Henry Kissinger : La visite du président chinois aux Etats-Unis "revêt une importance fondamentale" |
La prochaine visite du président chinois Hu Jintao aux Etats-Unis revêt une importance fondamentale pour esquisser le futur des relations sino-américaines, estime l'ancien secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger. "Je suis convaincu qu'il existe une grande opportunité pour débuter une nouvelle ère dans les relations sino-américaines, je suis plein d'espoir et très positif", a-t-il indiqué au cours d'une récente interview exclusive avec Xinhua, depuis son bureau à Manhattan. Selon M. Kissinger, la coopération entre les deux pays s'avère sans doute encore plus importante qu'il y a 40 ans, du fait des nouveaux sujets qui émergent, tels que la protection de l'environnement, la lutte contre la prolifération nucléaire, ainsi que l'émergence de la Chine comme l'une des économies les plus importantes au monde. "Par conséquent, je pense qu'elle [la visite du président Hu] revêt une importance fondamentale pour esquisser le futur", a estimé M. Kissinger, qui a joué un rôle clé dans la politique étrangère américaine à la fin des années 60 et dans la majeure partie des années 70. M. Kissinger avait effectué une visite confidentielle en Chine en 1971, ouvrant la voie à un sommet historique qui s'était tenu en 1972 à Beijing entre les présidents américain et chinois de l'époque, Richard Nixon et Mao Zedong. La rencontre avait abouti à la normalisation des relations entre les Etats-Unis et la Chine. Au cours de l'interview qu'il a accordée à Xinhua, M. Kissinger a appelé à une coopération étroite et permanente entre les deux pays. "La Chine et les Etats-Unis ont désormais les mêmes opportunités et les mêmes défis à relever, de ce fait les deux pays doivent trouver le moyen de travailler ensemble", a-t-il indiqué. La chose la plus importante, c'est que "nous nous parlions franchement, qu'il n'y ait pas de surprise entre nous, que nous maintenions un dialogue constant et que nous réalisions que quand les Etats-Unis et la Chine coopèrent, le monde en bénéficie", a-t-il poursuivi. Il a par ailleurs proposé de mettre en place des "institutions permanentes de consultation" entre les deux pays, "de sorte qu'ils puissent toujours rester en contact et qu'ils n'attendent plus qu'une crise survienne". "Si un contact permanent est maintenu entre nous, même en cas de difficulté celle-ci s'intégrera dans un dialogue continu. Je pense que cela sera un des résultats de cette visite". Le président Hu doit débuter le 18 janvier une visite d'Etat de quatre jours aux Etats-Unis. M. Kissinger a estimé que les difficultés dans les relations sino-américaines sont très souvent "exagérées", avant de reconnaître qu'il existe désormais "une somme considérable" de confiance entre les deux pays. "Certains disent que nous nous inquiétons de la croissance de la Chine. La Chine va se développer, c'est inévitable, c'est souhaitable", a-t-il estimé. "Mais cela va entraîner des changements, nous changerons alors, ainsi nous devons constamment être prêts à nous ajuster à de nouvelles conditions". Agé de 87 ans et considéré en Chine comme "un vieil ami du peuple chinois", M. Kissinger a effectué plus de 80 visites dans le pays. Il fait partie des rares étrangers à avoir été reçus par quatre générations de dirigeants chinois. "Quand j'ai rencontré pour la première fois le Premier ministre Zhou Enlai, je lui ai dit que la Chine était une terre mystérieuse et il m'a répondu que quand je la connaîtrais mieux, elle ne serait plus tellement mystérieuse. Et il avait raison. Le contact et le dialogue se sont énormément améliorés", a-t-il rappelé. "J'admire considérablement ce que le peuple chinois a accompli au cours de 40 dernières années. [...] Ainsi, je suis convaincu que les 40 prochaines années apporteront autant de bénéfices au peuple chinois et à l'amitié sino-américaine que la période précédente", a estimé M. Kissinger. "J'attends avec impatience de rencontrer votre président à l'occasion des différentes cérémonies qui vont se tenir à Washington. Et à chaque fois que je rencontre un dirigeant chinois, je deviens un vieil ami", a-t-il indiqué.
Source: Xinhua |