Les relations franco-chinoises d'"une grande qualité et très diversifiées", selon Dominique de Villepin (INTERVIEW) |
Les relations entre la France et la Chine sont aujourd'hui d'"une grande qualité et très diversifiées", a indiqué lundi l'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin dans une interview exclusive accordée à l'agence de presse Xinhua (Chine nouvelle). Entre les deux pays, il y a un dialogue politique de plus en plus "régulier et de haut niveau". "Mais ce qui me semble encore plus important : il s'agit d'une amitié entre les peuples, de plus en plus profonde. Pour ne prendre qu'un exemple, regardons le succès du film "Le Dernier Loup", un film chinois et populaire, réalisé par un grand réalisateur français, Jean-Jacques Annaud", a précisé Dominique de Villepin. Les partenariats économiques franco-chinnois se développent "harmonieusement avec de vrais succès", comme dans le domaine de la coopération nucléaire civile, dans le domaine de l'aéronautique avec l'usine d'assemblage de Tianjin (métrople du nord de Chine, ndlr) ou dans le domaine de la ville durable, avec le partenariat exemplaire sur la ville de Wuhan, a-t-il rappelé. Il y a beaucoup de secteurs avec "un grand potentiel de croissance" entre les deux pays, qu'il s'agisse de l'agro-alimentaire ou des services financiers par exemple. La France est un pays de haute compétence et de haute technologie, "prête à accueillir les investissements chinois, prête également à nouer des partenariats avec des entreprises chinoises pour aller ensemble vers de nouveaux marchés, par exemple en Afrique ou en Amérique latine", a ajouté l'ancien chef du gouvernement français. Interrogé sur la stratégie chinoise des "Quatre objectifs globaux", Dominique de Villepin a répondu que ces "Quatre objectifs globaux" font référence à un concept politique proposé par le président Xi Jinping, à savoir "la construction globale d'une société modérément prospère, l'approfondissement global de la réforme, la promotion globale de l'Etat de droit et le renforcement strict et global de la discipline du Parti communiste chinois". "Je suis convaincu que la Chine est à un tournant de son histoire et que le président chinois et son administration en ont conscience. Il s'agit après plus de trente ans de croissance économique intense, industrielle et massivement tournée vers l'exportation, un modèle de croissance qui était fondé sur les Quatre Modernisations prônées par Deng Xiaoping, de définir aujourd'hui un nouveau socle permettant le développement de l'économie et de la société chinoise pour les prochaines décennies", a déclaré M. de Villepin. C'est à ce défi que veulent répondre les "Quatre objectifs globaux" du président chinois. Il est important pour le pays dans ces temps de mutation historique de disposer d'"une vision et d'un cap". "A cet égard le développement de l'Etat de droit me paraît une composante décisive d'une société harmonieuse, appuyée sur le développement des classes moyennes et de la consommation intérieure", a-t-il ajouté. Répondant à une question sur "la Nouvelle Route de la Soie", M. de Villepin a estimé que la Route de la Soie, "c'est le fil tendu entre les principaux pôles économiques du monde. C'est une histoire que nous pouvons écrire en commun pour être tous gagnants du nouveau développement économique. Derrière ces immenses projets d'interconnexion par les transports, l'énergie, les télécommunications, il y a une vision de paix et de prospérité pour des régions du monde tentées par l'extrémisme". "Pour l'Europe, c'est une possibilité d'imaginer de nouveaux partenariats économiques en direction de l'Asie et en même temps de trouver une dynamique de paix, à la fois au Moyen-Orient, mais aussi avec la Russie sur la question ukrainienne. La Route de la Soie peut devenir un langage d'avenir commun", a-t-il indiqué. Pour l'homme politique français, le défi pour la Chine aujourd'hui, "c'est de transformer son modèle de développement tout en changeant aussi son rapport avec le monde". Il ne s'agit plus de clients à approvisionner en biens manufacturés, mais de partenaires pour internationaliser l'économie chinoise. Il faut accueillir des investissements chinois à l'étranger pour plus de croissance, grâce aux 4000 milliards de dollars de réserves de change accumulées par la Chine, et accueillir des investissements et des technologies étrangères en Chine pour développer le marché intérieur. C'est un gigantesque réservoir de croissance pour le monde et en particulier pour l'Europe, qui se débat aujourd'hui dans le risque d'un cycle de déflation et de croissance basse, a-t-il poursuivi. Avec la capacité qu'a la Chine de fixer des orientations de long terme à son économie, la Chine est en mesure de mobiliser toute son énergie pour se convertir à un modèle de croissance plus respectueux de l'environnement et soucieux du réchauffement climatique, notamment en investissant massivement dans les nouvelles énergies, a poursuivi Dominique de Villepin. "La Chine a confiance en son avenir". A l'heure où le monde est dans l'instabilité permanente, aussi bien avec les crises financières qu'avec les turbulences politiques du Moyen-Orient, du Sahel, de l'Europe de l'Est, c'est important de disposer de continuité. Il s'agit aujourd'hui, à l'intérieur de chaque pays comme entre les pays, d'éviter tous les affrontements en privilégiant partout le dialogue, l'ouverture et les processus politiques d'inclusion et de développement, a conclu Dominique de Villepin. Source: Xinhua |