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Publié le 14/05/2011
Le début d'une nouvelle ère

(Publié le 13 octobre 1997)

POUR les Chinois, le XVe congrès du PCC (Parti communiste chinois) qui vient tout juste de se terminer fait allusion à un meilleur niveau de vie au cours des cinq prochaines années et au-delà; par ailleurs, pour les gens d'affaires, il signifie des marchés encore plus ouverts et davantage d'occasions d'affaires.

C'est la mi-septembre dans une ville côtière du Sud. Le directeur de la société à capitaux étrangers dit à ses travailleurs d'arrêter de faire quoi que ce soit et de regarder les cérémonies d'ouverture télévisées du XVe congrès du PCC à Beijing, au cours desquelles le secrétaire général Jiang Zemin livre un important message à propos de l'économie nationale, du niveau de vie des gens et du développement futur du pays. Comme plusieurs autres, cet homme d'affaires souhaite que les autorités maintiennent les politiques actuelles qui, jusqu'à maintenant, ont été bénéfiques à son entreprise et à ses revenus.

Comme il observe avec ses employés le déroulement de cet événement, il ne peut imaginer combien les paroles de Jiang peuvent être importantes. Le puissant message présenté par Jiang au nom du Parti est une déclaration à la nation et au monde entier que la Chine est déterminée à franchir encore plus audacieusement de nouvelles étapes dans sa réforme et à ouvrir encore plus grandes ses portes au monde extérieur.

En effet, le congrès n'est pas un événement qui intéresse seulement les 58 millions de membres du Parti, mais il est aussi d'un grand intérêt pour les centaines de millions de Chinois et les médias dans le monde. Le congrès du PCC est aussi significatif pour le cours des événements politiques en Chine que peut l'être une élection générale dans des pays occidentaux. Aux Etats-Unis, tout candidat sérieux à la présidence demandera à l'électorat: «Votre situation est-elle meilleure actuellement qu'elle l'était il y a quatre ans?» En Chine, plusieurs sondages récents ont montré que la majorité des gens pensent qu'ils jouissent d'une vie meilleure qu'à l'époque du XIVe congrès du PCC, il y a cinq ans. Ce n'est pas sans raison que l'atmosphère était à la confiance et aux célébrations, tant dans les bureaux et les salles de réunions du Parti et du gouvernement que parmi les masses populaires. Toutefois, les communistes chinois ne peuvent se permettre d'être trop contents d'eux. Ils ont pleinement saisi les rêves et les désirs du peuple chinois pour un niveau de vie encore meilleur. Ils ont également réalisé que le monde souhaite une Chine plus ouverte et plus démocratique. Pour satisfaire ces demandes, le Parti et le pays n'ont pas d'autres choix que d'accomplir de plus grosses percées dans la réforme. En particulier, ils ont besoin d'une théorie scientifique en mesure de les guider vers de nouveaux progrès. Mais bien sûr, l'histoire a déjà prouvé que la Chine possède une telle théorie—celle de Deng Xiaoping.

Jiang Zemin exhorte à tenir fermement l'étendard de la théorie de Deng Xiaoping.
PHOTO LI HAIBO

La foule s'est rassemblée à l'extérieur du Palais de l'Assemblée du peuple, là où se déroule le congrès du PCC.
PHOTO LI HAIBO

Un guide pour l'action

La théorie de Deng Xiaoping, «l'âme du congrès», a été formellement acceptée comme idéologie directrice pour la première fois au cours de l'histoire du Parti. Elle a également été reconnue comme la suite et le développement du marxisme et de la pensée de Mao Zedong. De manière unanime, le congrès a décidé d'établir la théorie de Deng Xiaoping comme l'idéologie directrice du Parti et de l'enchâsser dans ses Statuts. Ce geste historique indique, comme le font remarquer de nombreux délégués et observateurs, que le PCC poursuit un marxisme vivant, un socialisme scientifique en mesure de guider la pratique de la Chine et d'aider à résoudre les problèmes du pays. Il éloigne aussi les communistes chinois du dogmatisme et de la vénération d'idéologies miteuses. Ils poursuivront le principe de rechercher la vérité dans les faits, tel que prôné par Deng Xiaoping, en abandonnant certaines conclusions particulières établies par le marxisme et la pensée de Mao Zedong, lesquelles ne se reflètent plus dans la réalité chinoise d'aujourd'hui.

Observateurs au congrès, plusieurs entrepreneurs de Hongkong ont exprimé leur opinion à l'effet que la théorie de Deng Xiaoping est le produit naturel de près de 20 ans de réformes et d'ouverture, de même que le résultat des efforts de recherche de la vérité à partir des faits. Au cours des premiers jours de la réforme, se souviennent-ils, le pays avait à tirer des leçons et à synthétiser des principes, tout en allant de l'avant avec des mesures de réforme, ce qui était connu comme «traverser la rivière en tâtant les pierres sous l'eau». Aujourd'hui, la Chine est fière de la théorie de Deng Xiaoping, laquelle est systématique et a de la maturité. Avec un tel guide d'action, disent-ils, les Chinois et les investisseurs étrangers semblent être optimistes quant à l'avenir de la Chine.

Selon Li Youwei, délégué de Shenzhen, une ville pionnière des réformes, il n'a pas été facile d'établir la théorie de Deng Xiaoping. Li fait remarquer que Shenzhen, de petite ville frontalière, est devenue une grande ville moderne, dont la croissance annuelle du PIB est de 34% depuis la moitié des années 80. Il attribue ce miracle à la théorie de Deng Xiaoping. L'application audacieuse des réformes à Shenzhen, longtemps encouragée par Deng Xiaoping lui-même, a été contestée par certains, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Parti, lesquels pensaient que les pratiques de la ville étaient peu orthodoxes du point de vue marxiste. Surmonter leurs doutes est le défi auquel Li fait référence en parlant de la tâche ardue d'établir la théorie de Deng Xiaoping.

Dignes successeurs de Deng, Jiang Zemin et ses camarades ont, grâce au congrès, officiellement enchâssé la théorie de Deng Xiaoping dans les Statuts du Parti, ce qu'ils ont considéré être propice au renforcement du Parti au plan idéologique et à la promotion de la prospérité nationale.

Le premier ministre Li Peng a annoncé que le XVe congrès du PCC a une importance qui fait époque, parce qu'il a pris la théorie de Deng comme pensée directrice du Parti. Li a fait remarquer que les décisions prises par le congrès, lesquelles préconisent des modes diversifiés de propriété publique, constituent le troisième grand bond de l'émancipation des esprits en Chine. Selon Li, après la «révolution culturelle» (1966-1976), le Parti a formulé sa ligne fondamentale, soit de prendre le développement économique comme tâche centrale. Ce geste était le premier grand bond de l'émancipation des esprits. Le deuxième a été marqué par les commentaires de Deng, au cours de sa tournée dans le sud de la Chine en 1992. Ses commentaires et ses directives ont résulté dans la mise en place d'une économie de marché socialiste comme objectif de la restructuration économique, telle que l'a adopté le XIVe congrès du PCC un peu plus tard cette année-là.

De nombreux théoriciens et membres ordinaires du Parti ont fait écho aux remarques de Li. Ils considèrent la théorie de Deng Xiaoping comme le fruit des efforts pour émanciper les esprits des dirigeants chinois et des masses. On croit également que la théorie peut aider les gens à émanciper davantage leur esprit.

Des délégués au congrès sont entourés par des journalistes.
PHOTO LI HAIBO

Qu'apporte l'émancipation de l'esprit?

Selon certains observateurs étrangers, l'émancipation de l'esprit est une expression élégante de la langue chinoise qui suggère de respecter les faits et de débarrasser la société des influences dogmatiques. Après que chacun de ces grands bonds ait poussé l'esprit à s'émanciper, des changements remarquables secouèrent le pays.

A la fin des années 70, le monde a connu l'émergence d'un géant oriental ouvert, en croissance rapide, depuis le premier bond d'émancipation des esprits. Cette tendance est devenue beaucoup plus évidente après le deuxième bond en 1992. Conséquence naturelle de l'émancipation des esprits, la Chine a accordé la priorité au développement économique, introduisant des réformes et des politiques d'ouverture, tout en mettant de côté la politique de la porte close, et la théorie et la pratique de la lutte des classes. Au début de la décennie 90, le pays a commencé à établir le système d'économie de marché. Parallèlement, des progrès notables ont été accomplis dans la formation des systèmes démocratique et légal.

Pour les citoyens chinois, l'émancipation de l'esprit a apporté une plus grande prospérité et une meilleure qualité de vie dans l'ensemble. Un sondage récent suggère que les résidents des grandes villes mènent une vie qu'ils considèrent être une vie aisée. La majorité des gens croient qu'à la fin du siècle, le pays pourra fournir suffisamment de nourriture et de vêtements pour tous ses 1,2 milliard de citoyens. En d'autres mots, de 1978 à 2000, environ 250 millions de Chinois, l'équivalent de la population des Etats-Unis, se seront tirés de la pauvreté.

Les hommes clairvoyants dans le monde ont été satisfaits de l'énorme progrès accompli par la Chine. Le jour de la clôture du XVe congrès du PCC, par exemple, la Banque mondiale a publié son rapport «Chine 2020» qui exprime l'appréciation à l'égard des réalisations économiques de la Chine, de même que la confiance de la banque dans l'avenir du pays. Selon le rapport, le PCC a été, au cours des 20 dernières années, une force importante dans la réforme, et l'on prévoit que le Parti poursuivra son rôle au cours des prochaines années. Les responsables de la Banque mondiale ont exprimé un grand intérêt à l'égard du XVe congrès. Yukon Huang, directeur régional de la banque en Chine, dit: «Nous sommes très satisfaits des signaux émis par le congrès du Parti quant à l'importance accordée à la réforme des entreprises d'Etat».

Dans son article intitulé «Aider à la croissance de la Chine», publié le lendemain de la clôture du congrès, le président de la Banque mondiale James Wolfensohn a écrit: «La Chine et ses 1,2 milliard d'habitants sont au cœur de deux transitions historiques: d'une économie planfiée à une économie de marché, et d'une société rurale et agraire à une société urbaine et industrielle. Jusqu'à maintenant, les deux transitions ont été couronnées de succès éclatants. La Chine est un pays qui a connu la croissance économique la plus rapide au monde, son revenu par habitant ayant été multiplié par 4 au cours des 20 dernières années.

«Aucun pays n'a réussi à passer, en même temps, d'une économie planifiée à une économie de marché, et d'une société rurale à une société urbaine. On ne pourra jamais assez souligner la complexité de ces deux transitions; il en va de même pour la résolution de la Chine». Il fait également remarquer: «Il est encourageant de constater que le rapport du congrès du PCC démontre une volonté ferme de régler la question des entreprises d'Etat. Ces dernières et le secteur financier ont besoin de réformes audacieuses». Parallèlement, le directeur général de la gestion du FMI, Michel Camdessus, a exprimé sa satisfaction à propos de la direction prise par le congrès.

Du point de vue historique, la satisfaction et l'optimisme sont logiques. Les gens sont confiants à l'égard de l'émancipation actuelle des esprits, parce que les deux autres bonds ont donné des changements impressionnants. Toutefois, les Chinois savent que leur réforme est à un moment critique. C'est un peu comme naviguer à contre-courant: vous continuez à aller de l'avant, sinon vous reculez. Il est évident que les politiques actuelles ne sont pas suffisantes. Des politiques de réforme nouvelles et plus audacieuses sont nécessaires, et certaines questions délicates qui ont été auparavant écartées, telles que les questions de la propriété, sont désormais ouvertes aux discussions.

Le président de la Banque mondiale, James Wolfensohn, (à gauche) et Michel Camdessus, directeur général de la gestion au FMI expriment leur satisfaction à propos du congrès.
PHOTO RENTER

«Que signifie l'émancipation des esprits?» demande Wang Shujian, secrétaire du comité municipal du PCC de Yantai, province du Shandong. Cela signifie que «l'on doit rejeter certains tabous et faire de plus grandes percées dans les domaines clés», dit-il. L'émancipation des esprits actuelle, ajoute Wang, doit donner davantage de modes de propriété et moins de tabous dans les domaines économiques. Il croit également que la nouvelle émancipation des esprits aiguillonnera sans aucun doute la croissance économique et aidera la Chine à intégrer plus étroitement son activité économique au reste du monde.

Wan Fumin, secrétaire du comité municipal du PCC de Haicheng, province du Liaoning, parle des remarques faites par Jiang Zemin dans son rapport au congrès comme d'une grande percée— «La propriété publique peut et doit prendre des formes diversifiées», dit Jiang, «Toutes les méthodes de gestion et toutes les formes organi-sationnelles qui reflètent les lois régissant la production socialisée peuvent être employées audacieusement. Nous devons tenter de trouver diverses formes de propriété publique permettant de promouvoir grandement la croissance des forces productives».

«Je sens que le Comité central du Parti nous encourage à franchir des étapes de réforme plus audacieuses et à paver de nouvelles voies. Dans la mesure où nous implantons les réformes dans l'esprit du XVe congrès du Parti, nous pouvons espérer vivifier les entreprises d'Etat», a ajouté Wang.

Après le congrès, les théoriciens et les chercheurs chinois ont interprété plus clairement les changements au pays. Selon Li Junru, directeur adjoint du bureau de la théorie du Département de Propagande du Comité central du PCC, afin de réaliser l'industrialisation, la commercialisation et la modernisation de la production, lesquelles ont été accomplies dans plusieurs pays capitalistes, la Chine, encore au stade primaire du socialisme, doit être audacieuse à imiter certaines pratiques des pays capitalistes pour réaliser sa modernisation. Li Junru croit qu'il est particulièrement important pour la Chine d'étudier et d'appliquer les formes organisationnelles et les expériences de gestion des pays capitalistes appropriées aux conditions de la Chine.

Le charbon du port de Rizhao est prêt à être exporté.
PHOTO ZHANG LUCHENG

Un journaliste étranger est interviewé par ses homologues chinois au cours du congrès.
PHOTO LI HAIBO

Plusieurs hommes d'affaires étrangers à Beijing croient que les réformes à venir offriront diverses occasions commerciales pour les investisseurs étrangers. Certains s'attendent à une activité accrue puisque davantage d'entreprises d'Etat sont cotées en Bourse à Shenzhen et à Shanghai. Sun Zhenyu, vice-ministre du Commerce et de la Coopération économique avec l'étranger, a déclaré, lors d'une conférence de presse au cours du congrès, que pendant les quatre prochaines années, «la Chine offrira au monde un marché d'une valeur de 700 milliards de dollars US et des occasions d'affaires représentant 1 400 milliards de dollars US».

Aucun problème jusqu'à maintenant. Le congrès et le rapport de Jiang ont suscité l'approbation des Chinois et du monde entier. Cependant, comme certains le font remarquer, l'on doit comprendre le congrès et le rapport de manières globale et correcte.

Prenons par exemple la question des actions, un sujet populaire au cours du congrès et par la suite. Les médias occidentaux et plusieurs observateurs considèrent l'implantation d'un système de sociétés par actions par la Chine comme un signe de privatisation. Les communistes chinois nient cependant cette conclusion.

Dans son rapport, Jiang a mis la situation au clair: «Le système de sociétés par actions est une forme d'organisation du capital des entreprises modernes [...]. Il peut être utilisé autant dans capitalisme que dans le socialisme. On ne peut dire vaguement que le système de sociétés par actions est public ou privé; la clé, c'est de voir qui détient les actions».

D'autre part, l'on ne doit pas penser que les autorités centrales vont implanter, par un ordre administratif, ce système tous azimuts, sans aucune exception. Le vice-premier ministre Zhu Rongji a bien averti que ce système n'est pas obligatoire dans les entreprises d'Etat, et que le système coopératif par actions n'est pas la seule façon offerte aux petites entreprises. «J'ai toujours dit que l'actionnariat n'est pas une cure miracle», ajoute Zhu. Il demande aussi la compréhension globale et correcte et la mise en œuvre du rapport de Jiang, rapport qu'il décrit comme un «tout organique».

Plusieurs délégués au congrès ont exprimé des vues semblables. Le secrétaire du comité provincial du PCC du Liaoning, Wen Shizhen, a fait ce simple commentaire: «Les raisons historiques sous-jacentes aux difficultés qu'affrontent actuellement les entreprises d'Etat sont multiples et complexes. Ces difficultés doivent donc être réglées de manière globale. Le système d'actions sur le capital n'est qu'une des façons de régler ces problèmes. Il n'y a pas à se ruer sur celui-ci.»

 

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