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CHINE ET SOCIÉTÉ
Publié le 25/02/2009
A qui reviendront les deux sculptures de Yuanmingyuan ?

(Photo: Xinhua)

Le 23 février, la société Christie's France a commencé la vente aux enchères de la collection d'art d'Yves Saint Laurent et Pierre Bergé, qui durera trois jours. Parmi les 733 objets d'art aux enchères, on compte deux sculptures en bronze qui appartenaient auparavant à l'ancien Palais d'été de Beijing (Yuanmingyuan) : une tête de rat et une tête de lapin. Pillés par l'alliance anglo-française lors de la seconde Guerre de l'Opium (1856-1860 en Chine), ces deux précieux vestiges chinois sont actuellement estimés à un prix entre huit et dix millions d'euros. Leur adjudication commencera le 25 février, à 19 heures (heure locale à Paris).

Le 19 février, un groupe d'avocats chinois a entamé une procédure devant un tribunal français pour enjoindre la maison Christie's d'annuler la cession. Un tribunal parisien a décidé de juger d'urgence cette affaire le 23 février, à 11 heures 30. Malheureusement, le jugement rendu quelques heures plus tard a déçu les Chinois : la requête de la partie chinoise a été déboutée. La vente aux enchères de ces deux pièces historiques chinoises se déroulera comme prévue.

Divergence de points de vue

Ce fait d'actualité intéresse fortement la population chinoise. De nombreux internautes jugent qu'il s'agit d'un nouveau pillage. La lettre de Victor Hugo au capitaine Butler sur son expédition en Chine est mentionnée à bon escient : « Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d'été. L'un a pillé, l'autre a incendié. La victoire peut être une voleuse à ce qu'il paraît. Une dévastation en grand du Palais d'été s'était faite de compte à demi entre les deux vainqueurs... »

Protestant contre la démarche de la maison de vente aux enchères, la porte-parole du Ministère chinois des Affaires étrangères, Jiang Yu, a indiqué lors d'une conférence régulière tenue le 12 février à Beijing, que les deux sculptures en bronze avaient été pillées par l'alliance anglo-française au cours de la Seconde Guerre de l'Opium en 1860 et étaient restées à l'étranger depuis lors.

« La Chine est, de manière irréfutable la propriétaire de ces objets d'art, qui doivent lui être restitués sans attendre. La vente aux enchères des deux têtes heurte non seulement les sentiments du peuple chinois, mais est également contraire aux intérêts culturels chinois et aux conventions internationales concernées », a-t-elle montré.

Quant à la partie française, Christie's a émis le 20 février un communiqué, exprimant qu'elle connaissait parfaitement la valeur importante des deux vestiges culturels et respectait le contexte culturel et l'influence internationale qu'ils véhiculent, sans pour autant juger nécessaire leur restitution.

Selon un représentant de Christie's, s'il faut rendre ces deux sculptures à la Chine, d'innombrables objets d'art du Palais du Louvre seront également rétrocédés à leurs pays d'origine. Yves Saint Laurent et Pierre Bergé ont obtenu, d'une manière légale, leur collection. Tous les objets à vendre aux enchères ont une attestation claire d'origine et des notes précises de revente. Cela signifie que la collection entière portent un statut licite, qui est depuis toujours le centre d'intérêt de Christie's.

Évoquant le problème de la restitution des vestiges culturels, M. Bernard Gomez, président de l'Association européenne pour la protection des arts chinois, a dit : « Les deux têtes d'animaux sont des trésors chinois, et en même temps des héritages culturels internationaux. La Chine ne veut pas les acheter, demandant leur restitution. Certes, rendre ces deux sculptures sera favorable à l'amélioration des relations diplomatiques sino-françaises, mais cela n'est pas possible, car elles n'appartiennent pas au gouvernement français. »

Opposition catégorique au rachat des vestiges pillés

Dans sa déclaration du 20 février, la société Christie's France a mentionné qu'elle soutenait la plate-forme publique de vente aux enchères, et créerait de bonnes conditions pour les acheteurs qui voulaient rapporter ces héritages culturels à la patrie.

Evoquant la question de la participation à la vente aux enchères, le directeur du Service des musées de l'Administration nationale du patrimoine culturel, Song Xinchao, a fait remarquer que l'attitude officielle restait inflexible : s'opposer à obtenir ces pièces par le biais d'un achat. « Il faut appeler à la restitution conformément aux conventions internationales concernées. Quant aux méthodes de rétrocession, nous ne soutenons pas la vente aux enchères, et d'autre part, nous respecterons la volonté des collectionneurs, espérant la restitution des objets au moyen d'une compensation correspondante. Par ailleurs, nous accueillirons et encouragerons la donation », a-t-il précisé.

« Nous sommes résolument opposés à l'achat de ces pièces aux frais du contribuable », a accentué Zhang Jianxin, directeur adjoint du Service des musées de l'Administration nationale du patrimoine culturel.

Les services de contrôle du parc Yuanmingyuan ont publié le 17 février une déclaration, disant : « Nous désapprouvons le fait que ces pièces extorquées rejoignent le circuit de la vente aux enchères, car elles revêtent une portée considérable au niveau historique et culturel, et véhiculent multiples sentiments de la nation chinoise ». (Rédigé par Wang Wenjie)

 

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