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Publié le 25/08/2010
Shenzhen - une zone économique spéciale en Chine

C'est une nouveauté, pour un pays socialiste, d'établir des zones économiques spéciales. La zone économique spéciale de Shenzhen, toute proche de Hongkong, couvre une superficie de 327,5 km2. Elle est la plus grande et la plus développée des quatre du même genre déjà établies en Chine (les trois autres se trouvent à Zhuhai et à Shantou, province du Guangdong, et à Xiamen, province du Fujian).

Depuis la création de la zone économique spéciale de Shenzhen, de nombreux étrangers lui portent un grand intérêt et certains autres se posent des questions à son sujet. Beijing Information a prié Liang Xiang, vice-président de la province du Guangdong et maire de la ville de Shenzhen, et Xu Dixin, célèbre économiste et conseiller à l'Académie des sciences sociales de Chine, de rédiger les articles ci-dessous pour présenter l'origine, la nature, les particularités et l'édification des zones économiques spéciales.

Une nouveauté dans l'application de la politique d'ouverture vers l'étranger

Liang Xiang

LE principe de l'établissement de zones économiques spéciales a été mis au point en tant que partie importante de la politique d'ouverture vers l'étranger, après que toute la nation chinoise ait déplacé, fin 1978, le centre de son activité sur la modernisation socialiste du pays. Pour concrétiser ce principe, l'Assemblée populaire nationale a approuvé et publié, en août 1980, les «règlements sur les zones économiques spéciales de la province du Guangdong». Après qu'on ait ainsi mis en place les procédures réglementaires, les zones économiques spéciales de Shenzhen, de Zhuhai et de Shantou furent aussitôt créées, puis, en octobre de la même année, celle de Xiamen.

Une importante décision

L'apparition d'une grande production modernisée et d'un marché international a rendu obligatoire pour tous les pays du monde l'extension au niveau mondial de leur production et de leur consommation. Les pays développés aussi bien que les pays en voie de développement doivent donc procéder à d'amples échanges économiques et techniques en vue de se compléter et de se stimuler. C'est pourquoi des zones de transformation et d'exportation et des zones de libre échange en tant que forme spéciale de coopération économique internationale, ont été mises sur pied dans plus de 70 pays ou territoires du monde. Ce sont des zones qu'on a délimitées et où applique des politiques préférentielles pour attirer des capitaux étrangers et introduire des techniques, et ce afin de créer des emplois, d'accroître les revenus en devises étrangères et de faire prospérer l'économie.

La Chine est un pays socialiste en voie de développement. Elle doit compter principalement sur ses propres forces dans son effort pour la modernisation du pays. Cela n'empêche cependant pas qu'elle cherche à obtenir autant d'aide étrangère que possible. En effet, elle réactive toujours sa coopération économique avec les pays étrangers, et ne laisse échapper aucune bonne occasion pour assimiler et exploiter tout ce qu'il y a de bon à l'étranger. C'est précisément en partant de ce besoin que le gouvernement chinois a décidé d'instituer des zones économiques spéciales.

Les conteneurs standard fabriqués par l'usine de conteneurs de transport maritime international de Chine.

Shenzhen, limitrophe de Hongkong, est une région pittoresque qui possède des ressources abondantes avec de grandes facilités de communications. C'est là aussi une gare importante d'importation et d'exportation. De plus, cette zone se situe à proximité de l'exploitation pétrolière de la mer de Chine méridionale, ce qui lui permettra de devenir encore plus prospère grâce à la prospection et l'exploitation de ces immenses réserves pétrolifères, et à la construction d'une centrale nucléaire au golfe Daya, non loin de là.

Pays d'origine de nombreux Chinois d'outre-mer vivant dans différents pays du monde, Shenzhen a des liens étroits avec Hongkong et Macao sur les plans politique, économique et culturel. On peut donc tirer pleinement profit de ces avantages si on crée là une zone économique spéciale, parce que: (1) La pratique d'une politique qui assure des traitements préférentiels permet d'utiliser de façon plus concentrée une plus grande quantité de capitaux étrangers, d'introduire des techniques et des équipements sophistiqués, d'acquérir de l'expérience dans le domaine de la gestion scientifique et d'accélérer ainsi le développement économique; (2) Le fait de traiter avec les capitaux internationaux permet d'observer et de connaître davantage l'évolution du monde capitaliste contemporain, de se mettre au courant de la situation du marché international et de la tendance du développement scientifique et technique étranger, et de développer notre coopération économique et nos échanges technologiques avec l'étranger; (3) Les multiples formes que présente la coopération permettent d'acquérir de l'expérience dans l'édification urbaine et dans la gestion, et de former un personnel compétent.

Dans le quartier de Shekou, une nouvelle usine de matériaux synthétiques est entrée en service.

Les mesures politiques

Dans les zones économiques spéciales, on pratique des systèmes de gestion et des mesures politiques différents de ceux qui existent dans les autres régions de l'intérieur. En voici les points essentiels:

— Les entreprises à capitaux étrangers importés sont entièrement indépendantes dans leur gestion, sous réserve d'observer les mesures politiques et les décrets en vigueur dans la zone spéciale.

— Les entreprises mixtes à capitaux chinois et étrangers et les entreprises de coopération assurent en toute indépendance leur gestion sous la direction de leur conseil d'administration, à l'abri de toute intervention administrative du gouvernement de la zone spéciale.

— Toute entreprise pratique le système du travail sous contrat. Elle peut embaucher ses ouvriers et employés sur examen ou concours.

— Elle a le droit de choisir le système salarial qui lui convient, salaire aux pièces, salaire variable, salaire du poste.

— Sous réserve du maintien d'une stabilité relative de prix, les zones spéciales établiront graduellement un système de prix reposant principalement sur la régulation par le marché.

— L'Etat simplifie les formalités pour faciliter l'entrée et la sortie des industriels étrangers.

— L'impôt sur les revenus des entreprises est fixé à 15%, taux inférieur à celui pratiqué à Hongkong. Aux entreprises dont le montant des investissements dépasse 5 millions de dollars américains ou dont le roulement des fonds demande une assez longue période en raison de la haute technologie que réclament leurs produits, on accorde une réduction fiscale de 20 % à 50 % ou une exonération totale valable de un à trois ans. Si les industriels étrangers réinvestissent les bénéfices qu'ils réalisent dans la zone spéciale pendant plus de cinq années, ils peuvent revendiquer une diminution ou même la suppression de l'impôt sur les revenus réinvestis.

— Les moyens de production et les biens d'existence importés avec approbation et destinés à la zone spéciale, sauf les cigarettes et le vin, sont exempts de droits de douane.

— Les produits exportés sont également exonérés de droits de douane.

— La zone spéciale peut fournir des terrains aux investisseurs et leur accorder des traitements favorables qui varient selon les divers secteurs et leur emploi. Mais dans l'ensemble, les frais d'utilisation des terrains sont beaucoup moins élevés qu'à Hongkong.

— Les produits des entreprises doivent être en majorité destinés à l'exportation, mais pour ceux dont a besoin le marché intérieur, ils peuvent être plus facilement vendus dans le pays que les autres produits.

La Chine pratique une économie planifiée, tandis que dans la zone spéciale de Shenzhen, l'économie est principalement régularisée par le marché. Dans les zones spéciales coexisteront pour longtemps encore diverses formes d'économies basées principalement sur les entreprises mixtes à capitaux chinois et étrangers et les entreprises à capitaux étrangers, cela à la grande différence des régions de l'intérieur où la propriété publique socialiste occupe l'écrasante majorité.

Dans une entreprise mixte à capitaux chinois et étrangers, les industriels chinois et étrangers sont l'un comme l'autre propriétaires des moyens de production et possèdent le droit de leur utilisation. Pour assurer en commun la gestion, ils sont tenus de coopérer étroitement, sur la base de l'égalité et des avantages réciproques. Une entreprise à capitaux étrangers est un capitalisme spécial limité et maîtrisé par l'Etat. Sous réserve d'observer les mesures politiques et les décrets en vigueur dans la zone spéciale, on permet aux entreprises de ce type d'obtenir des profits légaux.

Les caractéristiques

Les zones économiques spéciales se distinguent des autres régions uniquement dans le domaine de l'économie, mais non pas sur les plans politique et culturel. Le gouvernement de la zone spéciale exerce intégralement la souveraineté de l'Etat. En menant leurs activités économiques dans cette zone, les capitalistes étrangers doivent observer les lois, les décrets et les règlements de la Chine; d'un autre côté, le gouvernement chinois doit aussi protéger, en vertu de la loi, leurs biens, leurs profits réalisés et leurs autres droits et intérêts légitimes. Par conséquent, les zones économiques spéciales sont tout à fait différentes des anciennes concessions ou du système de «l'Etat dans l'Etat».

En ce qui concerne les formes et les pratiques, les zones économiques spéciales chinoises sont plus différentes qu'identiques de celles des autres pays et territoires du monde. Les zones économiques de l'étranger ont été pour la plupart établies sur la base du système de propriété privée, tandis que les nôtres bénéficient de l'aide de l'Etat et des provinces et villes intérieures, et que leur sphère d'activité est beaucoup plus étendue. Par exemple, la zone économique spéciale de Shenzhen entreprend, en plus de l'industrie, le commerce, l'agriculture, l'élevage, la construction de logements et le tourisme, offrant ainsi plus d'occasions d'investissement. Par ailleurs, de grands efforts sont faits dans nos zones économiques spéciales pour développer hautement une culture et une morale socialistes, pour que les cadres et les masses populaires combattent consciemment la corrosion exercée par l'idéologie bourgeoise. A cela viendra s'ajouter l'établissement d'un rigoureux système de légalité et de discipline, de sorte qu'y règnent l'ordre social et une bonne moralité, qu'y soit développé une vie culturelle saine et variée, une économie, une science et un enseignement de haut niveau. Par conséquent, l'assertion selon laquelle la zone économique spéciale est une «enclave capitaliste» n'est pas non plus justifiée.

Les succès et les perspectives d'avenir

Après une expérience de plus de trois années, la zone spéciale de Shenzhen a déjà remporté de grands succès.

Règlements. En vue de fournir aux investisseurs de bons terrains et de meilleures conditons d'activité, nous avons élaboré le «Programme pour le développement économique et social de la zone économique spéciale de Shenzhen». Faisant suite aux «Règlements des zones économiques spéciales de la province du Guangdong», nous avons établi une dizaine d'autres règlements particuliers, basés essentiellement sur les lois, les décrets et les mesures politiques pris par notre pays en la matière et en nous référant aux expériences des autres pays. Parmi ces documents, quatre qui portent sur l'entrée et la sortie du personnel étranger, sur l'enregistrement dans les services de l'Administration industrielle et commerciale, sur la gestion du travail et de la masse salariale et sur la gestion des terres, sont déjà entrés en vigueur. Cinq autres concernant la gestion des marchandises et des locaux, l'administration bancaire des capitaux étrangers, les contrats économiques, l'introduction des technologies et l'arbitrage économique, vont être mis en place incessamment. Les règlements sur les sociétés, les maisons de propriété privée, la comptabilité et les syndicats sont en cours d'élaboration.

Les travaux d'infrastructure. C'est selon un plan et par étapes que se sont effectués les travaux de construction et d'aménagement urbains; l'accent a été mis sur le pavage de 24 km2 de routes dans les quartiers de Luohu et de Shangbu, l'établissement d'un réseau de télécommunications, d'eau courante, d'électricité, de gaz et d'égouts, et sur le nivellement de terrain. En outre, on a construit 84 km de ligne de démarcation entre la zone économique spéciale et les autres régions. De 1979 à la fin de 1983, le montant global des investissements versés dans la construction d'infrastructure s'est élevé à 1 990 millions de yuans et la superficie bâtie a atteint 3,25 millions de m2. On a construit un grand nombre d'entreprises industrielles, de quartiers d'habitation, de magasins, de restaurants et d'hôtels de classe très bien équipés; on a aménagé aussi des sites touristiques particulièrement pittoresques. A présent, sur 51 voies urbaines en cours de construction ou d'agrandissement, 37 ont déjà été mises en circulation sur une longueur totale de plus de 56 km, formant ainsi un solide réseau de communications. La réforme de la gestion, également en voie de réalisation, comprend la simplification des structures administratives, la réduction du personnel administratif et l'élévation de l'efficacité du travail.

Apports extérieurs. Ces dernières années, des personnalités de milieux industriels, cornmerciaux et autres en provenance de plusieurs dizaines de pays et territoires — Japon, Etats-Unis, Grande-Bretagne, R.F.A., Australie, Nouvelle-Zélande, Thaïlande, Hongkong, etc. — se sont rendues dans la zone spéciale de Shenzhen pour y faire des inspections et des visites et y négocier des affaires. A la fin de 1983, on avait signé au total 2 506 accords avec les commerçants étrangers et le montant des investissements s'élevait à 13,22 milliards de dollars HK, dont 2,74 milliards de capitaux étrangers. La grande majorité des projets qui ont été mis sur pied ont obtenu de remarquables succès dans la gestion et les deux parties travaillant en coopération ont dans tous les cas réalisé de belles performances dans le domaine de la rentabilité économique. On a par ailleurs introduit plus de 10 000 machines dont beaucoup sont de niveau avancé. Ces techniques et équipements ont permis de renforcer la capacité de production de la zone économique spéciale et d'élever la compétitivité de ses produits sur le marché international.

Zhuhai (Guangdong) qui était un petit bourg, est devenu aujourd'hui une zone économique spéciale.

Production. Par rapport à 1979, année précédant la création de la zone spéciale, la valeur globale de la production industrielle de Shenzhen a augmenté en 1983 de près de 101 %, celle de la production agricole de 25 %, les ressources financières de 600%; les recettes en devises étrangères de 140%. L'industrie occupe une place de plus en plus importante dans la zone spéciale. Fin 1983, on comptait dans la ville de Shenzhen 164 nouvelles entreprises industrielles parmi lesquelles 55 ont été construites et mises en service en 1983. Ces industries embrassent principalement l'électronique, la confection de vêtements, l'alimentation, la fabrication de meubles, l'imprimerie, les matériaux de construction et la construction mécanique.

Un coin du parc de Haibin à Zhuhai.

La vie du peuple. Ces trois dernières années, Shenzhen a créé 30 000 emplois. Le salaire moyen des employés et ouvriers des entreprises de propriété du peuple entier s'est accru en 1983 de 129% par rapport à 1979; le revenu annuel moyen des paysans est de 218% supérieur à celui de 1979.

Grâce à l'éducation politico-idéologique, les cadres et la population ont élevé leur niveau de conscience dans la lutte contre l'action corrosive de l'idéologie bourgeoise, aiment plus ardemment le socialisme et sont pleins de confiance dans l'avenir brillant de la zone économique spéciale.

Suivant le plan fixé à long terme pour la zone de Shenzhen, l'accent sera mis sur le développement industriel en introduisant principalement des projets qui réclament une haute technologie et les apports de capitaux.

On prévoit ainsi qu'en 1990, la population passera de 250 000 habitants actuellement à 400 000, les employés et ouvriers de plus de 30 000 à 80 000; la productivité annuelle des entreprises industrielles passera de plus de 20 000 yuans en 1982 à 45 000 yuans par personne. La valeur globale de la production industrielle s'élèvera, selon les estimations, à 3,6 milliards de yuans.

La zone de Shenzhen couvre aujourd'hui une superficie de 327,5 km2. Le premier plan d'urbanisation prévoit que 110 km2 de terrain seront destinés à la construction urbaine. Compte tenu de sa configuration caractérisée par une étroite bande de terre, et conformément au principe qui consiste à «favoriser la production et à faciliter la vie», la zone sera divisée en trois parties (situées respectivement à l'est, au centre et à l'ouest) comprenant 18 régions de fonction reliées entre elles par des espaces verts. Ce plan sera réalisé par étapes.

Après plusieurs années d'efforts, une nouvelle ville de caractère socialiste, moderne et hautement civilisée, se dressera alors sur le rivage de la Mer de Chine méridionale.

La nature des zones économiques spéciales de Chine

Xu Dixin

VU sous l'angle du système social, l'établissement des zones économiques spéciales dans les pays capitalistes ne pose pas de problème. Dans les zones spéciales de ces pays, on adopte en effet une politique des traitements de faveur afin de développer plus rapidement le capitalisme. Par conséquent, ces zones spéciales sont de nature typiquement capitaliste.

Dans les pays socialistes, les zones économiques spéciales présentent, de par leur nature et leur rôle, un caractère à la fois contradictoire et cohérent. Dans ces zones coexistent l'économie d'Etat et l'économie collective. Cependant, tout doit reposer sur l'économie d'Etat: c'est sous cette forme de base qu'on peut en effet utiliser et introduire les techniques et les capitaux étrangers. Cependant, si l'économie d'Etat occupait une place trop importante, on perdrait la raison même de l'établissement de ces zones spéciales. Par ailleurs, on y trouve aussi des entreprises mixtes à capitaux chinois et étrangers, ainsi que des entreprises aux seuls capitaux étrangers ou fonds provenant des Chinois d'outremer. Toutes ces entreprises, principalement celles de la première catégorie, occuperont à l'avenir une place prédominante.

Les entreprises mixtes à capitaux chinois et étrangers sont par nature un capitalisme d'Etat. C'est une sorte de combinaison et de coopération entre le gouvernement socialiste chinois et le capitalisme. Les entreprises à capitaux étrangers sont des entreprises capitalistes, mais elles se trouvent dans un contexte très différent de celui des entreprises privées des pays capitalistes. Leurs activités sont assujetties aux contrôles des autorités de la zone spéciale chinoise et elles doivent observer strictement les lois du gouvernement chinois, payer la taxe sur le chiffre d'affaires, l'impôt sur les biens immobiliers et l'impôt sur les revenus. Elles sont limitées dans leur champ d'activité et ne peuvent agir à leur guise. Par conséquent, on peut affirmer que les entreprises à capitaux étrangers relèvent d'une forme spéciale de capitalisme, qui est limité et contrôlé par l'Etat et dont la nature ressemble à un capitalisme d'Etat. C'est pourquoi on peut dire que les zones économiques spéciales chinoises appartiennent pour l'essentiel à une sorte de capitalisme d'Etat.

La loi de la valeur

Dans l'économie des zones spéciales, la loi de la valeur joue un rôle important et même un rôle prédominant.

La théorie marxiste donne deux sens à la loi de la valeur: d'une part, l'heure de travail social nécessaire à la production détermine la valeur des marchandises. Pour chaque producteur, le travail abstrait ou la quantité qui dépasse le travail nécesaire n'est pas reconnu par la société. De l'autre, la valeur d'une marchandise est déterminée par un rapport basé lui-même sur une distribution rationnelle de la consommation totale en temps de travail nécessaire pour la production de la société.

Ces deux cas existent aussi dans la société socialiste. En Chine, la loi de la valeur et la loi du développement planifié et proportionné sont en fait deux aspects d'une même chose. Les deux lois s'interpénétrent et se contraignent mutuellement. Les zones spéciales qui se trouvent sur le littoral du Guangdong et limitrophes de Hongkong et de Macao, ont naturellement des rapports économiques plus étroits avec ces derniers que les régions intérieures. Il est donc inévitable que ces zones spéciales soient facilement affectées par la fluctuation des prix sur le marché de Hongkong et de Macao, et même sur le marché mondial, et par les crises économiques mondiales périodiques.

Le capitalisme d'Etat des pays capitalistes et celui des pays socialistes relèvent de deux catégories différentes. Avant l'achèvement de la transformation socialiste, l'Etat peut inclure indirectement dans le plan d'Etat des entreprises privées en passant à ces dernières des commandes sur la transformation de produits ou unifiant l'achat et l'écoulement de leurs produits. Ce genre de capitalisme d'Etat diffère dans son essence de celui des zones spéciales actuelles. Les départements commerciaux de notre pays en effet ne confieront pas la transformation des produits ni ne passeront de commandes aux entreprises capitalistes des zones économiques spéciales. Les produits des entreprises mixtes à capitaux chinois et étrangers et ceux des entreprises à capitaux étrangers de la zone spéciale sont principalement destinés à l'exportation et seront donc régularisés par le marché. Ici, le rôle de la loi de la valeur est très évident. Cela ne veut pas dire que le pland'Etat n'a pas de rôle à jouer dans les zones spéciales, il doit contrôler le plan d'urbanisme, l'emploi des terrains, la répartition des industries et les emprunts bancaires. Par conséquent, dans une zone économique spéciale, on doit étudier sérieusement la loi de la valeur, sous peine de souffrir d'une certaine passivité dans le travail.

Les mesures politiques spéciales

Dans une zone économique spéciale, en plus de la loi de la valeur, la loi de la plus-value joue également son rôle. Dans les entreprises à capitaux étrangers existe l'exploitation, ce qui est la règle générale. La part de profit réalisé par les industriels étrangers dans les entreprises à capitaux mixtes constitue aussi une exploitation. L'exploitation de la plus-value est bien entendu en contradiction avec le système socialiste de la Chine. Mais si nous permettons d'exploiter la plus-value, c'est pour appliquer une politique de rachat. Peu après la Libération, nous avons adopté également une politique de rachat à l'égard de la bourgeoisie nationale, dans le but d'obtenir sa coopération. A présent, si nous l'appliquons à nouveau, c'est pour réaliser la coopération avec les investisseurs étrangers et les Chinois d'outre-mer, pour absorber leurs capitaux et introduire de nouvelles techniques. Ainsi nous pourrons augmenter le montant de nos revenus en devises étrangères et tirer parti de leur expérience dans la gestion des entreprises. Tout cela favorisera la réalisation de la modernisation socialiste du pays. Par conséquent, il existe une cohésion parfaite entre l'Etat et les zones spéciales dans l'application du socialisme dans ces régions. La politique de rachat est conforme à la théorie développée par notre pays pour protéger les entreprises à capitaux étrangers et les entreprises mixtes à capitaux chinois et étrangers dans ces zones spéciales.

La création de zones économiques spéciales vise à appliquer une politique d'ouverture vers l'étranger. Quand on parle de zones économiques spéciales, il faut entendre par ce qualificatif «spécial» qu'on permet aux investisseurs étrangers de mener leurs activités et de développer des entreprises mixtes à capitaux chinois et étrangers ou les entreprises à capitaux étrangers dans des régions bien délimitées. C'est là que réside la spécificité de notre politique en la matière. Pour son application, toute une série de principes spéciaux et de mesures politiques concrètes, et non temporaires, ont été adoptés.

Un choix courageux

— Commentaires de visiteurs

Florea Dumitrescu, ambassadeur de Roumanie en Chine: L'établissement de zones économique spéciales est une décision courageuse prise par la Chine en connaissant parfaitement les risques de l'influence corrosive de Hongkong et du capitalisme étranger sur ces régions. Certains Américains avaient jadis déclaré qu'ils exerceraient, par le biais de la coopération économique avec d'autres pays, une influence idéologique sur leur peuple en vue de changer leur système politique. Pourtant, le gouvernement de Shenzhen a réalisé un travail remarquable dans ce domaine en veillant à l'édification d'une culture et d'une morale socialistes et en maintenant l'excellente qualité du régime socialiste.

Claude De Groulart, chef de délégation des journalistes belges: La zone économique spéciale de Shenzhen est la réalisation la plus importante parmi toutes celles que nous avons constatées durant notre visite en Chine. L'établissement de cette zone spéciale constitue un choix politique courageux de la Chine; elle est également un défi réussi sur les plans économique et technique. Elle concrétise fortement et d'une manière indubitable l'application de la politique d'ouverture de la Chine sur l'extérieur. Sa réussite est favorable non seulement pour la Chine, mais aussi pour ses pays voisins, et plus largement, pour les coopérateurs économiques de l'Europe et du reste du monde.

Egon Bahr, membre du Présidium du Conseil fédéral du Parti social-démocrate de l'Allemagne fédérale: L'édification de la zone spéciale de Shenzhen est couronnée de succès. Son plan est audacieux et bien réfléchi. Ses dirigeants ont fait preuve d'une profonde perspicacité politique. Dans cette grande initiative, des erreurs seront inévitables. L'important, c'est d'y créer une nouvelle situation sur le plan politique.

Le Dr L. Y. Yang, homme de science d'origine chinoise et de nationalité américaine: La ville de Shenzhen possède beaucoup de potentialités. Rien qu'en deux ans, certaines usines ont déjà commencé leur production, bien avant les prévisions. Je croyais au début que l'introduction de capitaux étrangers à Shenzhen avait pour but de régler le problème de l'emploi et des salaires. C'est après avoir visité la compagnie d'électronique de Jinghua, que j'ai réalisé que vous avez tout un plan d'ensemble pour le développement de la zone économique spéciale. Je suis très content de constater que la Chine développe les techniques avancées sans suivre la voie de Hongkong.

Yan Jiyuan, directeur adjoint de l'Institut de peinture traditionnelle chinoise de Chongqing: On prétend que Shenzhen est tombée sous l'influence de Hongkong et que le désordre y règne. Après avoir visité cette zone, j'y ai, au contraire, constaté un bon ordre social. Les habitants de Shenzhen, notamment les jeunes, sont serviables, simples, honnêtes et polis.

Beijing Information (No4 1984)



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