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Publié le 17/12/2008
Mettre son grain de sel n'était pas indispensable

Ceux qui prennent fait et cause pour le Dalaï-lama aujourd'hui prennent également le risque de causer du tort au peuple tibétain à l'avenir. Agé de 73 ans, le Dalaï-lama accepte le fait que la Région autonome du Tibet fasse partie d'un pays souverain, la République populaire de Chine. Il insiste sur l'utilisation de moyens pacifiques afin de faire pression en faveur d'une plus large autonomie du Tibet à l'intérieur d'une plus vaste entité politique. Cependant, le Dalaï-lama est entouré par une jeune génération qui considère sa « voie intermédiaire » comme un échec. Ces activistes, obsédés par le concept occidental d'Etat-nation, envisagent d'ores et déjà des moyens plus radicaux pour parvenir à la création du « Tibet indépendant ». Lorsque les institutions occidentales donnent l'aval au Dalaï-lama, les extrémistes tibétains tirent la conclusion que l'Occident soutiendra leur combat peu importe les moyens et les fins, ce qui n'est évidemment pas le cas. En ce sens, les politiciens européens induisent le peuple tibétain en erreur en les exposant à une tragique impasse.

Les hommes politiques occidentaux reconnaissent souvent à mots couverts qu'ils rencontrent le Dalaï-lama sous la pression de l'opinion publique. Ils pourraient imiter le dirigeant taiwanais Ma Ying-jeou, qui a récemment écarté l'idée d'une visite du Dalaï-lama sur l'île en indiquant que « Le moment est malvenu ». Ce n'est qu'au travers du travail, de la coopération et d'une négociation minutieuse avec Beijing que chacun pourra contribuer de manière efficace au progrès général des 1,3 milliard de citoyens de la République populaire de Chine, et parmi eux évidemment le peuple tibétain.

Malheureusement, la tension entre l'UE et la Chine pourrait continuer en 2009. Lors du prochain semestre, la République tchèque assumera la présidence tournante de l'UE. Représentant de la « nouvelle Europe » qui a rejoint l'UE en 2004, Prague se montre généralement très critique envers Beijing. Le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek a récemment reçu le Dalaï-lama. Cependant, il existe également des personnes dans les riches sphères intellectuelles tchèques qui n'ignorent pas toutes les différences qui séparent l'URSS et la Chine, et qui sont pleinement conscientes des changements sociétaux qui se sont produits depuis la politique de réforme et d'ouverture souhaitée par Deng Xiaoping. Ceux-ci pourraient instiller un nouveau souffle de confiance et de synergie entre les deux rives de l'Eurasie.

L'UE ne peut se permettre de mettre son grain de sel dans son partenariat avec la Chine. Les responsables des politiques européennes doivent cesser de se complaire dans les raisonnements à court terme ou la démagogie. Le moment est venu de s'attacher aux réels sujets d'importance : une gouvernance mondiale plus appropriée requiert une forte coopération entre l'UE et la Chine, et au-delà, un triangle constructif entre Washington, Bruxelles et Beijing.

 

David Gosset est directeur d'Academia Sinica Europaea à la China Europe International Business School, à Shanghai, et a crée le Forum Euro-China. Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent ni celles de l'Academia Sinica Europaea ni celles de l'Euro-China Forum.

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