Interdiction des cours supplémentaires : un décret "sans effet" ? |
Son Guifang Les vacances scolaires d'été viennent de débuter en Chine. Avec elles, commencent également les cours supplémentaires de rattrapage pour les élèves de primaire et de secondaire. Telle une maladie opiniâtre, ces classes organisées pendant les vacances n'ont plus aucune saveur pour les médias. Malgré ce manque d'intérêt médiatique, les classes de vacances s'érigent en une économie prospère qui autorise même le paiement par crédit. Comme d'habitude, en cette fin d'année scolaire, l'opinion publique demande à ce que les enfants puissent être en vacances. De plus, le 4 juillet, l'interdiction des cours supplémentaires pendant les vacances a été décrétée conjointement par le Ministère de l'Education, le Comité central de la Ligue de la Jeunesse communiste de Chine et la Fédération nationale des Femmes de Chine. Cependant, si l'on se réfère aux expériences précédentes, les écoles ne devraient pas modifier leur programme de vacances, et les parents se hâtent déjà d'inscrire leurs enfants dans ces cours de rattrapage. N'est-t-il pas vrai que la majorité fait la loi ? Alors quelle est la pathogénie de cette maladie ? Est-ce l'avidité des enseignants ? Ou bien l'utilité de ces cours dans le système éducatif ? En fait, les enseignants exercent une profession difficile et subissent beaucoup de pression. Pour les professeurs, les rémunérations supplémentaires comparées au précieux temps libre ne sont pas aussi intéressantes qu'on l'imagine. Le problème est que les classes de rattrapage forment une violente vague qui submerge les écoles, les enseignants, les parents et les élèves. Dans cette course spontanée et sans arbitrage, personne n'ose s'arrêter le premier, car c'est la réputation de l'école et l'avenir des élèves qui sont mis en jeu. Si tous les élèves travaillent pendant les vacances, on revient au point de départ, mais si l'un d'entre eux ose faire l'exception, il prendra sûrement du retard par rapport aux autres. Qui souhaite prendre ce risque ? Le cas s'est déjà produit. Pourquoi les élèves des petites villes ont-ils de meilleurs résultats aux examens d'admission à l'université ? Cela s'expliquerait par le fait que les heures supplémentaires qu'ils ont effectuées pendant les vacances équivalent à un an supplémentaire au lycée. Quand les cours supplémentaires ne concernent que certains individus, c'est normal. Par contre lorsque cela devient une règle, la plupart des écoles organisent des classes de rattrapage pendant le week-end et les vacances auxquelles participent tous les élèves, quels que soient leur niveau et leur besoin. Cela va à l'encontre de la loi sur l'enseignement et c'est contraire aux droits et intérêts des élèves. Essayer d'obtenir de meilleurs résultats en suivant des cours supplémentaires et même travailler en dehors des horaires scolaires constitue une concurrence déloyale. Face à ce phénomène, les départements locaux de l'éducation sont confrontés à un dilemme. D'une part, l'efficacité des classes supplémentaires dans le contexte d'un système d'enseignement orienté vers l'examen, et d'autre part, l'opinion publique opposée aux cours supplémentaires et les élèves surchargés de travail. La seule chose que peuvent faire les départements compétents c'est de promulguer un décret interdisant les cours supplémentaires, mais qui ne prévoit ni contrôle ni sanction en cas de non-respect. Peut-on espérer un effet réel de cette interdiction ? Cette année, les enfants pourront-ils profiter pleinement de leurs vacances ? Ou devront-ils commencer à apprendre le programme du semestre prochain ? Beijing Information |