Un nouveau chapitre à écrire dans l'histoire des relations commerciales sino-canadiennes |
Chen Ran Cette année constitue le 30eanniversaire du Conseil commercial Canada Chine (CCBC, Canada China Business Council), une association privée, basée sur le principe de l'adhésion des membres qui œuvrent à encourager le commerce et l'investissement entre le Canada et la Chine. Au cours de cet entretien exclusif accordé à notre rédaction, le journaliste Chen Ran et Sergio Marchi, directeur du CCBC, débattent de la situation actuelle pour les échanges commerciaux entre les deux pays et des perspectives d'évolutions en la matière. Pourriez-vous retracer le rôle que le CCBC a joué dans la promotion du commerce bilatéral entre le Canada et la Chine ? Selon vous, quelles sont les perspectives d'évolution pour ces relations commerciales ? Sergio Marchi: Je tire une très grande fierté au regard de nos 30 années d'existence. Notre mission principale est de promouvoir le commerce et l'investissement bilatéral. Durant la plus grande partie de ces 30 premières années d'existence, cette mission a signifié encourager les entreprises canadiennes à accéder et à pénétrer le marché chinois, qui affiche une croissance constante depuis plus d'une décennie. Dans le même laps de temps, à l'avenir, nous souhaitons poursuivre des politiques efficaces pour les entreprises canadiennes, et contribuer à leur succès dans cette partie du globe. Nous souhaiterions néanmoins obtenir des résultats plus probants afin d'accueillir et d'attirer davantage d'investissements au Canada, car les entreprises chinoises se développent rapidement, s'internationalisent de plus en plus agressivement. Nous souhaiterions déployer un rôle plus constructif afin d'attirer davantage les investissements chinois et étrangers en général, afin de bénéficier des retombées de ces derniers. Nos trente premières années d'existence ont été couronnées de succès qui ont suscité notre fierté, nous avons loué les compétences de nos membres fondateurs et leur esprit d'entreprise. Nous pourrons leur rendre hommage et leur faire honneur en nous engageant à écrire un nouveau chapitre dans l'histoire des relations commerciales sino-canadiennes. Cette année, nous célébrerons également le 30e anniversaire de la politique de réforme et d'ouverture en Chine. Avez-vous ressenti une certaine évolution au niveau de l'environnement d'investissement ? Ces trois décennies ont véritablement transformé la Chine. L'économie a toujours maintenu un rythme à couper le souffle. Vous venez de connaître quasiment 30 ans de croissance économique à deux chiffres chaque année, et pour cette raison l'incidence de la croissance a été très vaste, ce qui signifie que votre pays a été transformé, et plus considérablement sur le plan international. Le rôle déployé par la Chine par le passé et son influence mondiale ont été énormes. Ces dernières années, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et le Canada a connu une croissance rapide. La Chine, en tant que partenaire commercial, occupe la deuxième position, communautés de nations exclues, pour les échanges commerciaux avec le Canada, et constitue le premier partenaire de votre pays en Asie. Quels sont les domaines qui participent à une situation de « gagnant-gagnant » pour nos liens commerciaux ? Il existe un certain nombre de secteurs au sein de notre zone d'échanges qui sont complémentaires. L'un de ces derniers est celui des services financiers, car certaines de nos banques les plus performantes, telles que Royal Bank of Canada (Banque royale du Canada), Scotiabank et bon nombre de sociétés d'assurance, sont implantées non seulement dans les poumons économiques du pays que représentent Beijing et Shanghai, mais aussi répartis dans l'ensemble du territoire chinois. Le secteur des transports, avec des entreprises telles que Bombardier, est très dynamique et prospère, tout comme celui de l'agroalimentaire et de l'exploitation des ressources naturelles. Les premières sociétés canadiennes d'exploitation minière sont présentes sur votre territoire. Ces secteurs représentent des domaines où le Canada peut véritablement apporter une valeur ajoutée, un véritable complément aux besoins de la Chine en la matière. Nous devons également aborder les domaines les plus innovateurs et les secteurs émergents. Je prendrais plus particulièrement celui de l'écotechnologie, qui à mes yeux constitue un exemple intéressant. Celui-ci est porteur d'avenir car nous avons développé des entreprises respectueuses de l'environnement et solides sur le plan technologique, alors que parallèlement le gouvernement chinois a placé sur la liste des premières priorités du nouveau Plan quinquennal, l'amélioration de la qualité de l'air et de l'eau, et y a ajouté celle de la qualité des soins de santé et de l'éducation. Sur le plan de l'environnement, il ne fait aucun doute que la Chine devra relever de nombreux défis. Il faudra que ceux-ci s'inscrivent dans le cadre d'un objectif national, et nous devrons venir aux prises des défis que supposent votre développement. Le bénéfice dont les Chinois pourront disposer est celui des écotechnologies, dont les premiers pays industrialisés comme le nôtre possèdent depuis quelques années. Nous bénéficions de technologies qui n'existaient pas il y a 30 ou 50 ans, lorsque nous traversions notre révolution industrielle. Il existe par la même une manière de contrôler les émissions de polluants, de garantir une production respectueuse de l'environnement, et d'autres mesures qui permettront de réduire l'impact de l'activité humaine sur le cadre environnemental. Tant que nous serons relayés par une véritable volonté, nous pourrons également parvenir à une solution technologique ; il ne nous reste qu'à concilier la technologie avec la volonté politique. Si nous procédons de la sorte, nous serons en mesure de tenir nos engagements sur le plan environnemental, non seulement en Chine mais dans le reste du monde. Ces nouveaux domaines dont le développement affleure au Canada, surgissent et voient la collaboration entre le secteur public et les institutions du secteur privé peuvent contribuer à aider le gouvernement chinois à concilier développement et qualité de développement, de nombreuses opportunités économiques se présentant simultanément. Pensez-vous que les liens économiques entre le Canada et la Chine connaîtront la même période d'accrochage que les États-Unis subissent avec notre pays ? Comment pourrions-nous régler ce problème de manière plus efficace ? Nos relations avec la Chine ont connu une histoire riche et nous avons bénéficié d'une situation privilégiée. Nous sommes parvenus, au fil des années, à obtenir des accords sur les points sur lesquels nous divergions (nous avons montré notre désaccord courtoisement et de manière respectueuse). Nous avons réussi à trouver des solutions aux dissensions qui apparaissent au cours de quelque relation que ce soit. Cela n'est pas le plus étonnant. La véritable question réside dans le fait que l'on soit capable ou non de combler ces différences ou de résoudre ces désaccords commerciaux. J'ai bon espoir et je suis convaincu que si nous avons été capables de poser ces fondements dans le cadre de nos relations diplomatiques dès les années 1970, je ne vois pas pourquoi à l'avenir, nos relations ne pourraient plus être le reflet de cette situation. Cela consiste à harmoniser nos rapports politiques, à relever de nombreux défis ensemble sur divers terrains, et en progressant en enrichissant nos relations bilatérales en appliquant leur principe pour nos échanges multilatéraux. En fait, nous devons travailler à ce que les relations entre le Canada et la Chine puissent avoir des retombées positives sur le plan international. Selon la revue canadienne Global Chinese Press, les organisateurs des Jeux Olympiques d'hiver 2010 de Vancouver ont publié un guide commercial en chinois, afin de présenter les opportunités qui se profileront pour les entrepreneurs chinois. Y voyez-vous une possibilité de coopération entre les deux pays au niveau du secteur des services pour les Jeux Olympiques 2008 de Beijing et de l'Exposition universelle de Shanghai en 2010 ? J'espère que les choses se présenteront sous ce jour favorable. Pour le compte, nous avons entrepris une nouvelle initiative intitulée « Forum international du commerce et de l'investissement Shanghai-CCBC ». L'un des domaines auxquels nous avons attaché le plus d'importance avec le directeur adjoint de l'Exposition relève des opportunités qui pourraient surgir avant, lors et après l'Exposition universelle pour les entreprises canadiennes. Notre discussion en la matière a été très fructueuse. C'est pourquoi notre espoir réside dans le fait qu'un pont sera créé entre les Jeux Olympiques 2008 de Beijing, l'Exposition universelle de Shanghai et les Jeux olympiques d'hiver qui seront organisés sur notre territoire. Nous souhaitons que ceux-ci offriront un superbe environnement non seulement pour nos athlètes lors des Jeux olympiques estivaux et hivernaux, mais que les retombées commerciales et les opportunités dans ce domaine apparaissent à la fois pour nos entreprises en Chine et que les entreprises chinoises souhaitant prendre part aux évènements de Vancouver puissent être satisfaites. En août 1999, vous aviez été nommé Ambassadeur du Canada à l'OMC, et vous avez ensuite été élu Directeur du Conseil général de l'OMC à Genève. Comment évaluez-vous les engagements tenus par la Chine dans le cadre de l'OMC ? Ont-ils tous été tenus ? Je suis très heureux d'avoir pu intégrer cet organisme lors de l'entrée de la Chine dans la famille de l'OMC. Mon sentiment à l'époque, tout comme aujourd'hui, est que les Chinois ont gagné un rôle influent au sein de cet organisme en raison de leur économie, des dimensions du territoire et de son importance et également en raison de leur approche particulière. Le rôle de la Chine a été très constructif et a favorablement penché dans la balance de l'OMC au lieu de pratiquer ou de déployer un programme politique. J'estime que la Chine a représenté une force constructive ; de nombreux pays, non seulement les pays en développement mais également les pays industrialisés la consultent régulièrement en Chine. Lorsque j'étais en poste en tant que Directeur du Conseil général de l'OMC à Genève, j'invitais régulièrement les ambassadeurs afin que nous évoquions une question particulière, un défi auquel nous étions confrontés, ou la possibilité de les soumettre à une innovation ; je n'aurais jamais mis en place ces initiatives sans inviter l'ambassadeur de Chine, qui représentait un pays jouant un rôle clé dans le processus de négociations finales de l'OMC. Vous disposez d'un ambassadeur remarquable, M. Sun Zhenyu, qui est l'un de mes très bons amis. En tant que premier ambassadeur du pays à l'OMC, sa nomination a été déterminante. C'est une personne efficace, qui connaît son travail sur le bout des doigts, il est ouvert et sociable et c'est un parfait diplomate, dont les connaissances et la sagesse sont sans pareille. Pour les raisons que je viens de vous présenter, la Chine devrait continuer à jouer un rôle prépondérant au sein de l'OMC ; cela devrait avant tout renforcer son rôle et sa capacité de direction au sein de l'OMC.
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