Shanghai : sous la robe occidentale, la Chine |
Lü Ling « Je croyais que Shanghai était très occidentalisée, mais à mon arrivée, j'ai découvert une ville assez conservatrice en termes de culture et de vie quotidienne », a déclaré Zhang Sheng. Aux yeux de ce jeune écrivain, Shanghai appartient toujours totalement à la Chine, quel que soit son statut de métropole internationale dans les années 1920 et 1930, ou de leader de l'économie chinoise aujourd'hui.
Zhang Sheng Discrétion Certains s'interrogent sans doute sur le « conservatisme » de Shanghai, mais Zhang explique qu'il n'a pas employé ce terme de façon péjorative. Ce dont il parle, c'est la discrétion de cette ville. Il y avait une publicité en 1996, qui disait : Shenzhen est le plus grand village, qui fait rêver de nombreux chinois ; Beijing respire le talent et l'intelligence ; Shanghai est une vitrine, destinée à être exposée. « Je trouve cette publicité très intéressante », a avoué Zhang. « Beaucoup de gens croient que Shanghai est largement influencée par l'Occident, mais en fait, derrière les vitrines occidentales se cachent les cours chinoises ». « Lorsqu'on s'est immergé dans la ville, la discrétion des Shanghaiens se révèle, ainsi que leur retenue et leur tact, ce qui atteste de l'influence de la culture chinoise, notamment du sud, sur l'âme des Shanghaïens. Par ailleurs, les fêtes traditionnelles occupent une place importante dans leur cœur. Bien sûr, Shanghai compte aussi son lot de jeunes marginaux, mais ils sont moins radicaux que dans d'autres villes. Shanghai cultive donc les traditions chinoises, pendant qu'ailleurs en Chine, elles perdent du terrain. Ainsi, on peut dire que, sous sa robe occidentale, le cœur de Shanghai est chinois », a exprimé Zhang. « Mais il faut avouer que cette discrétion entrave dans une certaine mesure le développement de Shanghai, en particulier sa capacité de création et d'innovation. Il manque d'excellents écrivains et artistes, ainsi que de grands événements culturels. En effet, les ressources en la matière y sont insuffisantes », a-t-il ajouté. Tolérance et ouverture Originaire de Jiaozuo, dans le Henan, Zhang Sheng est arrivé pour la première fois à Shanghai en 1989. Aujourd'hui, il est considéré par tous les médias comme écrivain et professeur shanghaïen. « Un proverbe dit : Un pour tous, tous pour un, et je souhaite dire : Shanghai pour tous, tous pour Shanghai », explique Zhang. « Si tu réussis à Shanghai, on te considèrera comme savant de Shanghai. Ceci montre l'ouverture de cette ville. Parallèlement, Shanghai est assez tolérante à l'égard de personnes ou de choses ennuyeuses, bizarres, même déviantes. » Shanghai était déjà très ouverte dans les années 1930 et 1940. De nombreux jeunes littéraires sont venus des quatre coins du pays pour s'y installer. En fait, des écrivains considérés comme de véritables Shangaïens, comme Zhang Ailing, Shi Zhecun et Liu Naou, ne sont pas nés ici. Les habitants sont de plus en plus ouverts, et les jeunes qui affluent vers Shanghai sont toujours plus nombreux. Rêve de succès « Les talents ne seront pas négligés à Shanghai. C'est une ville qui respecte les hommes doués », a dit Zhang. Dans les années 1920 et 1930, en raison de l'imperfection du marché, la concurrence commerciale y était cruelle entre les commerçants shanghaïens et étrangers. En effet, ceux qui arrivent à s'implanter à Shanghai, un endroit incontournable pour les commerçants, feront fortune à coup sûr. Shanghai est un lieu de fusion, qui a formé quantité d'élites commerciales. Les Shanghaïens respectent et recherchent le succès. « Cependant, leur vision du succès est incomplète : ils ont la fâcheuse manie de tout évaluer en espèces sonnantes et trébuchantes. Beaucoup ont perdu leur sens véritable de la vie, sacrifiant sans s'en apercevoir beaucoup de temps libre et de moments heureux », a conclu Zhang. Beijing Information |