Deux grands projets pour pallier la pénurie de gaz en Chine |
Une pénurie saisonnière de gaz naturel perturbe de nombreuses villes chinoises depuis plus d'une semaine. Grâce à la hausse des températures de ces deux derniers jours, le problème semble en passe d'être réglé. Mais en réalité, cet équilibre n'est que temporaire, le plus haut pic de consommation étant attendu entre décembre et janvier. Sachant que l'exploitation des champs et des oléoducs est déjà maximale, et que les stocks ont été trop entamés, le pire reste sans doute à venir. C'est dans ce contexte que le 24 novembre dernier, la CNPC (China National Petroleum Corporation) a annoncé le succès du plus grand projet chinois de gaz naturel à l'étranger : le projet du fleuve Amu Darya au Turkménistan a commencé à produire du gaz naturel. Cette bonne nouvelle vient donc nourrir les espoirs d'un règlement de la situation. Deux grands fournisseurs L'usine nº1 de traitement du gaz constitue l'enjeu principal de ce projet. Avec une capacité de production de 5 milliards de m³ par an, elle est la plus importante usine en Asie centrale, tant par sa puissance de production que par son niveau technologique. L'extraction de gaz naturel de bonne qualité le 22 novembre démontre que l'usine est déjà prête à alimenter le marché. Une fois effectués les derniers réglages, les gazoducs d'Asie centrale seront partiellement mis en service avant la fin de l'année, pour acheminer vers la Chine 4 à 5 milliards de m³ en 2010. Ce gaz alimentera notamment Shanghai, Guangzhou, Hongkong et d'autres villes et provinces grâce à la seconde ligne des Travaux d'acheminement du gaz naturel de l'Ouest vers l'Est. Peu avant l'annonce de cette bonne nouvelle, M. Huang Wensheng, porte-parole de la SINOPEC (China Petroleum and Chemical Corporation), a affirmé que le champs Puguang dans le bassin de Sichuan, gisement de gaz à haut rendement, serait mis en production à la fin de l'année. Mesures pour diminuer la demande Depuis le quatrième trimestre, la production journalière de gaz naturel de la SINOPEC a établi un nouveau record, avec une hausse de 1,8 million de m³ par rapport au trimestre précédent. La CNPC a également maximisé sa capacité de production pour fournir 20 millions de m³ de plus chaque jour. En augmentant leur offre, ces deux fournisseurs géants s'efforcent de diminuer la consommation industrielle interne afin d'accorder la priorité à la consommation civile. Selon la CNPC, sa consommation quotidienne a diminué de 10 millions de m³. Quant au groupe SINOPEC, ses trois filiales Yanshan PetroChemical, Qilu Petrochemical et Meifeng Chemical ont consommé respectivement 250 000 m³, 200 000 m³ et 400 000 m³ de moins par jour depuis le 12 novembre.
Perspectives Dans le nord de la Chine, la consommation de gaz est en hausse perpétuelle. Et la situation sera complexe cet hiver. Selon M. Lin Changhai, directeur général de la Compagnie de marketing du gaz naturel de Huabei, le vrai pic de consommation est attendu pour décembre et janvier. Pendant cette période, elle grimpera à 71 millions de m³ par jour dans la région, soit un déficit de 8 millions de m³ par jour. Par ailleurs, le stock de gaz accumulé l'an passé a déjà été surexploité cette année, avec une consommation estimée à 170 millions de m³ pour le seul mois de novembre. Jusqu'au 16 novembre, ce stock a fourni 82,29 millions de m³ de gaz, soit 13,71 millions de m³ par jour. Une exploitation de masse et prématurée affaiblira la capacité de régulation du stock lors du pic de consommation, et engendrera des problèmes de chauffage et un disfonctionnement des gazoducs à Beijing et dans le nord de la Chine. M. Lu Qing, analyste chez C1 Energy, rappelle que ce stock a été conçu pour soulager la hausse hivernale de la demande. Face à une exploitation anticipée, la CNPC et la SINOPEC seront les seuls fournisseurs capables de le réapprovisionner. Malheureusement, les volumes de production et la capacité d'acheminement par gazoduc de la CNPC ont déjà atteint leurs limites. A la recherche des causes de la pénurie Le froid exceptionnel que nous connaissons actuellement n'est que l'étincelle qui a mis le feu aux poudres. En effet, les nombreux problèmes liés à l'approvisionnement du gaz naturel en Chine ne datent pas d'hier. En plus d'un système de prix irrationnel et du manque de renouvellement de l'offre, les compagnies locales ont fait l'objet de récentes critiques. Si la production et l'acheminement sont monopolisés par la CNPC et la SINOPEC, l'approvisionnement est assuré par des compagnies locales. Ces dernières sont dépourvues de capacité de régulation et d'armes pour pallier d'éventuelles crises dans la distribution du gaz. Car la demande en gaz naturel est déséquilibrée en Chine. Le premier déséquilibre est saisonnier : en été, où elle est faible, les champs de gaz sont sous-exploités. En hiver, même s'ils dépassent largement leur capacité de production, la demande ne peut être satisfaite. Le second problème concerne les disparités régionales. Le gaz, énergie relativement propre et bon marché tend à se substituer au charbon dans la vie quotidienne. Dans certaines villes du sud, les taxis roulant au gaz naturel sont de plus en plus nombreux. La demande a donc grimpé rapidement, mais les compagnies locales se contentent de développer de nouveaux marchés, sans réfléchir en amont à la disponibilité des ressources. Selon des spécialistes, le gaz naturel est une énergie propre à haut rendement, et doit donc être appréciée rationnellement afin de refléter sa valeur réelle. Les compagnies locales doivent quant à elles élaborer un plan marketing pragmatique, afin de maintenir l'équilibre entre l'offre et la demande. Beijing Information
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