La Chine a apporté une très importante contribution à la victoire dans la Seconde Guerre mondiale, qui a pourtant été sous-estimée par les Européens, estime l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder.

M. Schröder fait partie des dizaines d'hommes d'Etat invités à assister au défilé militaire du 3 septembre sur la place Tian'anmen à Beijing pour célébrer le 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et de la résistance victorieuse de la Chine face à l'armée impériale japonaise.

Quand les Européens parlent de la Seconde Guerre mondiale, ils parlent surtout de leur propre continent. Or, peu savent que l'Asie a été également touchée par la guerre qui a causé des souffrances terribles aux populations asiatiques, note M. Schröder dans une interview par écrit accordée à Xinhua.

"En Chine particulièrement, le peuple a souffert des conséquences de l'agression japonaise", rappelle l'ancien chancelier. "La résistance victorieuse du peuple chinois au prix d'énormes sacrifices a constitué une très importante contribution à l'achèvement de la Seconde Guerre mondiale".

"Par conséquent, je me rends en Chine pour exprimer ma compassion aux victimes et à leurs descendants, ainsi que mon respect à ce pays", ajoute-t-il.

En 2004, Gerhard Schröder a été le premier chancelier allemand à assister aux célébrations du Jour J en Normandie à l'occasion du 60e anniversaire du Débarquement allié. A propos de sa présence, M. Schröder explique qu'une responsabilité particulière de se souvenir des souffrances et des horreurs de la guerre, commises par les Nazis, incombe à son pays.

Le peuple allemand a passé des décennies avant d'être capable de faire face aux crimes commis pendant la guerre, estime-t-il, ajoutant que même aujourd'hui, certains groupes de personnes ne sont pas encore prêts à se réconcilier avec le passé, niant toujours ces faits historiques pour des raisons idéologiques.

"Je pense qu'il est important pour chaque pays de faire la lumière sur son histoire, de la remettre en question de façon ouverte et critique. Il est important d'être prêt à demander pardon et à se réconcilier", dit-il.

Une Europe solidaire est devenue une réalité quelques années après la guerre grâce à des "hommes politiques courageux" qui ont su prendre des décisions clairvoyantes, poursuit l'ancien chancelier.

"Au Japon, il y a eu aussi des initiatives importantes", observe-t-il, prenant pour exemple la déclaration historique du Premier ministre japonais Tomiichi Murayama en 1995 dans laquelle il a présenté ses excuses aux pays voisins pour l'agression et la domination coloniale japonaises.

Comme M. Schröder, M. Murayama assistera au défilé militaire à Beijing la semaine prochaine.

"Les peuples asiatiques devraient continuer de s'engager sur la voie de la réconciliation", espère Gerhard Schröder, espérant que les commémorations de Beijing offriront une opportunité à cet égard.

Pour lui, il est important de se souvenir des conséquences terribles de la guerre et d'y voir là un engagement politique et moral à oeuvrer pour la paix et la sécurité dans le monde.

"Cela est d'autant plus important que nous voyons aujourd'hui de nombreux conflits partout dans le monde", poursuit-il en appelant à des "efforts communs de la communauté internationale" pour faire taire les armes.

Evoquant le rôle de la Chine dans le monde d'aujourd'hui, M. Schröder souligne sa "responsabilité internationale croissante" en Asie et dans le monde" grâce aux "incroyables développements politiques et économiques de ces dernières années".

Et de conclure : "Aujourd'hui, nous avons besoin de la participation responsable de la Chine pour résoudre les défis mondiaux majeurs".