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LES gouvernements chinois et français ont publié le 12 janvier (1994) un communiqué commun dans lequel ils disaient que la Chine et la France devaient reprendre leurs relations d'amitié et de coopération traditionnelles sur la base des principes qui avaient présidé à l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays; la partie chinoise a réaffirmé la position de principe qui a toujours été la sienne sur le problème de Taiwan; la partie française a confirmé que le gouvernement français reconnaît le gouvernement de la République populaire de Chine comme l'unique gouvernement légitime de la Chine et Taiwan comme une partie intégrante du territoire chinois, et que le gouvernement français s'engage à ne pas autoriser à l'avenir des entreprises françaises à participer à l'armement de Taiwan. Dans le communiqué, il était également dit que le premier ministre français M. Edouard Balladur effectuerait une visite officielle en Chine dans un avenir proche. La publication du communiqué commun démontre que les relations sino-françaises ont commencé à repartir du bon pied après une période difficile.

Comme chacun sait, l'ancien gouvernement français dirigé par le Parti socialiste avait autorisé la vente de 60 Mirage 2000 à Taiwan en novembre 1992, malgré de sérieux avertissements répétés et une forte opposition de la part du gouvernement chinois. Cette décision grave prise par la France avait eu un impact sur les relations entre les deux pays.

Le nouveau gouvernement dirigé par le premier ministre Edouard Balladur a accédé au pouvoir en mars 1993. Au début du mois d'avril dernier, les milieux industriels français ont demandé par le biais des médias au nouveau gouvernement de prendre des mesures pour améliorer les relations entre les deux pays, soulignant que la partie française «devait tout d'abord faire un pas sur le plan politique». Plus tard, l'ancien président Giscard d'Estaing, l'ancien premier ministre Chirac et d'autres hommes politiques français ont demandé la normalisation des relations avec la Chine. A la fin de l'année dernière et au début de cette année, Juppé, ministre français des Affaires étrangères, a prononcé deux discours dans lesquels il a exprimé son espoir de «voir reprendre au plus vite des relations plus confiantes entre la France et la Chine».

La partie chinoise a vivement réagi à ces démarches. M. Freedmann, envoyé spécial de M. Edouard Balladur, a fait deux visites à Beijing en juillet et décembre derniers. Le 12 janvier, les deux parties ont enfin publié un communiqué commun dans lequel elles déclaraient qu'elles reprenaient leurs relations d'amitié et de coopération traditionnelles, ce qui ouvre une nouvelle page dans l'histoire des relations sino-françaises.

Plusieurs facteurs sont à l'origine de cette normalisation.

Tout d'abord, la tension entre les deux parties ne sert pas les intérêts de la France à long terme. La coopération économique et commerciale sino-française touche surtout des domaines techniques concernant l'énergie nucléaire, les transports et les ressources énergétiques. Selon des chiffres français, la partie française a déjà perdu 6 milliards de francs français sur les contrats jusqu'à présent et ce chiffre pourrait aller jusqu'à 30 milliards de francs si les relations ne s'améliorent pas. Les milieux industriels, les plus graves victimes de la détérioration des relations sino-françaises, ont donc crié le plus fort en faveur du rétablissement de relations normales entre les deux pays.

La région d'Asie orientale est aujourd'hui celle du monde où l'économie est le plus dynamique, surtout la Chine, qui, dans le cadre de la réforme et de l'ouverture à l'extérieur, connaît une croissance économique rapide et régulière. On peut dire que la prospérité économique de l'Asie contraste avec la récession de l'Occident. Actuellement, les pays occidentaux, y compris les Etats-Unis, jettent tous leurs regards vers l'Asie. Dans la Communauté européenne, c'est l'Allemagne qui a été la première à agir. Au cours des six premiers mois de l'année dernière, le montant des recettes en provenance des exportations vers la Chine de ses produits dont la fabrication nécessite des technologies de pointe a doublé. Mais les rapports difficiles entre la France et la Chine ont eu un impact négatif sur les exportations de ce genre de produits français en Chine.

Deuxièmement, la Chine occupe une position de plus en plus importante dans les affaires internationales. La Chine et la France sont toutes deux membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU et possèdent des armes nucléaires. Il leur faut renforcer leur coopération et leurs négociations pour contribuer à la paix et à la stabilité du monde qui est maintenant dans une situation troublée. La rencontre entre les chefs d'Etat chinois et américain lors du sommet de Seattle a non seulement secoué la France, mais lui a aussi donné une impulsion. La France qui pratique depuis toujours une politique extérieure indépendante a pris conscience de la nécessité d'agir de concert avec la Chine dans les affaires internationales de grande importance comme l'arrêt des essais nucléaires et le contrôle des armements.

Les relations diplomatiques sino-françaises avaient été établies en 1964 grâce au général de Gaulle, au président Mao Zedong et au premier ministre Zhou Enlai. La France a ainsi été la première parmi les pays occidentaux à établir des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine et a été vivement applaudie par l'opinion internationale. Au cours des 30 ans qui ont suivi cet établissement, les relations entre les deux pays n'ont cessé de se développer. La coopération des deux pays repose sur une base très solide: la Chine représente un grand marché potentiel tandis que la France possède une supériorité technologique. On peut penser que les relations sino-françaises s'amélioreront et se développeront si les deux pays respectent strictement les principes qui ont régi l'établissement des relations diplomatiques entre eux et ceux exposés dans le communiqué commun.

Beijing Information