La Chine contribue davantage aux Nations Unies |
— Interview exclusive de Chen Jian, Président de l'Association chinoise de l'ONU Le 24 octobre marque le 65ème anniversaire de la naissance de l'ONU. Depuis la rentrée de la République populaire Chine à l'ONU en 1971, sa participation ne cesse de se développer. Désormais, le plus grand pays en voie de développement du monde fera davantage de contributions dans divers domaines comme les finances, l'aide au développement et le maintien de la paix. Récemment, Beijing Information a interviewé Chen Jian, président de l'Association de l'ONU de Chine.
Chen Jian : Au début de la restitution de son droit légitime à l'ONU, la Chine l'a servit d'une occasion de diffusion. A chaque Assemblée générale des Nations Unies, le chef de la délégation chinoise faisait un discours sur les théories et politiques diplomatiques du pays et exprimait ses opinions sur les grands problèmes internationaux. Le 6 avril 1974, Deng Xiaoping, lors de sa présence à la 6ème réunion spéciale de l'Assemblé générale des Nations Unies, a publiquement présenté « la Théorie des trois mondes » de Mao Zedong, exprimant que la Chine sera toujours amie avec les pays du tiers monde, n'aura jamais l'intention de devenir une superpuissance. Ce discours a été bien accueilli au sein des Nations unies. Pourtant, la Chine choisissait souvent de s'abstenir. Dans les années 1980, Deng Xiaoping a lancé deux réformes. Premièrement, la Chine a accepté les aides issues de l'ONU et de ses institutions comme la Banque mondiale et le FMI. Deuxièmement, la Chine s'est engagée activement dans le maintien de la paix. Auparavant, à cause de la Guerre de Corée, la Chine pensait que la participation au maintien de la paix était un prétexte utilisé par les grands pays pour intervenir dans les petits. Après une longue période d'observation, la Chine trouve que la participation à cette activité renferme un sens positif. En 1989, la Chine a envoyé pour la première fois des soldats pour participer au maintien de la paix. Jusqu'à présent, le nombre de Chinois envoyés se classe au 13e rang à l'échelle planétaire et au 1er rang parmi les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité. Au tournant du siècle, l'ONU, ainsi que la Chine, ont peu à peu changé. Les intérêts réels de la Chine ne sont plus cantonnés à l'intérieur du pays, car son influence est de plus en plus grande. Actuellement, les intérêts de la Chine sont liés à beaucoup de questions mondiales, ce qui la pousse à participer aux affaires de l'ONU avec une attitude positive pour s'assurer ses propres intérêts. Le changement climatique et la lutte contre le terrorisme constituent deux questions internationales brûlantes. La Chine et les Etats-Unis sont les deux plus grands émetteurs de carbone du monde, mais les pays occidentaux demandent toujours à la Chine d'assumer une responsabilité supérieure à ses obligations. La Chine doit d'une part prendre part à l'élaboration des stratégies face au réchauffement global pour protéger l'intérêt commun du monde, et d'autre part sauvegarder l'intérêt de la Chine en insistant sur une responsabilité commune mais différentiée. Sur ce problème, la Chine n'en peut pas se tenir à l'écart. Pour le problème de l'anti-terrorisme, c'est la même chose. Il s'agit d'un problème international qui menace la sécurité de chaque pays, même la Chine. La Chine doit nécessairement coopérer avec les autres pays du monde afin de lutter contre le terrorisme. Beijing Information : Ces dernières années, la Chine s'engage généralement dans les affaires de l'ONU. Elle a déjà envoyé des représentants à l'ONU ainsi que dans ses institutions. Au cours de ce processus, quels sont les bénéfices que la Chine a remportés ? Chen Jian : Tout d'abord, la Chine a bien diffusé ses opinions à travers la chaire de l'ONU. Ensuite, les dirigeants chinois ont utilisé cette occasion pour déployer les contacts bilatéraux ou multilatéraux et établir des relations diplomatiques avec de nouveaux pays. Par ailleurs, l'ONU est l'outil adéquat en matière de coopération internationale. Par le biais de cet organisme, la Chine obtient les aides financières et techniques issues de la Banque mondiale et le FMI. Notamment au début de la réforme et de l'ouverture, les aides des organismes internationaux ont joué un rôle important. De plus, la Chine a conscience que c'est l'ONU qui décide de la légitimité des activités. Comparons les deux guerres d'Irak, qui ont été respectivement déclenchées par les deux président Bush, père et fils. La première guerre d'Irak qui a obtenu l'autorisation du Conseil de Sécurité est légale alors que la deuxième guerre est illégale, n'ayant pas l'autorisation du Conseil de Sécurité. La communauté internationale a considéré que l'activité militaire de la deuxième offensive avait violé « la Charte des Nations Unies ». Les deux points de vue totalement différents sur les deux guerres d'Irak reflètent la fonction évidente de l'ONU, qui représente la justice et la légitimité internationales. L'activité antipiraterie de la flotte chinoise dans le golfe d'Aden en est un bon exemple. C'est pour la marine chinoise la première activité militaire à l'extérieur du pays. Sans l'autorisation du Conseil de Sécurité, cette activité susciterait sans doute une polémique sur la menace chinoise. Cependant, avec l'autorisation du Conseil de Sécurité, cette activité incarne le sens de la responsabilité de la Chine en tant que grand pays. Beijing Information : Dans quels domaines la Chine sera-t-elle capable de faire davantage de contributions pour l'ONU ? Chen Jian : Premièrement, la contribution s'est concentrée sur les finances. La proportion de la cotisation chinoise a vu une hausse consécutive de quatre ans, soit actuellement d'environ 3,1 %. Selon les règles de l'ONU, les pays dont les revenus annuels par personne sont inférieurs à 7000 dollars ne devraient payer qu'une cotisation de 20 % de sa somme due. A présent, le PIB chinois par habitant a atteint 3700 dollars. Selon les estimations, ce chiffre doublera dans la prochaine décennie, pour dépasser 7000 dollars. Sans politique préférentielle, le montant total de la cotisation de Chine se classera au troisième rang du monde, après les Etats-Unis et le Japon. Dans ce contexte, la contribution financière de la Chine à l'ONU sera plus forte. Deuxièmement, la plupart des aides chinoises aux pays de développement n'ont pas été accordées à travers la plateforme de l'ONU, mais ces activités de soutien sont conformes aux objectifs de développement pour le millénaire de l'ONU. Je préconise de développer les coopérations avec les pays africains et ceux de l'Amérique latine par le biais de l'UNU. Troisièmement, la Chine devrait faire plus de contributions dans le maintien de la paix. Il faut établir une formation spéciale pour participer à cette activité. Avec la montée en puissance de notre pays, la Chine fera plus de contributions à l'ONU. Beijing Information : En tant que président de l'Association des Nations Unies de Chine, pouvez-vous nous présenter les principaux travaux de cette organisation ? Chen Jian : L'Association des Nations Unies de Chine est une institution non gouvernementale. Sa tâche principale est de diffuser les principes de l'ONU, ainsi que la diplomatie chinoise avec l'ONU, afin de faire adhérer le peuple chinois à cet organisme. Notre site officiel « www.unachina.org » présente l'ONU, le développement de la diplomatie chinoise avec l'ONU et les activités de notre association. Premièrement, nous simulons des activités onusiennes au sein des étudiants chinois. Les étudiants, qui représentent les pays membres de l'ONU, engagent des discussions sur un ou plusieurs thèmes, ce qui leur permet de comprendre le fonctionnement de l'ONU. Notre association fournit des aides. Deuxièmement, l'Association des Nations Unies de Chine est une institution de coordination en matière des recherches sur l'ONU lancées par tous les milieux sociaux, comme les écoles et les instituts. Par ailleurs, nous contribuons à développer les recherches sur l'ONU à travers l'organisation de forums et la publication de livres. Troisièmement, notre association organise des formations pour les employés qui ont l'intention de travailler à l'ONU. En effet, le nombre d'employés dans le Secrétariat et ses établissements subordonnés est directement proportionnel au montant total de la cotisation des pays. Avec l'augmentation de la cotisation chinoise, le nombre des employés chinois à l'ONU va être multiplié dans un proche avenir. Deux voies vous permettent de devenir employé de l'ONU : la recommandation du gouvernement ou la sélection par un concours. L'ONU organise tous les deux ou trois ans, un concours dans divers pays afin de sélectionner des hommes de talent. Notre formation vise à ce concours. Beijing Information : Quel est votre point de vue sur la réforme du Conseil de Sécurité de l'ONU ? Chen Jian : Le Conseil de Sécurité, formé après la Seconde Guerre mondiale, est un reflet de l'échiquier international de l'époque. Pendant 65 ans, ces relations diplomatiques ont fortement évolué. Dans ce cas, le Conseil de Sécurité est obligé de se réformer afin de s'adapter aux nouvelles circonstances. Néanmoins, cette réforme, qui concerne les intérêts de plusieurs parties, est difficile ou presque impossible pour le moment, car la multipolarisation, toujours en évolution, empêche de fixer la structure du Conseil de Sécurité pour les cinquante prochaines années. Je préconise d'adapter une solution de transition. Sans augmenter le nombre de membres permanents, on peut ajouter des membres non-permanents, qui se réservent le droit d'être réélus pour plusieurs mandats successifs. Ils ne partagent pas le droit de vote. En obtenant le soutien de la majorité, ils restent consécutivement en charge. Dans ce cas, ceux qui ne sont pas désignés comme membres permanents partagent désormais le droit réel. Ce sera une solution souhaitée par les membres permanents du Conseil de Sécurité. Si tel est le cas, les membres du Conseil de Sécurité seront divisés en trois groupes : les premiers sont les membres permanents comme la Chine et les Etats-Unis ; les deuxièmes incluent le Japon et l'Inde qui ont le droit d'être réélu consécutivement ; les troisièmes sont les pays qui n'exercent qu'un seul mandat. Le Japon a accepté cette proposition. Mais l'Inde et les pays africains l'ont refusée, car ils espèrent ajouter deux pays permanents qui se réservent le droit de vote. La signature d'un accord n'est pas facile. En conclusion, la réforme est nécessaire, mais elle demande du temps. Beijing Information
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