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Publié le 09/05/2011
Résurrection du district de Beichuan

Trois ans auront suffit à reconstruire Beichuan, détruit par le séisme du 12 mai 2008. Aujourd'hui, la vie reprend son cours dans ce district du Sichuan.

 Chen Ran

« Duoji, à l'école, il faut être sage ! », dit Huang Guiqiong à son fils, tout en l'aidant à remplir son cartable.

Depuis le 28 février 2011, cette maman de 38 ans n'a jamais une minute de retard :  à 8h 30 précise, elle dépose son garçon de trois ans à la maternelle de Beichuan, la nouvelle ville du district autonome de l'ethnie Qiang. Et si vous passez à 17h, vous la verrez l'attendre devant l'école.

Seulement 10 minutes séparent l'école de son domicile. A la veille du Nouvel an, 7397 foyers (3504 de l'ancienne ville du district de Beichuan et 3893 expropriés de la nouvelle ville), ont participé à la loterie pour espérer investir les premiers logements flambant neufs de la nouvelle ville. Le 14 janvier, soit une semaine avant l'inauguration de la nouvelle ville, Huang et son mari Cheng Piyi ont emménagé dans un nouvel appartement du quartier d'Erma, quittant enfin leur maison provisoire qu'ils ont habitée pendant plus de deux ans.

Effacée, la douleur du passé

Dans la langue de l'ethnie Qiang, Erma signifie « Nous ». Ce quartier compte plus de 6 000 logements, et celui de Huang fait 106 m2. Il est au 5e étage, et comprend un salon, une salle à manger, et trois chambres. La décoration témoigne de la passion de la propriétaire pour la vie.

« C'est elle qui a réalisé cette broderie d'après une peinture lorsque l'on était dans la maison provisoire », annonce fièrement Cheng Piyi, pointant une broderie de 2 m de long accrochée au-dessus de la télévision.

« Je brodais pour tuer le temps. Il m'a fallu presque un an pour faire celle-là, explique Huang en souriant. J'aime beaucoup le nom de la peinture : Lever du soleil. Pour moi, c'est synonyme d'une vie meilleure ».

Cet optimisme à toute épreuve provient de l'amour de ce couple, et de leur confiance en l'avenir.

Avant la terrible catastrophe, le mari était ouvrier dans un hôtel, et son épouse faisait du contrôle qualité dans une société d'électronique dans le bourg Qushan à Beichuan. Le couple avait aussi une fille de dix ans. Quand la terre a tremblé, Cheng se reposait chez lui. Il a réussi à fuir avec sa femme, en portant dans les bras son fils qui était encore un bébé de 4 mois. Mais lorsqu'ils sont arrivés à l'école pour secourir leur fille, le bâtiment s'était déjà effondré... 

Beichuan se trouve à 140 km de l'épicentre, mais il a tout de même été  intégralement détruit, devenant la première zone sinistrée en nombre de morts, en envergure de destruction, en degré de pertes et en difficulté de reconstruction. Le 25 mai, 13 jours après la catastrophe, le Comité central du Parti et le Conseil des affaires d'Etat ont pris une décision importante, ratifiant la reconstruction d'une nouvelle ville du district de Beichuan sur un autre site.

Après le tremblement de terre, Cheng Piyi est rentré chez lui en dépit des risques. Ayant retrouvé son acte de propriété, il s'est rendu avec sa femme et son fils chez l'un de ses parents dans la ville de Mianyan. Trois mois après, les trois personnes et la belle mère de Cheng ont emménagé dans un quartier d'habitations provisoires tout près d'un stade. Alors que les sinistrés affluaient, Cheng aidait les équipes de secours à décharger le matériel, participait au travail de désinfection et de prévention contre les maladies. Sa femme a retrouvé un emploi dans une usine. Et le reste du temps, elle brodait et pratiquait la danse de l'ethnie Qiang.

Les experts des équipes antisismiques et de secours ont passé deux mois à chercher un endroit idéal pour reconstruire Beichuan. Finalement, leur choix s'est porté sur Bandengqiao, à 23 km de l'ancienne ville, et à 40 km du district Anxian de la municipalité de Mianyang.

Selon Li Xiaojiang, directeur de l'Institut d'urbanisme de Chine, Bendengqiao est une zone relativement protégée contre les séismes et les autres catastrophes. De plus, les membres de l'ethnie Qiang habitent traditionnellement dans des régions montagneuses, comme Bandengqiao. Reconstruire la ville de Beichuan à cet endroit montagneux favorisera la transmission de l'héritage culturel des qiang.

En février 2009, le ministère des Affaires civiles a acté que les six villages appartenant aux bourgs Anchang, Yong'An et Huangtu du district Anxian feraient désormais partie du district de Beichuan. Le président chinois Hu Jintao a nommé la nouvelle ville « bourg Yongchang », prospérité perpétuelle en français. C'est ainsi que Beichuan est devenu le seul district reconstruit sur un autre emplacement après le séisme.

L'espoir est devant nous

L'ancienne ville du district de Beichuan n'est plus qu'un amas de ruines : montagnes effondrées, maisons détruites, et routes défoncées. Chaque année, Cheng Piyi y revient plusieurs fois pour rendre hommage à sa fille emportée par la catastrophe.

Le 15 mai 2010, l'ancienne ville de Beichuan a été rouverte au public. Le nombre de visiteurs est limité à 1 000 personnes par jour.

La rivière Anchang, qui coule du nord-ouest au sud, divise la nouvelle ville de Beichuan en deux. A gauche, ce sont des terrains réservés aux projets de construction à long terme ; à droite, les travaux de construction des zones à différents usages ont  été terminés, à savoir quartiers résidentiels, centres commerciaux, écoles, services publics. Un parc industriel y sera également construit. Sur les deux rives, on envisage de mettre en place une galerie écologique, permettant de « climatiser » la nouvelle ville entourée de montagnes. A l'heure actuelle, les espaces verts couvrent 1,34 millions de m2, représentant 46 % de la superficie totale de la nouvelle ville, soit 44 m2 par personne. Le projet a par ailleurs pris en considération le renforcement de la capacité à résister au séisme et aux inondations.

Les habitants ont déjà accès aux habitations, aux soins médicaux, à l'éducation, aux commerces, au tourisme et aux loisirs. Avec l'arrivée massive de nouveaux habitants, le lancement des locations est un événement majeur dans le quartier commercial Banaqia, axe central de la nouvelle ville. Dans la langue qiang, Banaqia signifie « l'endroit où l'on fait du commerce ». 

« J'ai réalisé mon rêve. Notre fils a grandi, et nous avons une nouvelle maison dans la nouvelle ville », confie Cheng Piyi, avec son fils qui dessine à côté de lui.

« Beaucoup de mes anciens voisins s'installent dans le même quartier que moi. Je préfère venir habiter ici quitte à être sans emploi, plutôt que de rester dans la résidence provisoire avec un travail ». La réponse de Huang Guiqiong est sincère et ferme. « La nouvelle ville est encore en travaux. Nous devons remercier le gouvernement de nous avoir offert une belle maison. Demain, ça ira mieux ! ».

 

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