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CHINE ET SOCIÉTÉ
Publié le 25/03/2010
Faire un enfant ou pas ? Les jeunes couples s'interrogent

80后

Depuis trente ans, la réforme et l'ouverture du pays ont bouleversé non seulement le mode de vie des Chinois, mais a également engendré de nombreux défis et contradictions sociaux, comme le conflit entre la « vision traditionnelle de la procréation » et la « cruelle réalité de la vie ». Les enfants ne sont plus considérés par les parents comme une assurance retraite ; élever des enfants pour assurer ses vieux jours n'est plus d'actualité.

Aujourd'hui, les coûts liés à l'éducation grimpent en flèche, avec les hausses de l'immobilier et de la santé. Donner naissance à un enfant, ou rester DINKS (Double Income No Kids), ce choix cornélien angoisse de nombreux jeunes.

Je veux un enfant

Selon une expression populaire, parmi les trois grands affronts faits aux parents, le plus grave est de ne pas avoir de descendance. Perpétuer son nom est un instinct naturel, et les êtres humains ne font pas exception. Rien ne sert de rabâcher les difficultés à élever un enfant, d'autant plus que nous vivons une époque de stabilité et de paix. Bien que les DINKS aient l'air plus libre et détendu, ils se repentiront certainement un jour. Et ils ne peuvent imaginer le bonheur et la fierté d'être parents et grands-parents.

L'enfant est un investissement à perte

Depuis des millénaires, l'éthique féodale a muré notre pensée. Nous vivons pour nos parents, pour nos enfants, pour nos proches ou amis, mais jamais pour nous-mêmes. Donner naissance à un enfant, le nourrir et l'éduquer, c'est facile à dire ! Mais comment faire face à ce fardeau ? L'enfant demeure une charge durant toute la vie, et l'intimité du couple est réduite à peau de chagrin. D'autre part, si l'on est incapable d'assurer une belle vie à son enfant, mieux vaut ne pas le mettre au monde. En effet, dans nos sociétés, la compétition devient de plus en plus cruelle. Un enfant, la douleur de deux générations...

Points de vue des spécialistes

He Yafu, chercheur renommé, spécialiste des questions de démographie et de naissances : La chute du taux de natalité peut aggraver le vieillissement de la population, ce qui est défavorable au développement économique. Ayant des charges plus lourdes pour entretenir leurs parents, les jeunes auront moins de temps et d'énergie pour nourrir leurs enfants. Voilà pourquoi certains préfèrent être DINKS. Un cercle vicieux se forme. Bien que l'on ne puisse rien reprocher à ceux qui font ce choix, on ne peut pas dire que cela constitue un progrès du développement social. Si le nombre des couples DINKS augmentait davantage, la société perdrait sa potentialité de développement durable.

Su Cen, spécialiste des problèmes affectifs : Vu sous l'angle psychologique, ne pas vouloir donner la vie se rapporte au complexe de Peter Pan. Ces personnes refusent de grandir, et souhaitent donc ne pas sortir de l'enfance. En n'étant pas parents l'on a peu de responsabilités. Il s'agit non seulement d'une attitude enfantine, mais également d'un complexe narcissique. Parallèlement, c'est aussi une manifestation de la volonté d'indépendance de l'homme moderne, attaché à son propre espace et insistant sur le fait que « le mariage n'appartient qu'à deux personnes ».

En général, ceux qui refusent d'avoir un enfant, mais qui n'ont pas de problème d'argent, ont souvent eu une enfance malheureuse. Plus précisément, ils n'ont pas assez reçu de considération et d'amour de la part de leurs parents. Ceci a affaibli leur sentiment de filiation, et ils voient donc la descendance comme accessoire.

Li Zixun, docteur en psychologie à l'Hôpital de l'Amitié sino-japonaise : Une des caractéristiques flagrantes dans la procréation de la jeune génération réside dans l'âge auquel ils font des enfants. Ils ne veulent pas quitter leurs parents, et souhaitent différer au maximum les responsabilités familiales.

Concernant l'éducation de l'enfant, la jeune génération attache de l'importance à l'indépendance des petits et à leur épanouissement naturel. Contrairement à leurs parents, ils n'exigent pas le succès de leurs enfants.

Wang Guiying, chercheur adjoint de l'Institut des sciences de l'éducation de Beijing : Différentes conceptions, diverses expériences. Sans enfant, la famille est dans une certaine mesure incomplète, particulièrement d'un point de vue social. En effet, on estime inachevée la vie d'une femme qui n'a pas donné la vie.

Les couples sont troublés par la question de la procréation pour différentes raisons : ils craignent d'échouer dans l'éducation de leur enfant, ou qu'il ne soit pas suffisamment heureux. Pour dissiper leurs angoisses, le gouvernement doit améliorer les services publics, en offrant un bon environnement social pour les enfants.

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