Chine Tibet : Faits et Chiffres (2008) |
3-3 Religion La religion du Tibet est principalement le bouddhisme tibétain, bön et religion populaire. Par ailleurs, on trouve aussi l'islam et le catholicisme. Actuellement au Tibet, on compte plus de 1 700 monastères bouddhistes tibétains où vivent environ 46 000 bonzes et bonzesses ; quelque 88 monastères du bön, avec plus de 3 000 moines, 93 tulku et 130 000 fidèles ; 4 mosquées pour plus de 3 000 musulmans ; une église catholique avec plus de 700 fidèles. L'influence de ces religions varie selon leur distribution géographique. Plusieurs négligent l'existence de la religion populaire. Du point de vue de la classification des religions, le bouddhisme tibétain, le bön, l'islam et le catholicisme sont des religions théologiques, tandis que la religion populaire manque de théorie systématique et n'a pas de lieu de culte particulier, ni de clergé. La religion populaire a une certaine influence sur la population surtout dans les régions lointaines. Quant aux relations entre ces religions, le bouddhisme tibétain et le bön s'excluent tout en s'influençant mutuellement. Cette situation a exercé une influence profonde sur la formation du bouddhisme tibétain et l'orientation du développement du bön. Tous deux ont absorbé des éléments de la religion populaire comme le culte rendus aux divinités. Les fidèles de l'islam et du catholicisme au Tibet sont relativement peu nombreux ; l'influence de ces deux religions est donc limitée. Mais dans l'ensemble, ces religions coexistent en bons termes. 3-3-1 Bouddhisme Au VIIe siècle, le bouddhisme se diffusa dans la région tibétaine depuis l'intérieur de la Chine, l'Inde et le Népal. Pour assurer son existence et son développement, le bouddhisme s'inspira, tant dans son contenu que sa forme, des divers éléments du bön et de la religion populaire. Influencé par ces divers facteurs, le bouddhisme tibétain, appelé communément « lamaïsme », s'est formé et a créé ses caractéristiques locales. Il a d'innombrables canons en tibétain, de riches dogmes et théories, une structure organique complète dans les temples, un système strict d'étude des canons et de pratique des rituels, ainsi qu'un système spécial de réincarnation des tulku, devenant une branche du système bouddhiste, distincte du bouddhisme dit « han » (au nord de la Chine) et du bouddhisme « pali » (au sud). Le bouddhisme tibétain, durant son évolution, s'est divisé en plusieurs écoles, dont Nyingma (secte rouge), Sagya (secte des fleurs), Kagyu (secte blanche) et Gelug (secte jaune). Certaines de ces écoles ont exercé une large et profonde influence sur la traditions socioculturelles du Tibet, et même sur l'histoire chinoise. Malgré sa courte histoire, le Gelug exerce la plus grande influence et a formé deux systèmes de tulku : dalaï-lama et panchen erdini. Certains estiment que le bön qui adopta beaucoup de contenus du bouddhisme et s'en inspira dans sa forme, a été déjà « bouddhisé » et qu'il doit ainsi être considéré comme une branche du bouddhisme tibétain. Le bouddhisme tibétain s'est répandu principalement au Tibet et dans des régions peuplées de Tibétains du Qinghai, du Gansu, du Sichuan et du Yunnan, et dans des régions peuplées de Mongols, de Tu, de Yugu et de Monba. Il y a aussi des croyants parmi les Han, les Naxi, les Luoba et les Pumi. Le bouddhisme tibétain a également une influence historique dans des pays et régions comme le Bhoutan, le Népal, la Mongolie, le Cachemire et la Bouriatie en Russie. Depuis la deuxième moitié du XXe siècle, il s'est répandu dans l'Europe et l'Amérique. Au moment où le bouddhisme dominait, toute famille qui avait des enfants devait compter au moins un bonze ou une bonzesse. Cela explique pourquoi, depuis le XVIe siècle, les bonzes et bonzesses représentaient, à leur apogée le quart de la population tibétaine. En 1951, année où le Tibet fut pacifiquement libéré, ils étaient au nombre de 100 000, soit le dixième de la population totale du Tibet. Pendant la réforme démocratique menée en 1959, les monastères procédèrent eux aussi à une réforme. Depuis lors, les Tibétains jouissent de la liberté de devenir bonze, et les bonzes, de la liberté d'abandonner l'état ecclésiastique. Dossier : Le système de réincarnation des tulku Passant par de longues années d'évolution, le bouddhisme tibétain s'est divisé en plusieurs écoles et lignées qui ont établi leurs propres systèmes de transmission pour maintenir leur intérêt acquis tant politique que religieux, consolider leur domination, favoriser leur propre développement et conserver leurs privilèges patrimoniaux. C'est contexte social et historique de la formation du système de réincarnation des tulku. La première initiative fut prise par la lignée Karma-Kagyu de l'école Kagyu. Selon des documents tibétains, le créateur de la lignée Karma-Kagyu, Dusum Khyenpa (1110-1193), prédit dans son testament oral qu'il reprendrait à nouveau naissance au monde et demanda à ses disciples de chercher le successeur de sa théorie religieuse. Il s'agissait du premier cas de réincarnation des bonzes supérieurs du bouddhisme tibétain. La réincarnation de Dusum Khyenpa est Karma Pakshi. La cour du Khan mongol a conféré le bonnet noir de bordure dorée et des richesses considérables à Karma Pakshi qui a ensuite développé la lignée Karma-Kagyu pour le placer à une position lui permettant de rivaliser avec la lignée Sagya. En 1283, à son agonie, Karma Pakshi demanda à ses disciples de trouver un enfant pour hériter de son bonnet noir. Le système de réincarnation des tulku fut ainsi établi dans la lignée de bonnet noir de l'école Kagyu. Plus tard, les autres écoles et lignées du bouddhisme tibétain le suivirent et la procédure de recherche de la réincarnation des tulku est de plus en plus complexe. Le système de réincarnation du dalaï-lama fut créé au XVIe siècle et celui du panchen-lama, en 1713. Au XVIIe siècle, après l'accession du Gelug au pouvoir, le procédé devint un moyen des couches dominantes du Tibet de se disputer le pouvoir. Pour éviter les pratiques malsaines et faire disparaître la couleur politique dans la sélection de l'enfant-réincarnation par héritage, la dynastie des Qing promulgua en 1793 les « Règlements en 29 articles visant une administration plus efficace du Tibet », stipulant sous forme de loi le système de tirage au sort à l'aide d'une urne en or. Deux urnes furent donc fabriquées à cette fin. L'une, destinée à la détermination des enfants réincarnant des dalaï-lama et des panchen-lama, est conservée aujourd'hui au monastère de Jokhang ; l'autre, destinée à celle des enfants réincarnant les grands tulku de la région de Mongolie et des hutogtus, est conservée actuellement à la lamaserie Yonghegong, à Beijing. L'État respecte le caractère religieux de la réincarnation des tulku et ses procédures et rituels. En 1992, le Bureau des affaires religieuses du Conseil des affaires d'État a approuvé le successeur du 17e tulku Karmapa. En 1995, en vertu des rituels religieux et de la convention historique et avec l'approbation du Bureau d'administration des affaires religieuses du Conseil des affaires d'État, la région autonome du Tibet a accompli la recherche et l'identification de l'enfant réincarné du 10e panchen et présidé la cérémonie d'intronisation du 11e panchen. Depuis la réforme démocratique, 30 tulku ont été approuvés par l'État et la région autonome du Tibet. |