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CHINE ET SOCIÉTÉ
Publié le 24/08/2012
La Chine deviendrait-elle un « dragon de papier » ?

Des groupes taïwanais se réunissent à Taipei le 15 août 2012, exhortant le gouvernement japonais à s'excuser des atrocités commises par ses agresseurs et à arrêter d'empiéter sur les îles Diaoyu.

En 1956, feu le Président Mao avait qualifié les Etats-Unis de « tigre de papier », se référant à une expression traditionnelle chinoise, qui désigne, je pense que plus personne ne l'ignore, une personne - ici un Etat - d'apparence puissante, menaçante, mais en fait plutôt inoffensive. Plus de cinquante ans ont passé depuis, l'expression à fait florès et s'est répandue partout dans le monde, les Etats-Unis, même moins puissants, se sont avérésêtre faits d'un papier tout de même sacrément résistant et la Chine est elle devenue chaque jour plus forte, au point même que l'on a dit, non sans raisons, que le dragon s'était réveillé. Personne n'a oublié non plus cette phrase si célèbre que l'on attribue à Napoléon. Vous savez... « Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera ».

Alors oui, la Chine, depuis cette phrase fameuse du Président Mao, a fait énormément de chemin, et elle n'a pas fini d'étonner le monde. Pourtant, n'en déplaise à mes amis chinois et aux lecteurs chinois qui me feront l'honneur de lire ces lignes, et peut-être y réfléchir un peu, l'impression que me donne la Chine aujourd'hui, et croyez bien que ça ne me fait guère plaisir de le dire, est qu'elle est certes devenue un géant, un dragon, mais un dragon de papier. Pourquoi ? Qu'on y réfléchisse un peu... oui, la Chine est devenue une puissance économique majeure, la deuxième du monde depuis l'année dernière. Oui, toutes les entreprises du monde courtisent son énorme marché, tandis que les siennes s'implantent un peu partout jour après jour. Oui, elle est aujourd'hui un acteur incontournable de la scène mondiale, mais... mais ? Dans le monde, l'importance politique de la Chine rivalise t-elle avec celle de son économie ? Se fait-elle entendre et respecter politiquement autant qu'elle l'est économiquement ? Là, vous me permettrez d'en douter un peu. C'est vrai, la Chine est l'un des cinq pays qui possèdent un siège permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU, mais hélas, le plus souvent, cela ne va guère plus loin, et, trop souvent, la Chine me donne l'impression désagréable de se laisser marcher sur les pieds par plus petit qu'elle sans dire grand chose.

Autrefois, la Chine avait su se faire respecter et faire respecter ses intérêts, les Indiens et les Vietnamiens s'en souviennent sans doute encore. Aujourd'hui, le temps des ripostes militaires semble révolu, et la Chine s'en tient toujours à sa position qui est la sienne depuis des années, à savoir que les conflits doivent être résolus par la voie politique, par la négociation, pas par la force. Personne ne tiendra rigueur à ce grand pays de faire ainsi ; la Chine connaît trop le prix de la guerre, les souffrances, la destruction que cela amène. C'est une position éminement honorable, regrettons seulement que nombre d'autres pays ne la partagent pas. Mais qu'est-ce qui me fait dire que la Chine se fait trop souvent marcher sur les pieds sans répondre autrement que par un froncement de sourcils et quelques paroles fortes ? Pour ma part, j'estime que cela a commencé en 1999 avec le bombardement américain de son ambassade de Belgrade, dont on a un peu trop facilement dit que c'était une erreur. A l'époque, la Chine a protesté avec véhémence, et puis l'affaire en est restée là. Il est vrai que le pays auteur de l'« erreur » n'était pas n'importe lequel et que lui répondre dans les même proportions n'aurait sans doute pas été la meilleure tactique.

Mais depuis, surtout dans la Région Asie-Pacifique, il ne s'est pas passé une année, et il y a quelques jours encore, sans que l'un de ses pays voisins se livre à des provocations sans que la Chine ne réponde autrement que verbalement. Vous l'avez deviné, je parle des fameuses îles de Mer de Chine Méridionale, dont des pays comme le Japon, le Vietnam ou les Philippines contestent chaque jour un peu plus la souveraineté chinoise. Et sans que la Chine ne réponde, à mon avis, de façon adéquate. Ne me faites pas dire ce que je ne veux pas dire, je n'entends pas par là que la Chine devrait recourir à la force pour faire respecter ses droits. Mais de deux choses l'une : soit ces territoires sont incontestablement chinois, et alors Beijing doit faire ce qu'il faut pour que ses voisins ne s'y installent pas, soit ils ne le sont pas, et à ce moment là, protester ne sert à rien. Regardez un peu : les Philippines ont tenu tête pendant des jours et des jours à la Chine avant que l'affaire se calme, mais sans qu'une solution véritable ne soit trouvée. Des manifestants hongkongais ont été arrêtés et expulsés par le Japon, et auparavant des navires de pêche chinois avaient eu maille à partir avec les garde-côtes de ce même pays. Et il y a quelques jours, des miltants nationalistes japonais se sont permis de débarquer brièvement sur une île que la Chine considère comme sienne. Ils sont repartis comme ils étaient venus, sans que la Chine ne fasse autre chose que protester. Je ne suis pas Chinois, même si j'aime ce pays, mais quand je vois tout cela, je ne peux m'empêcher de penser : pourquoi ces pays se permettent-ils de venir ainsi empiéter sur des terrtoires que la Chine considère comme lui appartenant, allant même jusqu'à interpeler des ressortissants chinois, et pourquoi la Chine ne procède t-elle pas de son côté à l'arrestation des personnes qui se livrent à ce genre d'actes ? Le Japon, par exemple, ne s'en prive pas à l'occasion, quand bien même il relâche ses captifs rapidement et sans violence. Sans doute la Chine ne souhaite t-elle pas envenimer la situation en répondant du tac au tac, et c'est tout à son honneur ; elle montre que pour elle, rien n'est plus important que la paix. Le problème, c'est que certains de ses voisins, soutenus ou excités en sous-main par les Etats-Unis, n'ont pas les mêmes scrupules, et qu'ils deviennent chaque jour plus hardis devant la « gentillesse » chinoise, qui fait que même ses plus fortes protestations deviennent, pour ces pays, des rodomontades qui ne valent pas la peine qu'on s'en inquiète. J'ai souvenir, en tant que Français, d'avoir vu la Marine Nationale française tirer des coups de semonce contre des navires de pêche étrangers qui n'avaient rien à faire dans les eaux françaises et qui refusaient d'obtempérer. Personne ne fut blessé bien entendu, mais vous pouvez être sûrs que les contrevenants ont alors compris jusqu'où ne pas aller trop loin... en revanche, en Mer de Chine du Sud, ces pays, voyant que la Chine se contente de ripostes verbales, ne craignent plus de se livrer à des occupations illégales ou à des débarquements sauvages sur des îles chinoises. Le mois dernier, les Philippines, la semaine dernière, le Japon. A qui le tour ensuite ? Si la Chine veut être aussi respectée et être aussi puissante sur le plan politique qu'elle l'est sur le plan économique, elle ne doit plus laisser faire ce genre de choses et se laisser marcher sur les pieds par des voisins plus petits qu'elle. Elle a montré au monde entier qu'elle est un pays qui compte, et pas qu'un peu, dans l'économie mondiale, sans la force ni la contrainte. Elle doit le faire aussi pour peser plus encore sur l'échiquier politique mondial, et commencer donc par se faire respecter dans sa région, sans force ni contrainte non plus, mais avec fermeté et plus seulement avec des belles paroles. Faute de quoi, et en ce cas la paix et l'équilibre mondiaux risquent d'en pâtir, elle risque vraiment de devenir un « dragon de papier » politique.

 

Source: Quotidien du peuple en ligne



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