Système de vidéosurveillance pour protéger la faune sauvage |
Yan Baoping, est depuis toujours, obcédée par l'idée de créer une série de documentaires en Chine, comme celle de la BBC en Angleterre. Au cours des sept dernières années, elle a produit des tonnes de séquences, enregistrant la vie des oiseaux en voie de disparition dans des zones inhabitées et cela grâce à des systèmes de vidéosurveillance installés avec son équipe dans des réserves naturelles dans la province du Qinghai et du Xinjiang. Ces nombreuses séquences ont pu enregistrer des moments uniques, que même les experts d'oiseaux n'avaient jamais vus. Par exemple, certaines scènes montrent le quotidien et la reproduction des grues à cou noir, du lac Qinghai, l'un des plus grands domaines pour la reproduction de cet oiseau, une espèce en voie de disparition. Pour Yang Xiaojun, chercheur à l'Institut de zoologie de l'Académie chinoise des sciences à Kunming et spécialisé dans les oiseaux du sud-ouest de la Chine, c'est la première fois que l'on assiste à la reproduction des grues à cou noir. «C'est vraiment excitant de voir ce que peut faire la technologie pour la protection de la faune sauvage », a déclaré Yan, ingénieure en chef du Centre de réseau informatique de l'Académie. En ajoutant, que l'idée de mettre en place un tel système de surveillance dans les réserves naturelles n'avait pas été étudiée. En 2005, la réserve nationale du lac Qinghai a signalé les décès inhabituels de plus de mille oiseaux sauvages entre mai et juillet. Les résultats de l'autopsie ont montré que ces oiseaux étaient morts de la grippe aviaire. La réserve, connue sous le nom de « havre de paix » pour les oiseaux en Chine, a dû soudainement faire face à des accusations de l'étranger, du fait que les oiseaux migrateurs vivant au bord du lac Qinghai étaient à l'origine du virus et pouvaient propager l'épidémie dans d'autres pays. Pour en avoir le coeur net, les autorités forestières du Qinghai ont décidé d'établir conjointement avec l'Académie chinoise des sciences, un centre de recherche pour étudier les oiseaux migrateurs qui s'arrêtent au bord du lac pour se reproduire entre mai et octobre. L'Institut de zoologie et de microbiologie de l'Académie, ainsi que l'Institut de virologie de Wuhan et le centre de réseau informatique sous la houlette de Yan Baoping ont tous envoyé des experts dans cette région. Au départs, ces spécialistes avaient envisagé d' aider les zoologistes locaux à mettre en place une base de données pour évaluer la perte des oiseaux. Mais des informaticiens ont suggéré qu'il était opportun d'installer un système de surveillance par un réseau de caméras. D'où la mise en place, du premier et le plus grand système de ce genre dans le pays. Depuis 2006, vingt caméras de surveillance à l'énergie solaire ont été installées pour couvrir chaque année, les cinq principaux habitats d'oiseaux sauvages sur le lac de mai à octobre, période du séjour des oiseaux migrateurs en été. Ce réseau de surveillance a énormément aidé le personnel de la réserve. Les îlots au milieu du lac Qinghai sont un paradis pour les oiseaux. Mais il est impossible pour les personnes d'y rester pendant plusieurs jours, a fait remarquer Yan. Devant le succès de ce système, l'équipe a par la suite été invitée au Xinjing (2010) pour y filmer un nid de vautours. En 2012, ils sont retourné au lac Qinghai pour suivre deux couples de grues à cou noir qui se trouvaient dans la région de Quanwan. La surveillance a été plus difficile que prévu, a confié Yan. Les grues, très intelligentes, avaient su détecter le capteur de température en forme d'oeuf, placé dans leur nid. Elles étaient très attentives aux changements de l'environnement, et prêtes à abandonner leur nid et les oeufs en cas de menace, a-t-elle ajouté. Cette année, un système similaire sera installé pour mieux surveiller les animaux sauvages, comme les antilopes du Tibet et les moutons bleus. Yan Baoping a expliqué que son équipe va aider la Réserve naturelle nationale de Kekexili dans le Qinghai à mettre en place un système de surveillance dans les passages souterrains construits spécialement pour les antilopes du Tibet, sous le chemin de fer de la ligne Qinghai-Tibet.
Source: le Quotidien du Peuple en ligne |