Agro-écologie : la France veut aider les pays en développement à rattraper leur retard technologique |
Le 3 juin, lors d'une conférence de presse organisée dans le cadre de la Conférence sino-française sur l'agro-écologie, François Houllier, président de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), et Jean-François Soussana, directeur scientifique pour l'environnement à l'INRA, ont répondu aux questions posées par une journaliste de China.org.cn sur le transfert de technologies face au réchauffement climatique. China.org.cn : Aujourd'hui, la sécurité alimentaire est devenue un problème mondial. Face au réchauffement climatique, les nouvelles technologies semblent pouvoir offrir de nouvelles solutions. Or, les technologies des pays développés sont loin d'être égales à celles des pays en développement. Dès lors, dans le cadre de la COP 21, qu'est-ce que la France peut offrir aux pays en développement en matière d'agro-écologie ? M. Houllier : Il y a plusieurs manières de répondre à votre question. Vous avez raison de dire que la situation est différente selon les pays, selon la maîtrise technologique et, objectivement, selon les climats, les cultures et les types d'agricultures. Il faut respecter ces différences parce qu'elles existent. Deuxièmement, en ce qui concerne la recherche française dans le domaine de l'agriculture, elle est organisée en grands organismes qui ont des missions complémentaires. Un organisme comme l'INRA travaille principalement sur l'agriculture française et partage ses connaissances avec le reste du monde dès qu'il s'agit des biens publics. Il existe, outre l'INRA, un organisme frère, le CIRAD, qui a comme mandat particulier de faire de la coopération internationale en recherche agronomique pour le développement. Il a une mission de collaboration avec, notamment, les pays d'Afrique subsaharienne, qui sont parmi les plus démunis et les moins avancés en matière de technologies. Clairement, il y a un enjeu de partage de connaissances et de technologies particulier avec ces pays-là. Il y a d'autres organismes en France qui ont aussi une mission tournée vers le développement. […] Troisièmement, en France, il y a l'Agence française de développement (AFD), qui a pour mission d'aider au développement et au transfert de technologies. […] A ma connaissance, elle n'intervient en Chine que sur des questions de reboisement et quand elle est sollicitée par les pays en question. Elle a aussi une série de programmes en Afrique sur l'agriculture et la forêt. […] Quatrièmement, certaines technologies, ou certains projets, peuvent être appliqués d'une certaine manière dans tous les pays. Une des propositions que la France va faire, pour elle-même mais aussi pour d'autres pays, c'est de renforcer tout ce qui concerne le stockage du carbone dans les sols, […] une manière de réduire les émissions de carbone et de favoriser la fertilité des sols. Ca ne demande pas beaucoup de technologies, mais plutôt des connaissances et de la politique. M. Soussana : Une autre manière de collaborer avec les pays en développement, c'est par le biais des alliances internationales. On peut citer l'Alliance mondiale sur les gaz à effet de serre, qui est une alliance dans laquelle nous avons des actions de démonstration sur les bonnes pratiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre en agriculture et stocker du carbone dans les sols. Et il y a récemment eu la création de l'Alliance mondiale sur l'agriculture intelligente face au climat, qui a également une vision sur les investissements qui seront nécessaires dans le secteur pour atteindre les objectifs d'adaptation, ou d'atténuation, dans le domaine de la sécurité alimentaire. La France fait bien sûr partie de cette alliance. […]
François Houllier, président de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA)
Source: french.china.org.cn |