Zhao parle du programme de réforme |
(Le 28 mars 1988) Le dirigeant du Parti communiste Chinois Zhao Ziyang a encouragé à une plus grande «transparence» des affaires du Parti et de l'Etat: «Cela, a-t-il dit, est absolument nécessaire si l'on veut procéder à des consultations et à des dialogues entre les gens.» Il a proposé qu'on mette en place dans les plus brefs délais un système de porte-parole qui offriraient des réunions d'information régulières et substantielles au nom de l'Assemblée populaire nationale (APN), du Conseil des affaires d'Etat et des divers ministères. Le secrétaire général du Comité central du PCC, Zhao Ziyang, a fait ces déclarations lors de la 2e session plénière du Comité central issu du XIIIe congrès du PCC, qui s'est déroulée à Beijing du 15 an 19 mars. Zhao a expliqué que les consultations et le dialogue étaient la seule façon de «résoudre correctement les antagonismes entre les gens». Il a dit que dans un système socialiste, il continue à éclater des conflits d'intérêts entre les divers groupes, et que l'approche correcte consiste à résoudre ces problèmes à temps et de façon appropriée. Il faut donc organiser des consultations et des dialogues à tous niveaux — national, intermédiaire et de la base. A l'avenir, il faut solliciter les opinions de personnes de tous les milieux au sujet des projets de lois importants et des programmes de grandes réformes, comme le réajustement des prix et la réforme de la main-d'œuvre et des salaires. Il a dit qu'il fallait dire au public la vérité sur les principaux événements qui touchent la stabilité sociale, et les politiques visant à résoudre ces problèmes doivent être expliquées à la faveur de dialogues approfondis, afin que le public comprenne et coopère. Actuellement, des consultations et des dialogues peuvent être organisés au niveau des villes, a-t-il poursuivi, surtout sur les questions touchant les préoccupations immédiates des citadins, comme les transports en commun, le logement, l'éducation, la sécurité sociale, le commerce et l'hygiène de l'environnement. Zhao a expliqué que ces consultations et dialogues au niveau de la base constituaient un «aspect important de la mise en place d'un système démocratique». Il devrait s'y agir surtout de discuter de questions comme les règlements et la discipline de travail, la sécurité dans la production, les fonds de bien-être, les allocations de logements, les cantines, les magasins de détail, les bains publics et les jardins d'enfants. Les consultations et les dialogues, a-t-il dit, sont des «voies par lesquelles les gens peuvent exprimer toutes leurs opinions» et apprendre à gérer eux-mêmes leurs propres affaires. Ils constituent un moyen important de mettre en place un «mécanisme d'équilibres et de contrôle, et de maintenir la stabilité politique et l'union». Les consultations et les dialogues entre différentes industries et unités ne sont pas encore très répandus, mais il faut les encourager, a-t-il dit. La réforme des structures politiques de la Chine ne peut qu'entraîner un nouveau développement du contenu des consultations et des dialogues, comme des méthodes utilisées. Tous les dialogues et consultations doivent viser à maintenir l'ordre dans le domaine social et dans celui de la production, a-t-il dit, et lors de ceux-ci, a-t-il ajouté, il faut toujours prendre en considération les intérêts de l'ensemble de la société, encourager l'égalité et promouvoir la connaissance mutuelle. Au sujet de la réforme des structures à laquelle doit procéder le Conseil des affaires d'Etat, Zhao a dit qu'elle allait surtout consister à modifier les fonctions des organismes du gouvernement, et non pas seulement à en réduire le nombre. Selon lui, la réforme en est encore à une étape de transition. Tous les organismes de l'Etat, les anciens comme les nouveaux, doivent s'appliquer à modifier leurs fonctions, déléguer certains pouvoirs aux échelons inférieurs, se réorganiser, réduire les effectifs de leur personnel, lutter contre la bureaucratie et travailler de façon plus efficace. Zhao a souligné que «notre parti et les organismes d'Etat doivent rester honnêtes et propres». C'est là, a-t-il ajouté, un nouveau problème qui se pose, et qu'il faut régler sérieusement au cours du développement d'une économie de marché socialiste. Les graves infractions aux lois, comme les abus de pouvoir pour extorquer de l'argent, qui constituent une trahison des intérêts de la nation, doivent être punies sévèrement comme l'exigent les lois et la discipline du Parti. Les éléments corrompus doivent être exclus du Parti, a dit Zhao. Il a poursuivi en disant qu'il fallait approfondir le travail d'éducation visant à améliorer la qualité d'ensemble des fonctionnaires du Parti et du gouvernement; perfectionner la législation et les règlements pertinents; renforcer les organismes de supervision économique pour surveiller de près les fonctionnaires; et augmenter graduellement les salaires au fur et à mesure du développement de la production et de l'accroissement des ressources financières de l'Etat. «L'organisation du Parti doit être renforcée de façon à promouvoir la création de l'ensemble de la morale socialiste», a-t-il dit. Zhao a ajouté qu'il s'attendait à ce que la Chine connaisse une croissance économique soutenue et relativement rapide cette année et pendant un certain nombre d'années à venir, si l'on s'attache à améliorer l'efficacité et à assurer un développement régulier et équilibré. La Chine, a-t-il dit, étant un pays en voie de développement, a besoin à la fois de stabilité économique et d'expansion; il lui faut à la fois un taux relativement élevé de croissance et de bons résultats économiques. La situation a commencé à changer l'année dernière, a dit Zhao. On est parvenu à combiner croissance et stabilité. «Nous avons beaucoup de leçons à tirer de ces heureux résultats, et il nous faut continuer à les appliquer», a-t-il fait remarquer. «Ce que nous avons appris de plus précieux, c'est que si nous laissons la réforme jouer un rôle dominant dans l'ensemble de notre travail, la micro-économie comme les contrôles macro-économiques vont se trouver stimulés, et ces deux domaines vont se compléter, ce que va assurer à la fois une croissance rapide et de bons résultats économiques.» Il a souligné combien il est important de laisser jouer la loi de la valeur pour stabiliser l'économie et promouvoir la croissance économique. A ses yeux, les hausses de prix excessives sont un «des gros problèmes économiques actuels», qui se manifeste surtout au niveau des prix des produits alimentaires, dont la montée préoccupe surtout les citadins. En 1987, l'indice national des prix de détail s'est élevé de 7,2%, hausse causée pour 65 % par l'augmentation des prix des produits agricoles et de leurs dérivés. Ces prix irrationnels, a poursuivi Zhao, qui empêchent la production de s'accroître, doivent être réajustés étape par étape de façon à rationaliser l'organisation de l'industrie et la variété des produits; en même temps, il faut faire cesser les hausses de prix non autorisées. Lorsque les prix des principaux produits alimentaires montent, il faut verser des allocations de compensation aux employés, a dit Zhao. Pour ce qui est de la stratégie de développement des régions côtières de la Chine, Zhao en a expliqué l'importance pour l'ensemble du pays comme pour ces régions elles-mêmes. L'exécution de cette stratégie, a-t-il souligné, va non seulement faciliter le développement des zones côtières, mais aussi promouvoir celui des régions intérieures. En outre, elle va énormément stimuler la réforme du commercé extérieur, de la banque et des finances, et de la gestion de la science et de la technologie, des prix et des entreprises d'Etat. Il a fait remarquer qu'il existe de graves incompatibilités entre l'organisation actuelle du commerce extérieur, la gestion des entreprises et l'intégration des progrès scientifiques et technologiques au développement économique. La Chine souhaiterait recevoir plus d'investissements étrangers, a-t-il dit, avant d'ajouter: A la lumière de ce qui s'est fait ces quelques dernières années, on voit qu'il y aurait beaucoup d'avantage à laisser les investisseurs étrangers gérer directement les entreprises à capitaux entièrement étrangers et à permettre aux hommes d'affaires étrangers de gérer les entreprises sino-étrangères et en coopération ou y jouer un rôle dominant, selon les règles courantes sur le plan international.» Zhao a demandé qu'on procède à une audacieuse réforme du commerce extérieur, et que les douanes comme les administrations chargées de l'import-export et des devises prennent l'initiative de créer des conditions favorables et d'améliorer leur style de travail. Cela s'avèrerait propice au développement du commerce extérieur et permettrait de faire face à la concurrence farouche qui prevaut sur le marché international aux fluctuations rapides. Il faut s'efforcer de créer des entreprises de cantons et de villages orientées vers l'exportation de produits de haute qualité avec l'aide de scientifiques et de techniciens chinois, a-t-il dit. Au sujet du projet de loi sur les entreprises d'Etat, Zhao a dit que pour juger si cette loi était consciencieusement respectée, il fallait examiner si les opérations d'affaires étaient conformes à la loi sur les entreprises d'Etat et aux autres lois pertinentes. Ce projet de loi sur les entreprises d'Etat va être présenté à la première session de la VIIe Assemblée populaire nationale. Zhao a dit que la séparation des fonctions des organismes du Parti et de la direction des entreprises était «absolument essentielle» pour faire exécuter la loi. Le directeur est le représentant légal de l'entreprise, et il doit jouer le rôle central dans celle-ci et en assumer toutes les responsabilités. Pour exécuter la loi, a dit Zhao, les organisations du Parti au niveau des entreprises doivent tout d'abord instaurer le système de responsabilité du directeur, dans le cadre duquel elles n'exerceront plus de direction centralisée comme c'était le cas dans le passé, mais superviseront le travail et s'assureront qu'il est accompli.
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