Les jeunes couples brisent les traditions |
Après sept ans de relations amoureuses Gao et son amie Deng ont décidé de s'unir enfin par les liens sacrés du mariage en 2006. Trois ans plus tard et après de nombreuses péripéties, ils ont décidé de divorcer. Le couple est victime de la malédiction du mariage qui frappe la génération des jeunes gens nés dans les années 1980 en Chine, dont le taux de divorce a augmenté de presque 8 % selon les statistiques gouvernementales. Gao et Deng, qui étaient tous les deux nés dans des familles d'enfants uniques dans les années 80, ont demandé le divorce à la Cour du district de Mentougou à Beijing au début de cette année, blâmant des disputes sur le partage des tâches ménagères, ont annoncé les médias locaux. Leur plainte a été rejetée, mais selon les documents judiciaires, le couple n'est pas le seul à demander le divorce pour des raisons que beaucoup de gens considèrent être sans importance. Le mariage de Wang Jing, 24 ans, et Chen Sen, tous les deux de Beijing, n'a duré que 18 mois, car Wang se plaignait que son mari était devenu accro aux jeux vidéo, sautait les repas et n'a pas pris soin d'elle quand elle était malade. Chen Juan, âgée de 27 ans a laissé tomber son fiancé Zhou Jun, qui était plus jeune qu'elle de deux ans, juste avant de donner naissance à leur enfant en août dernier, car son compagnon avait un langage grossier, ne lui achetait pas de vêtements et l'accompagnait rarement à l'hôpital pour ses examens prénataux. Sa plainte a également été rejetée, mais elle vient de faire appel. Plus de 10 millions de couples se sont mariés l'année dernière, 10,8 % de plus qu'en 2007, selon le ministère des Affaires civiles. Environ 73 % de ces couples étaient âgés de moins de 30 ans. Pendant ce temps, 2,26 de couples ont divorcé dans les tribunaux ou les bureaux des affaires civiles, une hausse de 8,1 % comparé à 2007, montrent les statistiques du ministère. En 2005, les chiffres s'élevaient à 8,23 millions de mariages et 1,78 millions de divorces. La tendance à la hausse, visible à travers le pays, soulève de sérieuses préoccupations sur la mentalité de toute la génération, disent les experts. "Les jeunes de la génération des années 80 sont tous des enfants uniques", a déclaré Liu Fengqin, de Beijing Maple Women's Psychological Counseling Center. "Ils naissent et grandissent comme s'ils sont sous le feu des projecteurs. "Ils ont directement bénéficié des résultats des réformes et de l'ouverture de la Chine et leur état d'esprit reflète les changements dans la transition sociale. "Ils sont intelligents et ouverts d'esprit, mais sont souvent considérés comme enfants gâtés qui ont moins de considération pour les autres, ce qui affecte la qualité de leur vie conjugale." La politique démographique élaborée dans les années 1970 a fait que les personnes de moins de 30 ans issus de familles à enfant unique représentent aujourd'hui 29 % de la population, selon une enquête d'échantillonnage national de 1 % des citoyens chinois en 2005. Pendant ce temps, la recherche menée par l'Académie chinoise des sciences sociales (CASS) en 2007 a montré que pour ceux qui sont nés entre 1976 et 1986, la moyenne d'âge des personnes en passe de se marier est de 24 ans, sur la base d'une étude de 2 888 adultes des familles à enfant unique. Mais la question serait, sont-ils prêts moralement pour un engagement à long terme ou sont-ils trop égocentriques? "L'enfant unique grandit avec l'attention de toute sa famille sur lui", a expliqué Liu. "Alors, beaucoup de jeunes gens grandissent immatures et ne sont pas mentalement prêts à prendre leur vie en main pour relever les grands défis, comme le mariage ou les enfants. "Contrairement à leurs parents, qui ont connu des troubles politiques et les difficultés économiques dans les années 1960 et 1970, ils n'ont pas rencontré de problèmes dans la vie. Alors, quand ils ont des différends dans leur couple, ils se sentent impuissants et abandonnent facilement." Shi Qilan, qui a une fille à Shenyang, dans la province du Liaoning, a déclaré que les couples doivent travailler ensemble pour surmonter leur égoïsme. "Ils devraient montrer plus de compréhension mutuelle et de tolérance. Après le mariage, ils se sentent probablement déséquilibrés car ils doivent penser à quelqu'un d'autre. Mais ils doivent s'aider les uns les autres, sinon, le mariage devient juste un champ de bataille", dit-elle. Une autre raison de la hausse du taux de divorce pourrait être le fait que la procédure de mariage et de séparation a été rationalisée en octobre 2003 avec le nouveau règlement sur le mariage. Li Mingshun, professeur du droit à l'Université des femmes de Chine à Beijing, a expliqué que les contrôles avant le mariage ne sont plus obligatoires, et les demandeurs du certificat de mariage ne sont plus tenus de présenter un certificat délivré par leurs employeurs, ce qui était nécessaire dans le passé. Les couples qui divorcent dans les bureaux des affaires civiles peuvent désormais obtenir les certificats le jour-même de leur demande, sans avoir à attendre un mois, pendant lequel ces certificats étaient contrôlés. Les sociologues ont également attiré l'attention sur les couples en provenance des zones rurales parmi les 140 millions de travailleurs migrants. "Le nombre de personnes âgées entre 20 et 30 ans a augmenté de 30 % parmi les travailleurs migrants, alors que les personnes mariées représentent entre 60 et 70 %", a déclaré Duan Chengrong, un expert sur la communauté des migrants à l'Université Renmin de Chine. Ceux qui sont des enfants uniques soutiennent toujours des valeurs traditionnelles tout en incarnant une façon de penser plus moderne, a-t-il dit, avec des garçons et des filles à la recherche de l'indépendance, de l'égalité, ainsi que d'un partenaire approprié. Avant la politique de planification familiale des années 1970, les familles chinoises étaient souvent très nombreuses, étendues à trois ou quatre générations vivant sous le même toit. Maintenant, les ménages sont réduits, avec deux parents et un enfant qui vivent ensemble. L'étude de la CASS a montré que près de 50 % d'adultes qui étaient enfants uniques préfèrent la structure nucléaire, alors que seulement 35 % ont dit qu'ils ne vivent pas avec leurs parents. Source: le Quotidien du Peuple en ligne |