des ouvriers en tant que maîtres de leur entreprise. Ceci est dans la nature même des entreprises socialistes, et toute négligence, tout relâchement à cet égard est inadmissible.

En généralisant la substitution des impôts aux prélèvements sur les bénéfices et l'instauration des différents systèmes de responsabilité économique dans nos entreprises, le principe socialiste de rémunération selon le travail fourni pourra être mieux appliqué. A cet effet, une mesure importante a déjà été prise, autorisant les entreprises à décider elles-mêmes, selon l'état de leur exploitation, du montant des primes à attribuer aux travailleurs, tandis que l'Etat se contente de percevoir dans une mesure appropriée un impôt sur les primes dépassant les normes. D'autres mesures nécessaires seront adoptées pour que le salaire et les primes versés au personnel correspondent mieux à l'accroissement de la rentabilité des entreprises. Il convient d'accentuer au sein des entreprises, la différenciation des salaires d'une catégorie professionnelle à l'autre et d'un échelon à l'autre, afin de récompenser l'assiduité et le bon travail et de sanctionner la paresse et le mauvais travail, de bien matérialiser le principe «qui travaille plus gagne plus», et de bien marquer la différence entre le travail intellectuel et le travail manuel, entre le travail compliqué et le travail simple, entre le travail qualifié et le travail de manœuvre, et entre le travail pénible et le travail ordinaire. A l'heure actuelle, il est particulièrement nécessaire d'augmenter la rémunération du travail intellectuel qui s'avère trop basse. On doit aussi envisager une réforme du système des salaires dans les organismes d'Etat et les institutions non productives. Cette réforme a pour principe de lier étroitement le salaire du personnel à la responsabilité qu'il assume et aux services rendus. Dans le même temps, il faudra encore accélérer la réforme du système d'emploi dans les entreprises, les organismes d'Etat et les institutions non productives.

A propos de la répartition des biens de consommation, il existe depuis longtemps une fausse interprétation selon laquelle le socialisme exigerait une répartition égalitaire; autrement dit, on a tort de considérer que si les revenus rapportés par leur travail à une partie des membres de la société devenaient assez élevés et entraînaient un écart relativement important, il y aurait polarisation, phénomène qui va à l'encontre du socialisme. Cette idée égalitariste est tout à fait en contradiction avec la conception scientifique du marxisme en ce qui concerne le socialisme. L'expérience historique confirme que l'égalitarisme constitue un grave obstacle à l'application du principe «à chacun selon son travail» et que sa généralisation a inévitablement pour effet de saper les forces productives sociales. Il est vrai que la société socialiste doit assurer une élévation graduelle du niveau de vie matérielle et culturelle de tous ses membres en vue d'une prospérité commune. Mais celle-ci n'est ni ne saurait être synonyme d'égalitarisme absolu, ni d'enrichissement de tous au même rythme et en un même laps de temps. Interpréter la prospérité commune comme étant un égalitarisme absolu ou un enrichissement synchronisé, cela est non seulement chimérique, mais encore ne peut conduire qu'à la pauvreté commune. Ce n'est qu'en autorisant et en encourageant un certain nombre de régions, d'entreprises et de particuliers à s'enrichir avant les autres grâce à un dur labeur, qu'on pourra exercer une forte attraction sur la majorité de la population et la stimuler puissamment, engageant ainsi un nombre croissant de gens à progresser vague par vague vers la prospérité. En même temps, nous devons accorder une assistance sociale aux vieillards, handicapés, malades, personnes sans appui et orphelins; soutenir activement ceux qui ne mènent pas encore une vie aisée, mettre en pratique une politique spéciale en faveur d'un certain nombre d'anciennes bases d'appui révolutionnaires et des régions de minorités nationales, des régions frontalières reculées et d'autres contrées dont l'économie reste très attardée, et leur prêter toute l'assistance matérielle et technique nécessaire. La différence apparue à la suite de l'enrichissement d'une partie des gens n'est qu'une différence de rythme dans la progression de l'ensemble des membres de la société vers la prospérité, elle n'a donc absolument rien à voir avec une disparité entre une toute petite- minorité de gens devenant des exploiteurs et la grande majorité vivant dans la misère. La politique visant à encourager une partie des gens à s'enrichir avant les autres est conforme aux lois de développement du socialisme et constitue la voie sine qua non qui mène à la prospérité de toute la société.

Pendant les longues années de révolution et d'édification, nous avons forgé la belle tradition de travailler d'arrache-pied et de construire le pays avec diligence et économie. C'est une tradition qui ne doit jamais se perdre. Lui rester fidèle dans la période qui s'ouvre signifie surtout qu'il faut s'armer d'un esprit d'abnégation permettant de défier n'importe quelle difficulté et de lutter avec ténacité pour la patrie et le peuple, observer strictement le régime d'économie dans la production et la construction, s'opposer à la dilapidation des biens de l'Etat et se garder de prendre des décisions qui pourraient entraîner du gaspillage. Toutefois, le maintien de cette tradition ne saurait en aucun cas être interprété à tort comme pouvant justifier une quelconque indifférence à l'égard de l'élévation du niveau de consommation du peuple. Selon les principes fondamentaux du marxisme, la production est le point de départ de l'ensemble des activités économiques et constitue un facteur prédominant, elle détermine la consommation alors que l'augmentation de la consommation contribue puissamment à faire naître de nouveaux besoins sociaux, à ouvrir de vastes débouchés et à stimuler la production. En ce sens, la production est donc déterminée à son tour par la consommation. Aussi devons-nous augmenter, dans des proportions assez importantes, les salaires des travailleurs et élever sensiblement le niveau de consommation de la population, tout ceci à condition de développer la production, d'améliorer la rentabilité économique, d'accroître continuellement les recettes de l'Etat et de traiter correctement les rapports entre l'accumulation et la consommation. Il n'est pas juste d'exiger un niveau de consommation trop élevé sans tenir compte des possibilités offertes par le développement de la production; il est tout aussi erroné de restreindre systématiquement la consommation au lieu de l'accroître comme il convient, c'est-à-dire dans les limites autorisées par le développement de la production.

VIII. Développer activement les diverses formes économiques et accroître les échanges économiques et techniques à l'intérieur du pays et avec l'étranger.

Pour assurer le progrès rapide de nos différents secteurs de production et de construction, pour transformer, en un laps de temps relativement court, la Chine en un pays puissant et prospère, et rendre la vie du peuple plus aisée et plus heureuse, nous devons, en mobilisant tous les facteurs positifs et en nous guidant sur la politique et le plan de l'Etat, encourager des modes multiples d'exploitation et développer l'économie sous ses diverses formes: économie d'Etat, économie collective et économie individuelle; et promouvoir en outre activement la coopération économique et les échanges techniques avec l'étranger selon les principes suivants: indépendance, redressement par ses propres efforts, égalité et avantage réciproque, respect mutuel des engagements.

L'économie relevant de la propriété du peuple entier, en tant que force dirigeante de notre économie socialiste, joue un rôle décisif en ce sens qu'elle garantit l'orientation socialiste et le développement régulier de toute l'économie, mais elle ne doit en aucun cas entraîner comme corollaires de sa consolidation et de son essor la limitation ou l'exclusion d'autres formes et modes d'exploitation. L'économie collective étant une composante majeure de l'économie socialiste, nous pouvons parfaitement, dans beaucoup de secteurs, confier à des collectivités le soin d'accomplir des tâches de production et de construction. Ayant également des attaches avec la propriété publique, socialiste, l'économie individuelle telle qu'elle existe actuellement dans notre pays diffère de l'économie privée liée au capitalisme; elle joue un rôle irremplaçable dans la mesure où elle contribue à accroître la production sociale, facilite la vie quotidienne de la population et fournit un supplément d'emplois; subordonnée à l'économie socialiste, elle constitue un complément utile et même indispensable pour celle-ci. A l'heure présente, nous devons veiller à libérer de leurs entraves l'économie collective et l'économie individuelle des villes et des bourgs, à créer des conditions favorables à leur développement et à les protéger par la loi. Il faut, en particulier, donner une impulsion vigoureuse à l'économie individuelle dans le cadre des activités économiques de petite envergure, notamment en ce qui concerne les services qui fournissent principalement des prestations. Dans le même temps, il convient - selon le principe du libre consentement et de l'avantage mutuel - de développer sur une vaste échelle les exploitations coopératives et les associations économiques qui rassemblent, sous des formes souples et variées, des entreprises relevant de la propriété du peuple entier, de la propriété collective ou de la propriété individuelle; on peut louer à bail certaines petites entreprises d'Etat ou confier leur gestion, sur contrat forfaitaire, soit à des collectivités, soit à des travailleurs individuels. La coexistence de diverses formes économiques et de divers modes d'exploitation est une politique à long terme, qui répond aux besoins du progrès de notre œuvre socialiste; il ne s'agit nullement de revenir à l'économie de démocratie nouvelle qui existait dans les premières années suivant la fondation de la République populaire, époque où l'économie de propriété publique, socialiste, n'occupait pas encore une place prédominante dans les villes comme à la campagne. Loin d'ébranler les fondements de notre système économique socialiste, la politique proposée ne fera qu'aider à sa consolidation et à son développement.

Marx et Engels avaient souligné, dans le Manifeste du parti communiste, que le développement du capitalisme ayant abouti à l'exploitation du marché mondial, à la place de l'ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles-mêmes, se développent des relations universelles, une interdépendance mondiale des nations en ce qui concerne la production et la consommation. A notre époque, où les forces productives, ainsi que les sciences et la technologie, se développent à un rythme plus rapide encore, les liens économiques et techniques entre les diverses nations restent très étroits en dépit de leurs relations politiques complexes et des contradictions qui les opposent les unes aux autres, et il devient impossible pour une nation de se moderniser si elle reste encore repliée sur elle-même. Depuis la troisième session plénière du Comité central issu du 11e congrès du Parti, nous avons adopté l'ouverture sur l'extérieur en tant que politique d'Etat, fondamentale et à long terme, et en tant que mesure stratégique permettant d'accélérer la modernisation socialiste, et des succès marquants ont été obtenus dans la pratiques. A l'avenir, il faudra assouplir encore les mesures politiques qui y sont liées; réformer le système du commerce extérieur selon le principe qui recommande de faire jouer l'initiative de tous les secteurs tout en coordonnant leurs activités vis-à-vis de l'étranger; s'efforcer d'élargir les échanges et la coopération économiques et techniques avec les autres pays; bien gérer les zones économiques spéciales existantes et ouvrir davantage de villes côtières. Il faut attirer des capitaux du dehors et encourager des hommes d'affaires étrangers à établir dans notre pays des entreprises à capitaux mixtes, des sociétés en commandite ou des entreprises privées, toutes ces firmes étant également un complément utile et nécessaire pour notre économie socialiste. Nous devons utiliser pleinement les fonds aussi bien chinois qu'étrangers, exploiter le marché aussi bien national qu'international, acquérir une double capacité en apprenant à bien gérer l'édification économique du pays et à développer les relations économiques avec l'extérieur.

Si la politique d'ouverture est nécessaire à l'extérieur, elle l'est encore plus entre les différentes régions du pays. Entre les régions relativement développées et les régions retardataires, entre les zones côtières, intérieures et frontalières, entre les villes et les campagnes, de même qu'entre les diverses branches d'activité et les diverses entreprises, il faut briser les barrières et les cloisons; et, conformément aux principes de l'avantage réciproque et du développement commun, multiplier sous des formes variées les contacts horizontaux des entités économiques, pour que chacune d'elles puisse faire valoir ses points forts et remédier à ses points faibles; il faut, en outre, favoriser l'investissement de fonds et l'introduction d'équipements, faciliter le transfert des technologies et la mutation du personnel qualifié; développer la coopération économique et technique sous de multiples aspects et créer toutes sortes d'associations économiques; et enfin rendre plus rationnelles la structure de notre économie de même que sa répartition géographique, tout cela en vue d'accélérer la modernisation de la Chine.

IX. Faire appel à des hommes nouveaux et former un vaste contingent de cadres gestionnaires pour l'économie socialiste.

Pour entreprendre la réforme du système économique et développer l'économie nationale, nous avons besoin d'un personnel considérable spécialisé dans la gestion et l'administration, et surtout de cadres sachant mener les entreprises; ces cadres doivent posséder des connaissances économiques et techniques modernes, être animés d'un esprit novateur et créateur et être capables de créer des situations nouvelles. Or le problème qui se pose, c'est que nos cadres chargés de la gestion économique sont loin de répondre à ces exigences. Parmi eux, beaucoup de camarades vétérans ont apporté, au cours de longues années de lutte ardue, une contribution importante à l'édification économique du socialisme dans notre pays. Ils ont eu le mérite de former et d'influencer la masse des cadres jeunes et d'âge moyen par leur bon style de travail, leur talent d'organisateurs et leur fidélité aux principes régissant la vie au sein du Parti. Toutefois, la plupart d'entre eux ont atteint la vieillesse, et il ne convient plus de faire peser sur eux de lourdes responsabilités. Par conséquent, une tâche urgente, à l'heure actuelle, est de faire de grands efforts pour former, dans le domaine de la gestion économique, des milliers et des milliers de cadres jeunes et d'âge moyen et de les porter sans hésitation à des postes de direction.

Nous devons réaliser que dans la pratique de l'édification économique, en particulier au cours de la consolidation du Parti et de la réforme du système économique, des hommes de talent ont surgi et ne cessent de surgir en grand nombre. Les comités du Parti aux divers échelons doivent accomplir un travail minutieux et approfondi pour les découvrir et les mettre à l'épreuve. Ils doivent rompre avec les conceptions dépassées et les attitudes routinières, s'affranchir des habitudes tatillonnes et ne pas exiger la perfection absolue, ni ne se laisser influencer par l'esprit de faction et par les médisances de toutes sortes; s'ils parviennent à procéder ainsi, ils verront alors surgir devant eux un grand nombre d'excellents cadres. Bien entendu, un des problèmes pour les cadres jeunes et d'âge moyen, c'est le manque d'expérience. Mais cela ne doit pas servir de prétexte pour emmailloter les jeunes cadres, car l'expérience peut et doit s'acquérir progressivement dans la pratique. C'est un problème à traiter dans un esprit analytique. Certes les riches expériences, tant positives que négatives, que nos camarades ont accumulées tout au long de la révolution et de l'édification, ont beaucoup de valeur. Cependant, face aux tâches toutes nouvelles d'une période nouvelle, nos cadres, qu'ils soient âgés, jeunes ou d'âge moyen, ne possèdent pas, en général, un bagage de connaissances suffisant ni l'expérience neuve qu'exige l'œuvre de modernisation. Ainsi, tous doivent réapprendre afin de se faire une juste idée d'eux-mêmes et d'acquérir sans cesse de nouvelles connaissances. Fausse est l'attitude qui consiste à s'enfermer dans la routine et le conservatisme et à s'en tenir à des expériences déjà dépassées.

Le Comité central prescrit que soit achevé, avant fin 1985, le remaniement des équipes dirigeantes des entreprises, en particulier des entreprises clés; il faudra parallèlement fixer des plans et prendre des mesures efficaces afin de former, en un laps de temps relativement bref, un grand nombre de directeurs d'usines (ou de gérants d'entreprises) capables d'organiser et de diriger efficacement la production et d'assumer l'administration des entreprises; de nombreux ingénieurs en chef assez dynamiques pour renforcer la gestion technique et assurer le progrès de la technologie; d'ingénieurs économistes en chef sachant effectivement améliorer l'exploitation des entreprises et élever leur rentabilité économique; de directeurs comptables pouvant faire observer strictement la discipline financière et économique, réduire autant que possible tes dépenses et accroître les sources de revenus; de secrétaires de comité du Parti susceptibles de maintenir la juste orientation politique et de faire bloc avec les travailleurs; tout ceci afin de constituer un vaste contingent socialiste de cadres spécialisés dans la gestion techno-économique, un effectif complet englobant tous les talents susmentionnés de même que toutes les branches professionnelles.

Le Comité central a maintes fois souligné que, pour faire progresser la modernisation socialiste, il faut respecter le savoir et les hommes de talent, combattre toute idée et toute action qui sous-estiment le rôle des sciences et de la technique, négligent l'exploitation des ressources intellectuelles et méprisent les intellectuels, en finir résolument avec la discrimination qui existe encore en beaucoup d'endroits vis-à-vis de ces derniers et prendre des mesures énergiques afin d'élever leur statut social, d'améliorer leurs conditions de travail et d'existence. Toutes les réformes que nous entreprendrons doivent favoriser le progrès des sciences et de la technique, ainsi que la mobilisation des initiatives de toutes les régions, de tous les départements, de toutes les unités de travail et de tous les individus en vue d'assurer la mise en valeur du savoir; elles devront encourager les jeunes, les ouvriers, les paysans et les intellectuels à élever rapidement leur niveau culturel et techniques. Des récompenses importantes doivent être attribuées aux auteurs de grandes inventions et à ceux qui ont apporté une contribution exceptionnelle au progrès.

La science, la technique et l'éducation jouent un rôle capital dans le développement de l'économie nationale. Avec la réforme du système économique, la réforme structurelle dans ces domaines deviendra une tâche urgente, qui revêt une importance stratégique. Le Comité central discutera spécialement de ces problèmes et prendra les décisions qui s'imposent.

X. Renforcer la direction exercée par le Parti afin d'assurer le bon déroulement de la réforme.

La réforme du système économique en Chine sera entreprise dans de vastes domaines et d'une façon assez approfondie. Elle touche à l'avenir de la nation, aux intérêts vitaux de centaines de millions d'ouvriers, de paysans et d'intellectuels. Tous les camarades du Parti doivent se porter à la tête de ce courant historique. La réforme est une œuvre d'exploration et de création extrêmement complexe, à caractère de masse. Du fait qu'on est encore en train d'accumuler des expériences quant à la restructuration de toute l'économie nationale ayant les villes comme centre d'intérêt et que nos cadres ne s'y connaissent pas encore tous très bien, les organes dirigeants du Parti et du gouvernement à tous les échelons doivent garder l'esprit lucide et conduire ce travail avec le plus grand soin. Ils doivent libérer leur esprit, rechercher la vérité dans les faits, partir en toute chose de la réalité, combiner étroitement les principes et les mesures politiques du Parti avec les conditions concrètes de chaque région, de chaque département et de chaque unité de travail et appliquer ces principes et mesures dans un esprit créateur. En ce qui concerne la réforme du système économique à entreprendre dans les diverses régions de minorités nationales, il faut, en particulier, tenir pleinement compte des caractéristiques locales. Toutes les tentatives de réforme doivent être soumises à l'épreuve de la pratique afin que des expériences nouvelles en soient dégagées. Il est difficile de ne jamais commettre d'erreurs, mais il faut se garder d'en commettre quand on peut les éviter. Et quand une erreur a été commise, nous devons nous efforcer de la déceler à temps, la redresser résolument, en tirer la leçon et continuer à aller de l'avant. Il importe de procéder activement mais aussi avec prudence. Quand on a la certitude que les conditions sont réunies pour une réforme, on doit la mettre fermement en pratique et s'engager à fond dans chaque cas particulier où on est sûr de réussir; en cas d'incertitude, il faudra d'abord procéder à des essais dans des unités de travail choisies à cet effet, sans jamais tenter de tout faire d'un seul coup. Les mesures de réforme d'importance majeure concernant l'ensemble du pays relèvent exclusivement de la compétence du Conseil des affaires d'Etat. On encouragera certes les différentes régions et les divers départements et unités à effectuer un travail d'exploration et d'expérimentation en matière de réforme, mais toute réforme de portée nationale ou touchant à de vastes domaines doit être approuvée par le Conseil des affaires d'Etat avant d'être traduite dans les faits.

L'année prochaine, le travail de consolidation du Parti commencera dans un grand nombre de régions et dans beaucoup d'entreprises. La réforme doit être étroitement liée à la consolidation du Parti; celle-ci doit permettre de stimuler le développement de l'économie, et les résultats acquis dans le domaine économique permettront, en retour, de vérifier le travail de consolidation du Parti. Parallèlement au déroulement de la réforme, il convient de renforcer la direction exercée sur le travail de consolidation du Parti afin d'assurer effectivement que celle-ci ne se fait pas pour la forme. Plus on ranime l'économie et les entreprises, plus on doit veiller à combattre l'action corrosive des idées capitalistes, à surmonter l'esprit de corruption toujours à la recherche d'avantages personnels par abus de pouvoir, à condamner toutes les actions portant gravement atteinte aux intérêts de l'Etat et des consommateurs, à renforcer l'édification du Parti en matière de style de travail et de discipline, et à préserver et améliorer la vie politique au sein du Parti pour qu'elle soit saine et correcte. Durant cette période nouvelle, le travail idéologique et d'organisation du Parti doit être orienté fermement sur la réalisation de la tâche générale et de l'objectif global du Parti et être mené en étroite liaison avec les réalités de l'édification économique et de la réforme du système économique. Il faut soutenir activement les cadres et les masses qui se prononcent résolument en faveur de la réforme. Les déviations et les erreurs qui apparaîtraient au cours de la réforme, - exception faite pour les cas graves de violation de la loi et de la discipline appelant des sanctions en vertu de la loi - devront être traitées par le recours à la persuasion, à la critique et à l'éducation; et il faudra s'abstenir de classer ces écarts sous des étiquettes politiques. Les vues et conceptions théoriques différentes sur les problèmes posés par la réforme peuvent se confronter. Il ne faut pas répartir sommairement les cadres et les masses en «réformateurs» et «conservateurs», mais avoir la conviction que les camarades qui, pendant un certain temps, ne parviennent pas à suivre l'évolution de la situation finiront par élever leur niveau de conscience dans le cours même de la réforme. La réforme du système économique rural a commencé il y a cinq ans; des camarades qui à l'origine étaient sceptiques sur son résultat ont changé d'attitude devant les faits. Le Comité central du Parti, en dirigeant cette réforme, a toujours eu recours à la méthode d'éducation patiente, assurant ainsi son déroulement sans à-coups. Il s'agit là d'une expérience de grande valeur en matière de règlement des problèmes d'ordre idéologique apparus un sein du Parti et touchant la compréhension des principes politiques importants; dans l'avenir, nous devrons continuer à procéder de cette façon. Il est nécessaire d'entreprendre, parmi les membres du Parti et les masses populaires, un enseignement vivant sur la théorie et les mesures politiques concernant la réforme, un travail d'éducation qui soit combiné avec les réalités de celle-ci, afin que tous se rendent pleinement compte que le socialisme à la chinoise doit être plein de vitalité, qu'il diffère du modèle figé suivi dans le passé et n'a d'autre part absolument rien à voir avec le capitalisme, et pour que tous approfondissent leur compréhension scientifique du socialisme et se lancent d'eux-mêmes dans une magistrale application de la réforme.

La réforme du système économique amènera d'importants changements aussi bien dans la vie économique que dans le mode de vie et l'état d'esprit des hommes. Nous devons nous atteler parallèlement à l'édification de la civilisation matérielle et à celle de la civilisation spirituelle du socialisme, c'est là un principe inébranlable de notre parti. Tout en établissant un système économique socialiste plein de vitalité et de dynamisme, nous devons nous efforcer de créer pour toute la société un mode de vie hautement civilisé, sain et scientifique, bien adapté aux exigences du développement des forces productives modernes et du progrès social, et de rejeter tout ce qui est rétrograde, obscurantiste et corrompu; de revaloriser l'esprit d'initiative, de créativité et d'entreprise, et de venir à bout des forces routinières de ceux qui se contentent du présent, se complaisent dans la paresse intellectuelle, craignent toute réforme et suivent les sentiers battus. Ce mode de vie nouveau et cet esprit constituent une composante essentielle dans l'édification de la civilisation spirituelle du socialisme, de même qu'une force immense pour faire progresser la réforme du système économique et l'édification de la civilisation matérielle. Le camarade Mao Zedong a dit: L'humanité ne cessera jamais de progresser et la nature de se développer, jamais elles ne s'arrêteront à un certain niveau. Aussi l'homme doit-il constamment faire le bilan de son expérience, découvrir, inventer, créer et progresser. Les points de vue inspirés par l'immobilisme, le pessimisme, le sentiment d'impuissance, l'orgueil et la présomption sont erronés. Et cela parce qu'ils ne correspondent pas aux réalités historiques du développement de la société humaine et de la nature. Ces propos du camarade Mao Zedong illustrent de façon vivante un des aspects fondamentaux de la conception marxiste du monde et de l'histoire. Les communistes chinois se sont fixé pour mission historique de promouvoir sans cesse la marche et le progrès de la société. Du temps de la domination réactionnaire, notre parti a amené les masses populaires à faire la révolution pour renverser l'ancien régime; dans les conditions du socialisme, le peuple étant devenu maître du pays, notre parti dirige les larges masses populaires pour qu'elles accomplissent sciemment la réforme, afin d'édifier un Etat socialiste moderne et puissant, doté d'une civilisation et d'une démocratie hautement développées.

A l'heure actuelle, la situation sur le plan de la réforme est très bonne, et les masses populaires ont déjà de grandes réalisations à leur actif. En nous appuyant sur la sagesse et la force des masses et en maintenant les quatre principes fondamentaux, nous parviendrons à assurer la réussite de notre réforme et réaliserons avec succès la tâche générale et l'objectif global fixés par le 12e congrès du Parti.

 

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